Accueil » Un genre de folie ou la folie du genre ?

Par Berthoud Jean-Marc

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Résumé : Le récit de la Genèse nous montre que Dieu a créé un univers ordonné où toutes choses apparaissent par suite d’une distinction. Ainsi, entre les cieux et la terre, entre les eaux et le sec, entre les différentes espèces et, concernant le genre humain, entre l’homme et la femme. Toute harmonie dans le monde procède de ces distinctions posées dès le Commencement. Or la « théorie du genre » écarte ce donné primordial de la nature qu’est l’identité sexuelle, affirmant que celle-ci peut relever d’un choix individuel ! Outre d’une illusion qui confine à la folie, cette théorie relève d’un esprit de révolte analogue à celui qui permit au « père du mensonge » d’obtenir sa première victoire.

Les deux premiers chapitres de la Bible, ainsi que la structure observable du monde créé – autrement dit, Moïse et Aristote – nous montrent tous deux qu’existe un ordre dans ce monde ; que cet ordre est perceptible à nos sens (Aristote) ; et qu’il vient de Dieu (Moïse). Le récit des six jours créateurs au début de la Genèse nous décrit une mise en ordre progressive du monde, indiquant toutes les étapes des grandes distinctions objectives de la création.

La première distinction est celle entre Dieu, Celui qui est avant toutes choses, et ce monde qui, par un acte créateur souverain de Dieu, est apparu subitement avec le temps. Entre le Créateur et ses créatures, se trouvent donc tout à la fois une ressemblance – les œuvres de Dieu reflètent leur Créateur – et une dissemblance, puisqu’entre Celui qui a créé toutes choses et ce qu’il a tiré du néant se trouve un abîme infini.

Il en va de même pour toutes les distinctions établies lors des six jours de la création et décrites par Moïse : ciel et terre, lumière et ténèbres, océans et terre ferme, matière inorganique et êtres vivants, êtres aquatiques et célestes, animaux terrestres sauvages et ceux destinés à la domestication, animaux de toutes espèces et Adam, entre les diverses espèces elles-mêmes, et enfin entre l’homme et la femme.

Ces distinctions ne sont nullement des oppositions absolues.

L’homme (l’espèce humaine) est fait de matière, matière qu’il absorbe en général sous forme de nourriture, végétale ou animale. L’homme manifeste ainsi, en tant qu’être spirituel et matériel, qu’il est harmonieusement constitué d’éléments de vie animale et végétale ainsi que de la matière. Il est donc, dans sa personne même, établi comme une synthèse vivante complexe des trois règnes de la création : minéral, végétal, animal.

Il en est ainsi aussi bien pour l’homme que pour la femme. Tous deux sont également des êtres humains, ce qui n’empêche pas qu’existent entre eux de nombreuses différences. L’union de ces différences produit la vie, c’est-à-dire l’enfant.

Si l’on examine les divers écrits d’Aristote, on trouvera que, sur presque tous les points tirés ici du récit de Moïse, le philosophe grec est en accord avec ce que nous dit le Créateur de l’ordre de sa création dans les premiers chapitres de la Genèse. Il va de soi qu’Aristote n’a jamais eu l’ouvrage de Moïse sous les yeux.

Si l’on se tourne vers ladite « théorie du genre », on constate que ses partisans s’imaginent percevoir une distinction capitale entre ce que la nature nous donne, la différence biologique entre l’homme et la femme (distinction que personne, en principe, ne nie), et le choix du « genre » qui, lui, est abandonné au libre arbitre créateur de notre volonté. Ce choix libre de notre volonté nous permettrait alors de choisir, selon la fluctuation de nos désirs, notre propre orientation sexuelle. Il importe peu, dans cette perspective toute nouvelle, que notre choix soit conforme (ou non conforme), aux données physiologiques indiscutables qui sont les nôtres. L’orientation du comportement sexuel est ainsi radicalement différenciée des contraintes physiologiques de la nature, masculine ou féminine, celles qui marquent d’un sceau indélébile nos organes sexuels.

Un tel phantasme aberrant provient d’une dissociation radicale – aujourd’hui de plus en plus générale –, celle que les techniques anti-procréatrices (on dit par euphémisme : « contraceptives ») ont permis d’opérer entre deux choses qui jusqu’ici avaient, par la force des choses, été réunies : l’exercice de la sexualité et la procréation.

