Partager la publication "De l’origine de la norme imposée à l’art au paléolithique"
Par Roland Gérard
Les dessous de la préhistoire
Résumé : Au sortir des grottes de Lascaux, Picasso aurait déclaré : « J’ai enfin trouvé mon maître ». Cet aveu, chez celui qui – a en juger par le nombre de ses imitateurs – peut passer pour un maître en peinture, a du moins le mérite d’établir la qualité de tracé et de style manifestée par les artistes préhistoriques. Outre qu’elle va contre le préjugé évolutionniste toujours actif chez les préhistoriens, cette anecdote attire notre attention sur les conditions artistiques et sociales qui ont permis ces peintures. L’auteur, frappé par les normes strictes auxquelles obéit la peinture pariétale, montre les insuffisances de l’interprétation habituelle, celle d’un culte animiste en vue de favoriser la chasse. A l’en croire, ces peintures montrent l’existence d’une vie sociale intense et l’importance du rôle de l’artiste dans la collectivité dite « préhistorique ».
L’homme des premiers temps fascine. Equipé d’outils rudimentaires, en bois et en pierre taillée, il aura traversé les mers, sauté les montagnes, pour peupler toute la Terre, jusqu’aux régions les plus inhospitalières. Comment concevoir une telle domination de la nature sinon en admettant que sa véritable supériorité provenait de l’organisation sociale ? La force de ces peuplades archaïques résidait dans leur culture et il est important aujourd’hui de pouvoir décrire leur comportement communautaire pour affiner notre perception de l’histoire de l’humanité.
C’est donc avec émotion et passion que nous suivons le travail des paléontologues, chaque fois qu’un nouveau site préhistorique est mis au jour.
Voilà un travail extraordinaire de minutie, et des prouesses de déduction qui peuvent apporter des éléments précis et précieux sur nos lointains prédécesseurs. L’étude d’un squelette, en particulier du crâne, permettra au spécialiste de dire à quel stade d’évolution l’individu était parvenu, s’il avait l’usage de la parole, et même s’il savait chanter ! De même, la forme d’une pierre taillée indiquera les diverses sortes de techniques employées à la chasse, au dépeçage des bêtes, et à bien d’autres activités.
En outre, les grottes ornées se visitent sur tous les continents, et portent témoignage de différentes époques de l’humanité. La considération d’une réalisation picturale sur un os ou sur une paroi de caverne, donnera un aperçu remarquable de ce qu’était la vie communautaire, tant il est vrai que des oeuvres d’expression symbolique donnent une indication fidèle sur la personnalité de leurs auteurs et, par delà, sur l’organisation sociale qui les aura guidés.
De l’attrait des grottes ornées :
Tout d’abord, une question : Quel pouvait être, pour la collectivité, l’intérêt des grottes ornées ?
Pour y répondre, rappelons que la période considérée, nommée paléolithique, s’étend pratiquement du début de l’humanité jusqu’au néolithique, lequel est marqué par l’invention de l’agriculture, avec son corollaire la sédentarisation et, peu de temps après, l’invention de l’écriture. Auparavant les techniques restaient rudimentaires. Certes le feu était maîtrisé, mais les ustensiles se fabriquaient seulement à partir de bois, de pierre et d’os, avaient une efficacité limitée, et surtout étaient fragiles ; il fallait constamment les renouveler’1.
Avec de tels moyens, la communauté humaine vivait donc uniquement de chasse, de pêche et de cueillette.
D’où une société faite d’une multitude de petits groupes d’une dizaine de personnes. Ces tribus réduites, très mobiles, exploitaient des territoires immenses. Elles s’établissaient dans des campements très simples, rapides à installer, et repartaient dès que le gibier de la contrée venait à manquer.
La faible densité de population limitait les frictions entre groupes et les conflits étaient rares, ce qui est confirmé par l’absence totale d’armes de guerre dans l’ensemble des objets de cette époque.
En revanche, des intérêts majeurs, sociaux et économiques, incitaient à des contacts nombreux :
– Le transfert -d’un groupe à l’autre- des jeunes en âge de procréer, le brassage génétique s’imposant2.
– Le troc qui se pratiqua peu à peu, individuellement ou d’un groupe à l’autre, ou à l’occasion de marchés régulièrement organisés. Lors de ces rencontres s’échangeaient peaux, outils de pierre taillée, et nourritures, mais aussi savoir-faire.
