Partager la publication "Derrière la culture de mort "
Par Dominique Tassot
Résumé : En formulant l’expression “culture de mort”, Jean-Paul II a su relier entre elles plusieurs pratiques condamnables de la société actuelle, notamment la contraception, l’avortement et l’euthanasie, toutes trois relevant d’une vision utilitaire de l’homme et niant sa vocation surnaturelle. La force prime alors le droit, et ce recul de la civilisation, abrité derrière l’hypocrite paravent de comités bioéthiques, soulève – si du moins l’on veut réagir – la question de sa cause agissante. En relisant attentivement plusieurs versets du Livre de la Sagesse, on comprend que cette politique suicidaire suivie avec persévérance relève d’hommes impies inspirés par Satan. Se dégage alors un paysage cohérent avec ce que nous savons du Prince de ce monde, menteur et homicide dès le commencement. On comprend aussi les mobiles de cette manipulation systématique des mots, de ces “litotes insidieuses” qui, plus encore peut-être que le goût du sang, motivent l’opposition à Celui qui, outre la Voie, est tout à la fois la Vérité et la Vie.
À parcourir l’encyclique Evangelium vitæ où sont exposées, comme en vis-à-vis, culture de vie et culture de mort, on comprend qu’il s’agit de relier divers faits de société comme l’avortement, la contraception, l’euthanasie et le clonage, de dénoncer la vision utilitariste de l’homme qui la sous-tend et d’en appeler à la loi naturelle (Rm 2,14-15) pour fédérer les hommes de bonne volonté dans un vaste mouvement “pro-vie”.
L’expression « culture de mort » est indiscutablement une belle trouvaille tant par la force du concept que par son pouvoir évocateur. En associant de manière inattendue deux mots courants mais appartenant à des registres différents, Jean-Paul II a mis le doigt sur une réalité multiforme dont la cohérence ne peut plus désormais échapper au regard. Il existe un ensemble d’idées, de pratiques, de comportements, de lois, d’institutions « que l’on peut considérer comme une véritable structure de péché, caractérisée par la prépondérance d’une culture contraire à la solidarité, qui se présente dans de nombreux cas comme une réelle “culture de mort”[1]. »
Et de fait, au cours des années précédant l’encyclique, les associations nord-américaines de diverses origines, ayant multiplié les actions, les pressions et les prières contre l’avortement, avaient réussi à renverser la tendance, à mettre le lobby pro-choice sur la défensive et à réveiller une partie de l’épiscopat. De 1990 à 2004, les avortements reculaient aux États-Unis de 24%. Il n’en demeure pas moins qu’une proportion significative des grossesses est interrompue artificiellement. Selon les CDC (Center for Disease Control and Prevention) américains, leur taux est de 12% chez les Blanches, de 19% chez les Hispaniques et de 37% chez les Noires, ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’un trait de la nature féminine mais d’un phénomène sociologique.
Il faut regrouper, sous ce vocable de culture de mort, tout ce qui est lié à « la valeur sacrée de la vie humaine » (EV 2). L’encyclique en donne une longue liste : « Tout ce qui s’oppose à la vie humaine, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les tentatives de contraintes psychiques; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie infrahumaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable: toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et elles insultent gravement à l’honneur du Créateur. » (EV 7)
On ne peut lutter utilement sans avoir d’abord bien désigné l’ennemi. « Quand on recherche les racines les plus profondes du combat entre la « culture de vie » et la « culture de mort », on ne peut s’arrêter à la conception pervertie de la liberté que l’on vient d’évoquer. Il faut arriver au cœur du drame vécu par l’homme contemporain : l’éclipse du sens de Dieu et du sens de l’homme, caractéristique du contexte social et culturel dominé par le sécularisme qui, avec ses prolongements tentaculaires, va jusqu’à mettre parfois à l’épreuve les communautés chrétiennes elles-mêmes. » (EV 12)
Certes, le sécularisme[2], en bornant l’horizon de la société à la vie d’ici-bas, tend à justifier le règne de la force et à faire disparaître le droit en tant que tel, donc toute civilisation. John P. Hittinger a bien analysé « trois masques de la culture de mort »[3]. Il distingue :
–le réalisme (politique). La morale est réputée ne pas avoir sa place dans la conduite de l’État (Machiavel). À ce titre l’objection de conscience chez les médecins et les infirmières (pour l’avortement), ou même les maires (pour l’union légale des paires homosexuelles), n’a plus sa place.