À la base de cette perte du sens de la différence entre le genre (le prétendu choix volontaire de son orientation sexuelle) et les structures de notre physiologie (les organes sexuels qui nous sont donnés par la nature), se trouve la perte du sens de ce qu’on appelle les « universaux ».

Prenons deux exemples. Le premier sera tiré de la question qui nous occupe ici, celle de deux universaux : l’« homme » et la « femme ». Le second sera tiré de ces universaux qui nous permettent de distinguer l’ « homme » d’un côté, des règnes « animal » et « végétal » de l’autre. Car, en ne considérant que les notions universelles mentionnées ici – que l’on peut connaître de la manière la plus certaine par simple observation –, il serait proprement aberrant d’affirmer que ces universaux ne sont que les résultats de choix humains arbitraires, de notions particulières n’ayant aucun rapport avec la réalité de l’ordre créé.

La vision de la réalité, appelée « nominaliste », qui nie l’existence des universaux, nous livre à un magma de faits bruts dont le sens inné n’existerait pas et que l’on chercherait à ordonner soi-même à qui mieux mieux et de la manière la plus subjective, c’est-à-dire variable au gré des fantaisies les plus échevelées de chaque sujet pensant.

Certes, chaque éléphant, par exemple, a ses particularités qui le différencient d’un autre éléphant. Il est vrai aussi que certains éléphants sont des mâles et que d’autres sont des femelles, mais tous – on en convient encore volontiers – appartiennent à un ensemble biologique fixe, celui de la grande famille des éléphantidés, qui compte plusieurs espèces et sous-espèces. Chez ces animaux – manifestement plus sages que les hommes –, il n’est guère question de savoir si chacun d’entre eux pourrait en venir à choisir le genre qui lui serait agréable ! Leur nature mâle ou femelle (se conformant elle aussi à des universaux au caractère immuable) ne lutte guère contre de telles fantaisies « nominalistes », c’est-à-dire que ces éléphants ne cherchent pas à déterminer eux-mêmes, par un acte volontaire autocréateur, à quel genre, en tant qu’éléphants, ils pourraient bien appartenir !

Concluons.

Toute cette cacophonie abrutissante dressée autour de la notion du « genre » ne manifeste que trop clairement le caractère chaotique et désordonné des pensées et des actions chez beaucoup de nos contemporains, qui ne savent plus à quel genre ils doivent se vouer. Cette immense confusion nous fait penser à un autre récit de Moïse tout aussi ancien, celui que contient le troisième chapitre de la Genèse. Nous y voyons la femme, puis l’homme, être séduits par un nouveau genre d’idées, celles proposées par le maître du chaos et « le père du mensonge » (Jn 8, 44), pour l’occasion déguisé en serpent. Le diable parvint à faire croire à l’homme qu’il était réellement Dieu, qu’il était capable de déterminer par lui-même la différence entre le bien et le mal, à fixer lui-même les premiers principes ordonnant de manière immuable les structures de l’univers.

Les lointains descendants de cet homme Adam (et de sa femme Ève !) se sont à nouveau laissés persuader par « le père du mensonge » qu’ils étaient aptes à déterminer par eux-mêmes la différence entre les genres, à fixer eux-mêmes le caractère interchangeable de l’universel en définissant ce qui serait mâle ou ce qui serait femelle, c’est-à-dire à établir eux-mêmes les principes premiers de la réalité, acte réservé au seul Créateur de l’univers, à Celui qui a établi Lui-même toutes les règles et lois de la vie. C’est ainsi que nombre de nos contemporains cherchent à s’ouvrir à la jouissance d’une liberté toute nouvelle, tout imaginaire, celle de choisir eux-mêmes leur genre, genre qui pourrait être en contradiction avec leur propre physiologie !

Il est manifeste que ceux qui rejettent la première grande distinction, celle entre l’homme créature et Dieu le Créateur, deviennent, par cet acte même, des fous, c’est-à-dire des êtres davantage privés de facultés naturelles que ne le sont les graves pachydermes déambulant à un train de sénateurs dans la savane africaine, en paix avec leur nature éléphantesque.

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