Partager la publication "L’ère du Verseau – Lion"
Par Jean-Marie Mathieu
Résumé : Dans la théologie chrétienne de l’histoire, chaque événement arrive au « temps » approprié, c’est-à-dire au moment précis choisi par le Maître du temps, dans un déroulement linéaire qui, lui-même, se décompose en plusieurs « temps ». La Genèse nous enseigne que les deux grands « luminaires » sont prédestinés à marquer les temps. Il est donc naturel de confronter les ères zodiacales avec les « temps » qui divisent l’histoire, dont trois apparaissent déjà clairement: avant la loi, sous la loi et, depuis 2 000 ans, vocation des « gentils ». A la lumière de la partition de l’histoire proposée par saint Bonaventure, l’auteur montre que l’ère du Verseau ne sera pas « post-christique », comme le croient les sectateurs du Nouvel Age, mais verra le triomphe du véritable « lion » de la tribu de Judas.
(image du berger peul avec son bâton1)
à notre chère petite sœur Germaneta2
Joseph Ratzinger, élu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI, connaît très bien la théologie de l’histoire de saint Bonaventure, ce franciscain docteur de l’Église (1221-1274), puisqu’il lui a consacré sa thèse d’habilitation en théologie il y a cinquante-deux ans. Dans cette thèse publiée en 19883, il donne le schéma suivant :
« avant la loi + sous la loi – vocation des gentils + vocation des Juifs »
Le sens principal des ‘théories’ de saint Bonaventure est déjà dégagé par là : elles sont une annonce de ce qui va venir. Car si l’appel des Juifs à l’Église du Christ se fait encore attendre, abstraction faite des témoignages de l’Écriture qui le promettent, leur venue peut se déduire de la correspondance nécessaire des Testaments. En même temps, apparaît par là l’inachèvement du temps actuel. Une fois que ce temps sera venu, s’accomplira aussi la parole d’Isaïe : « Les peuples ne lèveront plus l’épée l’un contre l’autre. » (Is 2, 4) Et Joseph Ratzinger de préciser alors: «Une nouvelle espérance messianique s’affirme ici, une espérance intérieure au monde, intérieure à l’histoire (…) Bonaventure croit en un nouveau salut dans l’histoire, à l’intérieur des limites de cet âge du monde. Ce très important changement de portée de la compréhension de l’histoire doit être considéré comme le problème central de la théologie de l’histoire de l’Hexaëmeron » (c’est-à-dire du commentaire sur les six Jours de la création).
Mettons le schéma en perspective pour mieux en apprécier la pertinence :
Ancien Testament :
* avant la loi
* sous la loi
Nouveau Testament :
* vocation des gentils
* vocation des Juifs.
Un curieux texte du Talmud de Babylone, traité Sanhédrin 97a, annonçait depuis longtemps que « le monde doit durer six mille ans ; deux mille ans de chaos, deux mille sous la Thorah et deux mille sous le Messie.» Cette Tradition se retrouve sous la plume du premier grand théologien occidental, saint Irénée de Lyon : « Si la Création a été achevée en six Jours, explique-t-il, il est clair que la consommation des choses aura lieu la six millième année.»4
Comme la Tradition fixe la durée d’un cycle zodiacal à deux mille ans, deux Jours de la grande Semaine de la création, l’ère du Verseau viendra après le Grand Jubilé que l’Église a célébré en l’an 2000. Patrick de Laubier a bien expliqué que si l’Église, Corps du Christ, doit revivre la vie de son Seigneur, « il convient pour elle de revivre ce moment privilégié [le jour des rameaux, avant la Passion] à l’intérieur de l’histoire, cet hosanna historique que nous appelons la ‘civilisation de l’amour’, ce véritable ‘dimanche des Rameaux’ qui sera rendu possible par l’unité des chrétiens, la réconciliation de l’Église et de la Synagogue, lorsque l’Évangile aura été annoncé à tous les peuples. Ainsi verra-t-on la prière de Jésus [« que ton Règne vienne ! »] exaucée, celle que les chrétiens répètent depuis des siècles sans pouvoir connaître la portée de cette extraordinaire supplication.»5
Les trois ères zodiacales de deux mille ans chacune – Taureau, Bélier et Poissons – déboucheront sur celle du Verseau.