–le relativisme[4]. On peut ainsi ne pas reconnaître de début objectif à la vie humaine et considérer que l’embryon n’est pas une “personne” et ne peut donc être sujet de droits.[5] L’intérêt individuel devient ainsi le guide suprême (idéologie pro-choice).
-le majoritarianisme. L’idée qu’une majorité peut faire (ou défaire) le Droit et, indirectement, la morale sociale, détruit l’idée même d’un guide supérieur à la volonté propre.
On le voit bien avec l’abolition progressive de la déontologie médicale. Depuis 2300 ans, la profession médicale prêtait le serment d’Hippocrate où se trouvait gravée la formule : « Je ne remettrai pas de pessaire abortif aux femmes ». Avec la loi Veil autorisant l’avortement, le Conseil National de l’Ordre dut modifier la formule. Un nouveau “serment médical” à géométrie variable remplaça les mots “pessaire abortif” par celui d’avortement – il maintenait donc en principe l’interdiction – mais avec cette réserve le vidant de tout contenu : “sauf circonstances prévues par la loi”. « En clair et en pratique, la loi avait avalé la déontologie[6]. » Le Dr Dickès commente à ce sujet : « Le code de déontologie médicale sera abrogé le 8 août 2004 sans que personne ne s’en rende compte.
Il sera incorporé au Code la Santé publique. La dernière version date du 15 octobre 2011, donc toute récente. En clair, cela signifie que les médecins ne relèvent plus de l’Ordre des médecins dans l’exercice de leur profession mais préférentiellement de la loi (…). Exit Hippocrate. Le Bulletin de l’Ordre des Médecins titre en couverture le 2 février 2007 : “L’éthique médicale est à réinventer en permanence”[7].»
On mesure ici toute la portée du basculement qu’a permis le remplacement du mot de “morale” par celui d’“éthique”. Étymologiquement, il s’agit de la même chose : ce qui régit les mœurs, les actions, les comportements. Mais en changeant un mot par un autre, on se débarrassait des connotations diverses que traînait le premier pour en créer de nouvelles. En l’occurrence, ce sont les notions de bien et de mal qui furent évacuées. Par-delà le bien et le mal, n’est plus seulement le lemme d’un philosophe fou[8], mais le mode de fonctionnement des comités d’éthique. Ce qui hier semblait une transgression inconcevable devient aujourd’hui un compromis acceptable, puis apparaîtra demain comme une norme consensuelle. Entretemps, la composition du comité a pu changer et, surtout, les esprits s’habituent. Désormais le fait crée le droit : on le voit bien avec la question du “mariage” des homosexuels.
Mais tous ces “ismes” : sécularisme, relativisme, réalisme, majoritarianisme, etc., vont-ils donner la clé de cette imprégnation croissante de nos sociétés par la “culture de mort” ? Non, sans doute, car les mots abstraits ne sont pas des causes et, si géniale que fut cette trouvaille philologique, elle souffre néanmoins de deux défauts : d’une part il ne s’agit pas d’une véritable culture ; d’autre part la mort n’est pas et ne peut donc rien expliquer.
Loin d’une culture authentique, ni même d’une contre-culture, c’est une opération de dépeuplement et, plus généralement, de déshumanisation qui est mise en œuvre : il s’agit donc de politique. L’encyclique en a d’ailleurs conscience puisqu’elle note en passant que les aides financières aux pays “moins avancés” en difficulté sont parfois accordées à la condition d’ouvrir la législation à la contraception, à l’avortement et à la stérilisation.
Quant aux inspirateurs de cette politique, allusion y est faite par une double citation du Livre de la Sagesse : Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l’être. (…) Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité ; il en a fait une image de sa propre nature. C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent. (Sg 1, 13-14 ; 2, 23-24)
Il semble donc utile et de bonne méthodologie scripturaire de revenir plus en détails sur ces passages du Livre inspiré et sur les versets environnants.
Sg 1, 12 : Ne recherchez pas si ardemment la mort dans les égarements de votre vie et n’acquérez pas la perdition par les œuvres de vos mains.
Les impies dont il est question ici (cf. Sg 1, 9) recherchent la mort avec zèle : elle survient donc par l’effet d’une cause agissante et non d’un concept abstrait ni de la nature primordiale des êtres.
Sg 1, 13 : …parce que Dieu n’a pas fait la mort et qu’il ne se réjouit pas de la perdition des vivants. Il a tout créé pour l’être ; et il a fait toutes les nations du globe guérissables, et il n’y a pas en elles de venin de mort et le règne des enfers n’est pas sur la terre.
