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Par le Dr Jean-Pierre Willem
Carême et santé1
Résumé : Le Mardi Gras avec ses carnavals marque la fin de la saison froide aux longues nuits. Lui succèdent quarante jours de restrictions alimentaires qui, à la différence du Ramadan, ont un double sens : maîtrise d’un corps en attente de la résurrection, d’une part ; mais aussi acte thérapeutique préventif. En puisant dans ses réserves, le corps se met en acidose, et nous savons depuis 1923 qu’en terrain acide le cancer ne peut se développer.
L’hiver a été long, accompagné de son cortège de désagréments : froid, pluie, ciel bas. De surcroît, bon nombre de personnes ont souffert de dépressions saisonnières ; on l’a d’ailleurs observé dans leur regard triste, absent voire indifférent.
Cependant, il est à noter que de tout temps, l’Homme a imaginé en cette période de l’année des fêtes populaires, majestueuses et grandioses qui surent donner lieu à une très grande libération émotionnelle consécutive à ces durs temps. A l’occasion de ces carnavals ‑ avec leurs tambours, leurs trompettes, leurs déguisements et leurs danses ‑ les communautés trouvent à se rassembler, se réconcilier, échanger, et se toucher.
Bref, la cohésion du groupe se rétablit à nouveau.
Pour l’heure, une toute autre période commence alors que la terre est encore endormie. Elle va durer quarante jours. Celle‑ci commence par le « Mardi Gras », dernier jour de bombance. Le lendemain, c’est le jour des Cendres : « Souviens‑toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ».
Le Carême, que les chrétiens commencent ce mercredi, reproduit comme en calque la préparation juive de la Pâque, quarante jours avant la fête religieuse, et rappelle aussi les quarante jours de jeûne du Christ dans le désert.
Durant cette quarantaine, une longue période d’abstinence est prescrite avec notamment la pratique du jeûne. Tandis que les musulmans viennent d’achever le ramadan, les chrétiens attaquent cette période salutaire. Il faut avant tout éviter un rapprochement inexact car le carême chrétien a peu de choses en commun avec le ramadan musulman. Si celui‑ci est une période d’ascèse diurne, consistant à offrir à Dieu la maîtrise du corps et des sens, le carême chrétien constitue, quant à lui, la préparation au temps douloureux de la Passion et glorieux de la Résurrection du Seigneur. L’un se suffit à lui‑même, tandis que l’autre n’a de sens,pour ainsi dire, que précisément parce qu’il aboutit à la Semaine Sainte. Le christianisme n’accepte pas l’ascèse comme une fin en soi. Celle-ci se retrouve comme un moyen ; elle est toujours mobilisée pour se préparer à « retourner » vers le Seigneur et à sa manifestation de gloire comme voie la plus parfaite.
Au-delà de ces rituels saisonniers, se trouve une autre réalité, de nature sanitaire, qui n’est pas sans être complémentaire de la réalité religieuse. En effet, ceux qui ont respecté cette réduction alimentaire auront écarté de grosses pathologies dégénératives. Le fait de puiser dans leurs réserves métaboliques a mis leurterrain en acidose.
Pour illustration, on recense sur l’île japonaise d’Okinawa le plus grand nombre de centenaires au monde. Ces habitants s’adonnent à une habitude culturelle appelée « hara hochibu « , consistant à ne s’alimenter qu’à 80% des normes habituelles, et tout cela dans la joie et la convivialité.
En 1923, Otto Warburg a obtenule prix Nobel de médecine pour avoir mis en évidence cette corrélation : un cancer et un infarctus ne peuvent se développer en présence du métabolisme en acidocétose2. En outre, le bio-électronimètre de Vincent le prouve sous forme d’un diagramme qui définit 4 terrains distincts.
Il est désormais scientifiquement prouvé qu’un terrain acide ne laisse pas aux cancers, infarctus et virus la possibilité de se développer.
Derrière l’aspect religieux du ramadan, du carême et du Yom Kippour, les peuples disposent d’une stratégie merveilleuse pour se maintenir en bonne santé. Il reste à expliquer aux pratiquants des trois religions monothéistes cette équation biochimique (jeûne=santé) pour qu’ils découvrent la dimension sanitaire de cette période d’abstinence. A l’occasion du lancement du Plan Cancer en France, nos universitaires et politiciens devraient s’inspirer de cette approche culturelle.
1 Repris de Bourgeons et Traditions, lettre d’information de l’Association « Médecins aux pieds nus » (n°42, 1er trimestre 2004).
2 Ndlr. Le Dr Gernez a réactualisé ces travaux, qui furent étouffés par de puissants intérêts.