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Par Owen Hugh

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Le miracle du Feu Sacré1

Résumé : Il est à Jérusalem, la nuit du Samedi Saint, un miracle qui se reproduit chaque année depuis le IVe siècle : dans la Basilique du Saint-Sépulcre, là où s’accomplit jadis la Résurrection, 43 lampes sont allumées par une flamme mystérieuse qui semble à la fois jaillir du tombeau et descendre du ciel. Cette « Sainte Flamme » est alors communiquée par le patriarche au clergé et aux fidèles. L’occupation musulmane n’a pas interrompu le miracle. Ainsi, en 1579, les Turcs avaient fermé l’accès à la basilique, mais la flamme sortit de la colonne bordant la porte, ce dont la pierre calcinée porte encore le témoignage. En 1971, le patriarche (orthodoxe) voulut adopter le calendrier grégorien pour le calcul de la date de Pâques, afin de la célébrer le même jour que les autres Églises. Or le miracle n’eut pas lieu, si bien que l’usage du calendrier julien fut repris dès l’année suivante. Il y a peut-être ici un témoignage en rapport avec Fatima : l’annonce que l’union si désirée se fera bien un jour, mais par un acte surnaturel et non par quelque compromis humain. À suivre…

Dans notre dernière Lettre nous réfléchissions sur la signification du fait que Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscita des morts après la tombée de la nuit du Samedi Saint, ce qui était le commencement du Dimanche, le « premier jour de la semaine » selon la manière hébraïque de marquer le temps. Dans la présente Lettre nous examinerons le plus vieux miracle récurrent du monde concernant la résurrection de N.S. Jésus-Christ au cours de la nuit du premier jour de la semaine, établissant par là un parallèle entre la création du ciel et de la terre dans l’obscurité du premier dimanche du monde et la nouvelle Création dans le Christ dans l’obscurité de la nuit précédant le dimanche de Pâques.

Le plus vieux miracle récurrent du monde est le prodige du Feu Sacré qui allume inexplicablement les cierges du Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, puis ceux des fidèles assemblés autour du tombeau de N.S. Jésus-Christ chaque année, le Samedi Saint. Il est vraiment pathétique que tant de catholiques ne connaissent pas ce miracle ou le prennent pour une imposture, soit par ouï-dire, soit par déduction à partir de fausses prémisses. Dans cette Lettre, je raconterai brièvement l’histoire du miracle du Feu Sacré, j’expliquerai pourquoi les catholiques doivent croire à son authenticité et, aussi, pourquoi il peut contenir un important message pour notre temps, spécialement en liaison avec le miracle du soleil à Fatima et avec la consécration de la Russie demandée par la Sainte Mère de Dieu.

Histoire du Feu Sacré

Le Saint Feu miraculeux est une flamme qui apparaît spontanément sur la tombe de N.S. Jésus-Christ à Jérusalem, le Samedi Saint, vigile de Pâques, selon le calendrier julien approuvé par le concile œcuménique de Nicée en 325. La Flamme descend d’en haut surgissant du tombeau, allume le cierge du Patriarche orthodoxe de Jérusalem, qui alors allume les cierges des autres évêques, du clergé et des fidèles, lesquels, à leur tour, allument les cierges pascals des évêques et Patriarches dans tout le monde chrétien.

Il est impossible de dire avec certitude quand le miracle du Feu Sacré a commencé. Dans son Histoire des Arméniens, Kirakos de Gandzak lie la Sainte Flamme à un incident de la vie de saint Grégoire l’Illuminateur qui évangélisa les Arméniens et devint le premier Patriarche de l’Église arménienne au début du IVe siècle. Saint Grégoire vécut pendant un temps en ascète à proximité du tombeau de N.S. à Jérusalem. Sur ordre de sainte Hélène et de l’empereur Constantin, l’église du Saint-Sépulcre fut construite sur le tombeau à partir de 326, et un cierge placé sur le tombeau par saint Grégoire s’est allumé miraculeusement vers 330. Selon Kirakos :

Ils disent que saint Grégoire plaça une lampe sur le tombeau du Christ et supplia Dieu dans ses prières pour que lors de la fête de Pâques l’endroit soit illuminé d’une lumière immatérielle, ce qui se produit jusqu’à nos jours.

Saint Grégoire l’Illuminateur (257-331), évangélisateur de l’Arménie.

Fig. 1. Saint Grégoire l’Illuminateur (257-331), évangélisateur de l’Arménie.

Kirakos poursuit et raconte que la Sainte Flamme résolut une dispute entre les Arméniens et les Géorgiens sur la date de Pâques. Il écrit :

« À propos de Pâques il y avait de grandes discussions avec les Arméniens et les autres peuples, spécialement les Géorgiens… Le verdict devait être rendu par la lampe rayonnante sur le Saint-Sépulcre du Christ, lorsque, à la demande de saint Grégoire l’Illuminateur, sans aucune assistance humaine ni flamme tangible, la lampe s’allume sur ordre de Dieu à chaque Pâques. Ceci se produit jusqu’à aujourd’hui. »

La date du Typicon de Jérusalem se situe entre le Ve et le VIIIe siècle. Cet ancien lectionnaire prouve que, selon les paroles de Haris Skarlakidis, « l’Église de Jérusalem proclamait et célébrait la résurrection du Christ le Samedi Saint, immédiatement après le coucher du soleil ». Cette tradition s’accorde parfaitement avec l’apparition du Feu Sacré durant la vigile de Pâques, comme le confirme le Pontifical de l’évêque de Poitiers. Selon le liturgiste et historien français Edmond Martène (1654-1739) :

« Dans le très ancien Pontifical de l’église de Poitiers, qui date de 800 environ, on peut lire à propos de la vigile de Pâques : “ La même nuit, à Jérusalem, dans le tombeau du Seigneur, la lampe à huile reçoit la lumière d’un ange, comme rapporté par les témoignages véridiques des gens revenus de Jérusalem de nos jours”. »

