Pourquoi les datations de Cro-Magnon sont fausses

Par le Dr Pierre-Florent Hautvilliers

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Les dessous de la préhistoire

Résumé : L’époque préhistorique de Cro-Magnon est donnée entre 35 000 et 8000 ans avant Jésus-Christ. Cette civilisation a prédominé dans le Périgord. De nombreuses traces ont été laissées, en particulier des sculptures en bas-relief et des peintures pariétales dont celles de Lascaux qui sont les plus connues. L’examen attentif des sculptures montre qu’il est impossible qu’elles puissent être aussi anciennes. Cette constatation entre ainsi en contradiction avec les datations admises et permet de reposer à elle seule toute la datation de Cro-Magnon.

La région des Eyzies-de-Tayac dans le Périgord mérite bien son titre de capitale mondiale de la préhistoire, titre justifié par une concentration exceptionnelle de sites et de gisements préhistoriques. Parmi les plus célèbres, citons les grottes ornées de Lascaux.

Ce que l’on sait peut-être moins, c’est la présence de sculptures bas-relief dans des abris sous roche et dans des grottes. Il nous a paru intéressant d’examiner ces sites.

Vieilles de 150.000 et 23.000 ans, ces œuvres pariétales ont été exécutées par des artistes au cours de la dernière glaciation (Würm IV) que l’on situe habituellement entre 23.000 et 12.000 ans avant Jésus-Christ avec son pic maximum vers -16.000. Cela signifie que les températures étaient inférieures de 7 à 14 ° moyenne à celles de notre époque, ces estimations étant basées sur l’analyse des pollens.

Nous avons retenu quatre sites représentatifs des gravures et sculptures qui nous intéressent : l’abri Pataud, l’abri du Cap Blanc, la Grotte de Saint Cirq et l’abri de Castel-Merle. La pierre de cette région est calcaire (crétacé supérieur).

1) L’abri Pataud

Situé dans une falaise de la rive gauche de la Vézère, aux Eyzies, et face à l’Ouest, cet abri fait partie d’une succession d’abris sous-roche qui auraient été occupés depuis l’Aurignacien (-30.000 ans). Les premières fouilles commencées au début du XXème siècle par Otto Hauser, allemand d’origine suisse et marchand d’antiquités préhistoriques, furent reprises avec méthodes, de 1958 à 1964, par le professeur Movius, de l’Université de Harvard aux USA. Devenu propriété du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, l’abri Pataud a été aménagé en un musée exemplaire composé d’un gisement avec deux coupes stratigraphiques (abri Pataud) et d’un petit musée proprement dit avec diverses pièces intéressantes (abri Movius).

C’est à l’occasion du déblaiement de ce dernier abri, profond d’environ cinq mètres, en 1986 que fut dégagé une sculpture bas-relief d’un bouquetin long d’environ 0,60 mètre que l’on peut admirer en visitant le musée. L’analyse stylistique le date avec certitude à la fin du Solutréen, c’est à dire en 17.000 avant Jésus-Christ.

Cette sculpture se situe sur le plafond de la voûte, à exactement 1 mètre du bord extérieur actuel. C’est dire que lors de l’occupation préhistorique, en dehors d’une protection sommaire peut-être à l’aide de branchages, ce bas-relief a été fortement exposé aux intempéries humides car la situation géographique de la falaise où il se situe est orientée vers l’ouest. Cependant, son état de conservation demeure exceptionnel, même si l’on sait que cet abri sous-roche a été muré au Moyen-Age pour servir de dépendance à la ferme qui occupait les lieux.

Lorsque, cet abri a été désaffecté, les intempéries climatiques et les pluies ont provoqué de petits glissements de terre et de boue provenant du sommet de la falaise ainsi que des éclatements par le gel de la surface de la paroi de la falaise qui le surplombe.

De la sorte, au fil des siècles, l’abri s’est vu à moitié comblé, laissant à l’air libre la partie de la voûte qui comprenait la sculpture. Le bouquetin s’est couvert d’un calcin gris et le mauvais angle de vision lié au comblement de l’abri le rendaient presque invisible.

Ce bouquetin eut donc à subir les intempéries, l’eau et le gel, dans des conditions relativement peu protégées, son état de conservation en est d’autant plus remarquable.

