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Par Tassot Dominique
BIBLE
« Le ciel et la terre passeront ; mes paroles ne passeront pas »
(Mt24, 35).
Influence de la géologie sur les dévoiements de l’exégèse1
Résumé : La théologie, par son objet, devrait demeurer insensible aux méandres de la pensée scientifique. Mais il est cependant des points de contact. Le cas s’est produit lorsque la géologie, au début du XIXe siècle, a prétendu expliquer l’origine des roches sédimentaires sans faire appel au Déluge biblique. Or, en écrivant l’histoire de la terre sans cette catastrophe mémorable, on transforme automatiquement la Genèse en un conte oriental. S’ensuivirent, mais indirectement, la mise à l’écart de la Révélation comme fixant son cadre à l’histoire des hommes, l’évacuation de la chronologie biblique, pourtant irremplaçable, et la mise en suspicion du sens littéral de l’Écriture sainte. Une telle crise exégétique, dont le modernisme est issu, fait encore sentir ses effets, puisque ses causes n’ont été ni reconnues ni surmontées.
Dans son livre Protogaea (1692), Leibniz expliquait que les fossiles et les couches sédimentaires provenaient du Déluge biblique. La même explication se retrouve dans les travaux des trois premiers géologues anglais : Burnet (1682), Woodward (1695) et Whiston (1696) : tous étaient des « catastrophistes ». Pour cette école, les âges de la terre n’ont pas d’importance car des changements rapides interrompent les périodes de stabilité ; pour elle, le temps n’est pas une cause en soi et les changements du paysage proviennent de causes mécaniques, soit le volcanisme (« plutonisme »), soit le « neptunisme ».
Cette vision biblique du monde devait bientôt se trouver attaquée par de nombreux « systèmes de la terre » qui apparurent à partir du milieu du XVIIIe siècle.
Après Buffon (1749), Hutton (1726-1797) fut le fondateur de « l’uniformitarisme » ou « actualisme » : les longues durées devenaient l’hypothèse nécessaire pour que les phénomènes quotidiens (comme l’érosion ou le dépôt d’alluvions fluviaux) produisent des effets à grande échelle. Selon Hutton, Playfair ou les encyclopédistes français (Voltaire, Diderot ou D’Alembert – ce dernier étant le Secrétaire de l’Académie des Sciences) –, il ne fallait pas prendre à la lettre le Déluge de Moïse, la géologie pouvant et devant compter exclusivement sur des explications naturelles et actuelles. Exceptionnellement, Jean-André Deluc (1727-1817), un calviniste qui enseignait la géologie à Göttingen, conserva la distinction traditionnelle entre « les phénomènes actuels, dont les causes sont encore en action, et les causes passées, qu’on ne peut connaître que par leurs effets, irréductibles à ceux des causes actuelles2. » Ainsi les forces modificatrices des paysages, loin de rendre compte de l’origine des roches, permettent seulement de remonter à un état primordial généré par des causes d’une autre nature et inobservées.
Deluc retenait deux périodes créatrices des paysages : les Six Jours de la Création et le Déluge. Seules ces périodes pouvaient expliquer la formation des roches. Le géologue suisse avait parfaitement compris les enjeux. Dans son Traité élémentaire de géologie publié à Londres en 1809, il remarquait comment les ennemis de la religion avaient reporté leurs attaques sur la géologie :
« Les armes de ceux qui attaquent [la religion révélée] ont changé, et il faut y conformer sa défense : on l’attaque par la géologie, et c’est nécessairement une science à acquérir par les théologiens, aussi essentielle que celle des anciennes langues3. » La géologie, disait Deluc, est présentée comme une « science de faits et de déductions rigoureuses4 ». De la sorte, « l’on est bientôt arrivé à conclure que si la géologie était contraire à la Genèse, celle-ci ne pouvait être qu’une fable. Il est inutile de chercher à éluder cette conclusion, elle frappe tous les esprits5. »
Deluc était un savant de première classe à l’époque. Il enseigna la géologie à Cuvier, le grand naturaliste français qui croyait au Déluge. Émigrant en Angleterre en 1773, Deluc fut aussitôt accepté comme membre de la Royal Society et devint lecteur de la reine Charlotte. Un jour, rendant visite à Voltaire dans son château de Ferney, en Suisse, il demanda au philosophe son opinion sur Moïse. « Moyse, répondit l’écrivain français, c’était un trompeur, qui conduisait un peuple imbécile. Mais, répliqua Deluc, Moyse n’est pas seulement l’historien de ce peuple, il s’est donné pour l’historien de la Terre et de l’Homme. Si, dans un temps où la Géologie était encore loin de naître, Moyse avait néanmoins dit la vérité sur ces grands objets, il faudrait bien convenir qu’il avait écrit cette histoire par Révélation6. » Confronté au génial géologue suisse, Voltaire fut incapable de plaider en faveur des longues durées de la Terre et contre le Déluge.