L’historien arabe al-Masudi (c. 896-956) a témoigné du fait que « la flamme apparaît là le Samedi Saint, la veille de Pâques ». De même, un manuscrit de la Bibliothèque Ambrosienne de Milan, Codex F12, du IXe siècle, relate qu’il était déjà habituel que « dans la grande et sacrée église de Jérusalem, à la Sainte Résurrection, chaque Samedi Saint, une nouvelle lumière céleste vient et allume les lampes à huile sur la tombe vivifiante et divine… Soudain, non seulement l’intérieur du Sépulcre mais toute l’église de la Résurrection brille de cette lumière. Le Patriarche chante cette hymne [Joyeuse Lumière] à haute voix en action de grâce, et depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, chacun répète cet hymne et chante à Dieu : « Ô Joyeuse Lumière de la sainte gloire de l’immortel, céleste, saint et béni Père, Ô Jésus-Christ : Nous qui venons au coucher du soleil, lorsque nous voyons la lumière du soir, louons Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ». »

Le monastère de Saint-Sabbas existe comme centre monastique près de Jérusalem depuis la fin du Ve siècle. Saint Théodore le Sabaïte (c. 776-856) entra au monastère à l’âge de 19 ans et, après 41 ans comme moine, fut ordonné évêque d’Édesse.

Le monastère Saint-Sabbas, surplombant la vallée du Cédron.

Fig. 2. Le monastère Saint-Sabbas, surplombant la vallée du Cédron.

Deux jours après sa consécration saint Théodore fut témoin de la descente du Feu Sacré dans l’église du Saint-Sépulcre. L’incident fut enregistré par le neveu de saint Théodore, Basile, évêque d’Émesa, qui rapporte que :

« [Saint Théodore] dîna avec les Patriarches et passa le Vendredi Saint avec eux ; le Samedi Saint, après l’allumage des lampes de la Sainte Résurrection par la flamme céleste, il concélébra la liturgie avec les patriarches et accomplit la célébration joyeuse du Dimanche sacré. »

Selon l’évêque Auxence de Photiki, qui a fait une étude poussée du sujet, une évidente référence au miracle du Feu Sacré apparaît dans un récit du IXe siècle par un moine latin du nom de Bernard, qui fut témoin du miracle en 870. Parlant des principales églises de Jérusalem, il écrit :

« Parmi les églises de la cité, il y en a quatre d’importance spéciale, dont les murs se touchent. L’une est à l’est sur le mont du Calvaire, à l’endroit où la croix du Seigneur fut trouvée ; celle-ci s’appelle la « Basilique de Constantin ». Il y en a une autre au sud et une troisième à l’ouest ; celle-ci contient le sépulcre du Seigneur en son centre. Autour du sépulcre il y a neuf colonnes et les murs entre elles sont faits d’une pierre excellente. Quatre des neuf colonnes sont devant le tombeau et, avec les murs derrière elles, entourent la pierre, placée près du tombeau, que l’ange roula et sur laquelle il s’assit après que le Seigneur fut ressuscité. Il n’est pas utile d’en écrire davantage sur ce sépulcre car Bede en parle suffisamment dans son Histoire [de l’Église anglaise]. Mais il vaut la peine de dire ce qu’il se passe le Samedi Saint, la vigile de Pâques. Le matin, l’office commence dans cette église. Puis, lorsqu’il est terminé ils partent en chantant le Kyrie eleison jusqu’à ce qu’un ange vienne et allume les lampes suspendues au-dessus du sépulcre. Le Patriarche transmet cette lumière aux évêques et aux autres fidèles, et chacun a la lumière là où il se trouve. »

Le bienheureux pape Urbain II et le « miracle annuel »

Il doit être clair maintenant qu’à l’aube du second millénaire, le miracle du Feu Sacré est reconnu dans tout le monde chrétien. Le Feu Sacré a même joué un rôle dans la motivation du Saint-Père, le bienheureux Urbain II, pour appeler à la croisade et libérer la Terre Sainte des musulmans.

Baudri (1050-1130), abbé de l’abbaye de Bourgueil, en Anjou, en témoigna lorsqu’il enregistra le discours du Bienheureux Urbain annonçant la croisade dans son Historia Hierosolymitana. D’après Baudri, le bienheureux pape Urbain II évoqua le Saint Feu dans son discours annonçant la croisade, s’exclamant devant le concile de Clermont :

« Combien précieux serait l’endroit incomparable et désiré de la sépulture du Seigneur, même si Dieu n’y avait pas accompli le miracle annuel. Car, aux jours de sa Passion toutes les lampes du sépulcre et tout autour dans l’église, qui ont été éteintes, sont allumées de nouveau sur ordre divin. Quel cœur de pierre, mes frères, ne serait pas touché par un si grand miracle ? Croyez-moi, qu’il est bestial et insensé l’homme dont le cœur n’est pas porté à la foi par une telle grâce manifestement divine ! » (p.94).

Le bienheureux pape Urbain II.

Fig. 3. Le bienheureux pape Urbain II.

Ces paroles du bienheureux pape Urbain II piqueront au vif quiconque sait ce qu’il s’est passé à Jérusalem quelques années plus tard. Après la conquête de Jérusalem en 1099 et le massacre en masse des habitants musulmans et juifs de la ville, Baudouin Ier prit possession de la ville et assista aux offices du Samedi Saint avec son entourage de clercs et de laïcs en l’an 1100 pour la première fois.

Un célèbre historien français, l’Abbé Guibert de Nogent (1053-1124) consulta de nombreux témoins visuels tôt après la Première Croisade et décrivit ce qu’il se produisit à cette occasion :

« Dans cette sainte cité de Jérusalem, un miracle immémorial s’est reproduit ; je l’appelle immémorial parce que le monde latin ne sait pas quand il commença… Chaque année, la veille de Pâques, la lampe du tombeau du Seigneur semble être allumée par la puissance divine…J’ai entendu dire par quelques vieillards qui sont allés là-bas que le papyrus ou la mèche, je ne sais lequel des deux était utilisé, fut une fois retiré par une ruse païenne, et le métal resta vide, mais, par un miracle du ciel, lorsque le métal brilla de lumière, celui qui voulut tromper les puissances célestes apprit que les forces naturelles combattent même contre leur propre nature pour leur Dieu. »

« L’année où Baudoin accepta le sceptre de son prédécesseur, on dit que le miracle fut obtenu si difficilement que la nuit était presque tombée avant que leurs prières et leurs larmes fussent récompensées. Le prêtre mentionné plus haut fit un sermon aux fidèles, demandant aux pécheurs de se confesser ; le roi et le prêtre leur recommandèrent de faire la paix entre eux et ils promirent de remédier à tout ce qui pouvait être contraire à la foi et à la vertu. Pendant ce temps, à cause de l’urgence, tant de crimes horribles furent confessés ce jour-là que, si la pénitence n’avait pas suivi, il aurait paru normal que la lumière sacrée eût été retirée sans délai ; cependant, rapidement après l’admonestation, la lampe fut allumée. »

Les croisés prenant possession de Jérusalem.

