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Par Dominique Tassot

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Résumé : Dans la hiérarchie orthodoxe russe, certains ont pris conscience des erreurs engendrées par l’évolutionnisme et s’y opposent. Ils sont donc réticents devant l’œcuménisme avec l’Église catholique, considérant que « sans la vérité chrétienne complète » un rapprochement serait futile. Et dans la communauté scientifique russe, la peur de remettre en cause l’âge de la terre ne suffit pas à paralyser la recherche scientifique. C’est ainsi que le vice-président du CEP, Guy Berthault, vient d’être invité à présenter ses travaux dans un congrès de géologie à l’Académie des Sciences de Moscou. De même, en Pologne, le Secrétaire d’État à l’Éducation a déclaré : « Nous ne devrions pas enseigner le mensonge (de la théorie de l’Evolution) de la même manière que nous ne devrions pas enseigner le mal au lieu du bien ni le laid au lieu du beau ».Ce n’est pas un hasard si les pays qui ont repoussé le carcan idéologique du marxisme voient aujourd’hui les fruits de cette liberté intellectuelle qu’ils ont su mériter.

Dans le Cep n° 31 (p. 41) nous avions reproduit une lettre du Patriarcat de Moscou remerciant pour les contributions données par Guy Berthault et Hugh Owen (du Centre Maximilien Kolbe) aux 13èmes Conférences internationales sur l’éducation tenues en janvier 2005 à Moscou.

Sous la signature du P. Constantin Boufféiev, il s’y trouvait cette idée judicieuse méritant qu’on s’y attarde : « l’Eglise latine et certains dirigeants de l’Église Orthodoxe russe sont disposés à accepter l’idée fausse que la vie a évolué plutôt que d’avoir été créée ex-nihilo par Dieu. (…) Or sans la Vérité chrétienne complète, tous nos efforts pour établir de fructueuses relations entre l’Église Orthodoxe russe et l’Église Catholique Romaine resteront futiles ».

À la différence de la politique humaine, où les compromis peuvent dénouer les situations (la politique est « l’art du possible » !), l’œcuménisme n’a de sens qu’en référence à Jésus-Christ, étalon pratique et théorique de toute vérité.

On voit ici comment ce que nous appellerons une erreur scientifique (les millions d’années supposés), frayant le chemin à une fausse vision du monde (l’évolutionnisme), aboutit à des erreurs théologiques et fait obstacle à la nécessaire unité entre les disciples de Jésus-Christ.

Mais les erreurs scientifiques ont sur les erreurs théologiques un grand avantage : leur durée de vie est limitée ! Un jour ou l’autre, il faut bien que la leçon des faits finisse par porter.

C’est ce que le P. Boufféiev, par ailleurs Docteur en géologie, a bien vu dans l’approche expérimentale proposée à sa discipline par Guy Berthault1. Et c’est tout l’intérêt des travaux conduits sur cette base par Alexandre Lalomov, chef du Groupe des dépôts minéraux à l’Académie des Sciences de Moscou. On se souviendra longtemps d’une anecdote racontée lors de sa conférence au colloque du CEP à Angers,  en septembre 2005. Il s’agissait de nodules de ferromanganèse, ces boules minérales qui grossissent en attirant les éléments métalliques dissous dans l’eau.

Dans un gisement supposé vieux de plusieurs centaines de milliers d’années, Vladimir Zhamoïda trouva en brisant un nodule la capsule d’une bouteille de bière finlandaise de marque Karjala. C’est dire que la chronologie peut être sérieusement révisée ! C’est aussi constater que la croissance des nodules est bien plus rapide qu’on ne l’avait estimée, qu’il s’agit donc d’un minerai « renouvelable », ce qui porte à conséquences en économie et en écologie autant et plus qu’en géologie.

Le P. Boufféiev, qui suit de près les travaux de l’équipe Lalomov, est chargé par le Patriarche Alexis II d’accompagner les familles orthodoxes qui, à Moscou et ailleurs, contestent l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les écoles. Dans le même esprit, dans la catholique Pologne, le 14 octobre dernier, le Secrétaire d’État à l’Éducation, Miroslav Orzechowski, déclarait : « La théorie de l’Evolution est un mensonge, une erreur, mais à laquelle nous avons donné force de loi comme à une vérité ordinaire.

Nous ne devrions pas enseigner le mensonge, de la même manière que nous devrions pas enseigner le mal au lieu du bien, ni le laid au lieu du beau. »

Il se faisait ainsi l’écho d’une audition tenue le 11 au Parlement Européen à Bruxelles sur le thème : L’Évolution et l’enseignement.