En attribuant les quatre lettres du Nom divin YHWH à ces quatre âges du monde, se révèle le dévoilement progressif du mystère trinitaire, le plan de Dieu :
Y (Père) : ère du Taureau.
Regroupant toutes les époques antérieures, depuis nos premiers parents Adam et Ève jusqu’au patriarche hébreu Abram d’Ur en Chaldée. L’humanité s’éloigne, par orgueil, de son Créateur, le Père des cieux, et s’égare dans les cultes païens des forces de la nature, de la fécondité et de la vie symbolisées par le bovidé sacré.
Le signe zodiacal faisant face au Taureau est celui du Scorpion, animal noir, venimeux, représentant le pouvoir du mal. Dieu cependant n’abandonnera pas l’humanité aux désastreuses conséquences du péché originel, puisqu’Il conclura avec Noé et ses fils une Alliance, dont l’arc-en-ciel reste le signe cosmique le plus éclatant.
H (Esprit du Père) : ère du Bélier.
En choisissant Abraham, Dieu entre désormais dans l’histoire des hommes, grâce à l’intermédiaire d’un clan de nomades pasteurs orientaux, les Araméens, d’où surgiront les prophètes hébreux porte-parole de l’Esprit du Père – « l’Esprit du Christ » (1 P 1, 11) – , lesquels prépareront la venue du Messie Agneau sauveur.
Le signe zodiacal en vis-à-vis, la Balance, souligne combien l’Ancienne Alliance sera dominée par la rigueur de la Loi, la stricte Justice : œil pour œil, dent pour dent, mesure pour mesure, limitant heureusement la vendetta.
W (Fils) : ère des Poissons.
Lorsque les temps furent accomplis, il y a 2000 ans, le Père envoya pour vivre parmi nous son Fils, né de Marie, la Vierge de Nazareth6.
Précisément, le signe zodiacal en face des Poissons est celui de… la Vierge ! Admirons en silence cette époustouflante coïncidence. Le ‘faux pas’ des Juifs qui « refusèrent de se soumettre à la Justice de Dieu » comme dit saint Paul (Rm 1, 4) permettra aux nations de recevoir la Bonne Nouvelle du Pêcheur d’hommes.
H (Esprit du Fils) : ère du Verseau.
Le pape Jean XXIII en annonçant le concile Vatican II avait prié pour une ‘Nouvelle Pentecôte’. Depuis lors, l’Église vit une étape décisive dans son pèlerinage terrestre, qui fut marqué il y a peu par le Grand Jubilé de l’an 2000. A l’encontre de tous les pronostics humains, l’Esprit du Fils va être dé-versé sur toute chair (Joël 3, 1), afin que jaillisse la ‘civilisation de l’amour’ sur les cinq continents, dans les sept parties du monde.
Le signe zodiacal en vis-à-vis, le Lion solaire, annonce que voici venu le temps pour le peuple juif de reconnaître le Messie, le véritable « Lion de la tribu de Juda » (Ap 5, 5) : Jésus le Christ. N’en déplaise aux kabbalistes de Jérusalem ou de New York, l’ère du Verseau-Lion ne sera pas post-christique. Elle verra au contraire l’achèvement, la plénitude du christianisme, lequel, enrichi de la sève des racines de l’olivier franc pour mieux nourrir toutes les branches, portera ainsi de plus beaux fruits. Cela après d’angoissantes épreuves prophétisées par la Mère de Dieu à La Salette en 1846. Le Sacré-Cœur « régnera malgré ses ennemis » et « à la fin le Cœur Immaculé de Marie triomphera », comme il a été révélé à Paray-le-Monial en 1675 et à Fatima en 1917.
Ainsi que le notait Albert Frank-Duquesne, « l’Église catholique se refuse à spéculer vainement sur un ‘millénaire’, au cours duquel le Christ régnerait littéralement et visiblement sur terre parmi les saints déjà ressuscités des morts.
