Partager la publication "Sur la bonté ou générosité de Dieu"
Par Dick Thomas Lld
Sur la bonté ou générosité de Dieu1
Thomas Dick, LLD2
Résumé : Le livre du révérend Thomas Dick dont ce passage est tiré montre que les dispositions et l’ordre harmonieux de la Nature ne manifestent pas seulement la sagesse et l’intelligence du Créateur, mais sa bienveillance et sa générosité, en particulier à notre égard. Il existe donc une harmonie profonde entre « le système de la Nature et le système de la Révélation » (selon les mots de Dick dans sa préface) : la considération de l’univers et de ses commodités envers ses habitants devrait élever notre âme autant qu’inspirer notre intelligence. À lire les lignes qui suivent, écrites il y a deux siècles, on comprend tout ce que la vision exclusivement utilitaire de la nature, issue de la révolution darwinienne, a fait perdre à notre civilisation : une régression qui s’est aussi portée sur l’homme lui-même, non seulement en le considérant comme un animal, mais encore en rétrécissant notre perception des êtres vivants et de leur place dans l’univers. Ces pages rafraîchissantes nous permettent de mesurer le charme de l’existence dont le darwinisme nous a privés en cherchant à éteindre notre sentiment de reconnaissance envers l’Auteur de tous ces biens.
La générosité de Dieu est cette perfection de sa nature par laquelle il communique le bonheur aux divers degrés de l’existence sensible et intelligente.
L’organisation de la nature, dans toutes ses parties, montre une manifestation illimitée de cet attribut de l’Esprit divin tant à l’égard de l’homme que des espèces vivantes inférieures. À l’égard de l’homme : la splendeur et la gloire des cieux ; le panaché de couleurs répandu sur la scène de la nature : les magnifiques fleurs, arbustes et arbres qui ornent la terre et qui non seulement réjouissent l’œil, mais parfument l’air de leurs délicieuses odeurs ; les diverses espèces de sons agréables qui charment les oreilles : la musique des oiseaux chanteurs qui emplissent les bosquets de leurs mélodies ; les milliers d’images attrayantes qui enchantent les yeux dans les embellissements naturels de la création ; les sensations agréables que produit le contact avec presque tout ce que nous avons l’occasion de toucher ; le plaisir associé au manger, au boire, au mouvement musculaire et à l’activité : la luxuriante profusion et la riche variété des aliments que la terre prodigue ; les échanges de pensée et d’affection ; tout cela proclame la générosité de notre tout-puissant Créateur et montre que la communication du bonheur est le grand objet de toutes ses dispositions.
Car, toutes ces circonstances ne sont pas essentiellement requises par notre existence. Nous aurions pu vivre, respirer et marcher bien que chaque chose que nous touchions eût été douloureuse ; que ce que nous mangions et buvions eût été amer ; que tout mouvement de nos mains et de nos pieds eût été accompagné de malaise et de fatigue ; que tout son eût été aussi strident que la scie du charpentier ; qu’aucun oiseau ne roucoulât dans les bosquets ; qu’aucune fleur ne parât les champs ni ne remplît l’air de son parfum ; qu’une monotone scène de triste uniformité l’eût emporté et que la beauté et la sublimité eussent été balayées de la face de la nature ; que la terre eût été couverte d’un manteau noir et qu’aucune sphère lumineuse n’apparût dans notre ciel nocturne.
Quel misérable monde aurions-nous alors habité, comparé à celui que nous possédons maintenant !
La vie serait passée sans joie et la douleur l’aurait emporté sur les plaisirs de l’existence. Tandis que, dans l’agencement actuel des choses, tous les objets autour de nous, selon chaque sensation que nous en éprouvons lorsqu’elle est conservée dans sa vigueur naturelle, inclinent spontanément à produire des impressions agréables et contribuent à notre plaisir. C’est surtout lorsque nous nous adonnons à nos passions stupides et dépravées et que nous commettons des actes immoraux, que les intentions généreuses de Dieu sont frustrées et que douleur et misère surviennent.