Fig. 4. Les croisés prenant possession de Jérusalem.

Le « 1 » se trouve au-dessus du dôme de l’église du Saint-Sépulcre.

L’abbé Guibert décrit ensuite ce qu’il se passa le Samedi Saint de l’année suivante :

« Ce jour-là, lorsque le miracle ne se produisit pas, chacun retourna chez soi ; il y eut deux nuits avec une amère tristesse tourmentant leurs consciences. Le lendemain ils décidèrent de faire une procession en deuil approprié, jusqu’au temple du Seigneur (le Mont-du-Temple). Ils allaient, sans la joie de Pâques, habillés comme la veille, lorsque soudain, derrière eux, les gardiens du Temple proclamèrent que la lampe du monument sacré était allumée. Ce jour-là, tant de grâce brilla, abondamment augmentée par le retard, que l’éclat de Dieu alluma, non pas simultanément mais en séquence, environ cinquante lampes.

Non seulement pendant les mystères sacrés, mais même lorsque le roi, après les offices, dîna dans le palais, des messagers venaient fréquemment le prier de quitter la table pour voir les lumières qui venaient de s’allumer. »

Le moine allemand Ekkehard, abbé du monastère d’Aura, confirma de son côté ce récit de l’abbé Guibert, citant le témoignage d’un saint prêtre nommé Hermann.

« Le respecté clerc Hermann qui vivait alors sur le Mont des Oliviers… s’exprima ainsi : « Le jour du Samedi Saint, selon l’antique don gracieux du Seigneur, une fois terminée la liturgie des Présanctifiés, nous attendîmes avec dévotion et patience jusqu’à la nuit pour que nous soit donnée la lumière des cieux. Nous étions concentrés sur les prières habituelles mais alors, à cause de nos péchés, nous fûmes punis par l’absence de descente du désirable don céleste, que les chrétiens disent avoir toujours reçu, même en la présence de païens. Nous passâmes la nuit du dimanche de la Résurrection tristes et démoralisés, sans aucun office liturgique. Tôt le lendemain nous continuâmes pieds nus à chanter les Psaumes de la mise au tombeau du Seigneur et entrâmes dans l’église bâtie à cet endroit sur le mont Moria… Immédiatement après que nous eûmes prié et pleuré, le Christ ne voulut pas nous abandonner, afin de ne pas donner aux païens l’occasion de blasphémer contre Lui. Et voyez, nous n’étions pas encore sortis de la fameuse cour que nous entendîmes des voix retentissantes chantant des chants de grâce. Ils venaient vers nous ceux qui avaient été envoyés par ceux qui étaient restés dans le Saint-Sépulcre. Nous entrâmes dans l’église et vîmes avec une joie immense deux lampes qui avaient été allumées de manière divine. »

Juste une génération après les événements de 1100, un autre événement remarquable se produisit à l’occasion du choix d’un nouveau Patriarche latin de Jérusalem. Au printemps de 1130, le Patriarche latin de Jérusalem mourut et un prêtre flamand du nom de William, en pèlerinage à Jérusalem, assista à la liturgie du Samedi Saint dans l’église du Saint-Sépulcre. Dans un récit écrit quelques années plus tard par un abbé français du nom de Peregrinus, l’abbé raconte que :

« Lorsque l’heure arriva pour l’office du Samedi Saint avant Pâques, [William] alla vers le tombeau du Seigneur avec les autres fidèles, désirant participer au miracle habituel, durant lequel la lumière envoyée par Dieu ce jour-là apportait la joie chaque année à ceux qui étaient rassemblés. Et devant les yeux de tous les présents, pleins de joie et de stupéfaction, un cierge tenu par une personne s’alluma par l’intervention de cette vertu divine et commença à briller. Cependant, lorsque les autorités demandèrent à cette personne qui elle était et d’où elle venait, elle ne refusa pas de répondre. Il dit qu’il était de sang français, qu’il venait de Tours et qu’il était un ermite de Fontaines. Et puisque à peu près à ce moment le Patriarche latin était mort et le trône de Jérusalem encore inoccupé, le clergé et le peuple, émus par un si grand miracle, immédiatement et unanimement l’élurent Patriarche. »

C’est ainsi que le miracle du Feu Sacré fut à l’origine de la nomination d’un obscur ermite flamand au poste de Patriarche latin de Jérusalem !

Témoins catholiques du miracle du Feu Sacré au second millénaire

À la lumière de la longue histoire de dévotion catholique envers le miracle du Feu Sacré, il est très regrettable que le pape Grégoire IX (1227-1241) paraît avoir écrit une lettre ordonnant aux catholiques de rester à l’écart du miracle durant son pontificat.

Église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Fig. 5. Église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

Crédit :https://www.flickr.com/photos/jlascar/  [CC BY 2.0], Wikimedia Commons

Il semble que sa décision venait de ce qu’il pensait que le miracle était exploité pour des raisons pécuniaires, plutôt que par une preuve quelconque que le miracle était faux. Il ne fait aucun doute que les catholiques continuèrent à faire partie des témoins du Feu Sacré pendant des siècles, de même qu’il ne fait aucun doute que les franciscains chargés des sites catholiques de la Terre Sainte participent aujourd’hui chaque année aux offices liturgiques entourant le miracle du Feu Sacré.

