Partager la publication "La confession de Rakovski (4ème partie)"
Par le Dr Landovski
« Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)
Résumé : Rakovski aborde maintenant l’histoire de la révolution bolchevique, avec la lutte croissante entre Trotsky et Staline ; ce dernier réussissant à écarter Trotsky et à développer un communisme « bonapartiste », un national-communisme au fond très proche du national-socialisme d’Hitler. Cette proximité s’étend encore sur trois points décisifs :
1. L’Etat a repris aux banquiers son pouvoir de battre monnaie.
2. Les deux régimes se servent habilement du sentiment national.
3. Enfin les deux sont radicalement anti-chrétiens. Cette dernière raison, surtout, permet donc d’envisager une alliance provisoire contre les démocraties (le futur pacte Molotov-Ribbentrop) et montre bien les enjeux non seulement politiques et économiques, mais aussi spirituels, lors du dernier conflit mondial.
G.- Et vous niez encore la stupidité de la bourgeoisie ?
R.- Je la nie dans la bourgeoisie en tant que classe, mais pas dans certains de ses secteurs. L’existence de maisons de fous ne prouve pas que la folie soit universelle. La Franc‑Maçonnerie est aussi une maison de fous, mais en liberté. Mais je poursuis. La révolution avait été victorieuse; la prise du pouvoir s’était accomplie. Alors survint le premier problème: la paix et, avec elle, les premières divergences dans le parti, auquel participent les forces de la coalition et qui a le bénéfice du pouvoir. Je ne vais pas vous expliquer ce qui est bien connu de la lutte qui se développa à Moscou entre partisans et opposants à la paix de Brest‑Litovsk. Je me bornerai à relever ce qui alors était déjà devenu évident et qui devint l’opposition trotskyste, c’est à dire ceux qui les uns ont été liquidés, et les autres vont l’être ; ils étaient tous contre la signature de ce traité de paix. Cette paix était une faute et une trahison inconsciente par Lénine de la Révolution internationale.
Imaginez que les Bolcheviques auraient pu siéger à Versailles, à la Conférence de la Paix et ensuite dans la Ligue des Nations, se retrouvant en Allemagne avec une Armée Rouge qui avait été armée et développée par les Alliés ! L’Etat Soviétique aurait alors participé en armes à la révolution allemande… C’est une toute autre carte de l’Europe qui en serait résultée. Mais Lénine, enivré de pouvoir, et avec lui Staline qui avait également goûté aux fruits du pouvoir, soutenus par l’aile nationale russe du Parti disposant des ressources matérielles, imposèrent leur volonté. C’est là que naquit le concept du « Communisme dans un seul pays », du national‑communisme, qui a atteint son apogée sous Staline. Il est évident qu’il y eut lutte, mais seulement sous une forme et à un degré tel que l’Etat communiste ne fut pas détruit.
Cette condition impérative lia l’opposition durant tout le cours de sa lutte ultérieure, jusqu’à aujourd’hui. Ce fut la raison de notre premier échec et de ceux qui suivirent. Mais la lutte fut sévère, cruelle, bien que cachée pour ne pas compromettre notre participation au pouvoir. Trotsky organisa avec l’aide de ses amis l’attentat de Kaplan contre la vie de Lénine. Sur ses ordres, Blumkine assassina l’ambassadeur Mirbach. Le coup d’Etatqui fut préparé par Spiridonova avec ses sociaux‑révolutionnaires, avait aussi été coordonné par Trotsky. L’homme qu’il avait choisi pour ces opérations, et qui était hors de tout soupçon, était Rosenblum, un juif lithuanien qui utilisait le pseudonyme de O’Reilly et qui était connu pour être le meilleur espion des Services Secrets britanniques . En réalité, c’était un de LEURS hommes. La raison pour laquelle le fameux Rosenblum avait été choisi était qu’ en cas d’échec, la responsabilité en retomberait, non sur Trotsky ni sur nous, mais sur l’Angleterre. C’est ce qui advint effectivement .
Grâce à la guerre civile, nous pûmes abandonner les méthodes terroristes et conspiratrices, puisque nous avions alors la chance d’avoir entre nos mains les forces de l’Etat en ce sens que Trotsky était devenu l’organisateur et le chef de l’Armée Soviétique. Avant, l’armée avait reculé constamment devant les armées Blanches, et le territoire de l’URSS avait rétréci aux dimensions de ce qui formait l’ancienne Principauté de Moscou. Mais là, tout à coup, comme par magie, elle commence à vaincre. Pourquoi, selon vous ?
Est‑ce le résultat de la magie, ou de la chance ? Eh bien, je vais vous le dire: quand Trostky prit le commandement suprême de l’Armée Rouge, il eut désormais dans les mains, par le fait même, les forces pour prendre le pouvoir. Une série de victoires allait accroître son prestige et ses forces : il devenait possible de vaincre les Blancs ! Pensez‑vous véridique l’histoire officielle qui attribue à l’Armée Rouge, mal armée et indisciplinée, toute une série de victoires ?
G.- A qui d’autre le mérite, alors ?