Le député Maciej Giertych, de la Ligue des Familles Polonaises, avait demandé à trois experts de présenter leurs conclusions. Le Pr Giertych, naguère généticien spécialiste de dendrologie à l’Académie des Sciences de Pologne, commençait par rappeler sa propre histoire. Il ne s’était jamais posé de questions sur la théorie de l’Évolution lors de ses études ni au cours de ses travaux portant principalement sur les arbres forestiers. Comme tout le monde, il imaginait que les preuves de l’Évolution étaient données par les fossiles, et n’avait pas cherché plus loin. Mais un jour son fils, rentrant du lycée, vint lui expliquer que c’était la génétique qui « prouvait » l’Évolution. Il fut piqué au vif : comment lui-même, spécialiste en génétique (qu’il avait enseignée à Toronto), ignorait-il que sa discipline était présentée par les évolutionnistes comme donnant la preuve qu’un être vivant peut descendre d’un être dissemblable ? Quelle absurdité ! La génétique est la science de l’hérédité. Or l’hérédité, c’est la « re-production » : la production d’un être semblable à ses ascendants. Certes la reproduction sexuée introduit une variabilité, par le jeu des gènes récessifs ou dominants, mais elle ne crée aucun gène nouveau, aucune fonction nouvelle ni aucun organe nouveau…Il en va de même pour les mutations, qui sont toujours neutres ou régressives. Certaines sélections peuvent être utiles à l’homme (comme les variétés de roses ou les chevaux de course) mais les races sélectionnées disparaissent d’elles-mêmes par le brassage du « pool » génétique, si rien n’est fait pour les préserver.

Ainsi Maciej Giertych, d’évolutionniste passif, devint-il anti-évolutionniste actif, intervenant dans les lycées et les universités (notamment à Madrid, pour les journées Tecnosciencia, en 1996). Ce 11 octobre, il mit à profit son élection au Parlement Européen pour proposer à ses collègues députés l’audition de trois experts.

Tout d’abord le Dr Hans Zillmer, paléontologiste, membre de l’Académie des Sciences de New York, très connu en Allemagne : son livre Darwins Irrtum (l’Erreur de Darwin) est traduit en 9 langues (mais pas en français !) et va connaître sa huitième édition.

Suivit l’audition de Guy Berthault, qui exposa les grandes lignes de ses découvertes. Enfin le Pr Joseph Mastropaolo (USA), professeur émérite de médecine et spécialiste de la physiologie des astronautes, présentait sa thèse : la vie « dévolue » (c’est-à-dire : l’évolution est régressive).

S’il était prévisible, vu la dépendance intellectuelle de Marx par rapport à Darwin2, que des Polonais cherchent aujourd’hui à écarter le carcan évolutionniste, cette liberté intellectuelle constatée à Moscou appelle quelques commentaires. Durant 70 ans l’intelligentsia russe sut préserver, avec l’art de lire et d’écrire entre les lignes, un petit espace de liberté face à l’idéocratie totalitaire. Le courage intellectuel ainsi déployé porte aujourd’hui ses fruits sous forme d’une ouverture d’esprit dans la recherche qui tranche avec le « scientifiquement correct » toujours en vigueur à l’Ouest. C’est ainsi que Lithology and Mineral Resource, revue de l’Académie des Sciences de Russie, a publié successivement deux articles de Guy Berthault, en 2002 et 2004.

Et tout récemment, le 7 novembre, ce dernier intervenait dans un congrès de géologie à Moscou, à l’invitation du Président Oleg Iaspaskourt.

Ce congrès à l’Institut de Géologie de l’Académie des Sciences de Russie revêt donc une importance toute particulière : deux communications touchaient à la mise en question des durées admises en géologie.

Celle de Guy Berthault (reprenant et actualisant l’article publié dans Le Cep N° 4), complétée par une intervention au banquet de clôture le 9 novembre ; celle de Mikhail P. Platonov,  Professeur de Lithologie à l’Université de Saint- Pétersbourg, présentant l’étude réalisée depuis deux ans avec Alexandre Lalomov et Marina A. Tugarova sur le bassin sédimentaire de Saint-Pétersbourg.

Référence y était faite à un pré-rapport des ingénieurs A.B. Veksler et V.M. Donenberg, de l’Institut de Recherche en Ingénierie Hydraulique de Saint-Pétersbourg (où se calculent les barrages et les canaux pour toute la Russie).

Cet institut, qui tient plus d’une usine que d’un laboratoire, peut réaliser des courants d’eau très rapides : jusqu’à 18 mètres par seconde (65 km/h). Or l’érosion des roches sédimentaires, qui commence à 2 m/s pour les argiles et 2,5 m/s pour les calcaires, varie avec l’épaisseur du courant et, bien entendu, avec la cohésion des matériaux érodés.

Le 10 novembre, à Saint-Pétersbourg, la pré-étude bibliographique réalisée par A.B. Veksler et V.M. Donenberg permit à Guy Berthault de convaincre le Directeur de l’Institut d’Hydrologie d’entreprendre un programme de recherches de deux ans en vue d’expérimenter sur l’érosion des roches et des sols, ce qui permettrait de modéliser l’ensemble des processus « paléohydrauliques » ayant formé les roches sédimentaires actuelles (érosion → transport → dépôt).

