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Par Owen Hugh
Tall el-Hamman : le site probable de Sodome et Gomorrhe1
Hugh Owen2
Résumé : À l’Université Trinity Southwest, à Albuquerque, une équipe d’archéologues fouille depuis des années sur le site de Tall el-Hamman, près du Jourdain au nord de la mer Morte, en Palestine. Cet article restitue une rencontre entre le Dr Steven Collins, doyen de l’École d’archéologie, et l’auteur, avec les réflexions qu’en tire ce dernier, en tenant compte d’un très long article collectif publié par Nature en 2021. Le site de Tall el-Hamman [abrégé en TeH] est daté du Bronze moyen et cadre étonnamment avec les données bibliques sur Sodome. TeH comportait d’épaisses murailles extérieures et un puissant palais de 52 m par 27 m et haut de 15 m. Or les briques crues ont été fragmentées et éparpillées – et de même les ossements – par un événement qui évoque en tous points le châtiment de Sodome. La température dut dépasser 2 000 degrés C et il s’ensuivit le dépeuplement de toute la région durant 300 ans. S’il est tentant d’identifier ce site avec Sodome, il importe surtout de méditer sur les causes du châtiment, redevenues très actuelles.
Il y a quelques années, lorsque nous fûmes invités à donner un séminaire Kolbe à Albuquerque, au Nouveau Mexique, j’eus le privilège de rencontrer le Dr Steven Collins, doyen du Collège d’archéologie de l’Université Trinity Southwest, à Albuquerque, au Nouveau Mexique. Il fouille depuis de nombreuses années sur le site archéologique de Tall el-Hamman (TeH en abrégé). Selon l’auteur et chercheur Jonathan Sassen : « Le Dr Collins a collaboré avec un large éventail d’experts scientifiques issus de divers domaines et utilisant les techniques les plus avancées pour dresser un tableau complet du sort de TeH.
Ses résultats ont été récemment publiés dans la prestigieuse revue scientifique Nature3. »
Cet article de 64 pages contient une affirmation hautement crédible et des plus étonnantes. TeH est situé dans la vallée du Jourdain, près de la mer Morte, et le site remonte à l’âge du bronze moyen. C’est précisément l’époque et l’endroit où l’on s’attendrait à trouver les ruines de la Sodome biblique. Chose incroyable, la ville mise au jour à TeH a été détruite lors d’un événement unique qui semble correspondre au récit biblique de la ruine de Sodome. Le Texte sacré décrit Sodome, Gomorrhe et les environs comme ayant été renversés en même temps par un acte de Dieu – une pluie catastrophique de feu et de soufre. Seuls Lot et ses deux filles en réchappèrent.
Dans la Genèse, nous apprenons qu’Abraham et son neveu Lot avaient dressé leurs tentes entre Béthel et Aï, au nord de Jérusalem (Gn 13, 3). Comme leurs bergers ne s’entendaient pas, Abraham proposa à Lot de se séparer et de trouver un autre endroit où vivre. C’est à ce moment-là que la Torah précise : « Lot leva les yeux et vit toute la plaine du Jourdain, entièrement arrosée, avant que YHWH ne détruise Sodome et Gomorrhe, semblable à un jardin de YHWH, comme le pays d’Égypte, et s’étendant jusqu’à Tsoar » (Gn 13, 10). Voici comment le Dr Collins décrit la plaine située au nord de la mer Morte et traversée par le Jourdain : « Située dans une région généralement aride, la vallée du Jourdain est l’une des zones les mieux arrosées de tout le sud du Levant (Jordanie, Israël et Palestine). Outre les nombreuses sources créées par le dégorgement de l’aquifère transjordanien, la région présentait des conditions hydrologiques propices à l’habitat humain assez semblables à celles de la région du delta du Nil, également bordée par un terrain aride. Pendant le pic d’occupation de l’âge du Bronze moyen, on estime qu’au moins 50 000 personnes occupaient trois villes principales, ainsi que des villes satellites, des villages et des hameaux répartis sur environ 400 km2 du Kikkar oriental. TeH était la plus grande ville, située sur une colline avec une vue dominant sur toute la plaine… À cette époque, elle était dix fois plus grande que Jérusalem et cinq fois plus grande que Jéricho. »
Les fouilles menées par le Dr Collins dans cette ville du Bronze moyen ont permis d’établir qu’elle fut portée à haute température. On a trouvé du carbone semblable à du diamant, des matériaux de construction fondus, de la poterie fondue, des briques d’argile fondues, du quartz choqué à haute pression, des minéraux fondus à haute température, des pépites d’iridium fondues et de nombreux autres métaux dans du verre fondu. Tous ces éléments montrent qu’ils furent soumis à des températures supérieures à 1 300°C, avec une brève exposition à des températures aussi élevées que 2 500°C, le point de fusion de l’iridium.
