Partager la publication "Les rythmes circaseptains"
Par Desjardin Laurence
REGARD SUR LA CRÉATION
« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu,
sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu
quand on Le considère dans ses ouvrages. »
(Rm 1, 20)
Les rythmes circaseptains1
Résumé : La semaine de 7 jours est posée par Dieu dès le premier chapitre de la Genèse. Or, ce n’est pas un simple « fait culturel » arbitraire mais un rythme constitutif de tous les êtres vivants : plantes, animaux et même bactéries. On a observé des périodes de 7 jours (ou d’un multiple ou encore d’un sous-multiple de 7 jours) chez l’algue Acetabularia, l’Araignée, la Souris ou l’Abeille. Chez l’homme, la pression sanguine, le métabolisme, les défenses immunitaires, etc. varient selon ces rythmes « circaseptains ». Il est connu aussi que l’incubation, l’évolution et la guérison de bien des maladies respectent ces durées. On note aussi l’importance du jour de la semaine où est administrée une cure, surtout dans les cancers. Oui, « Dieu a tout disposé avec mesure, nombre et poids » (Sg 11, 20)…
« Nous avons vu en chronobiologie qu’outre les rythmes circadiens, l’étude fine des variations des paramètres biologiques et des sécrétions hormonales révèle encore d’autres rythmes plus lents, hebdomadaires, mensuels et même annuels. Selon le Pr Halberg2, « […], notre semaine de 7 jours, qui est aussi celle de la Genèse biblique, est inscrite dans le patrimoine des êtres vivants ».
Une telle affirmation mérite un minimum de démonstration. Cette découverte intervient après celle très documentée des rythmes circadiens, et a fait l’effet d’un coup de tonnerre3 dans un ciel bleu dans les milieux scientifiques tant elle était inattendue ! […].
1. Dans le monde végétal4
Une étude germano-américaine a mis en évidence un rythme circaseptain [de 7 jours] et circasemiseptain [de 3-4 jours] de croissance cellulaire de l’algue Acetabularia nucléée et anucléée en réponse à des changements de cycles lumière/obscurité : dans des conditions d’éclairage et de température identiques, quatre expériences ont été menées à des saisons différentes durant 30 jours à chaque fois. Les cellules ont été exposées 12h/24 à une luminosité de 2 500 lux, et sont restées 12 autres heures dans l’obscurité. Chacun des 14 bocaux subissait un changement de rythme d’exposition différent, seul un bocal témoin ne subissait pas ces changements. L’expérience a montré que ce sont les cellules nucléées qui subissaient un changement de rythme tous les 7 ou 15 jours qui avaient un niveau de croissance maximal, à une exception près : l’étude réalisée en plein été (août), ce qui permet de penser qu’il existe aussi des modulations circannuelles, ce qui n’est pas étonnant : on en observe de semblables pour la sécrétion d’insuline chez l’homme par exemple. Pour les cellules anucléées (par l’intervention des expérimentateurs), la croissance était plus fréquemment maximale lorsque les changements avaient lieu tous les 3-4 jours plutôt que tous les 7 jours. Ces résultats indiquent qu’il existe chez l’algue verte unicellulaire Acetabularia un rythme d’environ 7 jours et que l’extraction du noyau donne un multiple de la fréquence circaseptaine. Les auteurs notent qu’un rythme identique a été trouvé pour le niveau de glutathion des plaquettes anucléées humaines5.
2. Dans le monde animal.
Le Pr Reinberg nous fait part d’un rythme de ponte de 7 jours chez une araignée6. Dans une étude brésilienne7, le sperme d’un étalon a été prélevé durant 36 mois presque tous les jours, à la même heure. L’analyse des données a montré des périodes statistiquement significatives de 7 jours pour le volume, la motilité et la concentration des spermatozoïdes. Chez la souris, on observe une augmentation de rejet d’allogreffe de rein, de pancréas ou de cœur au bout de 7 jours, puis tous les 7 jours suivants (j.15, j.21, j.28…) quel que soit le jour de l’intervention (dans ces expériences : lundi, mercredi ou vendredi )8.
Un cycle similaire a été observé dans le rythme de mortalité de souris infectées par la malaria, ces animaux mouraient préférentiellement les 7e, 14e ou 21e jours9.
Des rats vivant dans des conditions standard et exposés à la lumière 12h par jour, ont été tués à 8h sur 17 jours consécutifs. Les analyses ont trouvé une oscillation circaseptaine de la corticostérone, du cholestérol total et des triglycérides10.
Un rythme septénaire de la composition de l’hémolymphe a été trouvé chez les abeilles11.
F. Halberg signale aussi des circaseptains caractérisant la croissance du procaryote E-coli [le colibacille Escherichia], la luminescence de l’unicellulaire Gonyaulax polyedra, le temps de survie de Musca autumnalis [la mouche d’automne] soumise à des changements répétés du régime de lumière, l’oviparité de l’insecte Folsomia candida [le collembole].