R.- A quatre‑vingt dix pour cent, elles étaient dues à « EUX « . Il ne faut pas oublier que les Blancs étaient à leur manière des démocrates. Les Mencheviks étaient avec eux, ainsi que les restes des anciens partis libéraux. A l’intérieur de ces forces « ILS » avaient toujours eu à leur service beaucoup de gens qui les servaient, les uns délibérément, les autres inconsciemment. Dès que Trotsky eut pris le commandement, ces gens‑là reçurent l’ordre de trahir systématiquement les Blancs, et en même temps on leur promit une participation à plus ou moins court terme au Gouvernement Soviétique. Maïsky était l’un d’eux, l’un des rares pour lesquels cette promesse fut tenue, mais il ne l’obtint qu’après que Staline se fut convaincu de sa loyauté .
Ces trahisons, associées à la progressive diminution de l’aide des Alliés aux généraux des Blancs, qui en plus de tout cela étaient de malheureux incapables, les força à subir défaite après défaite.
Finalement Wilson introduisit dans ses célèbres quatorze points le point 63 dont l’existence suffit à mettre un point final aux tentatives des Blancs de combattre l’URSS. La guerre civile confortait ainsi la position de Trotsky comme héritier de Lénine. Car il l’était effectivement, c’est indubitable. Le vieux révolutionnaire pouvait alors mourir auréolé de gloire. S’il demeura en vie malgré la balle tirée par Kaplan, il ne survécut pas à la procédure secrète qui l’acheva .
G.- Trotsky abrégea sa vie ? Voilà un point extrêmement avantageux pour notre procès . N’est‑ce pas Lévine qui était le médecin de Lénine ?
R.- Trotsky ?… Il est probable qu’il y trempa, et il est en tout cas certain qu’il fut au courant. Mais quant à la réalisation technique… c’est un détail de peu d’importance ; qui le sait au juste? » ILS » ont à leur disposition un nombre suffisant de canaux pour atteindre qui ils veulent .
G.- En tout cas, l’assassinat de Lénine est une question de la plus haute importance, qu’ il vaudrait la peine de faire examiner lors du prochain procès… Qu’en pensez-vous Rakovsky, en supposant que « par hasard » vous ayiez été l’auteur du meurtre? Il est clair que si vous ne donnez pas un tour satisfaisant à la conclusion de cet entretien …. l’exécution technique de l’affaire en question vous irait bien en tant que médecin…
R.- Je ne vous le conseille pas. Laissez donc cette question . Elle est suffisamment dangereuse pour Staline en personne. Car vous pourrez toujours semer votre propagande autant que vous le voudrez, mais EUX ont aussi leur propagande, et qui est la plus puissante ; car la question du cui prodest, « à qui profite » le crime, forcera tout un chacun à voir en Staline l’assassin de Lénine, et cet argument-là sera bien plus fort que n’importe quelle confession arrachée de Lévine, de moi ou de n’importe qui.
G.- Que voulez‑vous dire par là ?
R.- Que c’est la règle classique et infaillible pour déterminer le meurtrier que de rechercher à qui profite le crime… Et en ce qui concerne l’assassinat de Lénine, dans ce cas, le bénéficiaire fut son chef : Staline. Pensez‑y, et maintenant je vous demande instamment de ne plus faire ce genre de remarques, parce qu’elles me distraient et m’empêchent de finir.
G.- Très bien, continuez , mais vous êtes averti …
R.- Tout le monde sait que si Trotsky n’hérita pas de Lénine, ce ne fut pas dû à une erreur humaine, au fait que quelque chose ait été omis dans le plan. Au cours de la maladie de Lénine, Trotsky tint en mains tous les fils du pouvoir, ce qui était plus que suffisant pour lui permettre de succéder à Lénine, et des mesures avaient été prises pour condamner Staline à mort. Pour Trotsky le dictateur, il lui suffisait pour liquider Staline d’avoir en sa possession la lettre d’accusation de Lénine contre son chef d’alors Staline4, cette lettre que sa femme Kroupskaia lui avait arrachée des mains. Mais une stupide malchance, comme vous le savez, ruina toutes nos chances.
Trotsky tombe alors inexplicablement malade, et cela au moment décisif lorsque Lénine meurt, et il devient incapable de toute action pendant un intervalle de plusieurs mois. En dépit du fait que notre organisation de l’affaire disposait d’énormes avantages, l’obstacle provenait dès lors d’elle‑même, c’est à dire de sa centralisation sur une seule personne. Car il est évident qu’un homme comme Trotsky, préparé d’avance à sa mission et pour ce qu’il devait réaliser, ne se remplace pas sur l’heure et de manière improvisée. Personne parmi nous, pas même Zinoviev, n’avait reçu la formation nécessaire et ne possédait les qualités requises pour une telle entreprise. Et d’autre part Trotsky, craignant lui‑même d’être remplacé, ne voulait aider personne. Ainsi, après la mort de Lénine, quand nous dûmes faire face à Staline qui commençait à montrer une activité fiévreuse, notre défaite au Comité Central devint alors prévisible.
