Partager la publication "Le grand mal fait aux peuples des Amériques… n’est pas celui que nous croyons « savoir »."
Par Duchesne Christian
HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies »
(Marcel François).
Résumé : L’affaire des « pensionnats » destinés aux enfants indiens du Canada, souvent tenus par des religieux et des religieuses – comme dans l’ensemble du pays, d’ailleurs –, a été traitée par la grande presse comme un outil dans sa propagande contre la colonisation européenne et contre l’Église. Or l’histoire vraie de la Nouvelle-France est tout autre, à la fois merveilleuse et tragique, faite d’héroïsme et de générosité autant que de ces massacres entre peuples qui existaient bien avant l’apparition des Blancs. La mortalité due à la malnutrition et aux épidémies fut d’ailleurs – et de loin ! – le premier facteur de dépopulation, plus encore même que la politique gouvernementale visant à réduire à peu de choses les territoires concédés aux Indiens et leur nombre. Surtout, le darwinisme donna bonne conscience aux dirigeants anglo-saxons et il importait de le dénoncer aussi dans ses œuvres.
Introduction
Nos frères amérindiens ont chaleureusement accueilli les colons français en terre d’Amérique du Nord au XVIe siècle, il faut le dire. Et ce fut le cas de tous ces peuples, et principalement des Hurons. Mais allons droit au but : confrontés à la haine médiatique et trudeauiste1 à propos des « pensionnats autochtones »2, il est de première importance de rappeler les faits historiques, et aussi de montrer maints « détails » plus qu’édifiants concernant la colonie de la Nouvelle-France. Si, effectivement, les Amérindiens de (du) « Kébec » furent des hôtes remarquables, ils furent aussi des protecteurs puisqu’ils ont certainement sauvé de la mort la colonie française naissante. Ainsi, le but de ce texte est de leur rendre hommage et de mettre en exergue le fait qu’ils étaient nobles, fiers, mais surtout qu’ils avaient un cœur priant, disposé à recevoir le christianisme comme rarement les colons ont pu le vivre ailleurs sur le globe. En effet, de grands saints3 surgirent au sein de ces peuples suite à l’amour inconditionnel que leur ont prodigué les premiers pères missionnaires, les religieuses (dont les grandes : Marie-Catherine de Saint-Augustin, Marie de l’Incarnation, etc.), les pères Chaumonot et Ragueneau, les Saints-Martyrs Canadiens (dont Jean de Brébeuf), ainsi que Mgr François de Laval. Certes, les actes d’héroïsme ont été des deux côtés et se sont mutuellement renchéris, permettant ainsi la fondation providentielle de la Nouvelle-France. Manifestement, une grâce attire des grâces !
D’emblée, je tiens à dire que ce texte n’a pas pour but d’auréoler les Amérindiens, comme le font quelques livres récents, et surtout les zélotes d’un Occident devenu spirite, et encore moins de les rabaisser; mais simplement de montrer aux lecteurs une esquisse de leurs charismes, vertus et aussi faiblesses, selon les faits rapportés par les plus éminents chercheurs et historiens d’Amérique, tant Blancs, qu’Amérindiens. Bien qu’avant notre arrivée les guerres amérindiennes fussent récurrentes4, vous serez à même de constater que ces peuples ont malgré tout fait mieux que nous sur maints aspects ; qu’ils ont été d’une résilience exemplaire face aux multiples agressions et catastrophes vécues depuis toujours, dont les virus provenant de l’Ancien Monde et subséquemment les humiliations étatiques subies, principalement à partir des années 1870 : le terrible Dominium canadien de 1867 puis la non moins terrible Loi sur les Indiens de 1876, aussi à l’origine des « pensionnats »5.
Je dois avouer d’entrée de jeu, que les livres de l’historien James Daschuk, du Pr Gilles Drolet6 et du Dr Georges E. Sioui7, m’ont ému, chacun à leur manière, à un niveau difficile à exprimer par écrit…
Les faits historiques…
L’extraordinaire livre de James Daschuk (noté JD), La Destruction des Indiens des plaines : maladies, famines organisées, disparition du mode de vie autochtone8, est un travail de recherche colossal de 450 pages, avec index bibliographique de plus de 800 livres et documents différents. Si ce livre se dévore à la manière d’un roman, les férus d’histoire comme les simples amateurs y trouveront leur compte. En effet, le déroulement ininterrompu de textes originaux d’époque, agrémentés de photos exclusives, rend cette œuvre incontournable.
L’auteur démontre incontestablement que la tragédie de ces peuples fut avant tout biologique. Vérité admise depuis longtemps par tous les chercheurs, y compris les peuples amérindiens, comme nous le verrons. En seconde tragédie, on y découvre la famine – existante avant notre arrivée – et ses conséquences sociales et sanitaires amplifiées par une cause générale : le climat, qui, à cette époque, était redoutable : petit âge glaciaire. En effet, ce fut l’hécatombe : « Un long épisode de détérioration climatique amorcé au XIIIe siècle impose alors un lourd tribut aux collectivités de la moitié centrale du continent » (JD, p. 13). Les événements de la communauté de « Crow Creek » au Dakota du Sud sont un parfait exemple de « l’évolution démographique des communautés amérindiennes du XIVe siècle – avant notre arrivée9 – causées par le climat, où « 500 personnes (qui souffraient de malnutrition) sont tuées et mutilées, leurs possessions incendiées, leurs cadavres abandonnés aux charognards. Très vite, les envahisseurs érigent un autre village sur les lieux mêmes du massacre. Comme nombre d’événements similaires, le carnage de Crow Creek témoigne des ravages déchaînés dans tout l’hémisphère par les perturbations climatiques… » (JD, p. 30) auxquelles s’est ajouté plus tard notre arrivée avec nos microbes10 qui ravagèrent tout durant 200 ans, souligne l’auteur.
