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Par Coste André1

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SOCIÉTÉ
« Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »
(P. Le Prévost)

Résumé : Lorsqu’on évoque la déchristianisation contemporaine, on pense souvent au poids social décroissant des chrétiens. Mais il est une déchristianisation plus subtile, celle qui, chez les chrétiens eux-mêmes, transforme leur vision du monde et leur fait abandonner, sous divers prétextes au premier rang desquels se place la science, cette manière de regarder les êtres et les choses à la lumière de la Bible, qui a constitué l’originalité de notre civilisation. La question de nos origines est évidemment centrale, avec la rupture qu’ont constituée la Chute, puis le Rachat survenu il y a deux millénaires. Or, le relativisme et l’humanisme modernes sont incompatibles avec cette vision biblique : le salut ne peut venir que du Sauveur et de Lui seul. De même la coupure entre la sphère publique et la sphère privée, depuis 1789, a pour effet de marginaliser comme subjectives les vérités de la religion. Pourtant la Parole du Créateur de tous les êtres de l’univers porte aussi bien sur la vérité objective recherchée par les savants que sur la vérité personnelle dont nos cœurs sont assoiffés.

1.  La vision biblique du monde

La Bible présente la vision du monde selon l’Éternel [YHWH] Dieu, Lui qui éternellement ne change pas, qui a créé les choses visibles et invisibles. La façon selon laquelle II a créé est décisive et concerne toute la création dans ses moindres détails.

Dieu créa toutes choses en les appelant de la non-existence à l’existence (Gn 1), à partir de rien (ex nihilo). Ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles (He 11, 3).

Dieu parle et la chose arrive (Ps 33, 9). Il ordonne et elle existe. Non seulement Il a créé par Sa Parole, mais aussi Il soutient toutes choses par cette même Parole, le Christ (He 1, 3 ; Col 1,16-17).

Par la même Parole, le monde ancien fut jugé, et le jugement fut accompagné du Déluge universel au temps de Noé. De même, les cieux et la terre qui existent aujourd’hui sont gardés jusqu’au jour du jugement et de la destruction des impies (2 P 3, 7).

Cette Parole est le Christ Jésus incarné : Aleph [ א ] et Tav [ ת ], l’Alpha [το αλφα, to Alpha] et l’Oméga [το W, to Ô(méga)], le Premier [ό πρωτος, ho prôtos] et le Dernier [ό εσχατος, ho eschatos], le Début [η αρχη, hê archê] et la Fin [το τέλος, to télos ] (Jn 1,1-3 ; Ap 22, 13).

La vision biblique du monde donne la solution au « paradoxe rationnel », parce que Dieu est un être rationnel. Il est capable, par définition, Lui seul, de créer un univers bien structuré qu’Il maintient stable selon Sa Providence. Il est capable de créer l’homme à Son image, avec des capacités rationnelles analogues aux siennes, avec les aptitudes nécessaires pour comprendre et apprécier ce qu’Il a fait : Sa Création.

Il y a un autre monde, dans le cadre biblique, le monde de l’homme déchu de ses prérogatives et de son état de créature originelle « très bonne ». Le maître apparent de ce monde-là est un menteur et le père du mensonge (Jn 8, 44 ; 12, 31 ; 14, 30 ; 16 ,11 ; 1 Jn 5, 19).

Toute personne qui cherche la vérité dans ce monde-là, se trouve, de ce fait, le plus souvent en présence d’un menteur. Les mensonges les plus puissants, pour une grande partie, sont ceux qui sont le plus souvent vrais, mais avec juste un peu d’erreur, ce qui va très loin.

Selon l’apôtre Paul, la séduction d’un mensonge est réellement un jugement de Dieu sur la désobéissance de l’humanité (2 Th 2, 9-12).

Tout ceci produit un choc pour les chrétiens qui entendent seulement que Dieu est amour et jamais qu’Il est le Saint et le Juste, Celui qui a donné la domination à l’homme sur Sa Création (Gn 1, 26-28), mais que l’homme céda au Malin (le Serpent ancien de Genèse 3, 1-6), en croyant à ce que celui-ci disait, plutôt qu’à ce que Dieu avait dit : « L’Éternel Dieu donna ce commandement à l’homme : Tu pourras manger de tous les fruits du jardin ; mais tu ne mangeras de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Gn 2, 16-17). Ainsi le malin gouverne le monde seulement comme un usurpateur.