– La vie artistique.
Il fallait donc des lieux de rassemblement, et quoi de mieux qu’une grotte ornée pour attirer une population friande d’expression artistique.
– La richesse des peintures sur paroi laisse supposer que les cavernes étaient très fréquentées. A proximité de leur entrée, s’établissaient des marchés où s’échangeait victuailles, peaux, et outils dans une ambiance joyeuse, où se pratiquaient des concours de lancer de projectiles entre chasseurs émérites…. L’instinct grégaire et le plaisir du rassemblement de masse et de la compétition ne date pas d’hier.
– Chaque pays était fier de ses peintures et dans les conversations, chacun de vanter la qualité des artistes du cru. Les querelles de sites ne dateraient pas d’hier.
Pour les populations archaïques, disséminées sur de vastes territoires, les grottes ornées devait être des pôles de regroupement déterminants pour la vie sociale.
Un choix judicieux :
Toutefois, à l’inspecter, il s’avère qu’une caverne n’est pas si intéressante que cela pour un peintre. L’artiste qui y travaillait s’éclairait avec des lampes à graisse animale, incommodantes à la longue. Pour accéder à certaines surfaces, il lui fallait installer des échafaudages, et occuper des positions inconfortables. Pour la population qui venait apprécier les œuvres, les grottes étaient pour le moins difficiles d’accès. L’entrée est à flanc de coteau comme à Niaux, ou au fond d’un puits, comme à Lascaux … C’est à se demander ce qui aura déterminé des hommes de talent à exprimer leur art pictural dans ces lieux obscurs, et peu pratiques.
Certains pensent que l’ornement des grottes relève d’une démarche religieuse. Les peintres seraient venus en ces espaces obscurs pour se ressourcer, chercher la communication avec les esprits, le monde souterrain étant considéré comme celui des ancêtres, des morts, des dieux.
Selon cette théorie, il s’y pratiquait un culte animiste, les figures ornant les parois devant stimuler la sensibilité.
La cérémonie, conduite par un chamane, sans doute au rythme de tambourins, et à la lueur de flambeaux, aurait pu conduire les fidèles à la transe, et donc leur faire connaître des moments extraordinaires et très recherchés.
En d’autres termes, ces grottes pouvaient être des temples propices à une sorte d’hystérie collective. C’est l’hypothèse avancée en particulier par Jean Clottes.
D’autres chercheurs, considérant que les figures représentent des animaux, avancent que les grottes étaient ornées pour célébrer l’activité essentielle alors pratiquée, la chasse.
Ce serait donc des monuments dédiés à la gent animale qui assurait à l’homme sa subsistance. Cette théorie fut principalement soutenue par l’abbé Breuil, le découvreur de Lascaux.
Nous proposons une approche différente, en partant de l’enseignement même qu’apportent les peintures rupestres. D’aucuns pourraient penser à priori que ces hommes et ces femmes vivant de chasse, de pêche et de cueillette, qui pratiquaient le nomadisme, toujours à la recherche de leur subsistance, et habitaient des campements de huttes rudimentaires, se constituaient en bandes principalement occupées à assurer leur survie dans un environnement hostile. Les peintres seraient ainsi des individus, sans doute adroits, mais qui décidaient spontanément, par exemple à l’occasion d’une pause entre deux chasses, de projeter leur inspiration artistique sur les parois d’une caverne, en quelque sorte pour la détente et le plaisir. Mais l’art pariétal fait valoir une tout autre réalité, nous démontrant que les artistes étaient encadrés3.
– Toutes les figures présentent un haut niveau de qualité, et il n’existe pas, parmi les représentations, une seule qui semble sortie de la main d’un quelconque extravagant.
– Seul avait donc accès à la grotte, pour réaliser une peinture, celui qui avait fait valoir d’exceptionnels talents. Les artistes de cette époque constituaient donc un corps choisi.
– Les galeries se prolongent certaines fois sur des centaines de mètres, et les figures se succèdent dans un ordre parfait. Cela suppose que l’emplacement était attribué à l’artiste de façon rigoureuse, par un maître dont l’autorité n’était pas discutée.
– Voici une figure. La courbure des lignes, le choix des couleurs sont caractéristiques de l’auteur. A quelques centaines de kilomètres de là, c’est un autre grotte dont la paroi aura été peinte selon le même style. A n’en pas douter, le tracé est de la même main ! Voilà donc pour l’artiste une réputation établie sur des régions très distantes, ses commanditaires le faisant venir de fort loin.