Le grand réchauffement de l’an 1000 est signalé par Daschuck : «… différentes appellations désignent cette période faste : optimum climatique médiéval ; réchauffement climatique de l’an 1000 ; anomalie climatique médiévale11 ; épisode climatique néo-atlantique ; etc. En Amérique du Nord, ces quatre siècles de températures [années 800 à 1200] redéfinissent les paysages naturels et humains. À l’extrême Nord, elles permettent aux peuples de la culture de Thulé, les ancêtres des Inuits actuels, de gagner le Groenland [littéralement « terre de verdure ou terre verte »] depuis l’Alaska, de lancer leurs grands bateaux sur les eaux libres de l’océan Arctique pour y chasser la baleine et de s’établir dans des villages de maisons de pierre, pendant que les colons scandinaves sèment des céréales en terre groenlandaise »(JD, p. 31-32).
Cet épisode de réchauffement climatique [petit Éden climatique beaucoup plus poussé que le réchauffement de 1989-2000 causé uniquement par le Soleil et la position de la Terre dans le système solaire] permit à toutes les sociétés de la planète d’augmenter considérablement leur niveau de vie par la production agricole. Ici en Amérique, « le réchauffement a permis de “révolutionner” l’alimentation des deux Dakota en y intégrant les trois sœurs : le maïs, le haricot et la courge » (JD, p. 32), suscitant une prospérité jamais vue.
Puis, à partir du XIIIe siècle, le refroidissement causé par le cycle de Milankovic12 fut si long qu’il engendra famines, maladies et guerres. Qui plus est, il y eut, au début de ce « petit âge glaciaire », au moins un refroidissement instantané de grande envergure, plus fort que celui de 1816 (éruption du Tambora, Daschuck, p. 117). Outre les grands feux de forêt des environs de 1193 en Amérique du Nord (voir Le Cep n° 91, p. 38 à 40 ), seules des explosions volcaniques majeures – dont une qui aurait eu lieu en 1257 – peuvent expliquer certains refroidissements ultrarapides, comme celui vécu en Europe et principalement en Angleterre13, et qui coïncide aussi avec une période de disette et de maladies chez les peuples amérindiens dont le mode de vie était particulièrement mal adapté aux changements climatiques à la fois soudains et persistants14.

Image numérisée à partir du livre de James Daschuk (p. 44). Ajoutons que, pour aggraver les choses, un minimum solaire (de Maunder : 1645-1715) se juxtaposa à notre arrivée et au petit âge glaciaire. À cette époque, la conjonction était beaucoup plus puissante que celle qui a, par exemple, causé les feux de forêt en Australie en 2019 ; cf. Le Cep n° 91, p. 28.
On raconte même que des colons du XVIIe siècle arrivèrent dans une communauté amérindienne – qui n’avait jamais vu de « Blancs » – décimée par la variole et n’y trouvant qu’un seul petit garçon vivant, qui serait mort de faim ou de froid sans l’arrivée d’étrangers. Une anecdote montre à quel point ces peuples craignaient l’hiver : pour qualifier le séjour de repos des ancêtres, ils en parlaient simplement comme « de l’endroit sans hiver ».
Pour conclure cette partie, bien que le climat (et ses conséquences) se soit avéré responsable de beaucoup de décès avant, pendant et peu après notre arrivée, et qu’en même temps « les forces du marché ont anéanti certains groupes tandis que d’autres accroissaient leur territoire » (JD, p. 3), il ne fut rien en comparaison des épidémies de virus venant de l’Ancien Monde. Selon mes recherches, Daschuk est le premier à avancer le chiffre de 95 % (JD, p. 29) des Natifs des Amériques qui auraient été décimés par les maladies et leurs conséquences directes (alors que le chiffre généralement admis par les chercheurs depuis des décennies est de 90 %). En effet, le gigantisme de la catastrophe biodémographique des peuples natifs des Amériques est ainsi décrit par Daschuk (p. 4) : « De par son extrême singularité, cette rencontre entre l’écosystème de l’Ancien Monde et celui du nouveau reste, depuis 500 ans, difficile à appréhender. Jamais l’humanité n’avait connu, ni n’a connu depuis, de telles convulsions environnementales et humaines. Aujourd’hui, seul un échange de forme de vie entre planètes pourrait se comparer à ce gigantesque brassage de marchandises, de plantes, d’animaux, de pathogènes, et de gens. » G. E. Sioui va dans le même sens qui écrit : « … il est indispensable de se rendre compte de l’ampleur du désastre des épidémies si l’on veut déculpabiliser et, ainsi, rapprocher les héritiers des deux civilisations en cause…» (p. 6).
Une parenthèse concernant la population : selon le chercheur Henry Dobyns, la population totale de la seule Amérique du Nord aurait été, juste avant notre arrivée, de 90 millions d’habitants. Cette affirmation a provoqué un véritable tollé dans le monde universitaire. En effet, auparavant, toutes les recherches montraient une population des natifs entre 7 et 14 millions d’habitants pour les trois Amériques. La très récente propension à gonfler les chiffres est dénoncée par Daschuk, « … les tenants de chiffres plus prudents fustigent Dobyns et ses adeptes, les accusant parfois de lancer des chiffres à la volée comme un prestidigitateur sortirait des lapins de son chapeau » (Daschuk, p. 29). Il est important de comprendre que de pseudo-historiens faussaires, politiciens déguisés, tentent actuellement de réécrire l’Histoire de l’Amérique en gonflant les chiffres à un niveau absurde. Certains parlent même de 150 millions d’habitants15, ce qui est physiquement impossible étant donné le mode de vie de ces populations et leurs techniques nourricières extensives16. Tous les historiens sérieux ont toujours estimé que les trois Amériques ne pouvaient compter que moins de vingt millions d’habitants (avec un consensus sur 14 millions). « Par ailleurs, les jeunes colonies n’étaient pas très densément peuplées, et le cycle de vie des pathogènes étant très court (en particulier le plus redoutable de tous, le virus de la variole), la plupart des infections venues de l’Ancien Monde ne sont devenues endémiques, ou n’ont commencé à s’auto-entretenir, qu’à la fin du XVIIIe siècle, au moins 150 ans après leur arrivée en terre d’Amérique » (JD, p. 46-47).