Nous eûmes à prendre une décision improvisée, et ce fut de nous rallier à Staline, de devenir plus staliniens que lui, d’exagérer en tout, et ainsi de saboter son action. Le reste, vous le savez déjà : ce fut notre lutte souterraine incessante et nos continuels échecs à l’avantage de Staline, tandis qu’il montre un talent policier génial, absolument sans équivalent dans le passé. Et j’ajouterai encore ceci: parce qu’il possède un atavisme national que son marxisme précoce n’a pas réussi à déraciner en lui, Staline pour cette raison souligne son pan‑russianisme, et à cet égard ressuscite une classe que nous voulions détruire, celle des nationaux‑communistes, laquelle s’oppose aux communistesinternationalistes que nous sommes. Il met l’Internationale au service de l’URSS, et elle accepte cette domination. Si nous voulons trouver un parallèle historique, c’est au bonapartisme qu’il faut faire référence à ce sujet ; mais si l’on veut trouver un modèle au type même de Staline, on ne pourra pas trouver de parallèle historique le concernant. Peut‑être pourrais‑je pourtant le trouver, mais en combinant deux personnalités : Fouché et Napoléon. Essayons de dépouiller ce dernier de sa deuxième moitié, de ses accessoires, de ses uniformes, de son rang militaire, de sa couronne et tutti‑quanti, qui, semble‑t‑il, n’intéressent pas Staline.
Alors à eux deux, ils fournissent un type identique à Staline sous ses aspects essentiels : il est le tueur de la révolution; il ne la sert pas, mais s’en sert ; il représente le plus ancien impérialisme russe, tout comme Napoléon s’identifia avec les rois de France ; il créa une aristocratie, même si celle‑ci ne fut pas militaire car il n’y eut pas de victoires, mais burocratico‑policière.
G.- Assez Rakovsky !.. Vous n’êtes pas ici pour faire de la propagande trotskyste . Allez‑vous enfin en venir à quelque chose de concret
R.- Il est bien clair que je vais y venir, mais pas avant d’être arrivé au point où vous vous serez fait pour vous‑même une idée au moins superficielle à LEUR sujet, au sujet de ceux avec qui vous aurez à compter en pratique et dans la réalité concrète actuelle. Pas avant. Pour moi, comme vous pouvez bien le comprendre, il est encore beaucoup plus important que pour vous de ne pas échouer.
G.- Soit, alors continuez, mais faites aussi court que possible.
R.- Nos échecs, qui empirent alors jour après jour, empêchent de réaliser ce qu’ILS avaient préparé pour la période d’après-guerre en vue du nouveau bond en avant de la Révolution. Le Traité de Versailles, tout à fait inexplicable pour les politiciens et les économistes de toutes nations, en ce sens que personne ne put prévoir ses conséquences, était en fait la précondition la plus décisive de la Révolution.
G.- Voilà une bien étrange théorie. Expliquez‑vous.
R.- Les réparations imposées par Versailles et les limitations économiques n’avaient pas été déterminées en fonction des avantages des diverses nations. Leur somme d’absurdités était si patente que même les économistes les plus éminents des nations victorieuses ne tardèrent pas à le dire. La France à elle seule demandait en réparations bien plus que le coût de tout ce qu’elle possédait, bien plus que ce que l’on aurait dû payer si la France entière avait été réduite à l’état d’un désert comme le Sahara. Mais il y avait pire, c’était la décision d’ imposer à l’Allemagne des obligations de paiement qui étaient plusieurs fois supérieures à ce qu’elle aurait pu payer, même si elle s’était vendue en totalité et avait fourni la totalité de sa production nationale .
Finalement, le vrai résultat fut qu’en pratique l’Allemagne se trouva forcée à faire un dumping fantastique afin de pouvoir payer au moins une partie de ce qu’elle devait au titre des réparations. Quel fut le résultat de ce dumping ? Un manque de biens de consommation, la famine en Allemagne, et un sous-emploi concomitant chez les pays importateurs de marchandises allemandes. Et comme ils étaient empêchés d’importer, il y eut aussi du chômage en Allemagne. Faim et chômage de part et d’autre: tels furent les premiers résultats du Traité de Versailles… Alors, ce traité était‑il révolutionnaire ou non ?
Mais on fit plus encore: on entreprit une réglementation internationale uniforme. Savez‑vous ce que cette initiative représente sur le plan de la révolution? Elle revient à imposer cette absurdité anarchique, qui force chaque économie nationale à produire en volume suffisant pour tous ses besoins, mais en assumant que, pour y parvenir, on ne doive tenir aucun compte des différences de climat, de richesse naturelle, ni même de niveau de formation technique des directeurs ou des ouvriers. Cela signifie que, pour compenser les inégalités natives de sol, de climat, de ressources en minerais, en pétrole, etc., etc., des diverses économies nationales, on imposait en fait aux pays pauvres de travailler davantage. Et donc qu’ils devaient exploiter de façon accrue les capacités de la force de travail afin de compenser les inégalités dues à la pauvreté du sol ; à cela s’ajoutaient diverses autres inégalités qui devaient être compensées de la même manière, comme par exemple l’équipement industriel. Je ne m’étendrai pas davantage sur ce problème, mais la réglementation de la journée de travail par la Ligue des Nations sur la base du principe abstrait de l’égalité de la durée de travail pour tous, se fit, dans le contexte d’un système capitaliste de production et d’échange inchangé et avec une inégalité économique établie, sans se soucier de l’objectif du travail (qui demeure celui d’une production nationale suffisante). Le résultat immédiat de cette mesure fut une production insuffisante, compensée par des importations provenant des pays qui bénéficiaient de ressources naturelles et de l’auto‑suffisance industrielle. Comme l’Europe avait de l’or, ses importations furent payées en or.
