Accueil » De l’inégalité et ses vertus

Par Tassot Dominique

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Résumé : La confusion fréquente entre équité et égalité donne souvent une connotation négative à ce dernier mot. Pourtant les inégalités de taille, de santé, de talent artistique ou intellectuel, sont si manifestes que même les révolutionnaires les plus forcenés ont renoncé à les faire disparaître. Or l’inégalité acceptée et assumée est un encouragement décisif au progrès social. Quand une civilisation s’y prête, elle renforce la famille nucléaire et permet l’innovation. Avec l’inégalité, il s’agit d’une véritable « loi de l’histoire », permettant le passage d’une société clanique à une véritable Cité où le sens d’un « bien commun » supérieur à l’intérêt tribal peut fédérer les volontés. Le christianisme avait permis l’essor de l’Occident car il relativisait aux yeux de tous la diversité des situations sociales, conçues comme un état provisoire, presque inessentiel au regard de notre commune vocation à l’éternité. Il n’est donc pas étonnant qu’une idéologie égalitariste soit promue, voire imposée, par les adversaires de la civilisation chrétienne : ce n’est là qu’une composante de leur révolte contre Dieu et donc contre la nature des choses et des êtres.

L’inégalité est un fait de la vie. Est-ce un bienfait ou un méfait ? Avec notre tendance à assimiler égalité et équité, il est naturel de percevoir toute inégalité comme une injustice, et les réformes politiques ont souvent pour objet – sinon pour effet – de réduire les inégalités. Mais une politique qui n’atteint jamais son objectif est-elle justifiable aux yeux de la raison, fût-elle électoralement payante ?

Le premier exemple d’inégalité de traitement que nous donne la Bible est celui des sacrifices offerts par Caïn et Abel. L’un apportait les fruits de ses récoltes, l’autre ceux de son troupeau. Dieu agréa les uns ; pas les autres. Faut-il en déduire que le pâturage est ontologiquement supérieur ou labourage ? Tel n’est certainement pas le cas, puisque, dès l’Ancien Testament, ont cours des offrandes de farine, de pain ou d’huile, comme d’ailleurs dans toutes les civilisations, mêmes isolées. Les « pains de propositions », dans le Temple (1 Samuel 7, 1), étaient sacrés eux aussi. Et le sacrifice de Melchisédech se composa de pain et vin. Ce ne fut donc pas le don d’Abel que Dieu agréa, mais le donateur : « la façon de donner vaut souvent mieux que ce qu’on donne », écrit Pierre Corneille.

De quelle manière Dieu manifesta-t-il sa préférence ? Par analogie avec bien des épisodes ultérieurs – Élie, prophète de YHWH, contre les prophètes de Baal (1 R 18, 38), David venant d’acheter le terrain pour le futur Temple (1 Ch 21, 26), Salomon lors de la dédicace de la Maison de YHWH (2 Ch 7, 1) –, on peut penser que le feu du ciel vint consumer l’offrande d’Abel.

La Bible est muette sur l’inventeur du feu, mais Tubalcaïn, de la septième génération après Caïn, est donné comme forgeant l’airain et le fer1, et son cousin Jubal comme jouant de la harpe. Au demeurant, pour Caïn et Abel le feu domestique était inutile puisque le régime carné ne fut autorisé qu’après le Déluge : il devint alors nécessaire pour que l’homme pût exécuter sa mission de « remplir la terre » (Gn 9, 1), banquise incluse. Le grand historien des civilisations Feliks Koneczny remarque d’ailleurs que la première mission du feu domestique fut sans doute d’éloigner les bêtes sauvages et les moustiques. Quoi qu’il en fût pour ces fatals sacrifices, reste que Dieu traite les hommes de façon inégalitaire depuis leur création et même jusqu’à leur rédemption : « Il y a de nombreuses demeures dans la maison de mon Père » (Jn 14, 2). Il s’ingénie d’ailleurs à susciter les différences, en tout et partout. Il n’existe pas deux feuilles d’arbres identiques, ni deux rochers, ni même deux planètes. Deux moineaux qui nous semblent indiscernables ne le sont pas en réalité, puisqu’ils se reconnaissent très bien entre eux2.