Selon la Bible, la seule façon d’échapper à l’emprise du mensonge est de se repentir de croire aux mensonges du diable et de retourner ainsi vers Dieu et croire ce qu’Il dit.

Le péché originel se produisit lorsqu’Adam et Ève ne crurent pas ce que l’Éternel Dieu avait dit. Leur péché manifesta leur désobéissance. Ève suivit ce que disait le serpent : elle ne croyait pas vraiment ce que Dieu avait dit à son mari, mais celui-ci fut encore bien plus coupable, car c’est à lui que Dieu avait parlé.

Nous souffrons du même mal aujourd’hui : nous ne croyons pas tout ce que Dieu dit. Si nous voulons retrouver notre domination, sous la souveraineté de Dieu, nous devons redresser nos modes de penser et croire intégralement à la Parole de Dieu.

L’Éternel Dieu dit à Adam que la peine qu’entraînerait le péché serait la mort (Gn 2, 17). Adam ne l’a pas cru, et aujourd’hui de nombreux chrétiens persistent en ne croyant pas ce que Dieu dit au sujet des six jours de la création : ils préfèrent la théorie de l’évolution progressive, aménagée à leur goût ; c’est-à-dire que la mort est un phénomène naturel qui fait partie de la vie. Ainsi la mort n’est plus « le salaire du péché » (Rm 6, 23).

Le vrai point de départ, qui conditionne toute notre existence, est le point de vue biblique selon ce que l’Éternel Dieu nous dit : Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. C’est aussi le point de départ de notre vision biblique de la cosmologie.

2.   Qu’est-ce que la vision chrétienne du monde ? Notre vision, en conflit avec l’humanisme sécularisé

Tout homme a une vision du monde. Que nous le réalisions ou non, nous avons tous certaines présuppositions et des bases pour penser qui affectent notre façon de voir tout ce qui concerne la réalité et la vie.

Une vision du monde se présente comme un ensemble de lentilles, associées à des lunettes qui teintent notre vision et qui altèrent notre perception du monde autour de nous. Notre vision du monde est formée par notre éducation et notre instruction scolaire à tous les niveaux. Et aussi par la culture dans laquelle nous vivons : les livres que nous lisons, les médias et les films que nous absorbons, etc.

Pour beaucoup de personnes, leur point de vue sur le monde est simplement quelque chose qu’elles ont absorbé par une espèce d’osmose dans la culture qui les entoure.

Elles n’ont jamais pensé à l’importance stratégique de leur foi et ne sont pas conscientes qu’ainsi elles ne peuvent pas donner aux autres une défense rationnelle de ce qu’elles croient.

Chrétiens et non-chrétiens sont confrontés à au moins trois questions :

1.  D’où venons-nous ? Et pourquoi sommes-nous là ?

2.  Qu’est-ce qui est faux dans le monde ?

3.  Comment pouvons-nous nous adapter à cet univers ?

La vision du monde chrétienne biblique répond ainsi :

1.    Nous sommes des créatures de Dieu destinées à gouverner le monde en amitié avec Lui (Gn 1, 28 & 2, 15). Tel est le mandat culturel.

2.     Nous nous sommes révoltés contre Lui, nous avons transgressé Sa Loi, nous avons péché, à la suite d’Adam, dans le monde entier qui a été soumis à la malédiction (Gn 3, 17-18).

3.    Dieu Lui-même a racheté le monde et l’a retiré de son état de perdition par le sacrifice de Son Fils, le Christ Jésus (Gn 3, 15 ; Lc 19, 10) ; et, un Jour, Il le restaurera dans son état premier (És 65, 17-25). Cette vision du monde conduit les croyants à croire en des absolus moraux, à des miracles, à la dignité humaine et la possibilité d’une restauration complète, dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre.