Il se produisit alors un boom en Amérique, qui échangea son immense production contre de l’or et des certificats gagés sur l’or, lesquels abondèrent . Sur le modèle de cette anarchie de la production, apparut alors au cours de cette période une anarchie financière, dont on ne parla pas. « ILS » prirent avantage de la première, au prétexte de l’aider au moyen d’une autre anarchie, encore plus grande : par l’inflation de la monnaie officielle et par l’inflation cent fois plus importante de leur propre monnaie, celle du crédit, c’est à dire de la fausse monnaie. Rappelez‑vous que survinrent alors des dévaluations systématiques en de nombreux pays, l’effondrement de la valeur de la monnaie en Allemagne, puis la crise américaine et ses conséquences formidables… un chômage record : plus de trente millions de chômeurs pour le seul ensemble de l’Europe et des USA . Eh bien, est-ce que le Traité de Versailles et sa Ligue des Nations n’ont pas servi de préconditions révolutionnaires ?…
G.- Ceci aurait pu arriver même sans intention. Pourriez‑vous, plutôt que ces déductions logiques, me démontrer alors pourquoi la révolution et le Communisme reculent. Plus encore : ils lui opposent le Fascisme, qui a conquis désormais l’Espagne et l’Allemagne… Que pouvez-vous me dire là‑dessus ?
R.- Je vous dirai que ce n’est que dans le cas où on LES ignore , EUX et leurs objectifs, que vous pourriez avoir raison… mais vous ne devez pas oublier précisément leur existence et leurs objectifs, avec aussi le fait qu’en URSS, le pouvoir est aux mains de Staline.
G.- Je ne vois pas le rapport.
R.- Parce que vous vous refusez à le voir : vous avez pourtant assez de capacités déductives et d’aptitudes au raisonnement. Je le répète encore : pour nous, Staline n’est pas un communiste, c’est un bonapartiste.
G.- Et alors ?
R.- Nous ne voulions pas que les pré-conditions formidables que nous avions créées à Versailles en faveur de la Révolution communiste mondiale, et qui sont devenues comme vous le voyez une gigantesque réalité, servent finalement à donner la victoire au bonapartisme de Staline… Est‑ce assez clair pour vous ?
Tout aurait été différent si Trotsky avait pu être dictateur en URSS, car cela aurait alors signifié qu’ILS devenaient les chefs effectifs de l’Internationale Communiste.
G.- Mais il est sûr que le Fascisme est totalement anti‑communiste par rapport au Communisme trotskyste aussi bien qu’au Communisme stalinien. Alors, si le pouvoir qu’ILS ont -comme vous le prétendez‑ est si grand, comment n’ont‑ILS pas pu éviter cela ?
R.- Parce que c’est EUX justement qui ont permis à Hitler de triompher.
G.- Vous dépassez là les bornes de l’absurdité !
R.- C’est le résultat de votre absence de culture qui fait que l’absurde et le miraculeux se mêlent . Ecoutez‑moi donc. J’ai déjà admis la défaite de l’opposition. ILS constatèrent finalement que Staline ne pouvait être évincé par un coup d’Etat, et leur expérience historique leur suggéra donc la répétition avec Staline de la manœuvre qui avait eu lieu avec le Tsar. Mais une difficulté semblait insurmontable. Dans toute l’Europe, il n’y avait pas un seul Etat agresseur. Pas un qui fut géographiquement bien placé et avec une armée suffisante pour une attaque contre la Russie. Puisqu’ un tel pays n’existait pas, ILS décidèrent qu’il leur fallait le créer. Seule l’Allemagne avait la population et une situation adéquates pour une attaque contre l’URSS, et était capable de vaincre Staline ; or vous comprenez bien que la République de Weimar n’avait pas été inventée pour être un agresseur, ni politiquement ni économiquement : bien au contraire, elle était faite pour appeler une invasion. Sur l’horizon de l’Allemagne affamée s’éleva alors le météore Hitler. Une paire d’yeux pénétrants fixa son attention sur lui. Le monde fut témoin de son ascension fulgurante.
Je ne prétendrai pas pourtant que tout fut l’oeuvre de nos mains, non ! Son ascension ininterrompue et sans cesse croissante résulta de l’économie révolutionnaire‑communiste de Versailles. Versailles avait eu en tête, de créer des pré-conditions non pas pour le triomphe d’Hitler, mais pour la prolétarisation de l’Allemagne, le chômage et la famine, et dont le résultat aurait dû être le triomphe de la révolution communiste.
