Recension : Enquête sur les miracles de Lourdes,

Par Yves Chiron

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Dans sa Vie de Jésus Renan, si représentatif de l’époque scientiste qu’il a célébrée, déclarait : « Nous repoussons le surnaturel par la même raison qui nous fait repousser l’existence des centaures et des hippogriffes : cette raison, c’est qu’on n’en a jamais vus. Ce n’est pas parce qu’il m’a été préalablement démontré que les évangélistes ne méritent pas une créance absolue que je rejette les miracles qu’ils racontent. C’est parce qu’ils racontent des miracles que je dis : les Evangiles sont des légendes, ils peuvent contenir de l’histoire, mais certainement tout n’y est pas historique.« 1

Devant ce refus a priori de la simple possibilité du miracle, Dieu s’est plu à multiplier les miracles à Lourdes, où les apparitions avaient eu lieu 5 ans avant la publication du livre de Renan. Et comme en réponse à Voltaire, réclamant « pour qu’un miracle fût bien constaté, qu’il fut fait en présence de l’Académie des sciences de Paris, ou de la Société royale de Londres, et de la faculté de Médecine« , le Dr de Saint-Maclou fonda en 1884 un « bureau des constatations » ouvert à tous les médecins de passages à Lourdes, croyants ou incroyants.

Car le miracle, dûment établi, constitue la meilleure réfutation de l’insolence scientiste et matérialiste de l’époque moderne. Sans doute est-il d’abord un signe que Dieu fait au malade qu’il guérit contre toute attente humaine. Mais il s’agit aussi d’un clair message adressé aux hommes de bonne volonté, et l’on sait quelle répercussion eut sur Alexis Carrel, futur Prix Nobel, la constatation d’une guérison miraculeuse faite à Lourdes.

On mesure ainsi tout l’intérêt du livre qu’Yves Chiron vient de donner aux Editions Perrin. Il y expose en détail la procédure suivie pour déclarer avec certitude le caractère miraculeux d’une guérison.

Il donne des statistiques sur un phénomène qui finit par être si bien et si finement étudié qu’on est tenté d’en faire une loi seconde de l’univers, distincte certes des lois générales de la nature, mais obéissant à une grande idée : tout amour cherche à se manifester, et l’Amour de Dieu pour l’homme ne saurait échapper à cette règle.

Outre Lourdes, l’auteur évoque les guérisons observées en d’autres sanctuaires et discute, bien sûr, le pour et le contre. Un petit livre précis, clair et objectif, qui sera d’une grande utilité.

(Perrin, Paris, 2000, 215 p., 119 FF)


1 E. Renan, Vie de Jésus (1863), rééd. Paris, Seuil, 1992, pp.10-11.

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