Dans la Chronique d’Erfurt écrite par un moine allemand et achevée en 1355, l’auteur rapporte le témoignage de pèlerins catholiques qui virent le miracle du Feu Sacré en 1267. Il écrit :

« Le Samedi Saint, durant la consécration du cierge pascal, une flamme descendit du ciel de façon visible et alluma trois des lampes à huile qui étaient enfermées et gardées avec le Saint-Sépulcre, pendant que de nombreux moines franciscains, de nombreux chrétiens, des fidèles syriens et même des musulmans étaient présents et bien qu’à l’intérieur de l’église il n’y eût aucun signe de flamme. Pour cette raison il y eut grande joie et surprise chez ceux qui le virent. »

Un des récits les plus bouleversants d’un évêque catholique participant au miracle du Feu Sacré après le pontificat de Grégoire IX, met en cause l’évêque catholique chaldéen Jean Sulaka, qui assista au miracle avec soixante-dix membres de son église en 1552, peu avant sa nomination comme premier Patriarche de l’Église catholique chaldéenne par le pape Jules III en 1553. Selon le récit écrit par son successeur Abdisho Maron IV, tandis qu’il était à l’intérieur de l’église du Saint-Sépulcre le Samedi Saint :

« Sulaka vit « la forme d’une lumière indescriptible »… »dont le prototype ne s’éteint jamais »… Quand il dit « prototype » il veut dire la source de la lumière. Sulaka vit la lumière indescriptible « jaillir » (oritur) de l’intérieur du tombeau. Le mot oritur vient de orior, voulant dire « venir de, émerger”, ou encore “né de ». La source de la lumière est ce qui est né et émerge par elle-même à l’intérieur du tombeau. Et, puisque cette lumière est incréée et incorruptible, personne ne peut ni la détruire ni l’éteindre. Le récit dit que quelqu’un vint dans le tombeau avec une torche allumée, probablement un musulman, et essaya d’éteindre la source de la lumière. Il ne réussit qu’à éteindre sa propre torche. »

Il est intéressant que le patriarche Sulaka décrive la lumière comme sortant du tombeau parce que des témoins de tous les siècles affirment que la lumière descend d’en haut et emplit l’église du Saint-Sépulcre en même temps qu’elle jaillit du tombeau. De cette façon est commémoré le moment de la glorieuse Résurrection de Notre Seigneur, lorsqu’Il s’éleva de l’Hadès, et le Saint-Esprit descendant sur Son Corps ressuscité. La grâce d’avoir vu le miracle semble avoir renforcé le futur Patriarche pour sa propre participation à la Passion et à la mort de Notre Seigneur Jésus Christ. En 1555, sur les ordres d’un pacha ottoman, il fut torturé pendant cinq mois dans une prison turque avant d’être enfermé dans un tonneau et noyé dans un lac.

Le Feu Sacré et les musulmans

Il est remarquable que le miracle du Feu Sacré ait continué à se produire chaque année, pendant des siècles, après que les musulmans eurent conquis Jérusalem en 638, en dépit des efforts déterminés de quelques potentats pour l’empêcher. Selon l’évêque Auxentios, une autorité sur l’histoire du Feu Sacré, « un bref récit de la Flamme se trouve dans une lettre d’Arethas, Métropolite de Césarée en Cappadoce, à l’Emir de Damas. Ce document date du début du Xe siècle »:

« … Chaque année jusqu’à maintenant, le jour de Sa sainte Résurrection, Son saint et précieux tombeau opère des miracles… [Toutes les lumières de Jérusalem éteintes]… et la porte [du Saint-Sépulcre] fermée… et les chrétiens dans la nef de l’église du Saint-Sépulcre [l’église contenant le tombeau]2 chantant le Kyrie eleison, et soudain un éclair allume les lampes et de nouveau tous les habitants de Jérusalem allument leurs lampes à cette flamme. »

Miracle du Feu Sacré en 2018.

Fig. 6. Miracle du Feu Sacré en 2018.

Crédit : Benoit Soubeyran, Montpellier, France [CC BY 2.0]

L’évêque Auxentios note que « l’auteur de ce récit souligne que la manifestation du Feu Sacré a une histoire continue, se produisant “chaque année”. Le tombeau scellé et l’éclair fulgurant qui accompagne la lumière sont également des détails que nous devrions garder avec soin ».

Il poursuit et raconte comment un émir musulman essaya d’arrêter le miracle :

« En 947, un clerc de la cour impériale de Constantin VII Porphyrogénète, un certain Niketas, envoya une lettre à l’empereur relatant la tentative d’un émir enragé pour mettre un terme au rite du Feu Sacré. Cette lettre donne de riches informations sur la flamme. L’émir avait demandé la pure et simple cessation de toutes les célébrations à venir pour le Samedi Saint, « puisque » comme Niketas rapporte la demande de l’émir au Patriarche de Jérusalem, « en accomplissant votre célèbre miracle avec des moyens magiques, vous avez rempli toute la Syrie avec la religion des chrétiens et vous avez presque détruit toutes nos coutumes ; vous en avez fait une Romania»

Contrarié dans son premier essai pour stopper la célébration par la brillante réponse des partisans du Patriarche – que la cessation de la célébration pascale à Jérusalem mettrait en danger les confortables revenus touchés par les autorités islamiques –, l’émir concocta un autre moyen d’arrêter le rituel. Niketas poursuit ainsi son rapport à l’empereur :

« [L’émir] demanda au Patriarche, sous la menace d’interdire la fête populaire de la Résurrection du Christ, le paiement de 7 000 pièces d’or. Ce paiement exigeait le déboursement immédiat de 2 000 pièces d’or avec une garantie pour les 5 000 autres. Tandis que le Patriarche était retenu en garde dans le prétoire, le Dieu des miracles alluma deux des trois lampes suspendues à l’endroit où ils disaient que le corps du Christ avait été descendu de la croix pour être lavé. Lorsque la nouvelle du miracle parvint au prétoire, chrétiens et musulmans coururent comme des fous vers l’église. Mais les musulmans vinrent emplis de pensées sanguinaires et de projets meurtriers, armés et prêts à tuer tout chrétien portant une lampe allumée. Le Patriarche arriva, suivi du clergé, et ayant décidé que l’illumination de la Flamme sacrée n’avait pas encore eu lieu, avec l’aide des musulmans il fit fermer le Saint-Sépulcre et commença à prier avec les chrétiens.