Mais puisque, du fait de la présence de Staline à la tête de l’URSS et de l’Internationale la révolution ne put réussir, et aussi parce qu’on ne voulait pas donner l’Allemagne au bonapartisme, ces pré-conditions furent alors assouplies dans une certaine mesure par les plans Davis et Young, dans l’attente que l’opposition parvienne au pouvoir en Russie… Cela non plus ne se produisit pas. Mais les pré-conditions révolutionnaires, elles, produisirent leurs effets... La situation économique de l’Allemagne devait forcer son prolétariat à des actions révolutionnaires. Par la faute de Staline, la révolution internationale sociale dut être retardée, et le prolétariat allemand chercha alors à s’associer à la révolution nationale‑socialiste. C’était un phénomène dialectique, mais étant donné toutes les conditions du moment, et c’est le simple bon sens, la révolution nationale‑socialiste n’aurait jamais pu triompher là. Ce n’était pas encore tout. Il fallait, selon les instructions, que les socialistes et les trotskystes divisent les masses selon une pleine conscience de classe déjà éveillée. De cela, nous nous occupions. Mais il fallait plus encore : en 1929, lorsque le parti national‑socialiste commença de connaître une crise de croissance et manquait de ressources financières, « ILS » envoyèrent leur ambassadeur. J’en connais même le nom : c’était l’un des Warburg. Par des négociations directes avec Hitler, ils se mirent d’accord pour financer directement le Parti national‑socialiste, et ce dernier reçut en deux ans plusieurs millions de dollars envoyés de Wall Street, et plusieurs millions de marks en provenance de financiers allemands par l’intermédiaire de Schacht ; c’est ainsi que l’entretien des SS et des SA, et aussi le financement des élections qui eurent lieu alors, furent effectués par les dollars et les marks fournis par « EUX » .
G.- Ceux qui, selon vous, veulent imposer le Communisme pleinier, vont alors armer Hitler qui ne jure que d’éradiquer la première nation communiste ! Voilà qui, si l’on doit vous croire, est quelque chose de vraiment très logique pour ces financiers.
R.- C’est que vous oubliez toujours le bonapartisme stalinien. Souvenez‑vous que contre Napoléon, l’étrangleur de la Révolution et celui qui lui vola sa force, s’élevèrent les révolutionnaires objectifs : Louis XVIII, Wellington, Metternich, et jusqu’au Tsar autocrate…
Ce que je vous dis là est la pure doctrine communiste, garantie 22 carats et conforme à la stricte doctrine stalinienne ! Vous devez connaître par coeur ses thèses au sujet des colonies et des pays impérialistes… En effet, d’après lui les rois d’Afghanistan et d’Egypte sont objectivement des communistes, de par la lutte qu’ils mènent contre Sa Majesté britannique . Pourquoi alors Hitler ne serait‑il pas communiste, puisqu’il combat l’autocrate « Tsar Koba 1er« *. Ainsi donc, il y a désormais Hitler avec sa puissance militaire croissante, qui étend déjà les frontières du IIIème Reich, et qui dans le futur fera plus encore… de façon à acquérir les moyens et les possibilités suffisantes pour attaquer et assurer la destruction totale de Staline… Ne remarquez‑vous pas la sympathie générale des loups de Versailles, qui se bornent désormais à grogner faiblement ?… Est‑ce là encore un nouveau hasard, un accident ? Hitler envahira l’URSS, et, comme en 1917 lorsque les défaites subies par le Tsar donnèrent la possibilité de le renverser, de même les défaites de Staline nous permettront de le remplacer… et alors sonnera l’heure de la Révolution mondiale. Car les Etats démocratiques, actuellement endormis, nous aideront à opérer le changement général à ce moment là , lorsque Trotsky aura le pouvoir en mains, tout comme lors de la guerre civile. Hitler attaquera à l’Ouest, ses généraux se soulèveront et le liquideront …. Alors, dites‑moi, Hitler n’était‑il donc pas objectivement communiste ? Oui ou non ?
G.- Je ne crois ni aux contes de fées, ni aux miracles…
R.- Eh bien, si vous ne voulez pas croire qu’ils sont capables d’accomplir ce qu’ils ont déjà fait, alors attendez‑vous à constater l’invasion de l’URSS et la liquidation de Staline d’ici un an. Vous estimez qu’il s’agirait d’un miracle ou d’un accident… Eh bien, préparez‑vous quand même à voir cela et à le vivre… Mais, bien que ce ne soit encore qu’une hypothèse, vous refusez‑vous vraiment à croire ce dont je vous ai parlé ?… Si c’est le cas, vous n’agirez en ce sens qu’ au moment où vous commencerez à en constater les preuves, à la lumière de mes paroles.
G ‑ Soit, parlons‑en alors comme d’une supposition. Qu’alliez‑vous dire ?
R.- Vous aviez, vous‑même, il y a un moment, relevé la coïncidence d’opinion qui eut lieu entre nous. Nous ne sommes pas actuellement intéressés par l’attaque de l’URSS, puisque la chute de Staline y impliquerait la destruction du communisme, dont l’existence nous intéresse toujours en dépit du fait qu’il n’est ici que formel, car il nous donne la certitude du succès lorsque nous réussirons à nous en emparer et à le convertir en véritable communisme. Je pense vous avoir donné ainsi la position actuelle de manière relativement exacte.