Ainsi, les rythmes septénaires, bien que souvent de plus faible amplitude, semblent effectivement se retrouver dans ce monde végétal et animal qui n’est pas régi par notre semaine de 7 jours, laissant à penser qu’ils sont endogènes et intéressent tout le vivant.
3. Qu’en est-il chez l’homme ?
Les plus connus des rythmes septénaires concernent les phénomènes liés à l’inflammation et à l’immunité : le même phénomène que chez la souris d’augmentation du risque de rejet d’allogreffe de rein ou de cœur aux 7e, 14e, 21e et 28e jours après l’intervention chirurgicale est observée chez l’homme, quel que soit le jour de l’intervention12.
Des recherches réalisées par L. Pöllmann, en Allemagne, concernant les œdèmes post-chirurgie maxillo-faciale retrouvent également un rythme septénaire [cf. « Circadian changes in the duration of local anesthæsia », Int. J. Oral surg., 11 fév. 1982].
Ces faits donnent à penser que les phénomènes inflammatoires et immunitaires, qui sont souvent liés, varient suivant une période de sept jours qui se rajoute à leur période circadienne13.
Des études longitudinales ont aussi mis en évidence des rythmes de 7, 21 et 28 jours pour la température corporelle et diverses sécrétions hormonales de l’homme et de la femme, entre autres les excrétions urinaires de métabolites du cortisol et de la testostérone.
Nous apportons ici deux études particulièrement significatives. Une étude portant sur 16 années d’évaluation d’un groupe d’hormones, les 17-cétostéroïdes, et du volume urinaire chez un adulte sain, qui avait un rythme de 5 jours et demi de travail par semaine, une demi-journée de repos le samedi et une journée complète le dimanche : une période prédominante d’environ 7 jours apparaît dans l’analyse spectrale des rythmes de l’excrétion des 17-C.S. aussi bien que dans ceux du volume urinaire. Le sommet (acrophase) du rythme circaseptain de 17-C.S. excrétés se situe vers le milieu du dimanche, et celui du volume urinaire le mercredi vers midi.
Une désynchronisation circaseptaine du rythme de l’excrétion de 17-C.S. a été observée au cours de cette étude à l’occasion d’un traitement prolongé par la testostérone : le rythme de 7 jours a continué d’exister, mais il n’était plus synchronisé avec la vie sociale du sujet, comme si ce rythme était en libre cours.
Le fait que l’on puisse observer une désynchronisation d’un rythme circaseptain est en faveur d’un rythme intrinsèque, endogène (donc génétique) avec possibilité de synchronisation. On observe en effet ici une synchronisation sociale d’un rythme qui existe en libre cours14.
L’autre étude a été menée avec la NASA par des équipes américano-italiennes sur une femme en bonne santé en isolement social sous-terrain durant 14 semaines.
La pression artérielle et la fréquence cardiaque ont été mesurées automatiquement par monitorage, et la température corporelle orale et axillaire manuellement.
Durant la deuxième semaine, en l’absence de synchronisateurs externes, la période circadienne est entrée en libre cours, passant de 24 à 24,49h. Les rythmes circadiens endogènes déjà bien connus pour ces trois variables ont été observés, mais apparut également un rythme circaseptain de la fréquence cardiaque, avec une période moyenne de 176,31h (mini : 169,9, maxi : 183,3h), que l’on peut affirmer être en libre cours, sachant que la période moyenne d’une semaine sociale normale est de 168h, les valeurs sont proches mais la différence est statistiquement significative15.
À l’issue de telles expériences F. Halberg écrit : « Pendant l’isolement prolongé hors du temps : non seulement les circadiens mais aussi les circaseptains continuent d’osciller en libre cours avec une période proche mais statistiquement significativement différente de 24h et 7 jours respectivement, malgré la présence de stimuli appliqués toutes les 4 heures pendant une partie de l’expérience.
De retour au sein de la société après 4 mois d’isolement souterrain, les circadiens se sont rapidement resynchronisés alors que la composante circaseptaine de la pression sanguine et de la fréquence cardiaque continuait son libre cours16. » Frantz Halberg nous a fait savoir, par courriel du 14 décembre 2011, que ces circaseptains se sont finalement resynchronisés sur le rythme social lorsque cette femme a eu à nouveau des menstruations, à l’aide d’un traitement.