Vers la sixième heure, fixant son regard sur le Saint-Sépulcre, il vit l’apparition surnaturelle de la lumière. Il entra dans le Saint-Sépulcre dont l’entrée lui fut indiquée par un ange. Au moment où il prit un cierge pour donner la flamme divine à tous ceux qui, dans l’église, avaient des torches, à peine était-il sorti du tombeau qu’il vit l’église soudain emplie d’une lumière divine. Les fidèles se trouvaient à droite et à gauche, certains près de la porte, certains au Calvaire, d’autres près de la chaîne cruciforme suspendue au plafond sur laquelle ils avaient accroché leurs lampes, la chaîne qui passe pour représenter le centre du monde et qui est là comme un signe, pour que tous les hommes soient étonnés par l’apparition de la Flamme divine. Les musulmans eux-mêmes étaient emplis d’étonnement parce que, jusqu’alors l’apparition annuelle de la lumière ne se produisait que sur une lampe seulement à l’intérieur du Saint-Sépulcre, alors que ce jour-là toute l’église était emplie de lumière. L’émir qui regardait d’en haut d’une des tribunes fut le témoin d’un miracle encore plus grand. La plus grande des lampes suspendues en face de lui laissa échapper l’huile et l’eau qu’elle contenait et fut soudain emplie d’une divine flamme bien qu’elle n’eût aucune mèche. »

Selon l’évêque Auxentios, les sources musulmanes témoignent de la réalité du miracle et de sa popularité même dans la communauté musulmane de Jérusalem :

« Une source islamique, al-Biruni, écrivant au début du XIe siècle en utilisant une source du Xe siècle, donne de nouveaux témoignages des essais d’intervention des musulmans pendant le rituel et de leur contrariété devant le caractère surnaturel du Feu Sacré. Il prétend aussi que le moment précis de la descente du Feu Sacré – qui était imprévisible – présageait, d’après les traditions populaires, des événements pour l’année suivante. Son témoignage, venant d’un témoin peu sympathique sinon hostile, corrobore tout à fait l’affirmation de Niketas, dans le passage suivant, que le miracle annuel dans le tombeau jouissait d’une grande popularité même parmi la communauté musulmane. Plus important encore, il constitue un rapport objectif sur le phénomène de la part d’une source ayant peu ou pas de raison de croire en un tel événement.

Le passage est tiré de l’œuvre d’al-Biruni sur les festivals des populations religieuses dans le monde islamique. »

« Une histoire est associée au Samedi de la Résurrection qui étonne le chercheur en sciences physiques et dont il est impossible de trouver le fondement. S’il n’y avait pas l’accord sur le phénomène de personnes ayant des vues différentes et affirmant qu’il repose sur le témoignage visuel et transmis par d’excellents auteurs et autres personnes dans leurs livres, on ne lui accorderait aucun crédit. Je l’ai connu par les livres et en ai entendu parler par al-Faraj ibn-Salih de Bagdad… Un rapport est rédigé sur le sujet et envoyé à la capitale des califes aussitôt que la Flamme est descendue. Ils disent que si la Flamme descend rapidement à une heure proche de midi, cela présage une année fertile, mais qu’au contraire, si l’événement est retardé jusqu’au soir ou après, cela présage une année de famine. Celui qui m’a raconté cela dit que certaines autorités [musulmanes] avaient remplacé la mèche de la lampe par un fil de cuivre afin qu’elle ne s’allumât pas et que la cérémonie fût ainsi interrompue. Mais quand la Flamme descendit elle s’alluma néanmoins. »

Nous devons ici attirer l’attention sur le fait que ce fut aussi au début du XIe siècle que al-Hakim détruisit tout le complexe du Golgotha. Pour l’historien syrien Ibn al-Qalanisi du moins, qui au milieu du XIIe siècle écrivit le récit le plus détaillé des actes d’al-Hakim, la destruction fut la conséquence directe de la réaction du calife aux récits sur la manifestation du Feu Sacré à Jérusalem. L’extrême violence de la campagne d’al-Hakim montre que ses intentions n’étaient pas purement politiques, et il est bien possible que la grande popularité et croyance dans le miracle annuel du Feu Sacré ait provoqué chez lui une crise d’intolérance religieuse et de furie destructrice.

Il est certain que les sources que nous avons citées prouvent l’intérêt populaire pour le phénomène à cette époque.

Le miracle de 1579

L’un des essais les plus dramatiques des autorités musulmanes pour empêcher le miracle du Feu Sacré de se produire eut lieu le Samedi Saint 1579. Selon les chroniques de l’Église de Jérusalem :

« Les gouverneurs turcs interdirent au Patriarche grec et aux fidèles orthodoxes d’entrer dans l’église de la Résurrection pour le rite habituel du Feu Sacré. »

Les ouvrages qui mentionnent cet événement n’indiquent pas la date exacte, mais ils précisent qu’à cette date le patriarche de Jérusalem était Sophronius IV, les patriarches de Constantinople, Alexandrie et Antioche étaient respectivement Jérémie, Silvestre et Joachim, et le sultan de l’Empire ottoman Mourad III. Si nous regardons les listes officielles des quatre patriarcats nous voyons que ces quatre Patriarches grecs orthodoxes étaient bien en fonction dans la seconde moitié du XVIe siècle, et si nous examinons la période précise du règne de chaque Patriarche et celle du sultan Mourad III, nous trouvons que la seule année pendant laquelle la fonction de ces cinq hommes coïncida fut l’année 1579.

Selon les sources écrites, le Samedi Saint de cette année-là, un groupe de soldats turcs interdit l’entrée des Orthodoxes dans l’église de la Résurrection. La foule des fidèles demeura dans la cour de l’église pendant toute la journée et même après que le soleil se fut couché.

Le Patriarche grec Sophronius IV était dans la première année de son règne. C’était la première fois qu’il devait accomplir le rite le plus important de l’année, mais les Turcs le privèrent de son droit légal. Le Patriarche demeura en prière à gauche de la porte de l’église, près d’une colonne. Soudain, alors que la nuit était déjà tombée, la colonne s’ouvrit et la Sainte Flamme jaillit de l’intérieur.

Le Patriarche alluma immédiatement son cierge et passa le Saint Feu aux fidèles. En quelques minutes la Flamme sacrée s’était disséminée parmi tous les présents et la cour de l’église était illuminée. Les gardes turcs stupéfaits ouvrirent les portes de l’église et le Patriarche ainsi que les fidèles réjouis affluèrent vers le Saint-Sépulcre.

