Un savant devant la foi : Ampère.  L’esprit qui nous éloigne de Dieu n’est qu’un esprit d’illusion

Ampère (1775-1836)

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Résumé : A l’approche de sa fin, on proposa à Ampère, l’inventeur de l’électrodynamique, de lire un chapitre de l’Imitation de Jésus-Christ. « Je la sais tout entière, » répondit-il simplement. Peut-on douter de sa parole quand on lit dans son Journal cette Méditation inspirée par les grandes douleurs de sa vie, et qui est comme un prolongement des enseignements de l’Imitation ?

« Défie-toi de ton esprit ; il t’a si souvent trompé ! Comment pourrais-tu encore compter sur lui ? Quand tu t’efforçais de devenir philosophe, tu sentais déjà combien est vain cet esprit qui consiste en une certaine facilité à produire des pensées brillantes. Aujourd’hui que tu aspires à devenir chrétien, ne sens-tu pas qu’il n’y a de bon esprit que celui qui vient de Dieu ? L’esprit qui nous éloigne de Dieu, l’esprit qui nous détourne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu’il soit pour nous procurer des bien corruptibles, n’est qu’un esprit d’illusion et d’égarement.

L’esprit n’est fait que pour nous conduire à la vérité et au souverain bien.

Heureux l’homme qui se dépouille pour en être revêtu ! Qui foule aux pieds la vaine sagesse pour posséder celle de Dieu. Méprise l’esprit autant que le monde l’estime ; ne conforme pas tes idées à celles du monde, si tu veux qu’elles soient conformes à la vérité.

La doctrine du monde est une doctrine de perdition. Il faut devenir simple, humble, et entièrement détaché avec les hommes ; il faut devenir calme, recueilli et point raisonneur avec Dieu.

La figure de ce monde passe ! Si tu te nourris de ses vanités, tu passeras comme elle. Mais la vérité de Dieu demeure éternellement ; si tu t’en nourris, tu seras permanent comme elle. Mon Dieu ! que sont toutes ces sciences, tous ces raisonnements, toutes ces découvertes du génie, toutes ces vastes conceptions que le monde admire et dont la curiosité se repaît si avidement ? En vérité rien que de pures vanités.

Etudie cependant, mais sans aucun empressement.

Que la chaleur déjà à demi éteinte de ton âme te serve à des objets moins frivoles. Ne la consume pas à de semblables vanités.

Prends garde de ne pas te laisser préoccuper par les sciences comme ces jours passés.

Travaille en esprit d’oraison. Etudie les choses de ce monde, c’est le devoir de ton état, mais ne les regarde que d’un oeil ; que ton autre oeil soit constamment fixé vers la lumière éternelle. Ecoute les savants, mais ne les écoute que d’une oreille. Que l’autre soit toujours prête à recevoir les doux accents de la voix de ton ami céleste.

Ne te sers que d’une main. De l’autre tiens-toi au vêtement de Dieu comme un enfant se tient attaché au vêtement de son père. Sans cette précaution, tu te briserais infailliblement la tête contre quelque pierre.

Que je me souvienne toujours de ce que dit saint Paul : « Usez de ce monde comme n’en usant pas. » Que mon âme, à partir d’aujourd’hui, reste ainsi unie à Dieu et à Jésus-Christ. Bénissez-moi mon Dieu1! »


1 Ampère, La Science et la Foi, Librairie Grasset, 1936, p.134.

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