Si le Créateur du monde avait été un être malveillant possédant pouvoir et intelligence infinis, toute l’ordonnance de la nature aurait été presque l’opposé de ce que nous avons maintenant3. La production du mal et de la douleur chez les êtres sensibles aurait été le but de l’auteur dans tous ses actes et ordonnances. Tout le dessein dans la structure de l’univers, toute cette sagesse et intelligence que nous admirons maintenant dans l’adaptation des parties et des fonctions des animaux à leurs nécessités et à leur environnement ; nous les aurions redoutés comme autant de moyens de produire des sensations douloureuses et de les rendre aiguës et permanentes. Au lieu du bonheur, du plaisir et de la joie dans l’exercice de nos fonctions et facultés, l’état ordinaire des animaux et des êtres humains aurait été un état de trouble, de maladie, de découragement et d’angoisse. Chaque souffle d’air aurait pu nous entailler comme la pointe d’une dague, ou produire une douleur comme celle d’avaler de l’eau-forte ou de l’acide sulfurique. Chaque toucher pourrait avoir été ressenti comme la piqûre d’une ortie ou comme le frottement du sel sur une plaie purulente.
Chaque goût aurait été amer comme la bile et l’armoise, et chaque son aigu et dissonant, ou comme un affreux hurlement. Tous nos sens, au lieu d’être les sources du plaisir, comme ils le sont maintenant, auraient été des instruments de douleur et de torture. Les animaux, au lieu de pourvoir à nos bonheur et besoins, auraient été programmés pour nous tourmenter, nous harasser et nous importuner. La vache et la chèvre ne nous donneraient pas de lait, ni l’abeille son miel et les oiseaux du ciel ne nous charmeraient pas de leur musique. Des objets mornes et farouches auraient été dispersés sur toute la surface de la création et tout ne serait apparu que triste mélancolie, sans beauté ni diversité. Les champs auraient manqué de leur charmante verdure, de leur aspect diversifié et des magnifiques fleurs qui les ornent aujourd’hui. Le feu aurait pu nous brûler sans nous réchauffer et l’eau, au lieu de nous rafraîchir, aurait pu nous infliger une douleur intolérable. La lumière aurait pu être sans couleur ; elle aurait pu nous éblouir au lieu de nous réconforter, et empêcher la perception des objets lointains. Nos globes oculaires auraient pu être privés des muscles qui maintenant leur permettent de se mouvoir facilement dans toutes les directions, et tout rayon de lumière aurait pu être douloureux. Le sol aurait pu être si souple et mou qu’à chaque pas nous nous serions enfoncés comme des personnes marchant dans un bourbier. En résumé, nos imaginations dans un tel cas ne nous auraient guère présenté que des fantômes effrayants et des objets de terreur et d’alarme, et nos esprits auraient été emplis de noirs pressentiments et d’horribles perspectives. Mais toute l’ordonnance du système de la nature, tel qu’il est constitué, est exactement le contraire de ce que nous venons de supposer. Cette réflexion démontre que le grand Créateur de l’univers est le Dieu d’amour, dont la miséricorde et la bienveillance sont manifestes envers chaque classe d’êtres sensibles et intelligents, et ces attributs, nous en sommes sûrs, ne cesseront jamais d’agir aussi longtemps que l’univers subsistera.
Si nous considérons, en outre, que la bonté inépuisable du Créateur et que les nombreux plaisirs dont nous jouissons, sont accordés à une race d’hommes coupables, la bienveillance de Dieu apparaîtra d’une façon encore plus frappante. L’homme a osé se rebeller contre son Créateur ; c’est une créature dépravée et ingrate. La grande majorité de notre race a banni Dieu de ses pensées, piétiné ses lois, négligé de contempler ses œuvres, refusé de lui payer le tribut de révérence et d’adoration que ses perfections demandent, a été ingrate pour ses faveurs, a blasphémé son nom et accordé « aux bêtes à quatre pattes et aux choses rampantes » l’hommage qui n’est dû qu’à Lui seul. Cela fut la principale partie de l’activité des hommes, à toutes les époques, de contrarier les effets de Sa bienveillance en infligeant injustice, oppression et torture à autrui ; en mutilant le corps humain, en brûlant cités et villages, en transformant en désert des champs fertiles et en apportant mort et destruction à travers le monde par toutes sortes d’actes de violence.