Mais elle croit, et son instinct d’Épouse ne la trompe pas, qu’avant l’ultime course à l’abîme qui doit nous chasser, nous pousser dare-dare vers le trône du Jugement, elle connaîtra des victoires dépassant de loin tous les triomphes qu’elle a remportés jusqu’à présent. De grandes nations extrême-orientales, mais aussi les plus humbles tribus d’Afrique, des deux Amériques et d’Océanie, doivent contribuer encore à la plénitude de sa catholicité. Son unité rompue, mutilée, gravement atteinte, doit être rétablie, pour qu’elle puisse adresser au monde un message qu’elle ne soit pas la première à contredire, à renier, par son existence même à l’état de disjecta membra7.»
La Révélation hébraïco-chrétienne se déploie au long de quatre ères zodiacales, condensant le cosmos tout entier : elle seule est la religion historique universelle. Et le Nom de gloire du Sauveur : Y H Sh W H, qu’elle déroule au fil des siècles, illustre que la nouvelle et éternelle Alliance est définitivement scellée dans le sang du Christ. Comme l ‘annonce prophétiquement le Psaume 47, Dieu sera à la fois le roi d’Israël et du monde. L’unique peuple élu et toutes les nations formeront ensemble le Corps de l’Église, dont le Messie Roi du ciel est la Tête.
L’Alliance noachique était la préfiguration de cette paix céleste qui régnera dès lors. Sur l’étendard de sainte Jehanne d’Arc se voyait le Christ Jhésus en gloire assis sur l’arc-en-ciel. « Celui qui siège est comme une vision de jaspe-vert ou de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. » (Ap 4, 3)
Les douze signes du zodiaque ornent la plupart des cathédrales du Moyen Âge. Le Verseau y représente le mois de janvier tout en annonçant symboliquement le futur royaume de la chevalerie célestielle sous la forme du saint Graal enfin contemplé, ce vase sacré réputé contenir les sept dons du ‘Sant Esperit’ comme disent les troubadours.
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Note. En proclamant notre foi, nous affirmons: « Credo…in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit (…) Qui locutus est per prophetas.» L’Esprit Saint ‘procède du Père et du Fils (…) Il a parlé par les prophètes.’ Selon une intuition ancienne dans l’Église, la mission des Personnes divines dans l’Histoire reflète leurs relations au sein de la Vie trinitaire. En distinguant clairement deux temps spirituels: Esprit du Père, Esprit du Fils, le duel H + H dans le Nom YHWH ne veut pas suggérer qu’il y aurait ainsi deux Esprits, non!, mais veut simplement signifier analogiquement, à nos yeux limités d’hommes mortels, que le Saint Esprit, procédant du Père et du Fils comme d’un seul Principe et par une seule spiration, a une mission duelle, puisqu’Il est le courant d’Amour qui va du Père, origine, vers le Fils, lequel à son tour renvoie ce courant d’Amour vers son Père, rebouclant ainsi le circuit éternel.
1 Couverture de la princeps de mon essai sur Les Bergers du Soleil, l’Or peul, Préface de Jean-Gaston Bardet, Président d’honneur de la Société française des urbanistes, Saint-Donat, Data Imprim’, 1988.
2 Germaine Cousin de Pibrac (1579-1601), sainte patronne des bergers et des pastourelles; un lien subtil relie la ‘Contrelittérature’ à cette petite sœur : cf. sur le blog CONTRELITTÉRATURE ‘pour le rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur’, l’article poétique d’Alain Santacreu du 14 avril 2006 : La Germaneta de la Contrelittérature.
3 La théologie de l’histoire de saint Bonaventure, trad. Robert Givord, Paris, PUF, 1988, p. 16.
4 Contre les hérésies, V, 28, 3, Paris, le Cerf, 1969, p. 359.
5 Le temps de la fin des temps ; essai sur l’eschatologie chrétienne, Préface du P. René Laurentin, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 1994, p. 139.
6 Notre Dame est représentée par la lettre hébraïque shin, Sh, symbolisant la chair, nature humaine assumée par le Verbe ; en insérant le shin, Sh, au cœur du Tétragramme YHWH, on obtient le Nom de gloire Y H Sh W H, qui nombre 10 + 5 + 21 + 6 + 5 = 47.
7 Ce qui t’attend après ta mort, ‘La vie dans l’Au-delà à la lumière de la Révélation chrétienne’, Paris, Éd. Franciscaines, 1947, p. 126.