2) L’abri du Cap Blanc

Cet abri, situé à 7 km des Eyzies dans la vallée de la Grande Beune, -gros ruisseau se jetant dans le Vézère- se trouve orienté vers le Sud. Sa profondeur n’excède pas deux mètres.

Le site fut découvert accidentellement en 1909 à la suite de fouilles commandées par le docteur Lalanne, de Bordeaux, qui finançait une équipe de maçons. A l’aide de pelles et de pioches, ils creusaient les sites estimés préhistoriques, à la recherche de beaux silex.

Un bas-relief de 14 mètres de long, sculpté sur 20 cm d’épaisseur, fut mis à jour dans cet abri. Il représente des chevaux dont certains dépassent deux mètres de longueur ainsi que des bisons et des rennes. L’abri était comblé aux trois-quarts, c’est à dire que la frise était à peine à demi recouverte du comblement de terre et de débris de roche provenant du haut de la falaise. Curieusement, c’est la partie recouverte qui a la plus souffert ; ainsi les pattes des chevaux se trouvent détruites à plus de 50 % de leur épaisseur, à cause des remontées d’humidité provenant du sol. La partie supérieure du relief, non enfouie, présente un état de conservation étonnant. Notons également la présence intacte d’un anneau de suspension taillé dans la masse.

Son exposition est en plein sud, c’est à dire face au soleil mais aussi à la pluie (comme pour le bouquetin de l’abri Pataud), car les pluies arrivent toujours ici par le sud-ouest. Etant ouvert et à demi comblé, l’abri n’offrait aucune protection efficace contre le gel et la pluie.

Ce site a été classé au Magdalénien moyen, c’est à dire environ 13.000 ans avant notre ère.

3) Grotte de Saint Cirq

Située sur le flanc d’une falaise le niveau du sol de la  grotte a été baissé de deux mètres afin de servir de fond d’habitation au Moyen-Age. L’entrée présente immédiatement un ensemble en bon état de 4 chevaux et un bison gravés en bas-relief de style III (Solutréen final et Magdalénien ancienépoque de Lascaux), daté de 17.000 à 20.000 ans. L’ensemble du plafond de l’arrière salle de la grotte présente, dans un mauvais état de conservation des signes, un cheval et 3 personnages gravés, le tout daté du style IV, de 15.000 à 17.000 ans (Magdalénien moyen).

L’entrée de la grotte fait suite à un ensemble d’abris sous roche encore habités.

Mais le fait étonnant réside dans le deuxième animal, à un mètre de l’entrée. Non seulement il n’a pas été détérioré par le gel mais il s’est recouvert en partie de filets de calcite épais d’un centimètre, produits par l’écoulement régulier d’eau par infiltration. La grotte est en effet humide, des moisissures s’y développent et les simples gravures du fond sont très détériorées par le salpêtre.

L’ouverture de la grotte est orientée vers le sud, ce qui permet à la végétation locale d’être luxuriante car l’eau est très présente dans ce bas de falaise bien protégée du nord.

4) Abri de Castel-Merle

Fouillé en 1898, l’abri sous roche Reverdit, du site de Castel-Merle, livre deux sortes de sculptures magdaléniennes. La première provient du bord extérieur, là où l’abri s’est effondré miné par le gel. La deuxième, composée d’une frise de bisons avec un cheval, se situe au fond de ce même abri, à trois mètres du bord extérieur actuel, et sa sculpture se trouve assez détériorée. La petite falaise de cet abri fait face à l’Est sur le flanc d’un vallon humide à quelques dizaines de mètres du cours de la Vézère. Curieusement, c’est la partie détachée de l’abri, retrouvée enfoncée dans le sol, qui a été le mieux conservée, ici protégée par l’ enfouissement.

En revanche, la partie sculptée du fond de l’abri s’est trouvée très détériorée, à un point tel que les bas-reliefs en sont à peine visibles ; la forte humidité et l’insuffisance de profondeur de l’abri exposé vers l’est, malgré une relative protection offerte par l’étroitesse de cette vallée, en sont les causes.

Discussion

1 – Le problème posé par la climatologie.

