Le clouage des mains d’après le Linceul 

Par Jean de Pontcharra

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Résumé : L’auteur apporte des précisions sur quelques points survolés dans l’article « Main ou poignet ? » du Cep n°16. En particulier, est abordée la question des pouces non visibles sur l’image, en rapport avec l’innervation de la paume de la main.

Introduction :

La grande majorité des travaux des 50 dernières années concluent à l’enclouage dans le poignet , suivant les hypothèses du Dr Barbet[1]. Nous complétons l’étude parue dans le n°16 en mettant l’accent sur l’observation anatomique de l’innervation de la main qui donne une explication satisfaisante à la position des pouces sur l’image du Linceul de Turin.

L’empreinte sanguine et l’image des mains :

Cette image pose des problèmes d’interprétation et son analyse ne peut amener à des conclusions fiables si l’on néglige la distinction fondamentale entre coulures de sang « ante mortem » , sang depuis longtemps coagulé et asséché au moment de l’ensevelissement, et sang « post mortem » , sang liquide qui ne coagule plus et qui s’est écoulé après la descente de croix puis a imbibé le Linceul.

La coulure caractéristique (Figure 1) en deux nappes quasi-parallèles sur le dos de la main gauche est du sang « post-mortem ». Cet épanchement ayant son origine dans la plaie du clou située entre le 3e et 4e métacarpiens, s’est produit par écoulement lent, le corps du Christ allongé à l’horizontale sur la pierre du sépulcre [2]. La main gauche avec son pouce en adduction (et peut être aussi en rétraction) coiffant le dos de la main droite prend une légère inclination à gauche, direction suivie par les deux coulures séparées par la proéminence de l’arcade veineuse dorsale. 

La proéminence de la tête du cubitus juste située en aval de l’espace de Destot aurait présenté un obstacle pour les coulures de sang qui en auraient été issues.

Après la déposition de la croix, les dos des mains, les poignets et le début des avant-bras étaient recouverts de sang étalé par le contact serré avec le bois [2] [3]. Ce sang à l’abri de l’oxygène de l’air, en nappe très fine, a été essuyé [4] . Ceci explique pourquoi le début des avant-bras ne présente pas de coulures sur une distance d’environ 8 cm . Les coulures de sang « ante mortem » visibles sur le reste des avant-bras sont restées parce que trop sèches, ou alors parce que cet endroit n’a pas été lavé.

Figure 1 :  Trois hypothèses d’enclouage de la main (vue du dos de la main droite)

L’innervation de la main :

La figure 2 montre une vue palmaire de la main. Sont représentés sur cette figure les emplacements d’enclouage d’après les principales hypothèses, ainsi que le cheminement des nerfs médian et ulnaire dans la région du carpe et du métacarpe :

1) -espace de Destot , par le Dr. Barbet.

2) -zone « Z », par le Dr. Zugibe .

3) -point  « P », présente hypothèse.

L’adducteur du pouce et le chef profond des muscles courts fléchisseurs du pouce sont innervés par le rameau palmaire profond du nerf ulnaire (appelé aussi nerf cubital, ulna=cubitus). Dans la référence [4] le Dr Zugibe faisait remarquer que l’excitation des muscles proposée dans l’hypothèse 1 ne pouvait pas expliquer l’image du pouce et il penchait pour la simple rigidité cadavérique pour expliquer la position du pouce. L’hypothèse 3 montre que le  clou passant entre les 3e et 4e métacarpiens se trouve à proximité immédiate du rameau innervant les muscles adducteur et fléchisseur du pouce et constitue une explication naturelle de ce que l’on voit sur le Linceul.

Conclusion :

Notons bien que l’hypothèse de localisation du clouage dans  la paume est basée principalement sur l’observation de l’image et de l’empreinte sanguine de la main gauche telle qu’apparaissant sur le Linceul. Les conséquences qui en découlent sont :

– une explication satisfaisante de l’absence de l’image du pouce,

– un accord avec l’iconographie multiséculaire,

– un accord avec les blessures des mains des stigmatisés.

Nous traiterons dans un futur numéro des coulures sanguines des avant-bras qui sont complexes et qui comportent une multitude d’informations.

Figure 2 : Les différentes hypothèses d’enclouage de la main (vue palmaire de la main droite)

Bibliographie :

[1] P. Barbet, “La Passion de N.S. Jésus-Christ selon le chirurgien ”, Paris. Ed. Médiaspaul. Rééd 1965.

[2] J. de Pontcharra, “Main ou poignet?”, Le Cep n°16, juillet 2001.

[3]  F.T. Zugibe, “Pierre Barbet revisited”, Sindon N.S. Quad. N°8,  déc 1995.

[4] F.T. Zugibe, “The Man of the Shroud was washed“, Sindon N.S. Quad. N°1, juin 1989.

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