Quand le P. Émery, supérieur des Sulpiciens (la congrégation qui enseignait dans les séminaires français), apprit que Deluc avait cloué le bec à Voltaire, il comprit aussitôt l’importance de la géologie pour l’apologétique.
Il demanda alors à Deluc la permission de traduire en français ses Lettres à M. le Pr Blumenbach ; pour ce genre d’apologétique il était permis d’oublier les différences de croyances entre catholiques et calvinistes. En outre, après la Révolution politique en Europe, les esprits étaient ouverts aux « révolutions » géologiques du passé ! La Révolution prouvait, en quelque sorte, que l’Histoire acceptait les discontinuités. En 1812, Cuvier publia son célèbre Discours sur les révolutions du globe. Les transformistes, y écrit-il, ont tort parce que :
« Si les espèces ont changé par degrés, on devrait trouver des traces de ces modifications graduelles ; entre le paléothérium et les espèces d’aujourd’hui l’on devrait découvrir quelques formes intermédiaires et, jusqu’à présent, cela n’est point arrivé7. »
Cuvier en conclut que les espèces sont stables et que les espèces, aujourd’hui éteintes, furent détruites par une catastrophe qu’il situait approximativement il y a cinq ou six mille ans. À son époque, les naturalistes avaient observé de nombreux animaux momifiés dans les tombes et les temples égyptiens : chats, ibis, singes, chiens et crocodiles. Aucune différence n’était visible entre eux et les animaux contemporains.
Cuvier note donc :
« Je sais que quelques naturalistes comptent beaucoup sur les milliers de siècles, qu’ils accumulent d’un trait de plume : mais, dans de semblables matières, nous ne pouvons guère juger de ce qu’un long temps produirait qu’en multipliant par la pensée ce que produit un temps moindre8. »
Ces citations montrent la vigueur de l’école « catastrophiste » au début du XIXe siècle. Le baron Georges Cuvier, protestant, ne fut pas seulement le créateur de l’anatomie comparée et l’un des fondateurs de la paléontologie ; il fut aussi membre de l’Académie française et pair de France. En Angleterre, le catastrophisme, représenté par Thomas Chalmers (1780-1847) et William Buckland (1782-1856), fut aussi très populaire. Buckland enseigna la géologie et la paléontologie à Oxford dans les années 1830, puis devint doyen de Westminster. Il faut garder en mémoire cette influence sociale des catastrophistes des deux rives de la Manche lorsque l’on observe les subtiles tactiques de Charles Lyell (1797-1875) qui, en 1830-1832, publia ses Principes de Géologie.
Diplôme de Droit en poche, Lyell se mit à voyager à travers l’Europe. Whig passionné, il rencontra à Paris le républicain François Arago, astronome, physicien et homme politique, ainsi qu’Alexandre de Humboldt, grand voyageur, géologue et naturaliste, qui avait été directeur de Mines en Franconie en 1792. Pour les libéraux tels que Lyell, les monarchistes devaient être désarmés afin d’accroître les pouvoirs du Parlement.