G.- Splendide ! Alors la solution…
R.- Avant tout, il faut nous assurer contre le risque d’ une possible attaque de la part d’Hitler.
G.- Si, comme vous l’affirmez, ce furent EUX qui l’ont fait Führer, ils ont donc barre sur lui et il est forcé de leur obéir.
R.- Je suis allé trop vite ; je ne me suis pas exprimé de manière suffisamment exacte, et vous m’avez mal compris. Il est exact qu’ILS ont financé Hitler, mais cela ne voulait pas dire qu’ils lui ont révélé leur existence et leurs objectifs. L’ambassadeur Warburg se présenta sous un faux nom, et Hitler ne devina même pas sa race ; il mentit également à propos de ceux dont il était le représentant. Il déclara à Hitler qu’il avait été envoyé par des cercles financiers de Wall‑Street qui étaient intéressés à financer le mouvement national‑socialiste dans le but de faire pression sur la France, dont les gouvernements mènent une politique financière qui est un facteur de crise aux USA.
G.- Et Hitler l’a cru ?
R.- Cela, nous l’ignorons. Mais qu’il ait cru ou non en nos explications n’était pas si important : notre but essentiel était de provoquer une guerre, et Hitler incarnait la guerre. Est‑ce que vous comprenez maintenant ?
G.- Oui, je comprends. Alors comme conséquence, je ne vois pas d’autre moyen de l’arrêter sinon la création d’une coalition entre l’URSS et les démocraties qui soit capable d’effrayer Hitler.
Car je pense qu’il ne sera pas capable d’attaquer tous les pays du monde simultanément. Tout au plus, les attaquerait-il les uns après les autres.
R.- Est‑ce qu’une solution plus simple ne vous vient pas à l’esprit ? Une solution, disons… contre‑révolutionnaire ?
G.- Pour éviter la guerre contre l’URSS ?
R.- Raccourcissez cette phrase de moitié… et répétez avec moi « éviter la guerre »… N’est‑ce pas là une chose absolument contre‑révolutionnaire ? Tout communiste convaincu qui désire imiter Lénine son idole et les plus grands stratèges révolutionnaires doit toujours souhaiter la guerre. Rien n’est plus efficace que la guerre pour avancer la victoire de la révolution. C’est là un dogme marxiste-léniniste que vous devez prêcher. Maintenant, ajoutons ceci : le national‑communisme de Staline, cette sorte de bonapartisme, est capable d’aveugler l’intelligence des communistes les plus intégralement pur‑sang, au point de les empêcher de voir la déviation dans laquelle Staline est tombée, c’est-à-dire soumettre la révolution à l’Etat au lieu de soumettre l’Etat à la révolution, et il serait correct….
G.- Votre haine de Staline vous aveugle et vous vous contredites. Ne sommes-nous pas convenus qu’une attaque contre l’Union Soviétique ne serait pas souhaitable ?
R.- Mais pourquoi la guerre devrait‑elle nécessairement avoir lieu contre l’URSS ?
G.- Contre quel autre pays voulez‑vous donc qu’Hitler fasse la guerre ? Il est assez clair que c’est contre l’URSS qu’il dirigera son attaque : il le déclare dans tous ses discours. Quelle preuve de plus vous faut‑il ?
R.- Si vous, les hommes du Kremlin, vous considérez cela comme certain et indiscutable, pourquoi alors avez‑vous donc provoqué la guerre civile en Espagne ? N’allez pas me dire que vous l’avez fait pour des raisons purement révolutionnaires. Staline est incapable de mettre réellement en pratique ne serait -ce qu’une seule théorie marxiste. S’il y avait place là pour des considérations révolutionnaires, ce serait une erreur de sacrifier en Espagne tant d’excellentes forces révolutionnaires internationales.
C’est le pays qui est le plus éloigné de l’URSS, et l’éducation stratégique la plus élémentaire n’aurait pas permis le gaspillage de telles forces… Comment, en cas de conflit, Staline serait‑il capable d’approvisionner et d’apporter une aide militaire à une République Soviétique Espagnole ? Mais il avait néanmoins raison. Il y a là un point stratégique important, un carrefour d’ influences opposées entre les Etats capitalistes… une guerre entre eux aurait pu ainsi être provoquée. J’admets théoriquement que cette stratégie aurait pu être juste, mais en pratique, non. Vous voyez bien que la guerre entre les Etats démocratiques et les Etats fascistes n’a pas éclaté. Maintenant, je vais vous dire : si Staline pensait par là pouvoir de lui‑même créer les conditions suffisantes pour susciter une guerre dans laquelle les Etats capitalistes se seraient battus entre eux, pourquoi n’admet‑il pas, ne serait‑ce que théoriquement au moins, que d’autres également puissent faire la même chose que ce qui ne lui sembla pas impossible ?…
G.- En admettant votre postulat, on peut en effet admettre cette hypothèse.