Et si l’eau, l’air et la lumière du ciel avaient été en leur pouvoir, il est plus que probable que les hommes auraient occasionnellement privé des nations entières de ces éléments si essentiels pour la vie humaine4. Pourtant, malgré la fréquence de ces inclinations dépravées, les flots de la bienveillance divine envers notre race apostate n’ont jamais cessé de couler. La terre ne s’est jamais arrêtée dans sa course pour jeter la confusion dans la nature ; la lumière des cieux n’a jamais cessé d’illuminer le monde ; les sources de l’eau ne se sont jamais asséchées ; pas plus que le sol fertile n’a cessé d’enrichir les plaines de récoltes merveilleuses. Dieu « n’est jamais resté sans témoin » de sa bienfaisance, à toute époque, accordant sans cesse aux habitants du monde « la pluie du ciel et les saisons fertiles, emplissant leurs cœurs de nourriture et de joie ».
Ceci est un des traits divins constituant le plus parfait contraste avec les inclinations égoïstes et vengeresses de l’homme, et qui transcende la bienveillance humaine autant que les cieux surpassent en étendue la terre ; un trait calculé pour exciter notre amour et notre admiration les plus nobles et que les textes sacrés nous invitent à imiter et vénérer au plus haut degré : « Soyez miséricordieux comme votre Père qui est dans les cieux est miséricordieux ; car il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons, et il envoie la pluie sur le juste et sur l’injuste. » « Puissent les hommes louer le Seigneur pour sa bonté et pour ses merveilleuses œuvres en faveur des enfants des hommes5.’’
Par de telles considérations, même par le fonctionnement de la nature, nous apprenons que la miséricorde est un attribut de Dieu ; car sa miséricorde consiste à accorder ses faveurs à ceux qui en sont indignes, ou qui méritent châtiment, les plus grands pécheurs de tous les temps en ont bénéficié, et chaque individu de la race humaine en vie actuellement jouit d’une certaine partie de ces réconforts qui s’écoulent des dispositions bienveillantes instaurées par le Créateur : « Il fait que le soleil se lève sur les méchants et sur les bons. »
Bien que les nations de l’ancien temps aussi bien que celles d’aujour’hui « aient suivi leurs propres voies », se livrant à l’impiété, au mensonge, à la lubricité, à la guerre, aux dévastations, à la vengeance, à d’abominables idolâtries, à toutes sortes de violations de sa loi, Il soutint pourtant la condition de leurs animaux, fit que les influences du soleil, de la pluie et de la rosée descendissent sur leurs champs pour qu’ils puissent être rafraichis par sa bonté et remplis de « nourriture et de joie ». Si la miséricorde n’était pas un attribut essentiel de Dieu, il les aurait abattus pendant leur première transgression, mettant en pièces le globe sur lequel ils habitaient et les aurait enterrés dans un éternel oubli. Mais savoir si la miséricorde divine s’appliquera au pardon final du péché et si de tels êtres participeront au bonheur éternel, ne peut être connu que par les découvertes de la Révélation.
Concernant les animaux inférieurs, l’immense multitude des créatures vivantes qui remplissent la terre est une preuve frappante de l’énorme profusion de la bienveillance du Tout-Puissant. Plus de 100 000 espèces d’êtres animés sont dispersées dans les différentes parties de l’air, de la mer et de la terre, en plus des myriades qui sont invisibles à l’œil nu. L’estimation du nombre d’individus appartenant à une seule espèce dépasse le pouvoir de l’homme. Combien d’innombrables myriades de harengs, par exemple, sont contenues dans un seul banc qui fait fréquemment plus de 9 km de long et 4,5 km de large !

Fig. 1 : Banc de harengs.
Estimer le nombre d’individus dans toutes les différentes espèces, serait aussi impossible que de compter les grains de sable des déserts de l’Arabie. Il n’y a aucun endroit dans aucune région du globe qui ne fourmille d’êtres vivants. Pourtant, tout ce vaste ensemble de vies sensibles est généreusement entretenu par le bienfaisant Créateur.