De la mort individuelle de l’impie, on passe ici au sort collectif des nations, créées elles aussi pour vivre sainement et non pour être subordonnées à Satan. Or l’impie s’exclame :
Sg 2, 10 : Opprimons le juste pauvre, et n’épargnons pas la veuve, et ne respectons pas les cheveux blancs du vieillard d’un long âge, mais que notre force soit la loi de la justice, car ce qui est faible est regardé comme inutile.
La substitution de la force au Droit (donc la destruction de la civilisation) et la vision utilitaire de l’homme conduisent bien à l’euthanasie (du vieillard) et à l’avortement (du faible).
Sg 2, 12 : Circonvenons donc le juste, parce qu’il nous est inutile, qu’il est contraire à nos œuvres, qu’il nous reproche les péchés contre la loi…Il se vante d’avoir la science de Dieu, il se nomme le fils de Dieu, il est devenu pour nous le censeur de nos pensées. Sa vue nous est à charge, parce que sa vie est dissemblable de la vie des autres.
C’est donc à Jésus-Christ – les commentateurs chrétiens sont unanimes pour le conclure – que les impies en veulent désormais, car sa conduite suffit à elle seule à réfuter leur mode de vie.
Le conflit entre les deux Cités est donc inévitable. L’une cherche l’assouvissement des passions et conduit à la mort ; l’autre proclame la vérité, irrécusable mais dérangeante, qui affirme la valeur irremplaçable de chaque vie (car créée par Dieu), même pauvre ou faible.
Sg 2, 19-22 : Interrogeons-le par l’outrage et les tourments, afin que nous connaissions sa résignation et que nous éprouvions sa patience. Condamnons-le à la mort la plus honteuse ; puisque, d’après ses dires, il sera visité. Ainsi raisonnent-ils, mais ils s’égarent, car leur malice les aveugle. Ils n’ont pas su les secrets de Dieu, ils n’espèrent pas de rémunération pour la sainteté, ils ne croient pas à la récompense des âmes pures.
Les serviteurs de Satan sont aveugles sur l’au-delà. La mort est leur horizon et, en ce sens, eux non plus « ne savent pas ce qu’ils font » lorsqu’ils la donnent à autrui. La survie de l’âme constitue donc le critère anthropologique majeur, décidant de l’appartenance à l’une ou à l’autre des deux Cités, et dictant par ricochet l’ensemble des comportements.
Sg 2, 23-25 : Car Dieu créa l’homme pour l’immortalité et c’est à l’image de sa ressemblance qu’il l’a fait. Mais par l’envie du diable, la mort est entrée dans l’univers. Or ceux-là l’imitent, qui sont de son parti.
Dans le texte original grec, le mot “parti”, μερις (méris), est celui qui sert à désigner un parti politique. Ce n’est donc pas forcer les termes que de lire ici l’existence d’un parti de la mort, le parti des serviteurs de ce Satan qui fut « homicide dès le commencement » et aussi « menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44). Cette clé de lecture fait comprendre la cohérence mortifère des politiques menées aujourd’hui avec persévérance, sans même se voir freinées par le mal accompli : perseverare diabolicum ! En matière de sacrifices humains, les Aztèques, avec leurs dizaines de milliers de victimes, paraissent des lilliputiens à côté des avorteurs contemporains.
La situation est bien pire encore concernant l’assassinat des intelligences et des âmes, facilitée par la “crétinisation” des enfants dès l’école : décérébration par la télévision, évacuation des repères historiques et de la vraie littérature par les programmes eux-mêmes, abrutissement par des musiques psychédéliques qui rendraient les éleveurs passibles des tribunaux s’ils y soumettaient leur bétail[9], légalisation progressive des drogues, mode des habits noirs chez les jeunes, etc.
Mais le plus criant est l’usage pervers de la loi et des institutions pour favoriser la mort et freiner la vie. La promotion de la transsexualité en donnera un bon exemple. De même que la pédérastie figurait jadis sur la liste des troubles psychiatriques, le refus du donné naturel, au point de défigurer son corps par la greffe d’attributs copulatoires géométriquement similaires à ceux de l’autre sexe, était, à juste titre, classé comme une maladie mentale. À ce titre, les transsexuels (qui doivent recevoir un traitement hormonal à vie) bénéficiaient d’une prise en charge à 100% (affection de longue durée dite ALD n°23 : « trouble de la sexualité lié au genre »)[10]. Or le 10 février 2010, Roselyne Bachelot, ministre de la santé, par la simple signature d’un décret, ôtait le transsexualisme de la liste des maladies mentales tout en maintenant le remboursement, au titre, cette fois, d’une ALD “hors liste”. Cette nouvelle contradiction ne surprendra pas dans une réglementation où la pilule est classée comme un médicament et la grossesse comme une maladie. Mais elle montre bien qu’un sain État de droit a disparu et que l’arbitraire d’une majorité politique remplace la rationalité juridique, au point que la réalité s’efface devant la volonté de promouvoir tout ce qui favorise l’investissement satanique de la société. « Les transsexuels sont ainsi passés du stade de psychopathes à celui de “minorité discriminée”. Or le transsexualisme n’est pas anodin. Il est évident qu’il prive définitivement ceux qui ont fait appel à la chirurgie pour changer de sexe, de la vie des couples normaux : pas de sexualité naturelle, pas de possibilités d’avoir des enfants. 75 % des personnes ayant changé de sexe sont maladives et ont des troubles psychologiques graves.
