Partager la publication "Le scanner révèle que les cerveaux de l’homme et de la femme sont câblés différemment"
Par Hotz Robert Lee
Le scanner révèle que les cerveaux de l’homme et de la femme sont câblés différemment1
Robert Lee Hotz2
Résumé : Ceux qui veulent imposer l’idée aberrante qu’une personne puisse choisir son « genre » seront troublés d’apprendre qu’un organe noble, qui se prête fort mal à la chirurgie et qui ne se renouvelle pas, manifeste des différences tout aussi marquées (mais moins visibles) que celles des organes proprement sexuels. Ces différences portent en particulier sur le « câblage » (les connexions neuronales) du cerveau et font comprendre – ce que les écrivains et les psychologues savaient de très longue date – pourquoi hommes et femmes pensent et réagissent différemment. « Ce qui est frappant, c’est à quel point sont réellement complémentaires les cerveaux des hommes et des femmes » déclare Ruben Gur, coauteur d’une étude menée en 2011 à Los Angeles, à l’Université de Californie.
Selon une demi-douzaine d’études récentes soulignant la spécialisation sexuelle du câblage du cerveau, les hommes et les femmes montrent des différences caractéristiques entre la façon dont les fibres nerveuses relient les différentes régions de leur cerveau. Il y a des milliards de ces connexions critiques qui sont formées par le jeu combiné de l’hérédité, de l’expérience et de la biochimie.
Personne ne sait comment les différences de câblage selon les genres peuvent se traduire dans la pensée ou le comportement, si elles peuvent agir sur la façon dont les hommes et les femmes perçoivent la réalité, traitent l’information, forment leurs jugements et se comportent socialement, mais elles déclenchent la controverse.
« C’est certainement un brandon de discorde » dit Paul Thompson, professeur de neurologie et directeur du Centre d’Imagerie Génétique de l’université de Californie du Sud.
Il dirige une étude pour constituer une base de données de 26 000 scans de cerveaux issus de 22 pays pour vérifier par recoupement les images neuronales. « Les gens qui examinent les constatations des différences sexuelles sont soit enthousiastes soit furieux » dit-il.
L’examen des scans du cerveau de 949 sujets âgés de 8 à 22 ans montre que les connexions neuronales diffèrent selon le sexe. Le cerveau des hommes a davantage de connexions dans le même hémisphère ; celui des femmes entre les deux hémisphères. Les chercheurs se demandent si ces différences peuvent expliquer la différence de réaction des hommes et des femmes aux problèmes de santé, depuis l’autisme, plus fréquent chez l’homme, la sclérose en plaques plus fréquente chez la femme, jusqu’aux attaques cardiaques, au vieillissement et à la dépression. « Nous devons trouver d’abord les différences avant de pouvoir essayer de les comprendre » dit Neda Jahanshad, neurologue à l’université de Californie du Sud, qui a dirigé la recherche lorsqu’elle était à l’UCLA (Université de Californie, à Los Angeles).
Le Dr Jahanshad et ses collaborateurs de l’UCLA ont étudié 2 011 images du cerveau de jumeaux en bonne santé, dont 147 femmes et 87 hommes pour suivre les connexions cérébrales. Ils ont découvert des différences « significatives » entre les sexes dans le lobe frontal qui est associé à la maîtrise de soi, à la parole et à la prise de décision. La seule région où les hommes ont une connexion plus marquée entre les deux hémisphères est le cervelet, qui joue un rôle vital dans le contrôle de la motricité. « Si vous voulez apprendre à skier, c’est le cervelet qui doit être puissant » dit le Dr Verma.
Dans l’étude la plus complète à ce jour, des scientifiques dirigés par l’analyste biomédicale Ragini Verma, de l’université de Pennsylvanie, ont trouvé que des myriades de connexions entre des parties importantes du cerveau se développaient différemment chez les garçons et les filles durant leur croissance, aboutissant à des modèles différents de connexions chez les jeunes hommes et femmes.
Cette équipe a utilisé des images cérébrales de 949 jeunes gens en bonne santé, 521 femmes et 428 hommes âgés de 8 à 22 ans.