« Ceux-ci dépendent tous de Lui, et Il leur donne leur nourriture au bon moment. » Ils jouissent non seulement de la vie, mais aussi d’une existence heureuse. Les mouvements sportifs et gesticulations de toutes les espèces animales : les oiseaux filant dans l’air, roucoulant dans les bosquets, se perchant sur les arbres ; les bêtes des champs bondissant dans les forêts et à travers les prairies ; les poissons batifolant dans l’eau ; les reptiles se tortillant dans la poussière ; et les insectes ailés par un millier de dédales capricieux ; tous déclarent qu’ils sont heureux de vivre et d’exercer les pouvoirs que le Créateur leur a donnés. Ainsi, où que nous tournions notre regard, nous voyons évidemment que « la terre est remplie de la bonté du Seigneur » et que « ses miséricordes pleines de tendresse couvrent toutes ses œuvres ».
Ce sujet est illimité, mais il sortirait du cadre de ce livre d’entrer dans des détails particuliers. Et c’est d’autant moins nécessaire lorsque nous considérons que chaque exemple de sagesse divine est en même temps un exemple de bienveillance. Car c’est le but ultime de toutes les sages dispositions du plan de la nature, que le bonheur puisse être communiqué aux divers degrés des êtres sensibles et intelligents. La Bonté choisit la fin et la Sagesse choisit les moyens les plus aptes à sa réalisation, si bien que ces deux attributs doivent toujours être considérés comme des illustrations de la bienveillance divine. Je conclurai donc ce sujet avec la citation suivante du Dr Paley6 :
« L’organisation prouve le dessein ; et le trait prédominant de l’organisation indique l’intention de l’auteur. Le monde abonde en systèmes et tous les systèmes qui nous sont familiers ont un but bénéfique. Le mal, sans aucun doute, existe ; mais nous ne pouvons jamais y voir l’objet d’une machination. Les dents sont prévues pour manger, pas pour avoir mal ; qu’elles fassent mal de temps en temps est collatéral à leur organisation, peut-être en sont-elles inséparables. Ou même, si vous voulez, appelons cela un défaut de construction, mais il n’en est pas l’objet. Ceci est une distinction qui mérite l’attention. En décrivant des instruments agricoles, vous ne diriez sans doute pas que la faucille est faite pour couper les doigts du moissonneur, bien que par la construction de l’instrument et la manière de s’en servir cet accident arrive souvent. Mais si vous aviez l’occasion de décrire des instruments de torture ou d’exécution, ceci diriez-vous était fait pour étirer les muscles, ceci pour disloquer les articulations, ceci pour briser les os, ceci pour roussir la plante des pieds. Ici la peine et la douleur sont l’objet même du dispositif. Évidemment, rien de cela ne se trouve dans les œuvres de la nature. Nous ne découvrons jamais un ensemble de dispositions pour produire un dessein mauvais. Aucun anatomiste n’a jamais découvert un programme calculé pour produire douleur et maladie ; ou, en expliquant les parties du corps humain, jamais dit, ceci est pour irriter, ceci pour produire une inflammation, ce canal pour convoyer les calculs aux reins, cette glande pour secréter l’humeur qui donne la goutte. Si, par hasard il trouve un organe dont il ne connait pas l’utilité, le plus qu’il puisse en dire est qu’il est inutile ; personne ne peut soupçonner qu’il est là pour incommoder, contrarier ou tourmenter. Alors, puisque Dieu a demandé à sa sagesse parfaite de pourvoir à notre bonheur, et le monde semble bien avoir été organisé d’abord dans ce but, tant qu’il entretient cette organisation, nous devons par raison supposer que la même organisation perdurera7. »
J’ai essayé, dans cette section et dans la précédente, de montrer quelques exemples de la sagesse et de la bonté de Dieu dans l’organisation de la nature. Ils auraient pu être multipliés à l’infini, mais les exemples cités, je présume, sont suffisants pour montrer que l’économie du monde matériel n’est pas vraiment un sujet dénué d’intérêt pour un esprit pieux et contemplatif. Chaque être intelligent croyant en la Révélation admettra facilement que ce serait un objectif très désirable d’amener la masse des chrétiens à une habitude de pieuse attention envers les œuvres visibles de la Création telle qu’elle les conduirait, dans leurs promenades solitaires ou accompagnées, à reconnaître l’œuvre de Dieu dans tout objet qu’ils tiennent en main ; à élever leurs pensées vers lui, la grande première Cause ; et à dilater leur cœur avec des sentiments de gratitude. Que de différences entre les sentiments et la piété de l’homme qui regarde la scène de sagesse et de splendeur autour de lui avec un « indifférent coup d’œil inconscient » comme le font des milliers de chrétiens déclarés, et les émotions reconnaissantes et pieuses de celui qui reconnaît l’œuvre bienveillante de Dieu dans les mouvements de ses doigts et de ses yeux, dans les pulsations de son cœur, dans l’image des objets extérieurs formée à chaque instant sur sa rétine, dans la réflexion des rayons de lumière et la diversité des couleurs qu’ils produisent, dans le séchage de ses vêtements, dans la constitution de l’atmosphère, dans la beauté et la magnificence de la terre et des cieux et dans tout objet que ses yeux rencontrent sur toute l’étendue de la nature ! Les innombrables cas étonnants d’agencement divin qui se présentent à nos yeux tout autour de nous semblent évidemment destinés à retenir l’esprit dans la considération d’une « divinité partout présente ». Et je n’envie pas les sentiments ou les sensations de cet homme qui s’imagine qu’il n’a pas besoin de tels intermédiaires sensibles pour imprimer dans son esprit le sens de l’attention bienveillante et de l’omniprésence de Dieu.