Ces températures sont bien supérieures à ce que pouvait produire un feu d’origine humaine à l’époque, et il n’y a pas de volcans dans la région. En fait, le verre fondu ressemble à celui produit sur du sable par une explosion atomique. Un autre indice majeur est que les éclats principalement en fer trouvés à TeH correspondent à certains types de météorites. Il n’y a cependant aucun indice de cratère de météorite dans la plaine de Jordanie. Alors que s’est-il passé ?

Fig. 1 : Le Dr Steven Collins
En étudiant attentivement les fondations de la ville, le Dr Collins a pu en établir la description suivante. TeH comportait une ville basse entourée d’un mur de défense et, à l’intérieur, une colline de 33 mètres de haut.
Sur cette colline se trouvait la ville haute, avec ses maisons et son palais. La colline possédait de formidables défenses protégeant le palais : un rempart, un mur et une porte monumentale. Le rempart était construit à partir de millions de briques de boue et avait une épaisseur de 30 mètres à la base et de 7 à 8 mètres au sommet, soit une largeur suffisante pour des patrouilles armées. Un mur défensif de 4 mètres d’épaisseur en briques crues sur des fondations en pierre, avec des tours, bordait le bord extérieur au sommet du rempart. L’imposant complexe palatial possédait autrefois des murs d’une épaisseur de 1 à 2,2 mètres, atteignant probablement 11 à 15 mètres de haut, et un mur de 2,2 mètres d’épaisseur séparait la plate-forme surélevée du palais du reste de la ville haute. Le complexe palatial de 4 à 5 étages sur une base d’environ 52 m × 27 m, dont les superstructures massives sont faites de briques crues séchées au soleil, s’élevait entre 11 et 15 mètres au-dessus du sommet du rempart d’enceinte. Il n’est pas étonnant que les gendres de Lot, les promis de ses filles dans la ville, se soient moqués de lui lorsqu’il leur a annoncé que le palais allait être détruit ! (Gn 19,14).
Aujourd’hui, il ne reste presque plus de briques de terre sur les fondations en pierre. Tous les murs semblent avoir été cisaillés presque au même niveau que le sommet des fondations des murs de la ville haute. Il n’y a aucune trace d’effondrement des murs dans l’ensemble de la ville. Il n’y a pratiquement nulle part de briques crues entières visibles, mais plutôt de petits fragments de briques éparpillés au hasard dans une couche de gravats enchevêtrés de 1,5 m d’épaisseur. Il semble que la plupart des briques ont été pulvérisées et emportées par le vent vers le nord-est. Des millions de briques crues ont disparu.
La plupart des ossements trouvés ont été réduits en petits morceaux et mélangés à une matrice de briques de boue pulvérisées. Les individus représentés par les ossements ont été violemment déchiquetés par une puissante explosion, ne laissant que quelques os de mains et de pieds encore articulés et intacts.
Les circonstances, l’état des os et des fragments humains suggèrent qu’au moment de leur mort, lorsqu’ils furent frappés, ces individus vaquaient à leurs activités normales.
Les trois plus grandes villes du sud de la vallée du Jourdain, TeH, Jéricho et Tall Nimrin, ont été brûlées et détruites simultanément.
La couche de destruction est marquée par des concentrations de sel anormalement élevées. Les archéologues qui ont fouillé les sites avoisinants ont noté ce qu’ils appellent la « lacune de l’âge du Bronze tardif », au cours de laquelle environ 16 villes et villages, dont TeH, et plus de 100 villages plus petits ont été abandonnés dans la vallée du Jourdain inférieur, qui s’étend sur 30 km de large. Cet abandon s’est poursuivi pendant toute la fin de l’âge du Bronze et la majeure partie du début de l’âge du Fer. On estime que les niveaux de population ont chuté de 45 000 à 60 000 personnes et que seules quelques centaines de tribus nomades habitaient la région à la suite de cet événement destructeur. Pour TeH, cette lacune d’occupation est de plus de 600 ans. Dans la région de Jéricho, dans le sud-ouest de la vallée du Jourdain, les données archéologiques indiquent une interruption d’environ 300 ans. Il semble donc qu’il s’agisse d’une catastrophe régionale ayant mis fin à la civilisation, en dépeuplant plus de 500 km2 du sud de la vallée du Jourdain pendant 3 à 7 siècles.

Fig. 2. La destruction de Sodome et Gomorrhe.