Les très précieux manuscrits des R-J
La redécouverte des écrits des pères jésuites partis en Nouvelle-France, Les Relations avec les Jésuites (notées ci-après RJ), nous permet aujourd’hui de mieux comprendre cette colonisation, à partir de l’arrivée de Jacques Cartier à Gaspé le 14 juillet 1534, puis de la fondation par Samuel de Champlain de la Nouvelle-France en 1607. À l’époque, ces écrits furent toujours transmis au roi de France. Ce sont des manuscrits précieux de premières mains, qui ont d’ailleurs permis une grande découverte en lien avec le refroidissement climatique de 1300 et plus (voir Le Cep n° 91, p. 38 à 40). Ainsi, pour le 350e anniversaire de la fondation de la ville de L’Ancienne-Lorette, le Pr Gilles Drolet, de l’université Laval, vient de publier un livre tout simplement magnifique montrant la vie et les relations entre les colons français et les peuples amérindiens17, principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des informations capitales mises sous le boisseau depuis trop longtemps déjà, par les médias officiels et par l’État…
Il est donc plus que temps de faire tomber certains mythes entourant la fondation de la Nouvelle-France, dont celui du « vol de leurs terres ». En effet, «… dès le début des concessions des seigneuries, aucun village indien n’a été touché. À Québec et à Montréal, la place était libre18 ». Les Amérindiens accueillirent chaleureusement les colons et les aidèrent même à s’implanter. Suite au génocide des Hurons par les Iroquois, « les jésuites accordèrent des terres dans la périphérie du futur village afin de “ne pas nuire à leurs protégés, les Hurons”19». Et allant contre le mythe de l’assimilation, « … à la mission de Lorette, les jésuites respectèrent également leurs coutumes et sépultures (GD, p. 51) : les faits montrent que ces bons Pères ont cherché à protéger les peuplades amérindiennes (y compris des Iroquois) et, cela, même contre certains avis des pouvoirs civils. Les Amérindiens occupaient une place d’honneur dans le cœur des religieux (GD, p. 52, à propos des funérailles) : « Le chef fait d’abord un cri lugubre par tout le bourg… Il y a une grande fosse préparée, profonde de 4 à 5 pieds, toute lambrissée d’écorces d’arbre dans le fond et aux quatre côtés. Ils couchent le corps dans une espèce de cave, sur laquelle ils mettent une grande écorce soutenue de quelques bâtons afin de soutenir la terre qu’on doit jeter dessus. En sorte que le corps est là-dedans comme dans une chambre, sans toucher en aucune façon à la terre. Quelques jours après l’enterrement, ils font un festin pour ressusciter le mort, c’est-à-dire pour donner son nom à quelqu’un d’autre, qu’ils invitent à imiter les belles actions du défunt, en même temps qu’il en prend le nom » (RJ60:32).
Les jésuites ont toujours maintenu que les Hurons devaient garder leur langue et leur culture tout en devenant chrétiens. Cette ouverture d’esprit n’était pas partagée par tous, ce dont témoigne une lettre du gouverneur Frontenac. Curieusement, en voulant leur faire un reproche, Frontenac leur rendait hommage : « Je leur ai fort témoigné l’étonnement où j’étais de voir que, de tous les Sauvages20 qui sont avec eux à Notre-Dame-de-Foy,[…], il n’y en avait pas un qui parlât français, et leur ai dit que je croyais que, dans leurs missions, ils devaient songer, en rendant les Sauvages sujets de Jésus-Christ, de les rendre aussi sujets du Roi ; que pour cela, il fallait leur inspirer l’envie d’apprendre notre langue, essayer de les rendre plus sédentaires et de leur faire quitter une vie si opposée à l’esprit du christianisme, puisque le véritable moyen de les rendre chrétiens était de les faire devenir hommes. Mais ils ne veulent point entendre ce langage (Frontenac à Colbert, Québec, 2 novembre 1672, RAPQ 1926-1927, p. 20).
Par contre, un événement très édifiant survint lorsque le père Chaumonot réussit à convaincre plusieurs groupes amérindiens d’abandonner la polygamie, à la grande joie des femmes et des enfants. En effet, dans son autobiographie ce Père rapporte « cet épisode qui témoigne de la grande empathie qu’il éprouvait à l’égard des femmes qui étaient affligées par les mœurs guerrières des Iroquois. Il n’a pas craint de prendre leur défense : “Les Tsonnontouans agréèrent toutes mes propositions, à la réserve de celle qui défend la pluralité des femmes et la dissolution des mariages, car l’ancien qui répondit à mes présents m’allégua que, si l’on ne permettait pas aux hommes d’avoir plusieurs femmes, le pays ne se peuplerait pas. À quoi je répartis que la France était incomparablement plus peuplée que leur terre, et que cependant, on ne s’y démariait point et on n’y souffrait pas la polygamie. J’ajoutai même que, si en cela ils imitaient les Français, ils élèveraient beaucoup plus d’enfants qu’ils ne le font. Car vos femmes, voyant que vous les quittez pour aller à d’autres, lorsqu’elles sont grosses ou nourrices, s’empêchent de le devenir, et si malgré elles, elles le deviennent, le chagrin qu’elles ont de se voir abandonnées est cause qu’elles perdent leur fruit, de manière que grand mal arrive, ainsi que vous le savez mieux que moi. C’est donc vous, dis-je aux hommes, oui, c’est vous qui renversez vos familles au lieu de les établir, et qui ne remplissez presque vos cabanes que des esclaves que vous prenez en guerre, au lieu de les peupler des enfants d’un légitime mariage. Ce discours, qui ferma la bouche aux hommes, eut tellement l’approbation des femmes qu’elles voulurent m’en remercier dans un grand festin qui se fit dans leur bourg, et où elles vinrent, parées de leurs bijoux, danser à la cadence de deux ménestriers du pays, aux bruits desquels, joignant leurs voix, elles chantaient mes louanges et me rendaient des actions de grâces de ce que j’avais si bien pris leur parti”. Une Huronne, qui avait conservé toute sa ferveur, lui apprit que les Hurons de l’île continuaient dans l’exercice de notre religion avec autant de zèle que jamais, et qu’un d’eux, appelé Jacques Otsiaouens, avait étonné par sa constance les Iroquois qui le brûlaient, invoquant sans cesse le nom de Jésus dans ses tourments » (RJ 44 : 20-24).