R.- Cela signifie donc qu’il y a un second point d’accord entre nous : le premier était qu’il ne fallait pas qu’il ait de guerre contre l’URSS ; le second est qu’il serait avantageux d’en provoquer une entre les Etats bourgeois.
G.- Oui, j’en suis d’accord. Mais est‑ce votre opinion personnelle ou la LEUR ?
R.- Je l’exprime comme ma propre opinion. Je n’ai ni pouvoir, ni contact avec EUX, Mais je peux néanmoins confirmer que sur ces deux points, leurs vues coïncident avec celles du Kremlin.
G.- C’est la chose la plus importante, et c’est pourquoi il est essentiel de s’en assurer avant tout. Mais j’aimerais savoir sur quoi vous basez votre confiance qu’ILS approuvent cela.
R.- Si j’avais le temps de vous expliquer la totalité de leur plan, vous connaîtriez les raisons pour lesquelles ils approuvent notre conclusion. Pour l’instant, je les résumerai à trois.
G.- Lesquelles ?
R.- L’une est celle que j’avais déjà mentionnée . Grâce à son intuition naturelle et contre l’avis technique de Schacht, Hitler, cet individu primaire et sans instruction, a rétabli un système économique de nature très dangereuse. Ignorant tout des théories économiques et guidé seulement par la nécessité, il a évincé, comme nous l’avions fait en URSS, à la fois le capital international et le privé. Cela veut dire qu’il a repris à son avantage exclusif le privilège de créer la monnaie, et cela, non seulement pour la monnaie matérielle, mais aussi pour les monnaies fiduciaires : il s’est emparé de la machine intacte de falsification (de la circulation monétaire) et l’a fait travailler au bénéfice de l’Etat. Il est allé même plus loin que nous, car nous, après l’avoir aboli en Russie, nous l’avons remplacé par ce système grossier appelé Capitalisme d’Etat : c’était une victoire très coûteuse, en vue des nécessités de la démagogie pré‑révolutionnaire… Je vais vous citer deux faits réels à titre de comparaison. Et je dirai même qu’Hitler a eu de la chance, car il n’avait pratiquement pas d’or ; et pour cette raison même, il ne fut pas tenté de créer une réserve d’or. Comme il ne possédait, pour toute garantie financière, que l’équipement technique et la colossale capacité de travail des Allemands, sa « réserve d’or » fut la capacité technique et de travail… c’est-à-dire une chose si totalement révolutionnaire que, comme par magie, il a radicalement résolu le chômage de plus de sept millions d’ouvriers et de techniciens.
G.- Mais grâce à un réarmement croissant.
R.- Que vient faire votre réarmement ? Si Hitler est parvenu à ce résultat en dépit de tous les économistes bourgeois qui l’entourent, il était bien capable, en l’absence de tout danger de guerre, d’appliquer aussi un tel système à une production de paix… Vous imaginez-vous ce qui serait arrivé si un tel système avait infecté un certain nombre d’autres Etats et amené une période d’autarcie ? Par exemple concernant le Commonwealth ? Si vous le pouvez, imaginez alors les effets contre‑révolutionnaires !… Le danger n’est cependant pas inévitable, car nous avons eu cette chance qu’Hitler restaura son système économique, non pas en fonction de théories antérieures mais empiriquement , et qu’il n’en tira aucune formulation scientifique…
En d’autres termes, comme il ne pensa pas sa méthode selon un procédé déductif basé sur le raisonnement, il ne put l’exprimer en termes scientifiques5 ou en corps de doctrine; mais il y a cependant un danger latent qu’une telle doctrine se fasse jour à tout moment, à la suite d’une déduction, et soit formulée. C’est un danger très sérieux. Beaucoup plus grave que tous les autres facteurs externes et cruels du national‑socialisme.
Nous n’attaquons pas cet aspect dans notre propagande, car il pourrait se faire qu’à travers les polémiques théoriques suscitées, nous risquions ainsi de provoquer une formulation et une systématisation de cette doctrine économique si décisive6. C’est pourquoi il n’y a qu’une solution : la guerre !
G.- Et la deuxième raison ?
R.- Si Thermidor triompha avec la révolution soviétique, ce fut le résultat de l’existence du nationalisme russe antérieur. Sans le nationalisme, le bonapartisme eut été impossible. Et si c’est arrivé en Russie où le nationalisme n’était encore qu’embryonnaire, incarné en la personne du Tsar, alors quels obstacles le marxisme ne doit‑il pas surmonter avec les nationalismes pleinement développés d’ Europe occidentale ! Marx se trompait à propos des conditions favorisant le succès de la révolution. Le marxisme triompha, non dans les pays les plus industrialisés, mais en Russie où le prolétariat était réduit. Indépendamment de toute autre raison, notre victoire s’explique là par le fait qu’en Russie il n’y avait pas de réel nationalisme.
Mais dans les autres pays il était à son apogée. Vous voyez comment s’est produit sa résurgence sous l’extraordinaire pouvoir du nazisme, et comme il est infectieux ! Vous comprenez donc facilement, qu’ outre le fait que cela pourrait avantager Staline, la nécessaire destruction du nationalisme vaut à elle seule une guerre en Europe.