En définitive, à la considérer à travers le prisme des peintures sur paroi, la création artistique devait rendre compte à une autorité, et les historiens du paléolithique s’accordent parfaitement là‑dessus.
Voilà un enseignement intéressant, et qui s’adresse à nous particulièrement. La découverte de ces merveilles souterraines est récente : Altamira 1868, Lascaux 1940, Cosquer 1982, Chauvet 1994, pour ne citer que les principales ; c’est en quelque sorte notre génération qui, la première, renoue avec les peuples du paléolithique…. Et l’honneur d’être les premiers appelés à contempler le lointain passé de l’espèce humaine, n’aura d’égal que la stupeur d’une réalité insoupçonnée. A savourer les fabuleuses peintures sur paroi des cavernes obscures, le voile se soulève sur la vie communautaire des peuplades des premiers temps, et une étonnante lumière révèle une vie sociale extrêmement structurée : l’idée de hordes sans grande organisation s’efface, pour faire place à celle de groupes parfaitement encadrés, respectueux de règles, cohabitant sous la tutelle d’un pouvoir central, dont un rôle important était de guider l’expression artistique.
C’est certainement l’instance habilitée à dicter les règles et à veiller à leur application qui aura décidé de faire orner les grottes par les artistes, et nous pensons que ce choix relève d’une volonté de sauvegarde du patrimoine :
– Nous sommes à l’âge de la pierre taillée. Le métal n’est pas encore en usage, et les objets façonnés par l’homme n’ont d’objectif que fonctionnel : tous, excepté peintures et gravures. C’est donc la seule richesse symbolique collective, le seul bien commun. Elle s’étale sur les roches et peut être sur des troncs d’arbres à proximité des lieux de passage.
Mais, un tel patrimoine reste périssable et, avec les intempéries, les œuvres disparaissent en quelques générations.
– Sans doute, quelqu’expérience aura montré que dans une grotte, à température constante et à l’abri de la lumière, une représentation se conserve parfaitement.
– Sur ce constat, l’instance gardienne de la culture de cette population de chasseurs, décide que les meilleurs de leurs artistes laisseront leur empreinte sur les parois des cavernes.
Ce sera le moyen de transmettre aux générations à venir le témoignage d’une civilisation riche d’œuvres symboliques.
– Nous savons que lorsqu’une civilisation s’éteint, laissant le terrain à des valeurs d’une autre nature, les oeuvres d’art qu’elle a produites ne sont pas bien respectées. Or les peintures des grottes ont été conservées fidèlement.
Les responsables de la création picturale jouaient donc pleinement le rôle de conservateur d’art. Les grottes ornées : non point des temples, non point des monuments, mais des musées.
Un thème unique :
Nous ne pouvons que nous féliciter de ce souci de léguer aux successeurs le fleuron de la création artistique, comme témoignage d’un vécu collectif intense. N’en sommes nous pas les heureux bénéficiaires ? A pénétrer dans ces lieux nous voici bouleversés par le spectacle. C’est une féerie de formes et de couleurs. Le moment de la visite est sublime lorsque le guide arrête l’alimentation électrique, n’éclairant plus la caverne qu’avec un simple flamme de briquet. Brusquement, les représentations prennent une nouvelle dimension.
Les renflements et creux de la paroi, dont le peintre a tenu compte, confèrent aux lignes de couleur l’illusion d’un puissant mouvement d’ensemble, et les figures sortent de leur enchevêtrement pour se distinguer chacune dans une harmonie éblouissante.
Le public est transporté, ayant sous les yeux les œuvres telles qu’à la lueur des torches les voyaient les hôtes de ces lieux, il y a plusieurs milliers d’années. Et le temps s’efface, puisque nous voici arrachés d’un présent, oh combien mécanisé, et comme invités à nous réunir avec ces hommes et ces femmes des temps anciens pour vibrer d’une même exaltation.
Cependant, l’émotion retombée, vient le temps de la réflexion, et nous voici perplexes : les peintures représentent uniquement des figures de grands animaux! Des bovins, des cerfs, des chevaux, des félidés, des éléphants, des mammouths, des rhinocéros.
Très peu d’oiseaux, quelques poissons, nul paysage, pas de végétaux, quasiment aucun humain. C’est vrai de la grotte que nous venons de visiter, et c’est peut être exceptionnel ?