Ainsi, « les Hurons demeurent donc des Hurons ». Mais « ils sont aussi des chrétiens ». À ce propos, une réflexion du père Lucien Campeau nous apporte une compréhension en profondeur: (GD, p. 53) : « Les Hurons avaient un avantage sur les Européens. C’était la vivacité et la spontanéité de leur sentiment religieux. Ils baignaient dans un univers sacré. Or, sacré dit relation. Le terme inconnu, impossible à circonscrire et à nommer, de cette relation, est la divinité, qui se trouve posée du fait même de la perception du sacré. Le Dieu que les Français annoncent n’étonne pas l’esprit des Hurons, puisqu’ils le reconnaissent sous le nom d’Aireskoui. Les Iroquois disent Agreskoué. Mais d’apprendre qu’il est le Dieu unique, universel, tout-puissant, bon, plein de sollicitude pour les hommes, patient, miséricordieux et fidèle, voilà qui les enchante. Du coup, ils sont délivrés des craintes qui habitaient leurs jours. Leur vie prend un sens. Elle n’est pas plus facile qu’auparavant […]. Mais ils marchent désormais dans la lumière, sans hésitation » (Lucien Campeau, La Mission des Jésuites chez les Hurons, Bellarmin, 1987, p. 356).
G. Sioui va dans le même sens et cite le jésuite LeJeune (1648) : « Il semble que l’innocence bannie de la plupart des Empires et des Royaumes de l’Univers, s’est retirée dans les plus grands bois où habitent ces peuples ; leur nature a je ne sais quoi des Bontés du Paradis terrestre devant que le péché n’y entrât ; leurs exercices n’ont rien du faste, ni de l’ambition, ni de l’avarice, ni des plaisirs qui corrompent nos villes. Depuis que le Baptême les a faits disciples du Saint-Esprit, ce Docteur se plaît avec eux, il les enseigne loin du bruit des barreaux et des Louvres, il les fait plus savants sans livres… » (Sioui, p. 37).
Transportons-nous maintenant au temps de la mission huronne dans le pays des Hurons, soit en Ontario « à 1 200 kilomètres de Québec, près de la baie Georgienne du grand lac justement appelé le lac Huron. Les Hurons venaient alors à Québec pour la traite des fourrures. “Ils y séjournent cinq à six jours […], ils passent comme une volée d’oiseaux et remontent dans leur pays”» (RJ 5 : 262).Le Pr Drolet énonce que les RJ sont un trésor de renseignements historico-géo-ethnographiquescar, dit-il : « elles rendent compte du côté spirituel ou religieux. » Il ajoute : « le fait qu’elles ont été publiées en France, de 1632 à 1672, a permis de recueillir des fonds pour soutenir les missions, de plus en plus nombreuses. » Il note que les RJ ne doivent et ne peuvent être réduites à de la propagande « destinée à faire l’éloge des Jésuites, de leurs méthodes et de leurs succès ». Ces derniers, d’ailleurs (Drolet, p. 54), ne manquent pas de relater leurs échecs, tels les pères de Brébeuf et Chaumonot qui, après quatre mois et demi chez les Neutres […] « ne voyant pas les esprits bien disposés, et les bruits et les frayeurs s’augmentant de plus en plus, jugèrent à propos de retourner sur leurs pas » (RJ 21:222). Ils sont capables d’autocritique sur tout, comme le raconte le père Ragueneau : « Si j’avais un conseil à donner à ceux qui commencent, je leur dirais volontiers un avis que l’expérience leur fera reconnaître plus important qu’il ne peut sembler d’abord, savoir qu’il faut être fort réservé à condamner mille choses qui sont dans leurs coutumes, et à prendre pour opération diabolique ce qui vient seulement de l’humain. Plusieurs choses se détruiraient plus doucement et avec plus d’efficacité, en obtenant, petit à petit, que les Sauvages, désabusés, s’en moquent eux-mêmes et les quittent non par conscience, comme des crimes, mais par leur propre jugement, comme une folie. Il est difficile de tout voir en un jour, et le temps est le maître le plus fidèle qu’on puisse consulter. Je ne crains pas de dire que nous avons été un peu trop sévères en ce point, et que nous les avons privés des récréations innocentes et aussi des plus grandes douceurs de la vie, que nous avions peine de leur permettre. Nous voyons que cette sévérité n’est plus nécessaire et qu’en plusieurs choses nous pouvons être moins rigoureux que par le passé » (RJ 33 :144-146).
S’il existe un fait évident, c’est que les Relations « transmettent l’admiration des Jésuites pour la foi des Hurons et des Huronnes […]. Les Jésuites présentent donc Dieu et ils le regardent travailler […] ». Comme nouveau supérieur en Huronie (successeur du père de Brébeuf), le père Jérome Lalemant écrit : « Nous pensons que ce sont les affaires de Dieu plus que les nôtres, et quand nous voyons de nos yeux ce qu’il y a déjà commencé, et que lui seul y a travaillé plus que nous, alors nous jugeons que rien n’est impossible, et nos confiances sont plus fortes que jamais » (RJ 28 : 58-60).Le successeur du père Lalemant, le père Ragueneau a cette pensée : « Je fais tout mon possible, mais si notre Seigneur ne parle lui-même au cœur, que faisons-nous, sinon du bruit » (RJ 19 : 220).