Une règle si universelle a nécessairement sa raison d’être ; et une raison bonne puisque divine. C’est qu’il n’est pas d’harmonie possible dans la plate uniformité. L’harmonie musicale naît d’une pluralité de notes distinctes bien déterminées. Égalité et différence sont deux contraires, ce que leur signe mathématique exprime bien puisque le second (≠) est produit en barrant le premier (=). Ressemblances et différences, loin de s’exclure vont donc de pair. Entre les hommes, selon Koneczny, l’inégalité est une des six grandes lois de l’histoire : « L’inégalité a existé depuis le tout début de l’organisation d’une vie commune et elle existe jusqu’à ce jour. C’est une caractéristique permanente de tous les hauts et bas de l’humanité. Elle accompagne le processus historique dans son entier. En tout lieu, à toute époque et à chaque niveau de développement, l’inégalité est visible et à un tel point qu’il n’est pas possible de nier qu’il s’agisse d’une nécessité historique. C’est quelque chose qui ne peut manquer d’exister. Ainsi l’inégalité est-elle une loi de l’histoire. Toutes les tentatives pour introduire l’égalité se sont avérées des chimères. À l’encontre des preuves historiques, les partisans de l’égalité n’ont plus d’autre ressource que de réécrire l’histoire universelle… de leur point de vue. Les plus ardents promoteurs de l’égalité commencent toujours leurs réformes sociales en introduisant l’inégalité, à savoir en instaurant une nouvelle élite et en assurant sa position matérielle. Il s’agit d’une évidente contradiction qui prouve seulement à quel point il est impossible d’agir sans inégalité3. »

Le cas de la Nomenklatura soviétique en a donné une claire illustration. Si donc l’inégalité est une des lois de la création, elle doit être foncièrement bonne. Or elle est souvent critiquée, en particulier sur le plan économique, même si, s’agissant de l’homme, il faudrait toujours prendre en considération les quatre autres dimensions du « quintuor » que la prospérité forme avec la vérité, la bonté, la santé et la beauté, ces quatre autres dimensions de la réalité humaine envers lesquelles même les réformateurs politiques les plus doctrinaires ont renoncé à instaurer une égalité pratique.

Koneczny signale cependant des sociétés très égalitaires. Au Groenland, par exemple, le propriétaire d’un bateau n’était pas autorisé à hériter d’un autre bateau4. Mais ces sociétés, où les surplus en moyens de production sont illicites (il cite aussi le cas des Mulungushi, en Zambie), se trouvent démunies pour faire face aux pénuries et stagnent. « Quand les gros maigrissent, les maigres périssent », dit le proverbe. Dans les sociétés de chasseurs, la répartition du gibier après la chasse est minutieusement réglée afin d’assurer la pitance de chacun, tout en tenant compte de l’habileté et du courage des meilleurs. La chose était facile quand la flèche permettait d’identifier l’archer. Avec l’arrivée du fusil, il fallut inventer de nouvelles règles, sans doute analogues à celles qui ont cours à l’issue de nos parties de chasse. Ainsi tous reçoivent leur part, y compris les veuves, mais un souci supérieur d’équité tempère une répartition trop égalitaire.

Koneczny fait ici deux remarques importantes : 1/ Les sociétés très égalitaires sont des sociétés peu développées, comportant un tout petit nombre de professions distinctes ; elles semblent stagner tout au long de leur histoire5. 2/ Dans les sociétés développées et diversifiées, les tentatives pour contraindre à l’égalité ont toujours échoué.

Ce fut le cas avec Gracchus Babeuf (1760-1797). Soucieux de passer d’une « égalité proclamée » à une « parfaite égalité », ce précurseur du communisme ourdit avec d’autres Montagnards la « Conjuration des Égaux » en 1796, après la chute de Robespierre. Le complot rassemblait 17 000 conjurés, couvrait tous les arrondissements de Paris et de nombreuses villes de province. Le Directoire, alerté, arrêta les principaux chefs et Babeuf fut guillotiné le 8 prairial an V.

Un autre théoricien du communisme, Étienne Cabet (1788-1856), pourra, lui, tenter de réaliser la société idéale dont il avait tracé les grandes lignes dans son Voyage en Icarie (1842).

Les vêtements y sont uniformes, ne différant que pour les adapter à l’âge et au sexe ; les maisons, identiques, ont toutes le même mobilier ; les repas viennent de cuisines collectives où les normes diététiques sont élaborées par un comité de spécialistes. Ce programme enthousiasmant convainquit quelques centaines de colons de traverser l’Atlantique, mais l’essai d’une Icaria américaine ne dura guère. Jugé trop autoritaire, Cabet fut même chassé de sa colonie.