On mesure toute l’importance de cette avancée pour la science. Jusqu’à présent, l’histoire de la terre s’est fondée sur des interprétations. Depuis Nicolas Sténon (1638-1686), on a d’abord interprété les strates superposées comme des couches successives ; puis on a interprété chaque strate comme le dépôt laissé par une transgression marine ; enfin on a estimé les intervalles séparant ces transgressions en interprétant certaines variations dans les coquillages fossiles superposés comme une « évolution » chronologique des mollusques. Cet enchaînement d’interprétations hypothétiques, permettant de transformer une variation verticale (dans l’espace) en progression biologique (dans le temps), est un véritable « château de cartes », puisqu’à aucune de ses étapes l’hypothèse faite n’a reçu de confirmation directe.

Nul besoin d’une grande perspicacité pour mesurer la gratuité de telles suppositions.

Quant aux datations par les radio-éléments, qui seraient venues confirmer les ères géologiques, on se contentera de remarquer :

  1. qu’elles ne s’appliquent pas aux roches sédimentaires ;
  2. que leurs coefficients ont été choisis pour se caler sur les datations stratigraphiques ;
  3. qu’elles donnent des résultats différents pour une même roche, ce qui suffirait à les disqualifier3 ;
  4. que la formation d’une roche volcanique consiste en refroidissement et mise à la pression atmosphérique de matériaux issus du magma. Or la décomposition radioactive est un phénomène nucléaire (concernant le noyau) présenté comme « absolu » parce qu’il n’est pas affecté par ce qui l’environne. Dans ces conditions on se demande à quel titre elle peut servir à dater une éruption. C’est comme si on prétendait dater la crevaison d’un pneu par les lois de vieillissement du caoutchouc !

Bien des considérations critiques sur l’âge de la terre ont été faites depuis des années. Mais elles n’ont guère entamé la muraille de la citadelle évolutionniste, car son ciment n’est pas la science mais l’idéologie.

Le nouveau, à l’Est, n’est pas dû à une intelligence supérieure des Slaves, ni à des dispositifs expérimentaux inédits4. C’est la dissolution du carcan idéologique qui libérera les chercheurs et leur permettra, petit à petit, à l’Ouest comme à l’Est, de se conformer à la méthode expérimentale qui exige la docilité des idées devant les faits.

Il ne s’agit pas d’un esclavage pour l’intelligence : elle reste maîtresse des hypothèses à tester. Il s’agit même et plutôt d’une victoire pour l’esprit humain : si l’homme n’est grand qu’à genoux, son esprit s’élèvera tout naturellement, s’il sait deviner, derrière les phénomènes, l’Intelligence supérieure qui en a posé les lois.

Entête de lettre

23 Novembre 2006

Cher Monsieur Berthault,

Un grand merci pour votre participation au 4ème Congrès National Russe « Processus de sédimentation : sédimentation, lithogenèse, formation des ressources minérales (évolution, caractérisation, diagnostics, modélisation) » organisé par le Comité Lithologique Interagences de l’Académie des Sciences de Russie (7-9 novembre 2006), avec votre communication Analyse des principaux principes de la stratigraphie sur la base des données expérimentales.

Vos recherches expérimentales sur les processus de sédimentation ainsi que les expériences prévues sur l’érosion des sédiments consolidés, sont appréciées par la communauté lithologique et sédimentologique russe. Nous serons heureux de connaître les résultats à venir de votre recherche et de poursuivre notre coopération scientifique.

Sincèrement,

Président du Comité d’Organisation du Congrès

Président du Comité Lithologique Interagences de l’Académie des Sciences de Russie

Chef de la Chaire de Lithologie à l’Université d’Etat de Moscou

1 Qu’il a tenu à rencontrer le 9 novembre dernier.

2 Dans une lettre au socialiste allemand Lassalle, du 16 Janvier 1861, Marx écrit : «Le livre de Darwin est très important et me sert à fonder par les sciences naturelles la lutte des classes dans l’histoire. » En clair, le marxisme se qualifiera désormais de « socialisme scientifique » parce qu’il transpose à la société des hommes cette « lutte pour l’existence » que Darwin aurait repérée dans les groupes animaux. Hitler refera cette analyse, à ceci près qu’il changera de catégorie sociale devant disparaître.  

3 Sur ces thèmes se reporter aux articles publiés dans Le Cep N° 1, 2 et 3 par M.C. van Oosterwyck, puis dans Le Cep n° 20, 28 et 29 par K. Skripko, E. Kolesnikov et J. Henry.

4 Les laboratoires d’Hydraulique de Grenoble ou le Centre EDF de Chatou seraient parfaitement équipés pour étudier l’érosion.

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