La colonne de marbre fendue, à gauche de l’entrée principale de l’église de la Résurrection.

Fig. 6. La colonne de marbre fendue, à gauche de l’entrée principale de l’église de la Résurrection.

Lors du miracle, un émir arabe [ou gouverneur régional] du nom de Tunom était dans la cour de l’église. Lorsqu’il vit l’ignition de la colonne, il comprit la vérité du miracle du Feu Sacré et avoua à ses coreligionnaires le pouvoir de Jésus-Christ. Après s’être disputé avec eux, son aveu entraîna son ordre d’exécution et son incinération. Aujourd’hui il est vénéré comme un saint martyr officiel de l’Église orthodoxe. Sa mémoire est célébrée le 18 avril et ses reliques sont conservées au monastère de la Vierge Marie, le Megali Panagia, à Jérusalem.

Le saint martyr Tunom. En arrière-plan, la colonne qui s’est enflammée en 1579

Fig. 7. Le saint martyr Tunom. En arrière-plan, la colonne qui s’est enflammée en 1579 (détail d’une icône au monastère grec-orthodoxe de Megali Panagia, à Jérusalem).

Avant de quitter ce sujet, il est bon de remarquer que ce ne sont pas seulement les musulmans qui ont éprouvé que l’accueil du Feu Sacré doit se faire la nuit du Samedi Saint calculé selon le calendrier julien. Récemment, lorsque le Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem tenta de célébrer la liturgie du Samedi Saint selon le « Nouveau Calendrier julien », la Sainte Flamme n’apparut point. L’Archimandrite Sergius Iazadjiev décrivit l’événement dans un article sur la controverse du calendrier dans le monde othodoxe :

« En août 1971, Nikolaï [maintenant le hiéromoine Théophane] et moi revenions d’un repos et d’un traitement médical à Narechen. En passant par la ville de Plovdiv, nous fîmes une visite au monastère de Zografou pour vénérer la tombe du saint roi Boris (906). Le Schémamoine Séraphim était de service à la tombe.

Il nous dit que récemment (1969-1970) sous la pression du Conseil Œcuménique des Églises de Genève, le Patriarche de Jérusalem avait introduit le « Nouveau Calendrier Julien » (comme l’avaient fait les Patriarches de Bulgarie, de Macédoine et d’autres, parce qu’il y avait une forte pression à l’époque pour introduire ce Nouveau Calendrier). Cette année-là, le Samedi Saint où de temps immémorial la Sainte Flamme descend sur le Sépulcre du Seigneur, la Flamme n’est pas apparue. Bouleversé, le Patriarche de Jérusalem Benoît ordonna que l’ancien calendrier, utilisé jusqu’alors, fût remis en application immédiatement dans la juridiction de son Patriarcat. L’année suivante, le Feu Sacré descendit sur le Sépulcre du Seigneur le Samedi Saint; la même chose se produit jusqu’à présent. »

Les chrétiens unis par le Feu Sacré

Le miracle du Feu Sacré unit tous les chrétiens, parce qu’il leur rappelle les dogmes fondamentaux de la création, de la rédemption et de la sanctification, chacun d’eux étant lié à un Samedi historique. La création commença dans l’obscurité le premier dimanche du monde ; la nouvelle création dans le Christ Rédempteur dont la glorieuse Résurrection brilla dans l’obscurité de la veille du dimanche de Pâques ; et la flamme du Saint-Esprit descendue sur le Corps glorieux du Seigneur ressuscité descendit une fois encore sur Notre Dame et les saints Apôtres le dimanche de la Pentecôte. Encore maintenant, cette unité est symbolisée par les 43 lampes suspendues au-dessus du tombeau de Notre-Seigneur à Jérusalem, lesquelles s’allument toutes par l’action de la Sainte Flamme chaque année.

Voici le témoignage de Savva Achileos, un assez récent témoin visuel du Feu Sacré :

« De 10 heures du matin du Samedi Saint à 11 heures, une fouille rigoureuse est faite dans le Saint-Sépulcre pour rechercher tout instrument ou moyen pour allumer le feu. Au-dessus de ce très saint monument de l’Orthodoxie sont suspendues 43 lampes de veille dorées allumées nuit et jour. 13 appartiennent aux Orthodoxes et 13 aux Latins. 13 appartiennent aux Arméniens et 4 aux Coptes monophysites.

L’ensemble de ces lampes forme un rideau doré. Elles sont comme des Corps célestes porteurs de torches suspendus au-dessus du tombeau du Christ. À la dernière heure dans le Saint-Sépulcre, seuls les représentants autorisés des Arméniens, des Latins et des Coptes entrent avec les Orthodoxes dans le tombeau dans le but d’éteindre les 43 lampes. Les précautions sont prises pour qu’à aucun moment, soit par erreur soit intentionnellement, une lampe de veille ne reste allumée ou qu’il y ait quoi que ce soit de suspect.

Après une fouille complète et minutieuse faite dans le Saint-Sépulcre, suivent une seconde et une troisième fouille pour être certain qu’aucune personne ni quoi que ce soit d’interdit ne se trouve dans le tombeau. Alors seulement les inspecteurs sortent.

À 11 heures la procédure du scellé du tombeau peut commencer. La cire d’abeille bénie et assouplie est maintenant utilisée pour fixer deux rubans de blancheur pure en forme de X sur la porte du Saint-Sépulcre.

Après avoir posé la cire aux quatre extrémités des rubans, de la cire est déposée au centre précis où les rubans se croisent. Le reste de la cire est appliqué tout autour de la porte. Finalement, chaque point est estampillé du sceau officiel du Patriarche. »

Quand la Sainte Flamme s’élève du tombeau de Notre Seigneur et descend d’en haut, elle allume directement ou indirectement les cierges pascaux des représentants des grandes communautés chrétiennes anciennes, qui toutes étaient unies sous la direction de l’évêque de Rome au concile de Nicée lorsque les règles universelles de la célébration de Pâques furent établies. Je vais maintenant expliquer pourquoi il est possible de voir dans cet événement annuel un présage symbolique de la future effusion de grâce qui déterminera le Saint Père à consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie, inaugurant ainsi la conversion de la Russie, le retour de l’Orthodoxie à la pleine communion avec Rome et à la plus grande évangélisation que le monde ait jamais vue.