Il faut ici souligner un écueil classique des tentatives de sociétés égalitaires. Même le plus démuni des mendiants possède quelques hardes, voire son baluchon ou son chien. La seule façon de réaliser l’égalité pratique, c’est donc la mise en commun des biens. Babeuf avait d’ailleurs prévu que sa République n’imprimerait pas de monnaie.

Ce communautarisme peut durer s’il est choisi, comme dans un monastère où, à la limite, l’adjectif possessif ne devrait s’employer qu’à la première personne du pluriel. Mais il n’en va plus de même lorsque le communisme est décrété. Ainsi toutes les tentatives de mise en commun des femmes ont échoué. Lénine dut très vite faire machine-arrière et les romans d’anticipation qui ont abordé ce trait (Nous Autres, de Zamiatine, Le Meilleur des Mondes ou encore 1984) ont bien décrit comment la nature humaine rechignait devant cette pratique. Il existe entre deux hommes – et a fortiori entre un homme et une femme – une différence qui est d’un autre ordre que celle présente entre deux souris ou deux arbres : leurs personnes, faites à l’image de Dieu, d’un Dieu unique et « jaloux » (Ex 20, 5 ; Dt 4, 24 ; Dt 5, 9 et 6, 15 ; Jos 24, 19, Is 9, 6, etc.). Ces « images » que nous sommes seront donc uniques et jalouses.

À l’exception du Chili où une coalition dirigée par Salvador Allende gagna les élections en 1970, le communisme s’est toujours imposé par la force. Le coup d’État en cours aujourd’hui, fomenté par le néo-bolchévisme « technétronique »6

– fût-il à une tout autre échelle que celui de Babeuf –, est donc voué à l’échec.

La différence est que les 17 000 camarades de la Conjuration des Égaux ne disposaient que de fusils et de sabres, tandis que les conjurés de notre siècle tiennent les rouages des médias, de l’économie et de la finance. Mais cette différence d’échelle ne modifie en rien la nature de l’objectif. L’issue est donc d’autant plus certaine qu’en l’absence de contre-pouvoirs humains7, c’est la main de Dieu qui devra, cette fois, s’interposer.

Il y a une autre raison à cela. Dieu veut toujours pour nous le meilleur. Il nous sera instructif de voir combien l’Histoire Sainte semble se complaire dans l’inégalité, même au sein des familles patriarcales. Le fils de la femme libre, Isaac, l’emporte sur celui de la servante, Ismaël (Gn 21, 8). En Égypte, Joseph traite Benjamin, son frère de sang né de Rachel, cinq fois mieux que ses dix demi-frères. Il lui donne cinq vêtements (Gn 45, 22) puis, s’étant fait reconnaître, lors du repas commun, lui fait servir cinq portions8. Lorsque l’heure de son testament arrive, Jacob fait remonter les fils de Joseph, donc ses petits-fils, d’un cran dans la hiérarchie du clan : il les met en effet au niveau de ses autres fils, si bien que Manassé et Éphraïm recevront chacun la même part d’héritage que leurs oncles.

Mais la volonté de marquer des différences ne s’arrête pas au matériel. Élevés au rang de fils, Manassé et Éphraïm vont donc recevoir la bénédiction paternelle de Jacob. Joseph prend bien soin de placer son aîné, Manassé, à la droite de Jacob et le cadet, Éphraïm, à sa gauche. Cependant, Jacob va alors croiser les bras pour bien poser sa main droite sur Éphraïm : à la hiérarchie naturelle issue du droit d’aînesse, il substitue volontairement, au grand déplaisir de Joseph, une hiérarchie volontaire. Il marque sa préférence et augure un avenir particulier en répondant à Joseph, au sujet de Manassé :

« “Je sais, mon fils, je sais ; lui aussi deviendra un peuple, lui aussi sera grand ; mais son frère sera plus grand que lui, et sa postérité deviendra une multitude de nations.”[…] Et il mit Éphraïm avant Manassé » (Gn 48, 18-20).