Mais non ! L’art pariétal se contemple sur toute la surface du globe, et, pour ne citer que les principaux, heureusement épargnés des affres du temps, les sites d’Australie, Brésil, Bornéo, Chine, Europe, Namibie, Sibérie, Scandinavie, exposent tous le même thème : l’artiste s’appliquait à ne représenter que des grands animaux.
Une telle constante ne peut que relever d’un code, sachant qu’une oeuvre d’art n’est pas une fin en soi.
Exposée au grand public elle a essentiellement comme raison d’être de maintenir la cohésion de la population en exaltant une transcendance collective, principalement pour fixer des repères aux générations montantes. Ainsi l’art sacré cristallise les croyances, tandis que l’art populaire se veut éterniser les moments intenses de la vie sociale. Et l’art politique de renforcer une autorité temporelle, en figeant dans la mémoire collective les événements historiques qui font se construire la tradition, dont elle est le dépositaire.
De quelle nature est donc le mystérieux code que respectaient les artistes préhistoriques ?
Là encore, les réponses sont multiples.
Les défenseurs de l’idée que les grottes ornées sont des temples, inscrivent nécessairement l’unicité du thème dans une démarche religieuse, considérant que les cultures paléolithiques étaient chamaniques, et que la communication avec les esprits laisse supposer un culte rendu aux grands animaux. Selon d’autres il s’agit d’une pratique, le totémisme : les artistes dessinent leur animal totem, ancêtre mythique du groupe. Un art sacré en quelque sorte.
On affirme encore que l’art paléolithique relève de la magie de la chasse. Le peintre qui représente l’animal veut forcer l’événement à venir: il dessine un bison, lui ajoute une flèche : à la chasse il s’en tuera beaucoup. Il représente un lion, dessine une lance qui le transperce : les lions vont disparaître.
Il figure une jument, elle est pleine : il y aura d’avantage de poulains dans les années qui viennent.
Les grottes ornées sont en cela des monuments devant consacrer la fécondité des animaux utiles ou exalter l’action du groupe dans sa volonté de s’imposer à la nature en dominant les pratiques indispensables pour sa propre survie, abattage des bêtes comestibles, destructions des prédateurs dangereux pour l’homme. Un art populaire en quelque sorte.
Mais comment admettre que des groupes complètement isolés les uns des autres, séparés par des milliers de kilomètres d’océan, de montagnes ou de forêts, aient adopté la même coutume religieuse ou magique ?
Nous préférons une approche sociologique de la question : la figuration de grands animaux à l’exclusion de toute autre représentation, laisse supposer un pouvoir supérieur, seul susceptible d’imposer une norme picturale.
L’assertion prend appui sur les point suivants :
– Les grottes manifestent une extraordinaire homogénéité dans le choix des figures peintes : ainsi le site de Chauvet expose essentiellement des éléphants, des rhinocéros, des lions, tandis que celui de Lascaux est couvert de figures représentant des chevaux, des cerfs, des bouquetins…. Ce qui signifie bien que les peintures étaient commandées et non laissées à l’imagination des créateurs.
– Si les peintures sur parois ne sortaient d’aucune façon de la norme, en revanche sur des supports comme l’os, se trouvent représentées des figures autres, tels des poissons…. Ce qui veut dire que l’artiste se permettait de transgresser la règle dès lors que l’objet était susceptible d’être donné de la main à la main, en échappant par conséquent au contrôle officiel..
– Les plaquettes de la grotte de la Marche, à Lussac-les-Châteaux, sont probantes à cet égard : Elles représentent des figures humaines, dont le fameux « Homme de la Marche », et même des dessins, oh scandale pour l’époque, pornographiques.
Or un tel site est unique au monde5…
– Ces mêmes plaquettes ont une caractéristique exceptionnelle : elles sont gravées d’une multitude de lignes, ceci provenant du fait que l’artiste réutilisait le même support qu’il recouvrait d’une couche de terre ocre à chaque nouveau dessin… Ce qui traduit parfaitement une production clandestine, laquelle se devait d’être économique, puisque distribuée sous le manteau , d’où le réemploi des plaquettes.
– Le mental se forgeait dès la tendre enfance, lors de veillées au coin du feu, ou les anciens évoquaient le passé du groupe, et c’est là que l’individu s’imprégnait d’un interdit, qu’il conserverait toute l’existence… à quelques transgressions près pour certains.