G‑ En somme, Rakovsky, vous avez énoncé une raison économique et une raison politique. Quelle est donc la troisième ? R.- C’est facile à deviner. Nous avons encore une autre raison : c’est une raison religieuse. Le communisme ne peut pas vaincre tant qu’il n’aura pas supprimé le christianisme encore vivant. L’Histoire est très parlante à ce propos : la révolution permanente a demandé dix‑sept siècles pour parvenir à sa première et seulement partielle victoire, en créant la grande division de la Chrétienté. En réalité, le christianisme est notre seul ennemi réel, car toutes les superstructures politiques et économiques des Etats bourgeois n’en sont que les conséquences. Le christianisme, étant maître des individus, est capable de neutraliser l’avancée révolutionnaire de l’Etat Soviétique neutre ou athée en l’étouffant ; et comme on l’a vu en Russie, on en est arrivé au point de créer le nihilisme spirituel qui domine désormais parmi les masses dirigeantes. Mais malgré tout, celles‑ci sont restées chrétiennes ; cet obstacle n’a donc toujours pas été levé après vingt ans de marxisme. Admettons à propos de Staline qu’en matière de religion il n’a pas été bonapartiste. Nous n’aurions pas fait mieux que lui, et nous aurions agi de même. Et si Staline avait osé, comme Napoléon, franchir le Rubicon du christianisme, son nationalisme et la puissance contre‑révolutionnaire de celui‑ci auraient été décuplés. En outre, si c’était arrivé, la divergence avec lui aurait été si radicale qu’une collaboration quelle qu’elle soit serait alors devenue impossible entre nous et lui, ne serait‑ce même qu’à titre temporaire et de manière purement objective… comme celle qui, comme vous le constatez, devient apparente actuellement entre nous.
G.- Ainsi, je considère personnellement que vous avez donné une définition de trois points fondamentaux sur la base desquels un plan peut être établi. Sur cela, je suis bien d’accord avec vous actuellement.
Mais je vous répète mes réserves mentales, c’est-à-dire mes doutes, sur tout ce que vous avez mentionné, concernant les gens, les organisations et les faits. Maintenant continuez d’exposer les grandes lignes de votre plan.
R.- Eh bien, nous y sommes arrivés en effet. Mais je ferai seulement une réserve préliminaire : je parle de ma propre responsabilité. Je suis responsable de l’interprétation donnée des points évoqués, sur le sens dans lequel ILS les entendent, mais j’admets qu’ils puissent considérer un autre plan comme étant plus adéquat pour atteindre ces trois objectifs, et celui très différent que je vais énoncer maintenant. Gardez cela à l’esprit.
G.- Très bien, je garderai cela en tête ; continuez je vous prie.
(à suivre)
3 Ndlr. Le Point 6 de Wilson se lisait comme suit: « L’évacuation de tout le territoire russe et un règlement de toute question intéressant la Russie, de façon à assurer à celle‑ci la coopération la meilleure et la plus libre des autres nations du monde pour lui donner la possibilité de déterminer en toute indépendance et sans entrave ni contrainte son propre développement politique et sa politique nationale, et de lui assurer d’être sincèrement accueillie dans la société des Nations libres avec les institutions qu’elle s’est elle‑même choisie, et non seulement d’y être accueillie mais d’en recevoir toute l’aide dont elle pourrait avoir besoin et qu’elle puisse souhaiter elle-même. Le traitement accordé à la Russie par les autres nations sœurs dans les mois à venir sera la pierre de touche de leur bonne volonté, de leur compréhension pour ses besoins hors de toute vue intéressée, et de leur sympathie intelligente et généreuse. » Il est difficile de manifester plus clairement le soutien sans réserve du Président Wilson au gouvernement bolchevique. On ajoutera deux faits significatifs : une intervention auprès du premier ministre du Canada afin de faire libérer Trotsky (arrêté par la police comme « agitateur pacifiste ») et de lui permettre ainsi de rejoindre Pétrograd pour participer à la Révolution de 1917 ; le vote demandé au Congrès, aussitôt connu le succès de la révolution, d’un crédit en millions de dollars (de l’époque) pour le nouveau gouvernement « russe ».
4 Ndlr. On note que par deux fois Rakovsky mentionne Staline comme le chef de Lénine : il y a là une énigme ou l’indice d’une hiérarchie parallèle.
* Koba : surnom de Staline
5 Ndt. Rakovsky se trompe: Hitler mentionne dans « Mein Kampf » qu’il avait lu les oeuvres de Gottfried Feder.
6 La question d’une formulation scientifique de cette question et la proposition d’un programme économique correspondant a été l’objet d’une étude attentive des éditeurs de ce livre et de leurs amis pendant des années. Leurs conclusions ont été publiées . Dans un livre du traducteur anglais du présent ouvrage intitulé » The Strugle for Worldpower « ( 2ème édition, 1963) est exposée une solution complète de la question monétaire et, à la page 237, tout un programme économique, politique et social. Ses conclusions peuvent être fournies sur demande auprès de Bloomfield Books, 26 Meadow Lane, Sudbury, Suffolk, COIO 6TD, Angleterre.