Les legs et les bénédictions de Jacob nous frappent par leur inégalité. Se réalise ainsi une intention, se marque ainsi une finalité, acte naturel de notre intelligence : agir intelligemment, c’est agir en vue d’une fin. Il est difficile de ne pas constater, dans tous ces choix inégalitaires, une vision sinon une prescience de l’avenir. Ainsi la double tribu issue de Joseph viendra plus tard compenser la mise à part des descendants de Lévi, affectés au culte, tout en préservant la riche symbolique des 12 tribus9 et la partition en 12 de la Terre promise. Surtout, ce subtil comportement du patriarche Jacob – il avait passé 17 ans en Égypte, donc bien assez pour méditer à loisir et se laisser inspirer sur les bénédictions et les promesses différenciées faites à ses fils – nous éclaire sur l’importance de prendre en compte – et surtout de valoriser – les traits particuliers de chacun de nous.

L’équité entre les hommes doit tenir compte des différences, art difficile mais signe de civilisation. Car l’égalité stricte ne pourrait s’obtenir que par un nivellement vers le bas, le seul réalisable : « Le seul moyen d’atteindre l’égalité est d’abaisser le niveau de chaque chose et pour chacun. […] Une lutte foncière contre l’inégalité est hautement nuisible et en réalité préjudiciable pour une société. C’est une absurdité utopique de supposer que la justice requière l’égalité. Bien au contraire, l’égalité serait une grave injustice. La “question sociale” réside ailleurs ; elle consiste à savoir observer la justice alors que l’inégalité demeure, de manière que l’inégalité ne soit pas imposée injustement. […] Durant la Première Guerre mondiale, un marin russe parlant avec un médecin lui déclara que, bien que les médecins soient de bonnes gens, il faut les tuer tous “parce que, sinon, nous ne serons jamais égaux”10 ».

Les civilisations qui répugnent à valoriser les différences ne sauront pas développer les talents comme sut le faire la civilisation chrétienne durant ses mille ans de prévalence. Le cœur de cette option inégalitaire concerne la famille nucléaire : « Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère » (Gn 2, 24 // Mt 19, 5).

Cette préconisation signe la fin des sociétés claniques. Dans une telle société (qui était encore celle d’Israël aux temps de Jacob), la pleine propriété – même des biens déjà possédés – devait attendre la mort du géniteur commun, chef du clan11. Il y a là un frein majeur au développement. La société clanique présente, certes, une qualité admirable : elle assure l’entraide et la protection de tous ses membres, ce que la malingre famille nucléaire ne pourrait faire. Elle peut venger un assassinat ou un vol, ce qui est une exigence de justice. La floraison de la famille chrétienne va donc de pair avec l’émergence de l’État-nation, c’est-à-dire d’une entité collective capable de faire cesser les vendettas et de punir les meurtriers, capable donc de donner corps à la notion d’un « bien commun » supérieur au bien du clan ou même de la tribu12.

Ainsi, en faisant des biens acquis par les efforts personnels de la nouvelle famille autant de biens propres, possédés en pleine propriété et transmissibles à la descendance, la civilisation chrétienne s’assurait une source permanente de progrès et d’inégalité à la fois.

Tout progrès relève d’une innovation individuelle qui, une fois validée, pourra être imitée. Ceci est vrai dans tous les domaines, qu’il s’agisse d’art, de technique ou d’organisation sociale. Le micro-crédit est une invention au même titre que le collier d’épaule, la débroussailleuse à fil, la perspective, le clair-obscur, le calcul intégral ou même le chapelet. Comprendre et admettre que la diversité, source d’inégalité, ne nuit pas à l’unité de la société, fut donc une avancée majeure. Elle fut possible en Europe, parce que la société chrétienne relativisait les différences entre les hommes au regard de leur égale dignité de fils de Dieu, tous rachetés au même prix par le même Sauveur et, surtout, relativisait les péripéties de notre voyage terrestre au regard des biens durables du monde céleste à venir.

Hors de cette vision chrétienne du monde et de l’homme, faisant de la fructification des talents individuels un impératif moral autant qu’un outil de progrès collectif, il est déraisonnable d’espérer un redressement face à la déferlante collectiviste. « J’ai déjà vécu dans votre avenir », annonçait prophétiquement le dissident soviétique Vladimir Boukovsky en l’an 200013, après avoir vu s’instaurer la bureaucratie européenne. Vingt ans ont passé et ce pronostic devient notre diagnostic.


1 Notons au passage combien ce récit s’oppose aux théories sur l’homme dit « pré-historique », dont les techniques se succèdent chronologiquement : pierre, bronze, fer. Or les Boschimans du désert de Kalahari étaient encore à « l’âge de pierre » au XIXe siècle. Notons aussi que les fines pointes de flèches en silex sont bien plus tranchantes que les pointes en fer. Seulement, elles se brisent facilement ; on ne peut donc guère les réutiliser, contrairement aux pointes métalliques.