Comme le remarque Alex Marton :
« La doctrine théologique traditionnelle barrait la route. La Théologie naturelle [livre publié en 1803] de Paley prétendait que la souveraineté descendait de Dieu jusqu’au roi… Il n’y avait qu’un moyen de réformer le Parlement et c’était de détruire la théologie naturelle de Paley, et le seul moyen d’y parvenir était de discréditer le catastrophisme de ses partisans religieux, qui cherchaient à concilier les témoignages géologiques avec le récit de la Genèse…Dans ses Principes de Géologie, Charles Lyell argumentait contre les catastrophistes en disant que la théorie du Grand Déluge était, en réalité, mythologique et qu’elle faisait obstacle au progrès de la géologie9 . »
Mais Lyell prenait bien soin de ne pas attaquer ouvertement la Bible et le récit de la Genèse. Il débattait en tant que « fluvialiste »10 contre les « diluvianistes », présentant toujours la question comme strictement scientifique. De cette façon, sa nomination au King’s College de Londres obtint l’approbation des évêques. En 1834, il devint Président de la Société géologique. Dans un manuscrit inédit de 1873, Darwin a écrit :
« Lyell est tout à fait convaincu d’avoir beaucoup plus efficacement ébranlé la foi dans le Déluge sans avoir jamais dit un mot contre la Bible que s’il avait agi autrement11. »
L’histoire de la géologie montre aujourd’hui la victoire apparente de l’école uniformitariste12. La chronologie géologique longue, fondée sur la stratigraphie, avait fini par être acceptée par les catastrophistes eux-mêmes. Cuvier, Buckland, ou Sedgwick admettaient une série de catastrophes globales, dont le Déluge de Noé n’était que la plus récente.
À la fin, il en résultait une explication complètement naturelle de l’histoire de la terre, volcans et tremblements de terre devenant de simples catastrophes locales dans un scénario d’interminables périodes tranquilles. La Bible pouvait dès lors s’insérer dans ce schéma moyennant un simple changement d’interprétation : les jours de l’Hexaêméron n’étaient pas des jours ordinaires de 24 heures, mais de longues périodes de durée indéterminée.
Cette idée avait été proposée par Deluc lui-même en 1798 ; elle fut théorisée ensuite par Marcel de Serres sous le nom de « périodisme » (1841). En Angleterre, Chalmers et Buckland prenaient la semaine de l’Hexaêméron pour une nouvelle création après que les longues durées géologiques eurent produit les fossiles. Les « restitutionnistes » (ou théoriciens du décalage) acceptaient le Déluge, mais estimaient que les fossiles (aucun fossile humain n’avait encore été découvert) étaient antérieurs à la nouvelle création mentionnée par Moïse. Au milieu du siècle, le cardinal Wiseman, premier archevêque catholique de Westminster, s’appuyant sur Cuvier et Buckland, constatait une harmonie globale entre la Genèse et la théorie du décalage :
le Déluge avait limité son action aux roches friables superficielles contenant les restes des animaux d’alors. Sous le nom de « concordisme », la théorie des jours-époques devint rapidement très populaire : elle réconciliait la géologie uniformitarianiste et la Bible. Il n’existait donc pas de conflit entre la science et la religion. Mais la science était devenue l’étalon sur lequel se calait l’exégèse !
En 1889, Fulcran Vigouroux, un sulpicien bien connu pour son édition polyglotte de la Bible et qui devint le Secrétaire de la Commission biblique à Rome, écrivit dans son livre La Cosmogonie mosaïque d’après les Pères de l’Église :
« La géologie a établi que la Création n’était pas simultanée » (p. 34)…
« Il était réservé à notre époque de découvrir clairement le vrai sens des jours cosmogoniques » (p. 71). Et, faisant allusion à saint Grégoire le Thaumaturge qui enseignait la physique à ses disciples avant de leur expliquer la Bible : « Ce principe de nos maîtres dans la Foi est aussi le nôtre. Si nous ne sommes point d’accord avec eux dans les détails, ce n’est pas parce que le principe a changé ; c’est parce que la science a progressé. Nous faisons ce qu’ils auraient fait à notre place. Ils acceptaient ce qu’enseignaient les savants d’alors ; nous acceptons ce qu’enseignent les savants d’aujourd’hui. Il n’y a donc un changement dans l’interprétation, que parce qu’il y a un changement dans la science, et ce changement n’est pas imputable à la théologie, mais à la science elle-même, qui par sa nature est progressive » (p. 117-118).
Lorsque Lyell donna pour titre à son livre Principes de géologie, rappelant ainsi les célèbres Principia de Newton, il voulait laisser croire au lecteur que la géologie pouvait être aussi scientifiquement indiscutable que les mathématiques.
Par ce moyen, l’exégèse, les disciplines « littéraires » et les sciences « molles » reçurent la forte empreinte des longues durées ; thèse issue d’une science considérée comme « dure ».