Reportons-nous donc au début de la mission huronne(GD, p. 55) : « Au pays des Hurons (1626 à juin 1650), de 1626 à 1629 d’abord, le fondateur de la mission, le père Jean de Brébeuf, vit d’abord seul chez les Hurons pour y apprendre la langue et commencer un dictionnaire, en profitant de celui que le récollet Gabriel Sagard a entrepris en 1623-1624. Il ne peut évidemment rien dire du message chrétien pendant ces trois années. Retourné en France quand les frères Kirke occupent Québec, de 1629 à 1632, il transmet ses connaissances, en particulier au père Antoine Daniel. Pour lui, l’apprentissage de la langue est une priorité absolue. […] Ce point n’est pas négociable, au point qu’il écrira : “Il faut diminuer le nombre de ceux qui n’ont pas d’aptitude aux langues et augmenter le pouvoir du supérieur de renvoyer en France les sujets inutiles ou même dangereux (René Latourelle, Étude sur les écrits de saint Jean de Brébeuf, Montréal, 1953, 5 vol., 2e t., p. 100). De retour au pays des Hurons en 1634 avec le père Antoine Daniel, [il écrit] avant de lancer la mission en donnant d’emblée la grande orientation : “Nous résolûmes de faire connaître publiquement, à tous ceux du village, le sujet de notre venue en leur pays, qui n’est pas pour les pelleteries, mais pour leur annoncer le vrai Dieu et son Fils Jésus-Christ” » (RJ 8 : 142-146). La mission première des Pères est bien d’instruire et ces mots reviennent comme un refrain : « “Nous les avons instruits des vérités de notre foi, nous leur avons exposé nos saints mystères” et cela se fait d’une manière simple, en respectant les libertés, comme l’a écrit le père Chaumonot : “Notre manière n’est pas de monter en chaire ou de prêcher sur une place publique. Il nous faut visiter chaque cabane en particulier et, auprès du feu, exposer à ceux qui veulent nous écouter, les mystères de notre foi” (Lettre, écrite en italien, au père Nappi, à Rome, le 26 mai 1640 ; RJ 18 :18-20). Ainsi, les Jésuites ne se pressent pas pour baptiser. » Le père Lalemant ajoute : « “Quelques-uns désirent le baptême, mais nous n’allons pas si vite, autrement nous nous mettrions en danger de faire plusieurs baptisés, mais bien peu de chrétiens” » (RJ 20 :36). L’historien Georges Sioui confirme bien la nécessité de « rapprocher les héritiers des deux civilisations en cause, l’Amérindienne et l’Européenne, car, selon la philosophie amérindienne, il faut s’adresser aux sentiments des gens, avant d’amorcer le traitement d’un sujet ou d’une affaire. » (p. 6), ce que firent admirablement bien les jésuites. Pour conclure cette partie, soulignons que le cardinal de Richelieu signa en 1627 une Charte qui donnait aux Amérindiens, baptisés volontairement, le statut à part entière de citoyens français. « Cette Charte prouve qu’en ce qui concerne les relations avec les Autochtones, les Français se sont mieux comportés, et de loin, que les Anglais et les Espagnols21. Ces derniers les voyaient comme des esclaves, alors que les Françaisvoulaient faire un peuple avec eux », affirme sans ambiguïté l’historienne amérindienne Russel-Aurore Bouchard22. Comme je l’affirmais au début, il ne s’agit pas d’occulter les maux faits à ces peuples, mais plutôt de corriger ce qui doit l’être et de prévenir d’autres dommages provenant de nos médias de la haine23. Maintenant, parlons du présent. En cette période moderne d’abondances en tout, il est fort étrange que jamais, dans leur histoire, ces peuples n’avaient été confrontés à autant de marasmes moraux et sociaux, et principalement au suicide qui est trois fois supérieur à celui des Blancs24 ; sans compter que le diabète et ses multiples conséquences dévitalisent leur société. Si les causes sont multiples (que je laisse aux autres chercheurs), c’est cependant Georges Sioui, Huron-Wendat, qui nous offre la clef pour comprendre la grande désillusion actuelle que vivent beaucoup de peuples amérindiens – et Inuits. Il nous partage la première certitude profonde issue de ses recherches et observations depuis des décennies ; certitude que je partage et qui résulte du monstre qui a rendu facile toute désacralisation de la Vie. Avec grande lucidité, Sioui dénonce l’idéologie matérialiste, reine et maîtresse d’un Occident redevenu païen. Ainsi, propose-t-il, bien que naïvement, le retour à la religion ancestrale des Natifs25, afin de subjuguer à la fois le matérialisme et la catastrophe écologique en dénonçant ces politiques « qui prônent, pour répondre au désir de survivre des ‘‘sous-cultures’’ ou des ‘‘minorités ethniques’’, la commisération – sous forme d’une somme d’argent toujours symbolique – ou pis encore, la menace, le châtiment, la suppression ? » (p. 5)26.
D’ailleurs, les communautés amérindiennes se plaignent de l’étrange intrusion des gouvernements dans leurs affaires religieuses et sociales (surtout depuis 2007, dans le cas du Québec). Ainsi, la plus néfaste de ces idéologies est la croyance en la supériorité de la culture européenne introduite surtout à partir des années 1870.
