Les lois de la vie saine

Par le Dr. Paul Carton

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Les lois de la vie saine1

Résumé : Derrière l’image d’une médecine en progrès, sans cesse renouvelée par les découvertes moléculaires ou génétiques, demeure une pensée médicale pérenne : celle qui s’articule autour des authentiques « lois de la vie saine ». Le mérite du docteur Paul Carton, on le voit aux extraits compilés ici par Roger Coupas, fut de réaliser une synthèse globale qui, elle, ouvre la voie au rétablissement de la santé collective comme de la santé individuelle.

Des misères et maladies graves et croissantes accablent l’humanité. Que fait-on pour y remédier ? On lutte contre la tuberculose. On s’attaque au cancer. On combat la syphilis. On fait la chasse aux microbes. On injecte sérums, vaccins et médicaments. On crée des instituts. On édifie des laboratoires et des hôpitaux. On multiplie les fonctionnaires. Luttes stériles ! Faux remèdes ! Autant dire qu’on perd son temps, parce qu’on se bat contre des conséquences. On s’en prend aux effets et on laisse subsister les causes.

C’est clair : il vaudrait mieux prévenir que guérir. On gaspillerait moins d’énergies et d’argent. On ferait oeuvre plus logique et plus utile en s’attaquant aux sources mêmes du mal.

Or, les vraies causes du mal sont d’ordre général et consistent dans la violation des lois de la vie humaine. C’est pourquoi il faudrait un traitement d’ensemble, à la place de remèdes qui ne guérissent qu’en apparence, car ils ne font, en réalité,  que transférer la maladie d’un point à un autre. (p.7)

(…) Aussi, peut-on affirmer catégoriquement que c’est l’ignorance des lois de la vie saine, l’incompréhension des raisons de la vie humaine, la révolte permanente contre les choses, l’abandon des conditions de vie simple et naturelle et la perte de l’esprit religieux, qui sont à la base de toutes les altérations de la santé individuelle et collective.

Victime d’une éducation mal conçue, l’homme vit en marge des lois de la Nature. Il se nourrit stupidement et s’intoxique sans cesse le corps et l’esprit. […] Finalement quand il n’est pas emporté par une affection aiguë, il verse dans les maladies de dégénérescence : la tuberculose, le cancer, la folie, l’arthritisme, les scléroses organiques. Et les collectivités mal orientées aboutissent aux sanctions cataclysmiques et redresseuses qui se nomment misères, famines, guerres, révolutions, épidémies.(p.8)

Le culte de la saine et sainte Simplicité :

Aucune mesure de rénovation individuelle et collective, basée sur un plan logique et complet, n’ayant été effectuée, ce qui avait été prédit s’est réalisé. Une catastrophe pire que celle de 1914 s’est abattue sur notre pays et sur le monde. La récidive amplifiée des causes de désordre a entraîné une sanction plus terrible que celle de la précédente guerre.

Aussi, au moment de publier la 4ème édition de ce livre (juillet 1943), convient-il de redire et de compléter les leçons d’enseignement et de relèvement que comportent les bouleversements actuels.

Certes, en pleine période d’épreuve, il est difficile de dire et de tirer entièrement les conclusions nécessaires. Pourtant, il est possible de les condenser et de garder un espoir de profonde rénovation quand on entend proclamer les mêmes nécessités d’unité, de travail, de famille, de hiérarchie, de devoir religieux, de formation des élites, de retour à la terre, de réfection de l’enseignement médical, toutes notions que nous avions exposées dans les pages précédentes. Si ces efforts pouvaient être enfin réalisés, ce serait, en effet la certitude d’une rénovation profonde, nationale et humaine.[…]

Et la nouvelle leçon, plus haute et plus condensée, à tirer de la géhenne qui nous accable peut se résumer dans ce que renferme de totalement salubre le mot simplicité ; si l’on veut éviter le retour d’un effondrement qui, cette fois, serait définitif.

Il est clair, en effet, que les causes de désorganisation mentale, vitale et physiologique se trouveraient nécessairement écartées et les conditions de bonne santé des corps et des âmes seraient sûrement obtenues, si la double acception du mot simplicité était réalisée : ordre et sagesse, d’une part ; droiture et sainteté, d’autre part. Ainsi serait constitué un merveilleux et définitif programme de réparation, de guérison, de préservation et de progrès. En ce qui concerne la médecine, la vraie voie de salut, c’est la cuisine simple, la simplicité des diagnostics synthétiques établis surtout par la clinique, la simplicité des traitements redresseurs, par la recherche et la suppression des causes de désordre alimentaire et hygiénique et non par la fallacieuse extinction des conséquences symptomatiques. En d’autres termes, c’est le régime pur, naturel, complet, sans suralimentation, c’est l’hygiène naturelle simplifiée, […] c’est le traitement synthétique directeur et libérateur de la personne humaine.