En revanche, la vision du monde prédominante du naturalisme matérialiste répond à ces trois questions de la façon suivante :

1.    Nous sommes le produit du hasard dans une nature sans but réel.

2.     Nous ne respectons pas la nature comme nous le devrions.

3.    Nous pouvons sauver le monde par l’écologie et un esprit de corps. Une vision naturaliste du monde engendre des philosophies corollaires telles le relativisme moral, l’existentialisme, le pragmatisme et beaucoup d’utopies.

Telles sont les raisons du conflit entre le Dessein Intelligent2, en particulier, et l’humanisme naturaliste.

Le but des divers sites que nous avons développés est apologétique (voir : apologetiquebiblique.net). Nous voulons ainsi montrer à ceux qui nous consulteront notre vision du monde en accord avec le point de vue biblique sur le monde de façon consistante et cohérente… « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe » (He 11, 6) et que Sa Parole écrite, la Bible, nous donne tout ce qui est nécessaire pour mesurer ce qui existe : toute la partie de Sa Création que nous pouvons comprendre (Gn 1, 1), et tout a été créé par le Christ et pour Lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en Lui (Col 1, 17).

Nous espérons que les ressources contenues et offertes dans ce site : bible- sciences.net :

1.   aideront les lecteurs internautes à comprendre que la foi chrétienne est raisonnable et donne son sens à un monde qui a perdu sa boussole morale ;

2.   aideront aussi ceux qui sont perplexes à comprendre que c’est l’Éternel Dieu qui est le Créateur.

Le Créateur n’est pas un bricoleur, qui a procédé par essais et erreurs, pendant 4 milliards d’années pour arriver enfin à faire un homme, après des millions de morts dues à ses essais infructueux.

La vérité est absolue, sans le moindre compromis ; elle n’a rien de relatif et ne peut être comprise que par une totale soumission au Seigneur Jésus-Christ, Lui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6). La vérité scientifique, dans Sa Création, émerge depuis quelques décennies avec la reconnaissance de la complexité irréductible observée depuis la cellule élémentaire jusqu’à l’œil, l’oreille, la circulation sanguine, la station debout en équilibre, etc. Tout cela implique un Être à la fois Concepteur et Créateur super-informaticien.

Tandis que la foi chrétienne est définitivement une foi raisonnable et rationnelle, elle répond aux questions du cœur et de l’intelligence. Nous vivons tous, sans exception avec une foi. Certaines personnes ont foi en elles-mêmes, en leur santé; d’autres ont foi en la paix, ou en l’argent, leur éducation, ou leur emploi. Et plus encore, il y a ceux qui ont foi en la science, un concept vide de sens car il n’y a que des sciences plus ou moins précises et d’autres qui, en réalité, ne sont que des spéculations sur des fossiles.

Or, toutes ces choses son temporelles et changeantes. La santé peut se dégrader avec l’âge qui avance ; le poste de travail peut être perdu ; tout change sur cette Terre. Dieu seul ne change jamais. Et Il n’oublie jamais ceux qui Lui appartiennent.

3.   Quelle est la vision du monde inculquée à la jeunesse par l’école, le lycée ou l’université ?

La vision du monde qui s’impose à la jeunesse et à tous les esprits est celle de l’humanisme. On ne peut pas comprendre l’opposition hargneuse au Dessein Intelligent si l’on n’a pas compris cette situation paradoxale de notre temps. Alors !

3.1   Qu’est-ce que l’humanisme?

L’humanisme est un courant de pensée issu de la Renaissance qui avait remis en surface le paganisme gréco-latin. Il consiste à valoriser l’homme (en opposition à la Révélation biblique, donc à l’opposé de la réalité), à le placer au centre de son univers, sans l’Éternel Dieu. L’homme est ainsi considéré comme en possession de capacités intellectuelles potentiellement illimitées.

L’humanisme prône la vulgarisation de tous les savoirs, savoirs issus de la maîtrise des diverses disciplines nécessaires à l’usage des facultés de chaque individu.

Les formes dominantes d’humanisme apparues au XVIIIe siècle sont agnostiques et rejettent l’existence du surnaturel. Elles énoncent la primauté de l‘humain et des lois naturelles sur les croyances religieuses et particulièrement sur la Révélation proclamée par la Bible. Elles nient l’existence de Dieu. La Renaissance avec son admiration de l’antiquité grecque rejoint Protagoras (485-420) qui affirmait : « L’homme est la mesure de toutes choses… » Ainsi les hommes sont dits capables de déterminer ce qui est bien et ce qui mal par l’appel aux qualités universelles des hommes et en particulier à leur rationalité.