Elle a servi de fondement au droit d’appropriation universelle des Blancs, lentement – après le drame de 185927 – par cette idéologie suprémaciste qui germait dans les esprits depuis les Hutton, Lyell, Playfair, etc. Le nom « scientifique » de cette idéologie est devenu aujourd’hui la théorie de l’évolutionnisme social, dont l’ancêtre, qui n’était pas expressément nommé, imposait comme « vérité », que les peuples nantis de la technologie la plus « avancée » et de la « capacité d’écrire » sont à l’avant-garde du processus de l’évolution et qu’ils ont donc le droit, inhérent à leur culture – et même la responsabilité – de procéder au développement des « moins avancés ». Découlant de sa croyance en la religion du Cercle sacré, le Huron-Wendat G. Sioui va plus loin en nous offrant une critique de notre monde matérialiste et de la philosophie rationaliste érigée sur l’Europe des Lumières, contestant non seulement l’idée que ceux qui ont inventé la roue seraient supérieurs à ceux qui ne l’ont pas inventée, mais également tous les impérialismes qui nous caractérisent28. Face à notre orgueil occidental, je crois que cette correction fraternelle amérindienne se doit d‘être entendue ! Et il semble qu’elle ne date pas d’hier : « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas » (selon Sitting Bull ou un chef Seattle). En effet, la déforestation est le plus grand mal environnemental actuel, tout en sachant que le CO2 est le grand accélérateur de la pousse et de la santé des végétaux.
Ici, la bombe des mensonges de notre superstition matérialiste nous explose au visage, car ce que l’ouvrage de G. Sioui – qui est avant tout de nature philosophique – veut démontrer, c’est « … comment la théorie de l’évolution peut nuire à ceux qui y croient – et par conséquent, à ceux qui en sont les victimes – dans leur communication avec les gens d’autres cultures » (p. 4).Sioui n’hésite donc pas un seul instant à parler du « mythe de l’évolution » (p. 2), dont ont été victimes les peuples Natifs, absolument contraire à leur foi profonde29. Il ajoute (p. 134) : « Le mythe de l’évolution n’est qu’une somme de théories fondées sur des artifices et des illusions. Nous possédons aujourd’hui suffisamment d’éléments de vrai savoir pour dire que la théorie de l’évolution comporte de grands dangers pour la conscience et l’esprit humain […] Nous savons aujourd’hui que ces théories ont trompé la raison humaine […]. » Ainsi, l’apparition du Dominion (britannique) en 1867 pour les quatre provinces du Canada était une suite « logique » à l’introduction du darwinisme comme pilier idéologique suprême anglo-saxon, lui qui a élevé Darwin au rang de déité et l’a enterré à Westminster (à la joie – il faut le dire – de la théosophe Helena P. Blavatsky). De la même manière, Sioui pourfend l’idéologie qui vise à souder l’évolutionnisme culturel et la croyance que toutes les formes d’élaboration sociale, intellectuelle et morale sont tributaires du changement technologique. Il ajoute avec raison que « les Européens ont jadis possédé des dons spirituels qu’ils ont perdus à mesure que s’est développée leur technologie ».
Pour ma part, la technologie moderne est bel et bien notre Talon d’Achille. C’est ainsi que le concept de supériorité raciale, dit « scientifique » lorsqu’il fut introduit, renforça la pensée suprémaciste occidentale et cloua ainsi le cercueil des bonnes relations entre nous et les premiers Natifs. D’ailleurs, tous les peuples du monde entier n’ont-ils pas eu à souffrir de cette idéologie qui a engendré les mortifères communisme et nazisme « à l’image de l’orgueil de Lucifer »30 et la « théorie » (darwinienne) de la race supérieure ? Ajoutons que l’autarcie des Natifs n’était pas la bienvenue dans une nation nouvellement fondée par des puissants, dont le but désormais manifeste est justement de stopper toute autarcie des gens par une étatisation de plus en plus féroce et incurable.
Conclusion
Les faits montrent que les Amérindiens ont volontiers adopté la Révélation de Jésus Christ, qui a apporté un grand baume dans leur vie remplie de souffrances et d’angoisses. Ce n’est que plus tard, par l’imposition du matérialisme et son intrinsèque sadisme, non seulement avec le gourdin économique, mais avec le bâton psychologique qui consiste à faire passer ceux qui n’y adhèrent pas pour arriérés ou fous, que les Amérindiens ont à la fois développé une méfiance systémique envers nous et, conséquemment, développé des pathologies diverses. Car, il faut le savoir, pour ces peuples, la folie est synonyme de grande malédiction, voire de possession par des esprits mauvais.
Catégoriquement, ces peuples avaient une intelligence sociale supérieure à la nôtre ; leurs intelligences étaient simplement ailleurs que dans les mathématiques et la « science », techno ou théorique. Elles étaient surtout dans une structure sociale et religieuse (le sacré, principalement la croyance au Créateur, en la vie dans l’au-delà et son lien permanent avec les défunts) bien supérieure à celle de ces quelques colons adorateurs de Mammon (dont certains se disaient chrétiens)31 qui ont subséquemment envahi un terrain qui avait été bien ensemencé par les vrais missionnaires. Si on peut reprocher une seule erreur aux missionnaires qui ont donné leur vie pour ces premiers peuples, c’est celle de ne pas les avoir bien prévenus de l’avertissement prophétique et solennel de Jésus-Christ au sujet des « loups infiltrés dans la bergerie » et autres antichrists qui allaient travestir l’Histoire et les trois grandes Vertus. C’est pourquoi, en cette époque cruciale (XVIe siècle), le Dieu de tendresse a suscité les grands saints François de la Sales, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.
Inévitablement, la « théorie » évolutionniste de 1859 ne pouvait que mener à la cassure de 1876, qui allait modeler toutes les lois subséquentes en lien avec les peuples dits « primitifs », ainsi condamnés à disparaître sous les coups de l’idéologie des races favorisées pour la survie. Puis, un rejeton du darwinisme surgit du gouffre : l’eugénisme. Ainsi, entre autres, le fait que les Amérindiens cherchaient à vivre de manière « sauvage », c’est-à-dire naturelle, fut interprété par nos savants comme une preuve d’arriérisme. Par la suite, l’introduction de la psychanalyse par Freud (c‘est une pseudo-science) a augmenté les persécutions contre certains individus lucides de ces peuples, au point de les faire considérer comme aliénés32… Est-il en effet possible de faire un mal plus grand aux humains que celui de couper le lien sacré qui les unit à leur Créateur ? Peut-il exister un caniveau plus dégoûtant que celui-là ? Je m’évertue, je cherche, depuis 36 ans, un mal plus grand dans l’Histoire moderne que cette « théorie de l’évolution » et ses rejetons (eugénisme, psychiatrie réductionniste systémique, sociobiologie, désacralisation de la vie33, OGM, puis le terrible transhumanisme actuel. Et je ne le trouve pas ! Le cas des Natifs du Canada en donne une parfaite illustration.