2 Cette vérité fait partie des grandes intuitions de Leibniz, le principe des indiscernables : il n’existe pas dans la nature d’êtres qui ne seraient distincts que par le nombre (solo numero), comme les éléments d’un ensemble mathématique ou comme des objets fabriqués en série (qu’il faut individualiser par un numéro). Le matricule donné à un prisonnier ou à un soldat relève d’une volonté de ne considérer chez eux que les propriétés impersonnelles. Mais ce principe n’empêche pas que les êtres se classent naturellement par catégorie générale, ce qui permet de les nommer et de les étudier scientifiquement. Telles sont les espèces, chez les êtres vivants. La grammaire distingue donc à juste titre les noms « communs » et les noms « propres », ceux dont l’usage est particulier, individualisé.

3 F. KONECZNY, Laws of History,Komorów, ANTYK, 2013, p. 380.

4 Ibidem, p. 370.

5 Au demeurant ces sociétés restent hiérarchisées : le chef de clan, outre la possession de biens, jouit de nombreux privilèges. Cette observation s’entend bien sûr d’un peuple tel qu’il était avant l’arrivée des Européens. Dans les îles Adaman, par exemple, où l’on ne savait pas allumer le feu, la colonisation a fait disparaître ce privilège des chefs, seuls autorisés à le conserver.

6 Ce prétentieux néologisme fut lancé par Zbigniew BRZEZINSKI (1928-2017), l’inamovible conseiller géopolitique des présidents américains (de J. Carter, puis G. H. W. Bush, à B. Obama) et le cofondateur de la Société trilatérale (1973), dans son essai La Révolution technétronique (Paris, Calmann-Lévy, 1971).

7 Tous désintégrés ou domestiqués désormais, qu’il s’agisse des États nationaux ou des Églises, à l’exception peut-être de celle de Géorgie.

8 Il existe donc des prochains plus « proches », envers lesquels un traitement privilégié s’impose : « Ainsi donc, pendant que nous en avons le temps, faisons le bien envers tous, et surtout envers les frères dans la foi » (Ga 6, 10).

9 Semblablement, la mort de Judas sera compensée par l’élévation de Mathias au rang d’apôtre du Christ. Le nombre 12 s’imposait : la diversité des missions de chaque apôtre fait de chacun d’eux un être nécessaire, comme il en est de chacun de nous.

10 F. KONECZNY, op. cit., p. 379-382.

11 On le voit aussi, pour l’achat de ses épouses, avec les tractations, toujours provisoires, entre Jacob et son beau-père, issues de considérations que nos conceptions simplistes et matérialistes de la vie sociale nous rendent difficiles à appréhender.

12 C’est pourquoi Koneczny considère que les sociétés polygames ne pourront jamais dépasser le stade clanique et accéder au concept d‘un État national. Le fait est flagrant au Proche-Orient. C’est aussi pourquoi la notion de « corruption » n’est pas perçue de la même manière dans les deux types de sociétés. Dans une société clanique, tout membre a le devoir moral de faire profiter le clan de sa position sociale. Il agit pour le bien collectif. Le problème surgit quand se superpose à cette société naturelle une administration héritée de la colonisation et qui suppose une élite ayant acquis le sens de l’État, donc dévouée à un bien commun conçu à l’échelle d’un territoire. La coexistence des deux systèmes tourne nécessairement en faveur de celui qui est le plus fruste. Inversement, nos vieilles sociétés nationales ont vu les clans disparaître, si bien que les familles nucléaires ne sont plus protégées puisque les hauts fonctionnaires font désormais allégeance à des instances supranationales. Quand il y a mélange de civilisations, remarque Koneczny, c’est la moins développée, la plus simple humainement, la moins différenciée, qui l’emporte. Dans la conjoncture actuelle, il n’existe plus en Europe de contre-pouvoir structuré capable de s’opposer au socialisme égalisateur des peuples, des fortunes, des pensées et des arts, comme le fit jadis l’Église catholique en France royale, grâce aux paroisses, aux corporations, ou naguère encore en Pologne (l’église dans la cité idéale communiste de Nowa Huta, le quartier ouvrier de Cracovie, fut construite malgré l’interdiction du gouvernement).

13 V. BOUKOVSKY, « L’Europe sur le chemin de la dictature », in Le Cep n° 26, janvier 2004, p. 55.

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