Selon l’humanisme, les humains doivent chercher la vérité de façon opposée à sa recherche dans la Révélation. L’humanisme contemporain remonte, à travers la Renaissance, aux anciennes racines grecques : il y a inversion de Jérusalem contre Athènes, en Athènes contre Jérusalem ; et la philosophie de l’Occident est largement associée à l’humanisme.

3.2   Le manifeste humaniste

Regardons le document Humanist Manifesto I :

(Cf. americanhumanist.org/manifesto1 .html).

a.  Nous y relevons quelques points saillants.

« Aujourd’hui, la compréhension de l’univers par l’homme, ses connaissances scientifiques et sa profonde appréciation de la fraternité ont créé une situation qui requiert une nouvelles exposition des moyens et des buts de la religion… Ainsi, nous affirmons :

1.   L’humanisme religieux considère l’univers existant par lui-même, il n’est pas créé ;

2.  L’humanisme croit que l’homme est une partie de la nature et qu’il a émergé selon un processus continu ;

3.  Considérant le point de vue de la vie organique, les humanistes pensent que le dualisme entre esprit et corps doit être rejeté. »

b.  Examen plus avancé du naturalisme

Comme nous l’avons déjà vu, dans l’examen des événements, les humanistes n’acceptent que des causes naturelles qui donnent à la science son pouvoir d’explication. Alors les scientifiques en tant que scientifiques ne doivent pas expliquer un événement par une intervention divine.

Ils ne peuvent pas dire que chaque espèce présente sur la Terre a été créée par un acte miraculeux de Dieu. Une telle proposition n’est pas scientifique – pas nécessairement fausse – mais non scientifique.

Il est donc aisé de voir pourquoi les antiévolutionnistes sont exclus par le naturalisme : ils croient aux miracles qui sont interdits dans le domaine de la science. Alors ils disent que les scientifiques sont athées, car ils rejetteraient a priori l’existence de Dieu et que, dans toutes leurs investigations, Dieu serait exclu. Si des événements surnaturels se produisent, la science ne peut les expliquer.

Ils disent que cela est faux, parce qu’il faut distinguer le naturalisme méthodologique du naturalisme métaphysique.

Or, le premier est ce que la science emploie : la croyance que les événements naturels ont des causes naturelles qui sont les lois physiques que les scientifiques peuvent découvrir et comprendre.

Le dernier est la croyance qu’il n’y a rien au-delà des causes naturelles et des lois physiques, en d’autres termes que le surnaturel n’existe pas. C’est là une proposition métaphysique et non scientifique.

4.   La dichotomie public/privé

a.   La division tranchée entre public et privé

Le premier pas pour établir une vision chrétienne du monde consiste à surmonter la division tranchée entre public et privé, entre le « cœur » et le «cerveau ».

Nous avons à rejeter la division courante de la vie entre un domaine sacré, limité au culte ou à la morale personnelle ; et un domaine sécularisé qui englobe les sciences, la politique, l’économie, et tout le reste de l’arène publique. Cette dichotomie dans nos propres esprits est aujourd’hui une énorme barrière élevée contre la puissance libératrice du pouvoir de l’Évangile, par l’intermédiaire de la culture..

Bien plus, cette dichotomie est renforcée par une très large division qui produit la structure de la société moderne sous forme de ce que les sociologues nomment la « séparation public-privé », qui d’ailleurs remonte au début de la Révolution de 1789.

La dichotomie se produit avec l’énorme puissance des institutions de la sphère publique. Les énormes institutions publiques se disent scientifiques avec leurs propres valeurs, ce qui signifie que les vraies valeurs, fondées sur la Loi de Dieu, sont reléguées dans la sphère privée, ce que l’on peut représenter sous la forme :

SPHÈRE PRIVÉE Préférences personnelles ;

SPHÈRE PUBLIQUE Connaissance scientifique.

