Un comité interministériel « Contre la fatalité ! »

Par Yves Daoudal

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Un comité interministériel « Contre la fatalité ! »1

     

Résumé : Face aux accidents, l’homme a inventé les compagnies d’assurances. Mais on ne peut tout assurer. Le risque fait partie de la réalité humaine, du moins depuis la Chute. La prétention moderne à contrer la fatalité est un signe de démence mais surtout un refus de Dieu.

 

            Le ministre des transports, Jean-Claude Gayssot, s’est transporté jeudi à Crépy-en-Valois pour participer à la cérémonie commémorant la catastrophe autoroutière de Beaune, qui coûta la vie, il y a 15 ans, à 53 personnes dont 44 enfants de cette cité de l’Oise. Déclarant qu’il « refusait l’idée même de fatalité » dans les accidents mortels, il a annoncé la réunion à l’automne d’un « comité interministériel contre la fatalité ».

            On peut d’ores et déjà affirmer que personne ne se prononcera en faveur de la « fatalité ». Gayssot est donc assuré d’un large consensus. Et même de l’unanimité. Le problème est que cela n’a aucun sens de réunir un comité interministériel « contre la fatalité ».

            Mais le ministre fait franchir un palier supplémentaire au refus de plus en plus tonitruant de la vérité sur l’homme et sur le monde. Le dernier palier en date avait été franchi il y a juste un an, lors du chavirement d’un chalutier plein de touristes à Oléron, et de la catastrophe du camping de Biescas en Espagne : les médias s’étaient mis à la recherche des « coupables ». Car il y avait forcément des coupables. La tempête ne peut pas faire chavirer un bateau, un orage ne peut pas ravager un camping. Quelqu’un en est forcément responsable.

            Il est normal d’ouvrir une enquête pour déterminer s’il y a eu des négligences ou des fautes. Mais il ne s’agissait plus de cela. On décrétait qu’il n’existe pas de catastrophes naturelles.

           

On rapportait avec une condescendance attristée le propos d’un paysan (un bouseux demeuré) de Biescas : « C’est la dure loi de la montagne« . Mais non. Il n’y a plus de loi de la montagne. Le droit au « risque zéro » était devenu un droit de l’homme.

            Pourtant il y a toujours des accidents. Des accidents accidentels, sans responsable, sans coupable. Mais aujourd’hui on ne peut plus l’accepter. Il est temps de partir en guerre contre la fatalité. On va mettre la fatalité hors la loi…

            Il est significatif que ce soit un marxiste, un chef apparatchik du parti des plus effroyables persécutions religieuses, qui s’en prenne ainsi à la « fatalité ».

            La fatalité n’est qu’un mot. La réalité, c’est un monde marqué par le péché originel, le péché qui fait que tout homme en est blessé, et qui a aussi introduit le mal jusque dans la nature, brisant son harmonie première. Un monde sans « fatalité », c’était le monde des origines, celui du jardin d’Eden. En bon communiste, Gayssot nous donne une nouvelle version de la vaine, diabolique et meurtrière promesse du paradis sur terre.

                  Dans le monde tel qu’il est, avec sa « dure loi de la montagne », et la « dure loi de la mer », etc., le refus de la « fatalité » n’est qu’un masque du refus de la vérité, du refus de Dieu. Le fabuleux droit au risque zéro est un droit de l’homme sans Dieu.

            Le ministre Gayssot est l’auteur d’une loi d’exception qui condamne le « révisionnisme ». Mais il n’y a pas pire révisionnisme, pire négationnisme, que celui qui nie la réalité de la Création, de la Chute, et du véritable destin de l’homme. Ce n’est pas le refus de la « fatalité » qui peut sauver les hommes, mais la libre acceptation de la grâce divine.

1 Repris avec autorisation de Présent du 2 août 1997.

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