Le Feu Sacré et le miracle du soleil à Fatima

À la lumière de tout ce que nous avons appris, il vaut la peine de réfléchir à quelque chose de très semblable au miracle du Feu Sacré, mais qui se produisit à une échelle encore plus grande devant 70 000 témoins à Fatima, au Portugal, le 13 octobre 1917. Connu sous le nom de « miracle du soleil », ce fut le plus grand miracle public depuis la Résurrection des morts de Notre-Seigneur Jésus Christ. Ce qui le distingue de la plupart des autres miracles publics de l’histoire de l’Église – y compris la plupart des miracles de Jésus Lui-même – fut le fait qu’il fut annoncé des mois à l’avance. Comme l’explique l’auteur John Haffert :

« Trois mois à l’avance, trois enfants avaient prédit qu’un miracle se produirait, à cet endroit, à cette heure particulière, « afin que chacun puisse croire » le message qu’ils avaient reçu du ciel… Pour le dire en quelques mots simples, les mots officiels de l’évêque de Fatima dans sa Lettre Pastorale sur le Miracle : “Des milliers et des milliers de personnes…virent toutes la manifestation du soleil… phénomène qu’aucun observatoire astronomique n’enregistra et donc non naturel… des personnes de toutes catégories et de classes sociales, croyantes ou non-croyantes, journalistes des principaux journaux portugais, et même de personnes situées à plusieurs kilomètres” . »

John Haffert décrit ainsi le miracle :

« Une lumière fut aperçue dans le ciel qui ressemblait au soleil. Celui-ci fut visible dans un rayon de trente kilomètres, clairement défini (donc pas comme dans un brouillard ou une brume) tournoyant dans le ciel comme une roue de feu, lançant des rayons de lumière colorée qui coloraient les objets au sol. Après quelques minutes, il parut soudain se détacher du ciel et plonger vers la terre, faisant croire à la foule que c’était la fin du monde. Tout fut terminé en douze minutes. »

Photographie prise par Judah Ruah pour le journal O Seculo du 29 septembre 1917.

Fig. 8. Photographie prise par Judah Ruah pour le journal O Seculo du 29 septembre 1917. Crédit : Website Reporter de Cristo, Illustraçao Portuguesa 29-09-1917.

Nous avons vu que la lumière qui allume la Sainte Flamme à Jérusalem descend d’en haut et simultanément s’élève du tombeau de Notre Seigneur.

Durant le miracle du soleil à Fatima, le soleil parut descendre sur la foule, mais en même temps la chaleur s’éleva de la terre séchant instantanément le sol ainsi que les vêtements et les corps de 70 000 personnes. De même que la Sainte Flamme peut toucher n’importe quelle partie du corps sans la brûler pendant un bref moment après le miracle3, de même la chaleur qui s’éleva de la terre à Fatima sécha le sol, les vêtements et les corps de 70 000 personnes instantanément alors que la quantité de chaleur requise pour éliminer tant d’humidité si rapidement de façon naturelle aurait réduit en cendres la foule et ses vêtements. Ce parallélisme est-il pure coïncidence, ou est-il d’une certaine façon relié au dessein du miracle du soleil et à la consécration de la Russie tant attendue ?

Il nous est impossible de connaître la réponse à cette question avec certitude, mais il est possible de formuler une hypothèse raisonnable. Premièrement, il semble qu’en maintenant le miracle du Feu Sacré à la date de Pâques fixée selon le calendrier julien, Notre Seigneur a indiqué Sa préférence pour célébrer à cette date. Une telle interprétation est confirmée par certains actes entrepris par le Pape et les évêques pendant et après le pontificat de Benoît XVI. Dans La Providence divine, comme il est rapporté sur le site officiel du Gardien de la Terre Sainte, deux jours après le 95e anniversaire du miracle du soleil de Fatima, l’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte a publié une directive statuant alors que dans les deux ans :

« Tous les catholiques de rite latin et oriental du diocèse de Terre Sainte adopteront le calendrier Julien (suivi par les Orthodoxes) après la préparation du décret final et son approbation par le Saint Siège.

La directive laisse aux évêques des différentes églises catholiques la liberté de choisir le commencement de l’expérience soit en 2013, soit en 2015. Le Patriarche latin de Jérusalem, en la personne de Sa Béatitude Fouad Twal, a invité tous les prêtres du diocèse de Terre Sainte (i.e. Palestine, Jordanie, Israël et Chypre) à adopter le calendrier Orthodoxe…Dans le passé, plusieurs paroisses catholiques du diocèse de Terre Sainte ont fait l’expérience de l’unification de la Pâques occidentale et orientale avec beaucoup de succès, considérant que bien des familles sont composées de mariages mixtes entre catholiques, orthodoxes et protestants. La différence de calendrier, celui de l’Église catholique utilisant le calendrier grégorien, et celui de l’Église orthodoxe utilisant le calendrier julien, empêche les membres des familles mixtes de célébrer Pâques le même jour. La différence remonte au concile de Nicée (325) lorsque les Églises décidèrent que Pâques devait être célébré le dimanche suivant la pleine lune (14 nisan) après l’équinoxe de printemps. Comme nous le lisons dans le Catéchisme de l’Église Catholique : « À cause des différentes méthodes pour calculer le 14ème jour du mois de nisan, la date de Pâques n’est pas toujours la même dans les Églises d’Occident et d’Orient. C’est pourquoi, les Églises cherchent en ce moment un accord pour de nouveau, célébrer le jour de la Résurrection du Seigneur à une date commune. ” (Cf.CCC 1 170). »

https://www.custodia.org/en/news/easter-2013-churches-holy-land.

Chercher les raisons pour lesquelles Notre Seigneur peut vouloir que le Pape et les évêques reviennent à la date de Pâques de Nicée dépasse le cadre de cette Lettre, mais j’espère que les faits rapportés ici suffisent à montrer que la divine Providence pointe dans cette direction4.

J’aimerais cependant souligner ici deux autres similitudes entre le miracle du Feu Sacré et le miracle du soleil par rapport à la consécration et conversion de la Russie et à la disparition de l’Islam.