Ces conclusions trouvent un écho dans ces paroles de la Torah :
« YHWH fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu, de la part de YHWH, du haut des cieux. Il renversa ces villes et toute la plaine, tous les habitants des villes et la végétation du sol » (Gn 19, 24-25).
« Le soufre et le sel ont brûlé toute sa terre ! Elle ne peut être ensemencée, elle ne peut croître, aucune herbe n’y pousse. C’est comme le renversement de Sodome, de Gomorrhe, d’Adma et de Tseboïm, que le Seigneur a renversées dans sa fureur et dans sa rage » (Dt 29, 22).
Tout cela peut s’expliquer par un événement unique : une explosion cosmique.
Il existe deux types d’objets qui heurtent occasionnellement notre globe. Les plus courants sont les météorites pierreuses ou métalliques. La grande majorité d’entre elles sont petites et se consument dans l’atmosphère. De temps en temps, l’une d’entre elles est assez grosse pour atteindre la terre et, tous les quelques milliers d’années en moyenne, une est assez grosse pour causer beaucoup de dégâts et laisser un cratère. Il est très rare que la Terre soit frappée par une comète. Les comètes sont décrites comme des boules de neige sales mal attachées les unes aux autres. Elles sont principalement composées de glace et de nombreux cailloux. En général, les objets frappent notre planète en se déplaçant à des vitesses incroyables : des dizaines de milliers de kilomètres par heure. La chaleur intense et les turbulences générées par la friction avec l’atmosphère à ces vitesses brisent rapidement la comète et vaporisent la glace. Lorsqu’un solide se transforme très rapidement en gaz, on parle d’explosion. Lorsqu’une comète explose dans l’atmosphère, on parle d’explosion cosmique.
Toutes les données suggèrent qu’une explosion cosmique s’est produite à quelques kilomètres au sud-ouest de Tall el-Hammam, provoquant, en succession rapide, une impulsion thermique à haute température provenant de la boule de feu qui a fait fondre tous les matériaux exposés.
Cette impulsion a été suivie d’une onde de souffle à haute température et hypervéloce qui a démoli et pulvérisé tout ce qui se trouvait dans la ville, et l’a entièrement rasée.
Le Dr Collins suppose qu’au même moment, l’explosion au-dessus de la mer Morte – dont la teneur en sel est d’environ 34 % en poids – a pu projeter dans l’atmosphère de grandes quantités d’eau hypersaline qui sont retombées sur la vallée inférieure du Jourdain. Au bout de 300 à 600 ans, les fortes concentrations de sel furent suffisamment lessivées du sol contaminé pour permettre le retour de l’agriculture.
Les découvertes archéologiques et la modélisation de l’explosion nous donnent une bonne description de ce qui s’est probablement passé ce jour-là. Christopher R. Moore, archéologue et directeur des projets spéciaux au Savannah River Archaeological Research Program et au South Carolina Institute for Archaeology and Anthropology, à l’université de Caroline du Sud, décrit la situation comme suit dans son article :
« Un rocher spatial géant a démoli une ancienne ville du Proche-Orient et tous ses habitants, inspirant peut-être l’histoire biblique de Sodome. Un rocher de 75 mètres de diamètre explosa, formant une énorme boule de feu à environ 4 000 mètres au-dessus du sol, provoquant une explosion environ 1 000 fois plus puissante que la bombe atomique d’Hiroshima. La température de l’air dépassa les 3 600 degrés Fahrenheit (2 000 degrés Celsius). Tout s’enflamma ou fondit.
Quelques secondes plus tard, une énorme onde de choc s’abattit sur la ville, démolissant tous les bâtiments. Se déplaçant à environ 1 200 km/h, elle était plus puissante que la pire tornade jamais enregistrée. Le palais de quatre étages fut cisaillé sur ses 12 mètres supérieurs et les débris furent projetés dans la vallée voisine. L’onde de choc d’une explosion aérienne ou d’un impact, qui s’étend jusqu’au sol et se charge de projectilesà grande vitesse, notamment de sable, de gravier, de briques pulvérisées, de fragments de plâtre, de tessons de poterie, de branches cassées et de bois de charpente brisé. Ces projectiles brûlants incinéreraient et dépouilleraient toutes les chairs et broieraient tous les os.
Le taux de mortalité humaine à TeH fut de 100%, les corps des hommes et des animaux furent déchiquetés et leurs os réduits en petits fragments. »
Il n’est pas surprenant que les filles de Lot, cachées dans une grotte, aient pensé que le monde était désormais inhabité. La fumée pouvait même être vue à plus de 60 km de là, près d’Hébron :
« Abraham se leva de bon matin pour se rendre à l’endroit où il s’était tenu devant le Seigneur. Il regarda la face de Sodome et de Gomorrhe et toute la face du pays de la plaine ; il vit, et voici, la fumée de la terre s’élevait comme la fumée d’une fournaise » (Gn 19, 27-28).