1 Extrait de The Christian Philosopher, or The connection of Science and Philosophywith Religion(10th Edition, 1846, vol Ier, p. 128-134). Ce passage est tiré d’une édition « revue et très augmentée » de 645 pages ; la princeps datant de 1823. Les commentaires en note sont d’Antony NEVARD, qui a reproduit ce texte dans la revue Daylight (n°56, février 2017). Aimablement traduit par Claude Eon.
2 Le Révérend Thomas DICK (1774-1857), docteur en Droit, fut un pasteur de l’Église presbytérienne d’Écosse, professeur de science et écrivain, connu pour ses travaux en astronomie et en philosophie pratique, combinant science et christianisme et plaidant pour une harmonie entre les deux. Ses œuvres furent très lues et il influença notamment David Livingstone, en tant qu' »abolitionniste » (de l’esclavage).
3 L’auteur développe ici un argument qui résulte logiquement de la vision d’athées comme Richard DAWKINS, décrivant le Dieu de l’Ancien Testament comme un « tyran malveillant » (et de nombreuses autres épithètes) dans son livre The God Delusion [Londres, Black Swan, 2007, p. 51]. DAWKINS reconnaît bien « l’apparence de dessein » dans la nature, mais il l’attribue au hasard et à la sélection naturelle. Bien que ces processus se produisent, ils ne peuvent pas expliquer l’existence et l’architecture du monde ; un Créateur existe et Il doit être bon.
4 Ndlr. N’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui avec les épineuses questions du partage des eaux de l’Euphrate, du Jourdain ou du Nil ?
5 Le problème du mal dans le monde n’est pas un problème secondaire, mais le christianisme lui apporte une réponse. Cela dépend de l’acceptation du Péché originel, mais les évolutionnistes rejettent la création d’Adam et Ève. Dick traite longuement cette question et la résume comme suit : « La circonstance que l’homme est une créature déchue semble être le seul indice pour nous guider dans l’explication des mystères de la Providence et pour nous permettre de voir l’harmonie et la cohérence des actes divins dans le système de la nature ; aucune autre considération n’expliquera complètement les désordres existant dans l’économie présente de notre monde » (ibid., vol. II, p. 263).
6 NdT : Paley regardait Dieu comme la source de la téléologie qui existe dans le monde naturel. Mais, à la différence d’Aristote et de saint Thomas, il ne voyait pas les causes finales comme immanentes ou intrinsèques au monde, mais plutôt comme entièrement extrinsèques. Pour Paley, ce n’est pas qua naturalis (« par sa nature même ») qu’un objet naturel manifeste la téléologie. Ce sont seulement les objets dont la complexité est si grande (une montre) qu’il est peu probable qu’ils aient pu venir au monde sans l’intervention d’une intelligence comme la nôtre, et même là encore plutôt comme probabilité que par nécessité métaphysique. La source est chez Ockham, qui niait que l’on pût démontrer par la raison que les causes finales existent dans les objets naturels non-rationnels.
7 William PALEY (1743-1805), Moral Philosophy, Livre II, chap. V.