Le Professeur Max Thürkauf (1925-1993)

Par Angelika et Jean de Pontcharra

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Résumé : Les lecteurs du Cep (n°14 et 15) ont pu lire de courts extraits de la pensée du professeur suisse Max Thürkauf1. Nous proposons ici de faire plus ample connaissance avec ce scientifique et chrétien en traduisant et résumant une brochure parue en Suisse en l’an 2000,  « Max Thürkauf, un prophète dérangeant » 2.     

Max Thürkauf, né le 21 mai 1925 à Bâle en Suisse, fut passionné de chimie dès son enfance. A neuf ans, il donnait déjà sa première « conférence scientifique » à ses camarades de classe, manipulant les fioles, éprouvettes et produits d’un laboratoire miniature  qu’il avait construit lui-même.

Ouvrier non qualifié dans une usine chimique dès l’âge de 15 ans, il prépara en cours du soir son baccalauréat et fit des études supérieures de chimie-physique à l’université bâloise. Nommé dans les années 50 assistant du directeur de l’Institut de Chimie-Physique avec statut de fonctionnaire de l’Etat en 1956, il soutint sa thèse en 19583. Il participa en 1959 aux recherches sur la séparation isotopique au Centre d’Etudes Nucléaires de Saclay et dirigea une installation de production d’eau lourde sous l’égide des Commissariats à l’Energie Atomique suisse et français. Mais la même année, la France effectuait son premier essai nucléaire au Sahara. Max Thürkauf fut bouleversé. Cet événement constitua le point de départ d’une remise en question de son rôle en tant que scientifique. Il le dira lui-même plus tard, ce fut son chemin de Damas.

Prenant pleinement conscience de sa responsabilité de chercheur devant Dieu et devant les hommes, il consacrera une grande partie de sa vie à approfondir la question des rapports de la science avec la foi. Cette démarche aboutira à son retour à l’Eglise catholique en 1981.

Il était devenu professeur sans chaire de chimie-physique à l’université de Bâle en 1963, mais sa critique philosophique des sciences ne fut pas comprise par ses collègues. On lui suggéra de renoncer à son poste de fonctionnaire, car il n’y avait pas de place pour une recherche philosophique sur les sciences à l’Institut de Chimie-Physique. Comprenant clairement que son travail de recherche l’empêcherait de se consacrer à la connaissance scientifique et aux études philosophiques, il démissionna et son traitement lui fut supprimé en 1969. Mais au nom de la liberté académique4 de recherche et d’enseignement, il conserva le droit de donner des cours universitaires à titre gratuit jusqu’en 1990, année de sa mise à la retraite. Il trouva des revenus complémentaires comme pilote-instructeur dans les aéro-clubs de la région bâloise et du Jura suisse. Admirons la force de conviction de ce scientifique qui n’a pas hésité à sacrifier une carrière brillante pour se consacrer à la défense d’un idéal ayant ses racines dans la redécouverte du pouvoir transformant du Christ sur nos vies.

La crédulité de bon nombre d’hommes d’Eglise face aux sciences matérialistes, à une époque où un nombre croissant de scientifiques se met à rechercher Dieu, a profondément peiné Thürkauf :

« Pour un scientifique croyant, il n’y a rien de moins digne de foi qu’un théologien idolâtrant les sciences matérialistes ».

 « Il est facile pour le scientifique de s’éloigner de Dieu dans une science sans prière, mais pour un théologien cet éloignement est encore plus rapide dans une théologie non fondée sur la prière »5.

Avec son épouse Inge, il mettait spécialement en garde contre les théories de l’Evolution, mises au goût  religieux par  le père Teilhard de Chardin6.

En effet , le péché originel, que les théories de l’Evolution tentent de vider de sa substance et de sa réalité intrinsèque, nous incline vers le mal et nous pousse vers l’esprit  d’orgueil et de domination qui pollue tous les domaines, sans exclure les sciences. Ces dernières sont utilisées comme arme de destruction contre l’Eglise, dépositaire de la Révélation. A l’inerrance de la Bible on substitue l’inerrance de la science7. Les clercs qui se déclarent incompétents en sciences et disent par conséquent faire confiance aux scientifiques, refusent obstinément d’écouter les arguments des scientifiques non-évolutionnistes. Un tel aveuglement n’a pas d’explication naturelle.