Le 30 juin 1909, la Commission biblique pontificale accorda aux exégètes catholiques de « comprendre le mot yom [יום « jour » en hébreu] aussi bien au sens propre, comme un jour naturel, que dans un sens impropre (sensu improprio), comme un certain laps de temps » (DS 2 128-3 519). Dans tous les esprits, ce « laps de temps » faisait allusion aux longues durées géologiques, et ceci était aussi vrai chez les partisans du concordisme, comme M. Vigouroux, que chez les opposants, comme le P. Lagrange. Ce dernier écrit d’ailleurs en 1896 :
« Les étoiles n’ont pas été formées à une époque spéciale, la formation de la terre s’est continuée longtemps après l’apparition de la vie, les plantes et les bêtes se sont développées parallèlement. Mais il demeure acquis que la terre a mis un temps considérable à se former13. On a renoncé pour toujours à la durée historique précise de six jours de vingt-quatre heures14. »
L’influence ultérieure du P. Lagrange sur l’exégèse catholique est indéniable : le savant dominicain conçut les trois principaux moyens pour rendre acceptable la présence d’erreurs scientifiques dans la Bible.
Il les présenta au public lors de cinq conférences données à l’Institut catholique de Toulouse il y a plus d’un siècle, en novembre 1902, publiées ensuite sous le titre de La Méthode historique.
La question n’est pas de contester l’attachement du fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem à l’Église et à la Bible. Mais nous touchons ici à l’influence directe de la géologie sur l’exégèse du XXe siècle via les idées que diffusa le P. Lagrange.
Lorsqu’il était enfant, ce dernier avait l’habitude de se promener avec son oncle, géologue, le long des contreforts des Alpes, où sa famille habitait. Ceci explique peut-être pourquoi il accepta si facilement et si complètement les longues durées, non seulement pour la terre mais aussi pour l’histoire de l’homme. Il écrivait dans La Revue biblique, qu’il avait fondée :
« L’humanité est plus vieille qu’on ne le croyait lorsqu’on recueillait pieusement les débris des souvenirs prétendus primitifs […]. Humainement parlant, la transmission orale depuis le commencement du monde est souverainement invraisemblable […].
À prendre le récit de la Genèse comme une information historique… sa valeur est simplement nulle pour nous renseigner sur ce qui s’est passé « dans la nuit des temps ». »
Ainsi Lagrange finit par inventer un nouveau et paradoxal concept : « l’Histoire primitive légendaire. » La Chute, la Malédiction consécutive, le Déluge ne sont ni de l’histoire authentique, ni de simples mythes. La Genèse donne un récit basé sur un « fait générateur » certes, mais inévitablement déformé et corrompu par sa transmission orale durant des milliers de générations.
Nous lui devons aussi un deuxième concept : celui des « apparences historiques. »Ici, Lagrange essaya de transposer à l’histoire ce que Léon XIII affirmait dans Providentissimus Deus à propos de l’astronomie (rappelons-nous l’ « affaire Galilée » !) : la Bible parle « selon les apparences ».
Dans la perspective thomiste, nos sens donnent un vrai moyen d’accès à la connaissance du réel. Mais dans la perspective kantienne du XIXe siècle, « apparence » signifiait le contraire de la réalité. En 1919, Lagrange abandonna sa théorie des « apparences historiques », suite à l’encyclique Spiritus paraclitus de Benoît XIV qui la condamnait, mais l’idée resta que la Bible devait se cantonner à la sphère de la religion, ce qui serait le plus sûr moyen d’éviter tout conflit avec la science.
Le troisième concept, ou moyen méthodique, proposé par Lagrange pour expliquer les prétendues erreurs scientifiques dans la Bible fut la théorie des « genres littéraires »15. L’idée sous-jacente à cette explication était qu’on ne trompe pas en énonçant le faux, mais seulement lorsqu’on veut l’enseigner:
« Tout ce que les auteurs sacrés enseignent, Dieu l’enseigne et cela est donc vrai. Mais qu’enseignent les auteurs sacrés ? Ce qu’ils affirment catégoriquement ! Or, on l’a dit depuis longtemps, la Bible n’est point un recueil de thèses ou d’affirmations catégoriques. Il est tel genre littéraire, dans lequel on n’affirme absolument rien quant à la réalité des faits ; ils servent uniquement de base à une leçon morale16. » [Et encore] « Il est impossible que Dieu enseigne l’erreur. Il est donc impossible, non pas que la Bible, où tout le monde prend la parole, contienne des erreurs, mais que l’examen intelligent de la Bible nous force à conclure que Dieu a enseigné l’erreur17. »
Il va de soi qu’une utilisation habile de ces trois concepts ou procédés, est suffisante pour se débarrasser de n’importe quel passage difficile de la Bible. Mais l’autorité des Écritures sacrées disparaît aussitôt, puisque l’inspiration divine et l’inerrance s’avèrent inséparables l’une de l’autre !