Bref, la sphère privée n’est qu’un relativisme moral, ou préférence religieuse. La religion n’est pas considérée comme vérité objective à laquelle nous devons adhérer, mais comme vérité que nous choisissons seulement par goût personnel ; ainsi cette dichotomie est parfois présentée comme la séparation faits/valeurs :

VALEURS Choix individuel

FAITS

Qui contraignent tout le monde.

Comme l’a expliqué Francis Schaeffer, le concept même de vérité a été scindé : en bas se trouvent les sciences et la raison situées dans le domaine de la vérité publique, qui contraint tout le monde. Plus haut, se trouvent les expériences irrationnelles et sentimentales, lieu de la signification personnelle ; c’est le domaine de la vérité privée, celle qui se caractérise par l’expression : « C’est peut être vrai pour vous, mais ce n’est pas vrai pour moi. »

Beaucoup de matérialistes sont connus par leurs attaques contre la religion, ce qui dissimule en fait l’attaque contre la Bible et la Genèse en particulier. Ils relèguent la religion biblique dans la sphère des valeurs et non dans celle des faits réels, c’est-à- dire hors du domaine de la vérité.

Les matérialistes nous assurent qu’ils respectent la religion, bien sûr, mais en même temps ils lui refusent toute pertinence dans le domaine public : ce serait une affaire privée.

b.  Les conséquences de cette dichotomie

En fait, cette division public/privé entraîne la captivité culturelle de la Bible. Le christianisme est ainsi retenu captif dans un énorme piège : le domaine des valeurs privée. De cette façon, le christianisme est empêché d’avoir un impact dans la culture publique et la Loi de Dieu est ignorée dans la vie publique.

C’est donc dans cette culture sans Dieu que nous sommes immergés et la vérité chrétienne est marginalisée. L’évolutionnisme a toute liberté de détourner l’esprit des enfants et des jeunes de la foi biblique.

Beaucoup de croyants ont absorbé la dichotomie faits/valeurs ou public/privé, ce qui restreint la foi à la sphère religieuse, et les conduit à adopter les points de vue courants (l’humanisme matérialiste) de leurs cercles professionnels ou sociaux.

De nombreux enseignants chrétiens acceptent, sans critiques, les dernières théories humanistes de la pédagogie athée dans le domaine de l’éducation.

Les scientifiques des SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) acceptent les théories darwiniennes et les enseignent. Les évangélistes utilisent les mêmes méthodes de marketing technique que les publicitaires. Les adolescents et les jeunes écoutent la même musique et regardent les mêmes films que leurs amis incroyants.

Bien que sincères dans leur foi, ils ont absorbé, comme par osmose, les mêmes points de vue que tous les autres qui baignent dans la culture ambiante. Nous sommes tous sujets à cette intoxication. Alors ! Y a-t-il encore un esprit chrétien ? Les antiévolutionnistes sont décrits comme des fondamentalistes peu instruits, bien que parmi eux, il y ait de nombreux docteurs ès Sciences ou des Ph. D. [philosophiæ doctor].

Cependant même parmi eux, il y en a beaucoup qui n’ont pas le point de vue biblique sur le monde, et il y en a peu qui soutiennent la vision biblique de la Loi de Dieu, de l’éducation, des sciences, de l’économie, de la politique et sur les arts. En tant qu’êtres spirituels, ils prient et assistent au culte dominical ; mais comme êtres pensants, les chrétiens modernes ont accepté et succombé au sécularisme, avec un cadre de référence construit dans l’esprit de la philosophie athée.

De ce fait, quand nous entrons dans le courant de pensée de tout le monde, notre discours, dans notre champ professionnel, s’accorde à la mentalité ambiante.

Parmi les scientifiques qui sont de vrais croyants en Christ, il y en a peu qui connaissent la philosophie biblique des sciences, très peu sont au courant du mandat culturel.

Peu de journalistes chrétiens sincères ont une théorie chrétienne du journalisme. Tous les métiers sont dans une situation analogue.

Or, « penser de façon chrétienne » signifie comprendre que le christianisme biblique rigoureux nous donne l’exacte vérité sur toute la réalité, c’est-à-dire la perspective de comprendre chaque sujet concernant le monde matériel comme le monde spirituel.