Dans cette étude allemande, il a été démontré que la modification d’un synchronisateur entraîne des effets pathogènes sur une période de 7 jours/14jours17 : « Les fonctions vitales humaines telles que le métabolisme, les défenses immunitaires et le système végétatif sont soumis aux rythmes annuels d’indice de lumière. À ceux-ci se superposent les rythmes semi-annuels, les rythmes d’une durée de 7 et 14 jours et des variations de l’état de santé jour après jour (« interdiurnal »)… Ces variations de l’état de santé sont causées en été par les rares jours sombres, et en hiver par les rares jours lumineux. Un jour lumineux réduit, durant une moitié d’un rythme de 14 jours (donc 7 jours), l’amplitude des rythmes diurnes, tandis qu’il les augmente pendant l’autre moitié (7 autres jours). La cause de ces réactions contraires serait une différence de sensibilité entre deux horloges internes au synchronisateur (en all. Zeitgeber) qu’est la lumière. » Il s’agirait d’une désynchronisation des horloges telle qu’on peut l’observer lors de voyages transméridiens […].
Au Japon, une amplification du rythme circaseptain de la pression artérielle (minima, maxima et moyenne) a également été observée chez les personnes dépressives, comparativement à des sujets non déprimés, avec une hausse le lundi matin18.
Un certain nombre de maladies sont connues pour leurs rythmes septénaires : la fièvre typhoïde (incubation de 7 à 14 jours, fièvre d’ascension progressive en 4 à 7 jours, diminution progressive de la fièvre en 2 à 7 jours sous traitement, rechute possible 10 à 14 jours après l’arrêt du traitement) ; la polysérite récurrente (« maladie périodique ») où les épisodes inflammatoires surviennent tous les 7 à 10 jours ; le rhume qui évolue en 7 jours jusqu’à la guérison spontanée ; incubation de deux semaines de la varicelle, etc.
Les études de chronopharmacologie ont mis en évidence qu’un traitement n’a pas le même effet selon l’heure à laquelle il est administré, mais aussi selon le jour d’administration, surtout en pathologie cancéreuse où il semble y avoir aussi une incidence des rythmes circaseptains : selon l’heure, mais aussi le jour d’admi- nistration du traitement l’efficacité ainsi que la toxicité varient énormément. Sur des modèles animaux, on peut même passer, à dose égale, d’un effet thérapeutique à un effet létal.
C’est à l’appui de tous ces résultats de recherches qu’Alain Reinberg répond ‘’à la question pertinente : avons-nous des rythmes septénaires (endogènes) ? Cela ne fait aucun doute19 ’’. »
1 Extraits de la thèse de médecine du Dr Dejardin, pris à partir de la p. 192.
2 Le Pr Frantz HALBERG (1919-2013), biologiste roumain, est l’un des fondateurs de la chronobiologie moderne.
3 Ndlr. C’est nous qui soulignons.
4 Article communiqué par le Pr HALBERG.
5 SCHWEIGER Hans-Georg & al., “Evidence for a circaseptan and a circasemiseptan growth response to light/dark cycle shifts in nucleated and enucleated Acetabularia cells, respectively”, in Proc. Natl. Acad. Sci. USA, vol. 83, p. 8 619- 8 623, novembre 1986, cell biology.
6 REINBERG Alain, Le temps humain et les rythmes biologiques, Paris, Éd. du Rocher, 1998, p. 142.
7 MARQUES Nelson & al., “Circaseptan rhythms of semen characteristics of brazilian breed (Mangalarga marchador) stallion”, in Biological rythm research, vol. 27, issue 3, 1996.
8 SCHWEIGER, op. cit.
9 Ibid.
10 AHLERS I. & al., « Rythmes circaseptains de la corticostérone et de lipides dans le sérum de rats mâles », in Physiol Bohemoslov, 1988, 37 (1), 49-55.
11 « Worker honeybee hemolymph lipid composition and synodic lunar cycle periodicities », (SK) Bratislava, Institute of preventive & clinical medecine ; (FR) Avignon, Unité de biomathématiques & toxicologie Faculté des sciences ; Versailles, INRA, département de phytopharmacie.
12 Recherches américaines et italiennes, in REINBERG, op. cit.
13 REINBERG, op. cit.
14 HALBERG Frantz & REINBERG Alain, Rythmes circadiens et rythmes de basses fréquences en physiologie humaine, Paris, Masson, 1967, p 165-169.
15 SÁNCHEZ de LA PEÑA Salvador, HALBERG Frantz & al., “Circadian and circaseptan (about-7-day) free-running physiologic rhythms of a woman in social isolation”, Proc. 2nd ann. IEEE, Symp. on computer-based medical systems, Washington, Minneapolis, 26-27 juin 1989, p. 273-278.
16 BEAU Jacques & VIBERT Jean-François, Rythmes biologiques : de la Cellule à l’Homme, Actes du congrès GERB 1992, Préface du Pr Frantz Halberg & de Germaine Cornelissen, Paris, Éd. Polytechnica, 1993.
17 KLINKER L., “Time-dependent opposite reactions in man on interdiurnal and annual variations of day-light”, in BEAU & VIBERT, op. cit. p. 231-235.
18 YAMANAKA Shinya (Dr) & al., “Depressive mood in independently related to stroke and cardiovascular events in a community”, in Biomed pharmacother, 2005, 59 suppl. 1 : S 31-9.
19 REINBERG, op. cit