1 Thomas LAMBERT, First Nations call Trudeau a “criminal”, The Counter Signal. https://thecountersignal.com/first-nations-call-trudeau-a-criminal/
2 http://www.veritepensionnats.ca/index.html
https://jacques172.com/2022/07/31/au-nom-de-la-verite-integrale/
par Jim BISSEL, Amérindien non-catholique ayant vécu dans un pensionnat, qui démonte les mensonges de Justin Trudeau et ses médias. Voir aussi :
3 Ainsi maintes merveilles concernant sainte Kateri Tegakouita et bien d’autres, notamment – sans vouloir m’élever au-dessus du jugement de l’Église – le corps incorruptible de Jeanne Ouendité (Drolet, p. 109).
4 … ainsi que : les violences faites aux femmes, dont la polygamie et, conséquemment, le fléau des maladies vénériennes (Daschuk, p. 109), l’inceste, la torture et le cannibalisme rituel (Sioui, p. 77-78), et même le génocide entre tribus, comme nous le verrons.
5 dont le Québec fut épargné.
6 G. DROLET, À l’Origine de l’Ancienne Lorette. Le père Chaumonot et la mission de Lorette, Corporation de la chapelle Notre-Dame de Lorette & Société d’Histoire de l’Ancienne Lorette, 2022 (noté GD).
7 Note : toutes les citations de G. E. SIOUI seront notées (Sioui) et proviennent de son livre Pour une Histoire amérindienne de l’Amérique, (princeps 1989), réédition Québec, Presses de l’Université Laval, 1999.
8 Toutes les citations de J. DASCHUK proviennent de son livre incontournable La Destruction des Indiens des Plaines, (princepsUniversity of Regina Press, 2013), traduction française Québec, Presses del’Université Laval, 2018, https://histoirecanada.ca/prix/prix-d-histoire-du-gouverneur-general/anciens-laureats/2014/james-daschuk
9 Comme l’affirme G. SIOUI (ch. IV, La destruction de la Huronie par les Iroquois, p. 55) : «… la plupart des études récentes se rapprochent de la théorie plus ancienne, dite « culturelle », caractéristique des écrits de Francis Parkman, selon laquelle les guerres livrées par les Iroquois à un si grand nombre de leurs congénères s’expliqueraient par une inimitié qui […], devrait se solder par l’anéantissement de l’une des parties.» Un autre texte(Éric THIERRY, Samuel de Champlain. À la rencontre des Algonquins et desHurons 1612-1619, Québec, Septentrion, 2009) mentionne ceci : « La guerre entre les autochtones amérindiens pour la conquête d’un plus vaste territoire est récurrente. Lors de son quatrième voyage en 1613, Samuel de Champlain note dans son Carnet de voyage qu’il existait déjà une alliance entre les Hurons, les Algonquins et les Montagnais contre les Iroquois. » L’enjeu en était principalement la fourrure de castor ; un animal que les Amérindiens des régions plus désertiques – les grandes plaines – cessaient de chasser, car cet animal, par ses barrages légendaires, était en fait un ingénieur de la gestion des eaux. Sa fourrure était primordiale pour les Iroquois dans leur commerce avec les Européens. Sur Wikipédia, on lit: « Les années 1640 et 1650 ont été une période tragique pour les Hurons. En effet, ce qu’on appelle la « guerre des fourrures » bat alors son plein. Mieux armés que leurs voisins, les Iroquois disposaient d’armes à feu qu’ils échangeaient contre des fourrures à leurs alliés hollandais protestants afin de s’emparer du territoire des Hurons, convertis au catholicisme par les missionnaires français. En 1648, après des années de harcèlement, plus de 1 000 Iroquois bien armés prennent d’assaut le village huron de Teanaustayaé (Twaanostyee) sur la rive sud du lac Michigan. Ils massacrent les hommes et prennent en otage 700 prisonniers, majoritairement des femmes et des enfants dont la plupart sont réduits en esclavage. En 1649, les Iroquois prennent un autre village important des Hurons, Taenhatentaron (Taanhattantaron), sur la rive nord du Détroit de Mackinac. Ils massacrent les vieux, les malades et les enfants : “des enfants grillaient à côté de leurs mères, un mari voyait sa femme rôtir auprès de lui, la cruauté même eut eu de la compassion dans un spectacle qui n’avait rien d’humain, sinon l’innocence de ceux qui étaient au supplice, dont la plupart étaient chrétiens”. Les Iroquois se dirigent ensuite vers Sainte-Marie, la plus importante mission catholique en Huronie, refuge des Hurons ayant fui les massacres de Teanaustayaé et de Taenhatentaron. Débordés par les raids répétés des Iroquois, les jésuites sont contraints d’abandonner leur centre missionnaire. À cette période, le jésuite Jean de Brébeuf fut fait prisonnier, le 16 mars 1649, lors d’une attaque iroquoise. Il est emmené jusqu’au village de Taenhatentaron où il est lié au poteau de torture. Il y est d’abord lapidé. Afin de parodier le baptême, les Iroquois lui versent de l’eau bouillante sur la tête […]. Ensuite, on lui passa un collier de tomahawks brûlants au cou pour ensuite lui enfoncer un fer rouge dans la gorge tout en le lacérant de coups de couteau. Lorsqu’il fut agonisant, les Iroquois le tuèrent en lui arrachant le cœur, qu’ils cuisirent et mangèrent, pour finalement brûler son corps. »
(Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_des_Hurons )
10 Les archéologues et pathologistes ont certifié lors d’exhumations [NB : plusieurs communautés amérindiennes, dont les Hurons, enterraient généralement leurs morts en famille ; ainsi, le terme « fosse commune », fort peu esthétique, est employé aujourd’hui par nos médias de la haine ; probablement dans le but très politique de créer un vicieux amalgame avec l’Allemagne nazie… alors que c’était chose normale pour ces peuples très familiaux] que la tuberculose (qui laisse des traces dans les tissus osseux) existait avant l’arrivée des colons et y causait une grande mortalité (JD, p. 30), surtout dans les régions plus humides ou froides.