Le climat hivernal actuel dans le Périgord est humide et le gel n’est pas une exception. La pierre calcaire est alors soumise à des agressions propices à sa dégradation. Cela se vérifie sur les parois des falaises sous lesquelles se situent les abris, qui se desquament par plaques superficielles de plusieurs centimètres d’épaisseur, ainsi que sur les bâtiments anciens de la région construits avec des pierres de même nature. Les sculptures décoratives extérieures des châteaux et des églises de l’époque Renaissance se sont fortement dégradées : certaines remontant au XVIème siècle sont presque totalement détruites par l’érosion et le gel.1

A partir de ce constat très simple, on ne peut qu’être étonné du bon état de sculptures bas-reliefs préhistoriques qui, selon la paléoclimatologie auraient été réalisées en pleine ère glaciaire, alors que les sculptures réalisées ces derniers siècles remontent à une période de réchauffement.

2 – Le problème posé par l’abri de la Roque Saint- Christophe

Cet abri se situe face au nord, dans le même couche rocheuses que l’abri de Pataud et celui de Castel-Merle le long de la rive gauche de la Vézère, à mi-chemin entre les deux sites.

Long de cinq cent mètres sur plusieurs étages, c’est le plus grand d’Europe. Il a toujours été occupé depuis les temps les plus anciens, du paléolithique à 1588. Fort d’une centaine de maisons semi-troglodytiques à son apogée, de la période gauloise à la Guerre de Cent ans où il devint forteresse anglaise. Devenu refuge des Huguenots, il fut détruit par ordre du roi en 1588. Depuis cette époque, il n’a plus été habité et la roche n’est plus protégée par les façades des maisons et les bardages de bois. Depuis plus de quatre siècles, la roche est donc exposée aux intempéries.

S’il est parfois difficile d’évaluer les époques précises auxquelles ont été effectués les diverses retailles de la roche depuis le néolithique, en revanche on est certain que celles de la chapelle et les sculptures chrétiennes ne sont pas antérieures à dix siècles. Cette chapelle donne de bonnes indications sur la vitesse de dégradation du site. Les sculptures et une bonne partie des retailles sont abîmées ou disparues et certains des anneaux de suspension creusés dans la masse sont complètement dégradés alors que celui de Cap Blanc est intact. Le fond et le plafond de certains abris, en particulier celui de la chapelle qui semble avoir été retouché pour présenter une surface assez plate, voient des plaques de plusieurs centimètres d’épaisseur se détacher régulièrement depuis 400 ans, les dernières sont tombées dans l’hiver 94-95 et représentent plusieurs mètres carrés. Il est évident que si ce site avait présenté des bas-reliefs sculptés avant 1588, ceux-ci auraient totalement disparu depuis.

Conclusion

Il ressort, de toutes ces observations, que l’état de conservation des sculptures bas-relief préhistoriques (comme historiques) dépend bien évidemment de leur exposition. Le fait d’être situées dans un abri sous-roche ne les protège que partiellement.

Cependant, on reste surpris par la fraîcheur de certaines sculptures malgré, parfois, des situations peu privilégiées. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur le fait qu’elles aient résistées 170 siècles au moins, d’autant plus que certaines étaient exposées à des infiltrations d’eaux (suffisamment longues et fréquentes pour recouvrir partiellement la sculpture d’une couche assez épaisse de calcite) et au froid.

Si des longues périodes de glaciation s’étendant sur plusieurs millénaires avaient existé comme on nous l’affirme, il est certain que la combinaison froid + eau les auraient encore plus sûrement et plus rapidement détruites que les sculptures des châteaux et des églises sous notre climat tempéré actuel. Il devient donc évident que ces sculptures ne peuvent pas être aussi vieilles qu’on le prétend (le bon sens voudrait qu’elles soient datées en milliers d’années et non en dizaines de milliers d’années) et qu’elles n’ont pas eu à subir des climats si froids qu’on puisse les qualifier de glaciations.

Il y a là une contradiction qui concerne la préhistoire, tant sur sa durée que sur son climat. Nous sommes en présence d’une antinomie, ce qui n’est pas sans poser un problème épistémologique remettant en cause et le système de datation et la définition des glaciations telles qu’elles sont présentées par la science préhistorique.


1 C’est le cas de l’église de Rouffignac, à 13 km de là, dont la restauration de la façade a commencé en 1997. Les sculptures Renaissance du porche d’entrée (Ouest) sont presque totalement détruites, exceptées celles qui avaient déjà été restaurées. Ces reliefs ont été sculptés dans la même pierre mais sont en fait plus exposés aux intempéries.

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