Dans l’ordre spirituel, c’est le triomphe des Simples d’esprit opposés aux Savants théoriciens du scientisme, c’est la simplesse et l’humilité des gens de bonne volonté enfantine, opposées à l’orgueil de la force et de la fureur bestiale.

C’est surtout la droiture et la passion de la vérité, auxquelles on doit tout sacrifier ici-bas, en vue d’obtenir la vie éternelle. (pp.217-218)

(…)La médecine moderne manque d’esprit traditionnel. Victime d’enrichissements scientifiques considérables et rapides, grisée par des succès immédiats et faciles, elle a renié ses origines, oublié son passé de sagesse, perdu ses antiques vertus de clairvoyance et de simplicité. Dédaigneuse des richesses spirituelles, elle étale à présent le luxe écrasant de ses acquis matériels et de ses énormes armements thérapeutiques. Aussi est-elle devenue compliquée, infatuée d’elle-même, despotique et malfaisante. Elle prétend tout diagnostiquer, tout expliquer par ses découvertes dernières et tout guérir par ses médications nouvelles. Elle ne se figure pas que, dans bien des cas, les Anciens guérissaient, peut-être moins vite, mais d’une façon plus solide et plus durable, en usant de procédés plus simples et plus naturels. Très fière des procédés d’immunité artificielle qu’elle a découverts, elle ne se rend pas compte que les guérisons subites des maladies aiguës, effectuées d’une façon factice, vont à l’encontre des lois naturelles. En effet, un sérum, un vaccin ou un corps chimique, injectés, qui créent une crise de déséquilibre humoral et une réaction défensive de redressement, obligent l’organisme à contenir de force une intoxication débordante  ; mais la maladie, illogiquement jugulée, devra reparaître à quelque temps de là, sous une forme plus grave.

L’organisme devra payer le surmenage imposé, l’intoxication refoulée, l’empoisonnement thérapeutique surajouté et surtout la persistance dans les causes lointaines, mais réelles, du mal, c’est-à-dire dans les violations de la vie saine, dans les fautes de régime et d’hygiène et dans les vices spirituels, qu’on n’aura su ni dépister ni corriger. Ainsi s’expliquent que la diminution des maladies infectieuses aiguës, réalisées ces vingt  dernières années par la thérapeutique exclusivement antimicrobienne1, ait entraîné une recrudescence progressive des maladies chroniques (scléroses vasculaires, rénales, hépatiques ; folies ; suicides ; cancer ; diabète ; albuminurie ; etc.).

En effet, la méconnaissance des lois de la santé, l’incompréhension des raisons générales d’apparition des maladies et le dédain des procédés de guérison qui visent avant tout au rétablissement et à la culture des immunités naturelles, ne peuvent engendrer qu’aveuglement, fausses médications, guérisons factices, transformations morbides, misères et malheurs. Or ces notions salutaires sont, à l’heure actuelle, à peu près inconnues de la médecine classique, qui ne croit qu’aux infections microbiennes et aux maladies de détail, qui ignore la genèse essentielle, unique et générale de toutes les affections multiples et locales, qui, par suite, verse dans les traitements symptomatiques et se livre de plus en plus aux médications chimiques, sérothérapiques et vaccinales.

Mais, à côté de cette médecine non clairvoyante, il existe une école traditionaliste ou naturiste […] Elle a vu que c’étaient principalement les fautes de régime et d’hygiène du corps et aussi les vices de conduite spirituelle qui déterminaient primitivement les troubles morbides généraux puis faisaient se déclarer les maladies cataloguées. Elle en a déduit que la correction des errements matériels, vitaux et psychiques importait par-dessus tout pour rétablir la santé, et que les immunités naturelles seules possédaient une valeur vraie et durable, pour préserver et guérir2 […] (Citations choisies par Roger Coupas)


1 Dr P. Carton. Les lois de la vie saine. Ed. Lefrançois, Paris 1922 (cité d’après la 7ème édition, 1980)

1 Ndlr. On pourrait ajouter aujourd’hui « et antivirale » sans que cette nouvelle dimension de la biologie élargisse le moins du monde une médecine réductionniste vouée à l’oubli des causes spirituelles.

2 Dr. P. Carton. L’essentiel de la doctrine d’Hippocrate. Ed. Maloine, Paris 1937, pp.9-11.

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