Le livre de la Genèse nous dit clairement que Dieu par Sa Parole a créé tout l’univers ; cette Parole est le Logos-Davar de l’évangile selon Jean 1, 1. Le mot grec Logos [] et l’original hébreu Davar [ דבר ] signifient non seulement Parole, mais aussi raison, rationalité. Ainsi la structure sous-jacente de l’univers tout entier est une image-miroir de l’Esprit Créateur et de Son Dessein Intelligent.

Conclusion

En réalité, il n’y a donc pas de dichotomie entre faits et valeurs dans le compte-rendu biblique. Rien n’existe de façon autonome, neutre, ou indépendant du Créateur et séparé de Sa Loi/volonté. En conséquence, toute la Création doit être comprise et traduite à la lumière de sa relation avec Dieu. Dans tous les domaines sujets de notre étude, nous découvrons les lois de la Création et les ordonnances par lesquelles l’Éternel Dieu structure le monde.

Comme l’Écriture le montre si bien, l’univers nous parle de Dieu – les cieux racontent la gloire de Dieu (Ps 19, 1) – parce que Sa Personne est reflétée dans les choses qu’Il a créées. C’est ce que nous appelons la Révélation générale, selon la théologie réformée régulière. Cette Révélation générale parle à tous, sans exception, en tous lieux et en tout temps. La Révélation particulière nous est donnée par la Bible, Parole directe du Créateur.

L’Éternel Dieu communique avec nous non seulement par sa voix dans l’Écriture, mais aussi dans sa création et dans les événements historiques ; la seule vraie histoire est celle que Dieu conduit à chaque instant.

Il est possible que des chrétiens restent sourds et aveugles au message de la Révélation générale.

La religion chrétienne a deux fonctions :

1.    C’est un message personnel du Christ pour le salut éternel par la justification qu’Il donne à ceux que Son Père lui donne ;

2.    C’est une grille de compréhension de l’univers.

Historiquement, les chrétiens évangéliques ont bien accompli leur mission en ce qui concerne le premier point : le salut des âmes. Mais, ils n’ont jamais bien montré aux fidèles comment comprendre le monde alentour par une vision biblique dans tous les domaines, par exemple celui des sciences ou de la bioéthique.

Bien plus grave, ils sont aujourd’hui subjugués par les soi-disant sciences de l’évolutionnisme. Ils interprètent et tordent les trois premiers chapitres de la Genèse, soit en transformant les jours en périodes de plusieurs millions d’années, ou encore en transformant le compte-rendu de Genèse 1 et 2 en une œuvre littéraire dite « hypothèse du cadre » (framework hypothesis).

Tout cela pour accorder le temps nécessaire à l’évolution théiste pour se développer, ou à la création progressive, en partant d’une cellule initiale ou quelque chose de semblable.

Or, l’histoire biblique nous enseigne que la création était parfaite, « très bonne » selon la Parole de l’Éternel (Gn 1, 31). À partir de cet état, il y eut la Chute, la révolte d’Adam, qui s’est amplifiée jusqu’au Déluge universel. Dégénérescence continuant après Noé dans sa postérité qui construisit la Tour de Babel, et provoquant un nouveau jugement avec la dispersion des humains sur toute la surface de la Terre et la confusion des langues.

Aujourd’hui, nous constatons que la dégénérescence continue. Notre seule conclusion possible est qu’il y a bien évolution, mais que c’est une évolution régressive.

Ainsi, nous attendons la venue du Christ glorieux, qui rétablira toutes choses dans leur perfection initiale, dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où Il régnera directement et à perpétuité (Es 51, 16 ; 65, 17 ; 66, 22 ; 2 P 3, 13), avec une nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel (Ap 21, 2).

1 Ingénieur ayant fait carrière dans l’industrie nucléaire, André Coste n’y avait pas laissé se désintégrer une foi chrétienne vigoureuse et réfléchie, qui l’avait tout naturellement associé au CEP. Calviniste convaincu, il veillait à faire adresser plusieurs exemplaires de notre revue Le Cep à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence.

2 Ndlr. Sur l’Intelligent Design et son histoire, se reporter aux deux articles fondamentaux donnés par Claude EON dans Le Cep n° 35 : « L’Intelligent Design », p. 40, et n° 37 : « Évaluation del’Intelligent Design », p. 12.

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