11 Dans les faits, il ne s’agit pas d’une anomalie, mais bien d’un système de cycles dit de « Milankovic », lié à la position de la terre dans le système solaire. Si l’on combine ce phénomène cyclique à celui d’un minimum solaire long, les calamités terrestres s’en trouvent amplifiées (voir Le Cep n° 91, p. 29 à 33, et https://youtube.com/watch?v=iA788usYNWA&t=1s )
Les volcans jouent aussi un rôle notable, dont l’éruption du Tambora de 1815, qui causa « l’année sans été », de 1816, et trois difficiles années subséquentes.
12 https://cours.polymtl.ca/PBedard/glq1100/milankovic/milankovic.html
13 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ruption_du_Samalas_en_1257
14 Éruption qui aurait aussi engendré la famine de 1258 en Angleterre.
15 Ce gonflement des chiffres jusqu’à l’absurde (dans maints domaines) n’aurait-il pas comme but d’étendre toujours plus le sentiment de culpabilité des peuples occidentaux ?
16 Dans ce court extrait du film Les invasions barbares : https://youtube.com/watch?v=RBO4dEfqw-M (les barbares étant évidemment les catholiques), l’acteur Rémi Girard affirme, avec une immense hargne, que « les catholiques ont exterminé à la hache, 150 millions d’autochtones » dans les trois Amériques…
17 Les parties en italique non nommées proviennent toutes du livre aussi émouvant qu’érudit du Pr G. DROLET, op. cit.
18 Raymonde LITALIEN, Jean-François PALOMINO & et Denis VAUGEOIS, La Mesure d’un continent. Atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814, Québec, Éd. du Septentrion, 2007, p. 129. Voir aussi G. DROLET, op. cit., p. 47.
19 Lionel ALLARD, L’Ancienne-Lorette, Montréal, Éd. Leméac, 1979, p. 80.
20 Le terme sauvage n’est pas insultant. Il signifie des gens « vivant très près de la nature » ; le mot « sauvage » renvoie au mot latin silva « forêt, arbre, bois » (Gaffiot, p. 1 442). D’ailleurs, on peut à juste titre parler d’une fleur sauvage, d’une beauté sauvage (naturelle).
21 Ndlr. Bouchard tombe ici dans la légende noire anti-espagnole. En réalité, les Espagnols se sont comportés comme les Français et Colomb est revenu enchaîné, car il avait voulu faire commerce d’esclaves. Isabelle la Catholique avait interdit l’esclavage des indigènes.
22 R-A BOUCHARD, dans son livre Autochtonie. La Rencontre (QC Chicoutimi, Éd. LaPeuplade, 2021), affirme que l’organisation sociale et politique au sein des communautés amérindiennes, ce qui comprend la place des femmes, était diversifiée. « Dans les sociétés agraires pratiquant la chasse, elles avaient une voix prépondérante parce que l’agriculture faisait partie de leurs responsabilités », note l’historienne. « En revanche, chez les peuples ne vivant que de la chasse, on les battait comme plâtre. »
23 Ce qui a causé la destruction totale ou le vandalisme de 89 églises au Canada, suite aux propos haineux de Trudeau et ses médias de la honte.
24 https://150.statcan.gc.ca/n1/pub/99-011-x/99-011-x2019001-fra.htm
25 G. Sioui ne semble pas au courant que de puissantes forces occultes livrent un combat sans merci au catholicisme depuis le 31 octobre 1517, le 24 juin 1717, juillet 1789 et, au Québec, depuis le 13 mai 1964 (date de la création d’un ministère dit de l’Éducation).
26 … par les ministères invasifs et ségrégationnistes, dont il appert maintenant que les buts, en apparence « tranquilles », masquent une néocolonisation subtile, empreinte, celle-là, d’une immense méchanceté…
27 Ndlr. Le lancement par Ch. DARWIN d’un livre dont le titre complet cautionne le programme colonial britannique : De l’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle.ou La préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie, Londres, J. Murray,1859 (souligné par nous).
28 Un exemple de modernisme-impérialisme : «… le primitif est aussi amené à se constituer une cosmogonie où se reflètent son ignorance, son particularisme racique et la grossièreté de son imagination. Même plus tard, quand les Européens tenteront de lui inculquer des notions plus philosophiques sur l’origine des choses, le primitif refusera longtemps de croire à ces explications… » (Aristide Beaugrand-Champagne, 1941, p. 196) :
29 Et la stérilisation forcée par les gouvernements, maintenant eugénistes : https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1780307/sterilisations-autochtones-marc-miller-stanley-vollant-michele-audette?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage
30 Clin d’œil au grand pape Pie XII qui, en mars 1935, prononça de fortes paroles contre l’idéologie aryenne.
31 … qui les gavaient d’alcool. Mgr François de Laval avait d’ailleurs frappé d’excommunication ceux qui vendaient de l’alcool aux Natifs. Le grand tremblement de terre du 5 février 1663 fut un avertissement du Ciel.
32 Le film, Vol au-dessus d’un nid de coucou, va aussi dans ce sens…
33 Cf. « Du génome à l’eugénisme »,Science & Vie, n° 902, p. 37.