Le Dr Collins a gentiment accepté de me rencontrer alors que j’étais à Albuquerque pour notre séminaire, et nous avons discuté des preuves de son hypothèse selon laquelle TeH était bien le site de Sodome et Gomorrhe. Au cours de notre conversation, il m’a également fait part du fait que ses collègues et lui-même avaient recueilli de nombreuses preuves archéologiques montrant qu’avant la destruction de la ville, une culture de la pédophilie s’était développée, normalisant les relations perverses entre les hommes et les garçons. Les développements survenus dans le monde occidental, au cours des quelques années qui se sont écoulées depuis ma rencontre avec le Dr Collins et qui ont largement contribué à promouvoir une telle culture perverse dans notre propre société, donnent à réfléchir. Durant ce temps, les écoles publiques, l’industrie du divertissement, les bibliothèques publiques et les médias ont tous conspiré pour sexualiser les jeunes enfants et pour désensibiliser le public à l’horreur du vice contre nature et à la séduction des enfants dans la perversion sexuelle.

Fig. 3. Saint Paul.
Il serait bon que tous les catholiques méditent la description que fait Moïse de la destruction de Sodome et Gomorrhe, afin d’être plus déterminés encore à lutter contre ces abominations. Dans son Épître aux Romains, saint Paul nous rappelle que ce ne sont pas seulement ceux qui pratiquent les perversions qui courent à la destruction, mais aussi ceux qui « approuvent ceux qui les pratiquent » :
« Car la colère de Dieu se révèle du haut des cieux contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent captive la vérité de Dieu par l’injustice : car ce qui est connu de Dieu est manifesté en eux. Car Dieu le leur a manifesté. Car les perfections invisibles de Dieu, depuis la création du monde, sont rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres : son éternelle puissance et sa divinité. Ils sont donc inexcusables puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est obscurci. Car, se prétendant sages, ils sont devenus insensés. Ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en une image d’homme corruptible, d’oiseaux, de quadrupèdes et de reptiles.
C’est pourquoi Dieu les a livrés aux désirs de leur cœur, à l’impureté, pour qu’ils déshonorent entre eux leurs propres corps. Ils ont échangé le Dieu véritable pour le mensonge, et ils ont adoré et servi la créature plutôt que le Créateur, lequel est béni éternellement. Amen !
C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions honteuses. Car leurs femmes ont changé l’usage naturel en un usage contraire à la nature. Et de même, les hommes, abandonnant l’usage naturel des femmes, se sont enflammés dans leurs convoitises, les uns envers les autres, hommes avec hommes, pratiquant l’impureté et recevant en eux-mêmes le juste salaire de leur égarement.
Et comme ils n’ont pas voulu connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens pervers, pour qu’ils fassent ce qui n’est pas convenable, remplis de toute iniquité, de malice, d’impudicité, d’avarice, de méchanceté, pleins d’envie, de meurtre, de querelle, de tromperie, de malignité, chuchoteurs, détracteurs, haineux envers Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, inventeurs de choses mauvaises, désobéissants à leurs parents, insensés, dissolus, sans affection, sans fidélité, sans miséricorde. Qui, ayant connu la Justice de Dieu, n’a pas compris que ceux qui font de telles choses sont dignes de la mort, et non seulement ceux qui les font, mais encore ceux qui approuvent ceux qui les font » (Rm 1,19-32).
Par les prières de la Mère de Dieu, que le Saint-Esprit nous accorde la grâce de rester purs et de protéger la pureté de tous les enfants !
1 Repris du Kolbe Report du 25 février 2023.
2 Hugh Owen est le directeur du Kolbe Center for the study of Creation, à Mount Jackson (États-Unis, Virginie).
3 Ted E. BUNCH, Malcolm A. LECOMPTE, A. Victor ADEDEJI, James H. WITTKE, T. David BURLEIGH, Robert E. HERMES, Charles MOONEY, Dale BATCHELOR, Wendy S. WOLBACH, Joel KATHAN, Gunther KLETETSCHKA, Mark C. L. PATTERSON, Edward C. SWINDEL, Timothy WITWER, George A. HOWARD, Siddhartha MITRA, Christopher R. MOORE, Kurt LANGWORTHY, James P. KENNETT, Allen WEST & Phillip J. SILVIA, « A Tunguska sized airburst destroyed Tall el-Hammam, a Middle Bronze Age city in the Jordan Valley near the dead Sea, », Nature, Scientific Reports vol. 11, art. n°18 632, 20 septembre 2021.