Ici se noue le drame de l’exégèse moderne, lorsque la science humaine se fait le juge de la Parole divine. Ce n’est pas le lieu de s’aventurer davantage dans ce domaine. L’objet de cet article était seulement de montrer le lien entre le consensus général des savants sur les longues durées, à la fin du XIXe siècle, et la perte dramatique de la foi apostolique chez les exégètes, tout ceci à cause du conflit entre la géologie et la Genèse depuis Buffon, Hutton, Voltaire, Lyell et nombre de leurs émules.
Nous savons ici que les principes de stratigraphie, sur lesquels repose la longue chronologie géologique, ont été invalidés et que les datations soi-disant « absolues » par les radioéléments reposent sur des hypothèses largement invérifiables. La situation de l’exégèse a donc entièrement changé, mais la nécessaire cohérence entre la science et la foi demeure. Avec un regard nouveau, nous pouvons rappeler ce que Léon XIII écrivait il y a plus d’un siècle dans Providentissimus Deus :
« De très nombreuses objections, en effet, empruntées à toutes les sciences, se sont élevées pendant longtemps et en foule contre les Écritures, et se sont entièrement évanouies comme étant sans valeur… En effet, le temps détruit les opinions et les inventions nouvelles, mais “ la vérité demeure à jamais ”.»
1 Repris de l’art. « Influence of Geology on the Deviations of catholic Exegesis », in International Catholic Symposium on Creation, Rome, 24-25 oct. 2002, Éd. Kolbe Center for the Study of Creation, 2003, p. 292-304. Aimablement traduit par Claude EON.
2 Jean-André DELUC, Traité élémentaire de géologie (Londres, 1809), Paris, 1810, p. 11.
3 Id., p. 3-4.
4 Id., p. 3.
5 Ibidem.
6 J.-A. DELUC, Lettres sur l’Histoire physique de la Terre adressées à M. le Pr Blumenbach, (1798)an VI, p. CXVII.
7 Georges CUVIER, Discours sur les Révolutions du Globe (1812), nouv. édit.1867, Paris, Firmin-Didot, p. 77-78.
8 Id., p. 82.
9 Alex MARTON, “What is Uniformitarianism ?”, in Horus I, n° 2 (1985), p. 12-13.
10 Considérant que les sédiments marins sont issus des alluvions fluviaux.
11 Gertrude HIMMELFARB, Darwin and the darwinian Revolution, Londres, Chatto & Windus, 1959, p. 320.
12 Ndlr. Cette conclusion peut être nuancée : on voit apparaître quelques « nouveaux géologues » faisant appel aux catastrophes dans l’histoire de la terre, notamment pour expliquer les extinctions d’espèces. Se reporter à Marie-Claire VAN OOSTERWYCK, « Le moulinet de la rivière Tellico et le Déluge », in Le Cep n° 60, juillet 2012, p. 19-56. Mais s’ils récusent ainsi certaines interprétations actualistes, leur contestation ne va pas jusqu’à nier la capacité des causes actuelles à former les paysages : ils demeurent intellectuellement prisonniers des chronologies longues.
13 L’expression « se former », avec l’emploi réflexif d’un verbe signifiant une action qui dure, montre bien à quel point l’auteur a quitté la vision classique de la Création divine. Le paradoxe est ici que le P. Lagrange justifiait l’usage large qu’il faisait des méthodes « historico-critiques » en posant que l’exégète, du moins l’exégète catholique, était prémuni contre tout dérapage de par les sages guides traçés par la théologie. Or la théologie repose sur la Révélation, donc sur l’exégèse. Il sciait donc, sans s’en rendre compte, la branche qui aurait dû lui servir de support.
14 Marie-Joseph LAGRANGE, op., « Hexaemeron » in Revue biblique 1896, p. 390. Souligné par nous.
15 Sur toute cette question, se reporter à D. TASSOT, La Bible au risque de la Science. De Galilée au P. Lagrange, Paris, F.-X. de Guibert, 1997, p. 253-325.
16 LAGRANGE, La Méthode historique (1903), nouv. éd. Paris, Cerf, 1966, p. 85.
17 Id., p. 84.