Comme l’équipe du Dr Jahanshad, le Dr Verma a utilisé la technique de l’imagerie du tenseur de diffusion pour voir comment les molécules d’eau s’alignent sur les fibres nerveuses de matière blanche du cerveau, lesquelles forment l’échafaudage physique de la pensée. L’étude a été publiée début décembre (2013) dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
Les types neurologiques ne sont apparus qu’en combinant les résultats de centaines de sujets, disent les experts. Pour chaque personne les caractères du genre peuvent être subsumés par les variations individuelles dans la forme du cerveau et sa structure qui contribuent à rendre unique chaque personne.
Les cartes du circuit neurologique établies par le Dr Verma montrent le cerveau aux moments où il éprouve une frénésie de création. Dès l’enfance, le cerveau produit normalement des neurones au rythme de 500 000 par minute, et arrive à faire des connexions deux millions de fois par seconde. À 5 ans, la taille du cerveau, en moyenne, a atteint environ 90% de sa taille adulte. À 20 ans, le cerveau moyen contient environ 173 380 kilomètres de fibres de matière blanche, selon une étude danoise de 2003 publiée dans le Journal of Comparative Neurology.
Sous l’effet de l’alimentation, de l’expérience et de la biochimie, les neurones et synapses sont impitoyablement élagués dès l’enfance. Le criblage se poursuit par intermittence pendant l’adolescence puis accélère de nouveau à l’âge moyen. « Dans l’enfance, nous n’avons pas vu beaucoup de différences entre les garçons et les filles », dit le Dr Verma. « La plupart des changements commencent à se produire à l’adolescence. C’est à ce moment que la plupart des différences homme – femme se produisent. »
En général, les femmes dans leur vingtaine avaient davantage de connexions entre les deux hémisphères, tandis que les hommes du même âge en avaient davantage à l’intérieur de chaque hémisphère. « Les femmes ont de meilleures connexions gauche-droite et droite-gauche entre les deux hémisphères, dit le Dr Verma, et les hommes sont mieux connectés entre l’arrière et le front dans chaque hémisphère. »

Fig. 1. Carte neurologique d’un cerveau féminin typique. (Photographie : National Academy of Sciences/PA)

Fig. 2. Carte neurologique d’un cerveau masculin typique. (Photographie : National Academy of Sciences/PA)
Ceci incite à croire que les femmes sont mieux câblées pour les tâches multiples3 et la pensée analytique qui demandent la coordination de l’activité entre les deux hémisphères.
Les hommes, en revanche, sont sans doute mieux câblés pour des tâches plus méticuleuses qui demandent l’attention pour faire une chose à la fois. Les chercheurs préviennent, cependant, que ces conclusions sont spéculatives.
« Ce qui est très frappant, c’est à quel point sont réellement complémentaires les cerveaux des hommes et des femmes » déclare Ruben Gur, co-auteur de l’étude.
« Les cartes détaillées des connexions du cerveau ne nous aideront pas seulement à mieux comprendre les différences entre les manières de penser des hommes et de femmes, mais elles nous donneront une meilleure vision des racines des désordres neurologiques qui sont souvent liés au sexe. »
Les experts préviennent aussi que des différences subtiles dans les connexions peuvent être balayées par des disparités normales chez les hommes et les femmes dans la taille du cerveau et la densité du tissu cérébral. D’autres facteurs, tels que le fait d’être droitier ou gaucher, affectent aussi la structure du cerveau.
Les résultats peuvent aussi être influencés par les différences entre la façon dont sont faits les calculs par l’ordinateur d’un laboratoire à l’autre. « Avec l’imagerie neuronale il y a tellement de façons de traiter les données que, lorsque vous traitez les choses différemment et obtenez le même résultat, c’est fantastique » dit le Dr Jahanshad.
1http://online.barrons.com/article/SB10001424052702304744304579248151866594232.html (traduction Claude Eon).
2 Journaliste scientifique.
3 On relira ici avec profit l’article de Maciej GIERTYCH : « Les erreurs depuis Darwin sur l’inégalité ou l’égalité entre les sexes », Le Cep n° 53 & 54.