De même, les époux Thürkauf avaient décelé les dangers du New Age, pseudo-philosophie ayant la prétention de remplacer le Dieu personnel, Créateur et Rédempteur, par un « esprit » diffus et impersonnel, inspiré de la gnose et des philosophies orientales.  Tout chrétien passablement formé aura reconnu dans cette organisation une des innombrables nébuleuses préparant l’avénement de l’Antéchrist.

Max Thürkauf, après sa conversion, s’appliqua à suivre la devise de saint Benoît : « ora et labora », il espérait un renouvellement des sciences par des moines tout donnés à Dieu.

Le professeur Georg Siegmund de Fulda écrivait dans sa préface à « Christuswärts» :

« Il est à espérer que ce livre devienne la contrepartie positive du livre d’Ernest Haeckel « Enigmes du monde », un livre qui a égaré des générations entières dans un matérialisme réducteur et destructeur. Thürkauf pourrait devenir le nouveau modèle d’une génération académique tournée vers le Christ ».

C’est également le souhait de tous les véritables scientifiques qui ont une dette de reconnaissance envers Max Thürkauf, leur « prophète  dérangeant ».

Puissent les jeunes scientifiques et chercheurs découvrir la voie que leur montre leur illustre aîné, à l’opposé de ce matérialisme aussi stupide que dangereux. Ce renouveau des sciences ne sera possible que par le renouveau spirituel, principe et base de toute réforme appuyée sur le Vrai, le Beau, le Bon.

Nos vifs remerciements  à Madame Thürkauf pour la documentation et les précisions sur la vie et la pensée de son mari. Nous espérons en mettre bientôt des fragments à la disposition des francophones lecteurs du Cep.

Principales oeuvres écrites :

Das Fanal von Tschernobal (1987). « Le fanal de Tchernobal » (contraction de Tchernobyl et Bâle, deux catastrophes technologiques). Récit biographique. Le scientifique moderne joue avec le feu.

Christuswärts (4ème éd. 2000).  » En route vers le Christ « . L’aide puissante de la foi contre l’athéisme dans le monde scientifique.

Die Spatzen pfeifen lassen. « Laissez chanter les moineaux ». Journal spirituel d’un physicien. L’auteur nous montre son amour des sciences et sa souffrance devant leur mauvais usage qui détruit la Création.

Unruhig ist unser Herz. «  Notre coeur est inquiet ». Le matérialisme, communiste à l’est et capitaliste à l’ouest, laisse un vide spirituel que seul le Christ peut combler.

Die Gottesanbeterin. « La mante religieuse » « Deux scientifiques en quête de Dieu » (traduction chez  Téqui).

Franziskus im Atomzeitalter. « St François à l’ère atomique ». Visite imaginaire de saint François, frère Antoine et frère Léon dans notre monde moderne. L’Amour éternel rachète le nouveau monde.


1 Un livre a été traduit en français : « Cosmos et Création ».  Editions Téqui. 1989. Extraits dans Science et Foi n° 23, 24 et 25 année 1992.

2 « Max Thürkauf, ein unbequemer Mahner » sous-titrée « Kritische Gedanken zur modernen Naturwissenschaft und Technik ». Andreas Pitsch. Verax-Verlag, Müstair, Suisse, 2000.

3 Thèse ayant pour titre « Séparation isotopique par gel de l’eau et constantes de diffusion du deuterium et de l’oxygène 18 dans la glace ».

4 Cette tolérance est inconcevable en France, pays où la critique des « vérités établies » entraîne une exclusion sans pitié des institutions officielles.

5 Opus cité, note 2, page 17

6 Les écrits de Teilhard et ceux de ses disciples sont toujours sous le coup d’un « monitum » du 27 juin 1962  prononcé par le saint Office, sous le pontificat de Jean XXIII. Mais un « toilettage » modernisé des utopies teilhardiennes se rencontre chez les évolutionnistes théistes. Voir Science et Foi n°24 (1992), 31 et 32 (1994).

7 Il est remarquable de constater que sur les milliers de pages de la Bible, les scientistes de toutes époques n’aient pu formuler que de rares objections. Les rationalistes et les exégètes modernistes se sont couverts de ridicule dans l’affaire du lièvre qui est effectivement un ruminant (comme le daman, d’ailleurs…). Se reporter aux n°21 (1991) et 25 (1992) de Science et Foi.

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