– Les autorités chargées de la surveillance artistique prenaient d’autant mieux à leur compte l’interdit, que celui‑ci concrétisait leur ascendant sur les communautés… Qui tient l’art tient le peuple.
L’art des cavernes ? Non point un art religieux, non point un art populaire, mais un art politique, perpétuant une tradition.
Une norme universelle :
Cependant il faut s’interroger sur la dimension universelle de la norme, et une réponse logique s’impose : Pour que ce code soit unique pour toutes les grottes, il faut qu’il ait été édicté aux temps où toute l’humanité se réduisait à une seule communauté.
– A sa mise en place, la règle s’applique sans discussion.
– Les générations suivantes souscrivent à la même contrainte qui progressivement devient tradition pour la communauté.
– La colonie prolifère, son effectif croît rapidement et au fil du temps, la population éclate. Un groupe se forme et s’ébranle, et puis un autre. Ils partent au loin, sans idée de retour, vers des horizons inconnus, à la conquête de contrées nouvelles. Des siècles passent, et de proche en proche l’homme investit tout le globe.
De l’origine de la norme :
Mais maintenant, arrivons à la question cruciale : pourquoi le thème unique des grands animaux ?
Le code ne peut avoir été édicté qu’à une époque où l’humanité se réduisait à une seule colonie, et le choix de ne peindre que des grands animaux relevait d’une décision autoritaire. Sans doute s’agissait‑il initialement de réagir à un événement de grande puissance qui aura marqué la mémoire de la population.
Communauté réduite, cataclysme ; nous voici renvoyé à une page bien connue de l’histoire de l’humanité : Le Déluge.
Il aura anéanti la quasi totalité de l’espèce humaine, ne laissant subsister qu’un tout petit nombre de rescapés.
– La dévastation fut telle que la communauté qui a survécu est profondément, traumatisée et culpabilisée.
– Il faut que l’homme s’amende, et il s’inscrira dans une démarche expiatoire.
– Les instances dirigeantes imposent un code extrêmement restrictif en matière de production artistique.
Nous connaissons bien l’épisode du Déluge. Nombreuses sont les traditions qui l’évoquent, en faisant explicitement mention de la cohabitation d’hommes et d’animaux.
– Le récit biblique décrit le sauvetage commun : « Noé entra dans l’arche, et avec lui ses fils et les femmes des ses fils, à cause des eaux du Déluge. Des animaux purs et des animaux qui ne sont pas purs, des oiseaux et de tout ce qui rampe sur le sol, il en vint vers Noé, dans l’arche, deux par deux, mâle et femelle, selon ce que Dieu avait commandé à Noé » (Genèse 7 / 7‑8)..
– Et voici d’autres récits : « Dans la XIème tablette de l’épopée de Gilgamesh, le dieu Ea prévient Unapishtim et lui conseille de construire un bateau pour sauver sa famille et un certain nombre d’animaux » – « En Iran, Yima prend avec lui les meilleurs parmi les hommes et les différentes espèces d’animaux et de plantes. »6
– Tous les textes ne vont pas sans mentionner le courroux des dieux, et une punition exemplaire comme cause du désastre.
L’art du paléolithique ? Un art religieux, devenu au fil du temps un art politique7.
Peinture de la grotte de Lascaux, figure classique de l’art préhistorique.
Cerfs et saumons gravés sur os découvert sur le site de Lortet (Hautes Pyrénées).
1 Ndlr. Les pointes en silex, très fines, à la forme très étudiée, ne pouvaient être réutilisées comme le furent les pointes métalliques. Mais leur pouvoir tranchant était très supérieur. Les armes « préhistoriques », bien maniées étaient redoutables. Ici encore, la commodité l’a emporté sur la qualité intrinsèque.
2 Ndlr. A quelques générations des premiers patriarches, et dans un environnement sain, les tares restaient peu nombreuses et permettaient sans dommages des unions proches. La Bible en donne bien des exemples et les premiers pharaons ont souvent épousé leurs soeurs, comme les fils d’Adam.
3 Ces assertions reflètent les dires de guides que l’auteur a suivis lors de visites de grottes.
5 Cf Encyclopedia Universalis, Lussac-les-Châteaux.
6 Mircea Eliade, Encyclopedia Universalis
7 S’il fallait une preuve pour déclarer historique le cataclysme diluvien, les grottes ornées sont là pour l’apporter.