Selon des statistiques américaines, un transsexuel sur deux finit par se suicider. De quoi effectivement occuper les psychiatres[11]. »
On touche ici au second volet de la satanisation : le mensonge, souvent dissimulé sous des mots lénifiants, aptes à désamorcer les réactions de recul devant la morbide réalité. Déjà les nazis parlaient de Gnadentot (mort de compassion) pour désigner l’euthanasie. On nous propose aujourd’hui de “mourir dans la dignité”. Mais où se trouve la vraie dignité humaine ? Dans la souffrance assumée ou dans le renoncement à lutter ? Autre exemple de “litote insidieuse”, l’interruption médicale de grossesse (IMG) qui, depuis la loi Aubry de 2011, autorise l’avortement tardif jusqu’à la naissance, en cas de malformation réelle ou supposée. Une circonlocution à venir, sur laquelle phosphore déjà sans doute quelque comité linguistique, consistera à renommer l’infanticide post partum, déjà pratiqué mais pas encore légalisé. Car les tours de passe-passe langagiers sont si nombreux (ainsi parler de “santé reproductive” pour désigner la contraception) que le Vatican a dû sortir un ouvrage de plus de mille pages pour les recenser et les démonter : Bioéthique : le lexique des termes ambigus et controversés.[12]
Comment ne pas voir que cet art consommé du mensonge, coordonné à l’échelle mondiale, permet bien d’attribuer aux séides de Satan cette anonyme “culture de mort” qui n’est autre qu’une version moderne de l’antique complot contre l’homme, visant à contrecarrer le plan de Dieu en faisant disparaître ou en défigurant (ce qui revient au même) celui dont la valeur ontologique provient d’être l’image (consciente) de Dieu. Certes « les nations sont guérissables » (Sg 1, 14), mais gisant sous la coupe du ‘’prince de ce monde’’ (Jn 12, 31 ; 14, 30 ; 16, 11), elles ne pourront s’en libérer par des moyens simplement humains. Ce fut la conversion des Indiens au catholicisme qui fit disparaître les sacrifices humains à grande échelle au Mexique[13]. Il en sera de même pour le mensonge à grande échelle qui règne aujourd’hui, car ce Juste par lequel tout a existé (Jn 1,3) et dont la seule conduite suffit à réfuter les impies (Sg 2, 14-15), est à la fois, outre la Voie, la Vérité et la Vie
[1] Evangelium vitæ, encyclique du 25 mars 1995, § 11 (en abréviation : EV).
[2] Le mot est d’usage courant dans le monde anglo-saxon ; on pourrait, dans les langues latines, parler de laïcisme.
[3] Life Site News du 19 octobre /2012.
[4] Se reporter sur ce point à Roberto DE MATTEI, « La dictature du relativisme », Le Cep n° 58, p. 54 squ.
[5] Cf. Nancy PEARCEY, « La vérité n’est plus ce qu’elle était », Le Cep n° 39, pp 57-60.
[6] DICKÈS Jean-Pierre, L’ultime transgression. Refaçonner l’homme, Chiré-en-Montreuil, Éd. de Chiré, 2012, p. 24.
[7] Ibid., p. 25.
[8] Certes l’ouvrage date de 1885 et Nietzsche est considéré comme ayant perdu la raison à partir de 1889 seulement.
[9] Allusion aux directives européennes sur le confort animal.
[10] Cf. DICKÈS, op. cit., p. 36.
[11] Ibid., p. 37.
[12] Préface du cardinal LOPEZ TRUJILLO, Paris, Téqui, 2005, 1008 p.
[13] Cette dernière, d’ailleurs, étant elle-même liée à l’apparition de Notre-Dame de Guadalupe en 1531.