Fatima, la Russie et la défaite de l’Islam

À l’époque du miracle du soleil, le Tsar de Russie se montrait le grand protecteur des chrétiens au Proche Orient et l’Église Russe orthodoxe était la plus éminente des communautés chrétiennes traditionnelles à conserver le calendrier Julien instauré par le concile de Nicée. Lorsque la révolution bolchevique eut lieu, quelques semaines après le miracle du soleil, l’un des premiers actes du nouveau régime fut d’abandonner l’ancien calendrier et de rendre obligatoire le nouveau pour toute la Russie. Malgré l’énorme pression exercée sur le chef de l’Église russe orthodoxe, le patriarche Tikhon, il résista au changement et l’Église russe orthodoxe demeure, à ce jour, le plus puissant défenseur du calendrier Julien dans le monde. Par ailleurs, les Russes font plus que n’importe quel autre groupe humain pour promouvoir le miracle du Feu Sacré, allant jusqu’à montrer le miracle sur le réseau de la télévision d’État chaque année.

Mais ce n’est pas tout. Un autre parallèle entre le miracle du Feu Sacré et le miracle du soleil de Fatima concerne la conversion des musulmans. Nous avons vu comment le miracle du Feu Sacré a porté témoignage de la vérité de l’Évangile auprès des musulmans pendant des siècles, surmontant toute tentative des autorités musulmanes de faire disparaître le miracle.

En associant le miracle du soleil au nom de Fatima, la Sainte Mère de Dieu semble avoir lié aussi son miracle de Fatima à la défaite de l’Islam et à la conversion de beaucoup de musulmans.

L’un des plus respectés aînés de l’Orthodoxie de nos jours est Païsios l’Ancien (1924-1994), un saint moine du Mont-Athos qui, plaise à Dieu, sera peut-être honoré comme un saint de l’Église catholique après le retour des orthodoxes à la pleine communion avec le Pape pendant la période de paix à venir. Dans l’une de ses prophéties, Païsios l’Ancien prédit une future guerre mondiale dans laquelle la Russie combattrait la Turquie et restaurerait Sainte-Sophie à sa place légitime de cathédrale chrétienne.

Ancienne cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople, aujourd’hui défigurée.

Fig. 9. Ancienne cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople, aujourd’hui défigurée. Arild VÃ¥gen [CC BY-SA 3.0]

Il annonçait ceci:

« Les événements commenceront et culmineront avec notre prise de Constantinople. Constantinople nous sera donnée. Il y aura une guerre entre la Russie et la Turquie.

Au début les Turcs croiront avoir gagné, mais ceci les conduira à leur perte. Les Russes finalement gagneront et prendront Constantinople…[Les Turcs] seront détruits. Ils seront éradiqués parce qu’ils sont une nation bâtie sans la bénédiction de Dieu.

Un tiers des Turcs retourneront d’où ils viennent, les profondeurs de la Turquie. Un tiers sera sauvé parce qu’ils deviendront chrétiens et le dernier tiers sera tué pendant cette guerre. »

Ceux d’entre nous qui avons voyagé au Moyen-Orient récemment, ont vu que la Russie y est venue à être considérée par beaucoup de chefs d’Églises comme le principal protecteur des communautés chrétiennes traditionnelles dans la région. Lorsque le Dr Thomas Seiler, Greg Clovis et moi-même étions en Égypte sur invitation de l’évêque copte catholique d’Assiout, il y a quelques années, nous avons entendu parler des Russes comme de « sauveurs » par les dirigeants de l’Église copte orthodoxe. En Syrie, ce sont les Russes qui ont empêché l’éviction du Président élu, dont le départ aurait presque certainement entraîné une nouvelle destruction des communautés chrétiennes et autres minorités religieuses. Il est triste de le dire, mais les Russes font plus pour protéger les droits des chrétiens au Proche-Orient que n’importe quelle autre puissance, y compris le gouvernement des États-Unis.

À la vue de tous les témoignages, cela vaut la peine de réfléchir au miracle du soleil en relation avec l’histoire du Feu Sacré. De ce point de vue, le miracle du soleil semble annoncer à la fois un jugement divin à venir et une effusion de grâce d’en haut, confirmant la foi des hommes de bonne volonté dans les dogmes liés aux trois dimanches les plus importants dans l’histoire du monde : le premier dimanche du monde, « premier jour » de la création ; le dimanche de la Résurrection du Seigneur ; et le dimanche de la sanctification à la Pentecôte5. Si cette interprétation est la bonne, en conséquence de ce jugement divin et de l’effusion de la grâce, le Saint-Père consacrera la Russie avec tous les évêques, la Russie se convertira et reviendra à la pleine communion avec l’Église catholique, la progression de l’Islam sera arrêtée et beaucoup de musulmans seront gagnés à la cause de la foi catholique dans une explosion mondiale d’évangélisation.

Prions pour que, par les prières de Notre Dame du Rosaire, le Saint-Esprit suscite des champions de la véritable doctrine de la création, restaure les fondements de la foi et inaugure le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, la consécration et la conversion de la Russie et la plus grande évangélisation que le monde ait jamais vue !


1 Repris du Kolbe Center Report du 25 mai 2019, aimablement traduit par Claude Eon. Cette Lettre périodique d’un grand intérêt est accessible et peutêtre demandée sur le site : kolbecenter.org .

2 Ndlr. L’église du Saint-Sépulcre a été contruite autour de l’Anastasis (« résurrection », en grec), la rotonde contenant le tombeau.

3 Ndlr. Le temps de lire sans hâte 40 Kyrie eleïson, selon un témoin, l’archevêque Missaïl.

4 Ndlr. Il ne serait pas nécessaire de revenir à tous les aspects du calendrier julien pour unifier la date de Pâques (qui est déjà, de toute façon, une fête mobile). L’Église catholique pourrait conserver le calendrier solaire grégorien (qui concerne la longueur de l’année solaire et donc le comput des années bissextiles) et calculer la date de Pâques en adoptant la formule de Nicée. Cette date tient compte de l’année lunaire, qui est plus en phase avec la nature. Les Chinois utilisent notre calendrier grégorien pour la vie courante et un calendrier lunaire, appelé « calendrier agricole » (nung-li) pour les fêtes religieuses et populaires.

5 Ndlr. On notera comment ces trois dimanches évoquent les trois Personnes de la Trinité.

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