Partager la publication "La « nuit grandiose » : Ramadan ou … Noël ?"
Par Jean-Marie Mathieu
Résumé : On a coutume de comparer le ramadan au carême, bien que cette comparaison tourne court : dès le coucher du soleil en effet, toute restriction tombe et l’esprit festif domine, de là notre expression « faire du ramdam ».
La comparaison avec la fête de Noël est bien plus profonde. A la nuit de Noël, le 25 du neuvième mois après l’Annonciation, descend sur la terre le Verbe divin incarné. Le ramadan est le neuvième mois de l’année arabe (alors calée sur le soleil), et la 25ème (ou 27ème ou 29ème) nuit de ce mois, est fêtée la « nuit grandiose » (leilat al-qadr) durant laquelle, pour l’Islam, le Coran est descendu du ciel. Si l’on considère que la rédaction du Coran, achevée par le calife Othman, a duré jusqu’au dixième siècle, sur un territoire déjà imprégné du christianisme, on ne sera pas surpris de cette correspondance.
Pour plus d’un milliard de croyants, le livre saint de l’Islam, le Coran, est la parole d’Allah, « le Verbe incarné, le Souffle divin auquel, inconditionnellement, les musulmans se soumettent sans épiloguer », comme l’écrit Malek Chebel en son Dictionnaire des symboles musulmans1. Pour plus de deux milliards de chrétiens, Jésus est le Verbe fait chair, né de la Vierge Marie. La fête de Noël, universellement connue, célèbre l’anniversaire de la naissance du Fils de Dieu réellement ‘descendu’ parmi nous. L’Église primitive avait fixé la date de la fête de la Nativité par rapport au 25 mars, jour anniversaire de la mort du Christ en croix, sous Ponce-Pilate, à Jérusalem, une veille de Pâque juive. Tertullien le premier en fit écho au II° siècle, ce qui implique qu’il était déjà traditionnel de dater – et donc de célébrer – au 25 mars la Passion du Seigneur. Progressivement le 25 mars fut lié à l’Annonciation et à la conception du Messie dans le sein de la Vierge de Nazareth.
À la fin du III° siècle, la date de la fête de la Nativité était définitivement fixée : le 25 décembre en Occident, et le 6 janvier en Orient, en raison d’une différence de calendrier. Depuis lors, chaque Noël traditionnellement à minuit, en plein cœur de l’hiver, les chrétiens fêtent la naissance du Verbe descendu du Ciel, Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Soleil levant, l’invincible vainqueur des ténèbres. Depuis l’Annonciation, 25 mars, peu après l’équinoxe de printemps, jusqu’à Noël, 25 décembre, quelques jours après le solstice d’hiver, on compte bien neuf mois, durée normale de la gestation humaine.
Quand on parle du ramadan, tout le monde sait qu’il s’agit du jeûne rituel, quatrième pilier de la religion islamique, qui oblige tout croyant musulman en mesure de le faire, de s’abstenir de manger et de boire durant les trente jours que dure le mois, de ramadan précisément, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. Dès la nuit tombée, il est licite de se restaurer, d’où l’origine de notre expression populaire française: faire du ramdam ! pour dire : faire du vacarme ! Ce temps de jeûne de 30 jours peut rappeler le Carême, bien sûr, durant lequel les chrétiens jeûnent 40 jours en souvenir des quarantaines bibliques de Moïse (Ex 34, 28), d’Élie (1 R 19, 8) et surtout de celle de Jésus (Lc 4, 1) inaugurant sa mission messianique par un acte d’abandon confiant au Père des cieux.
Or il est d’autres aspects de ce mois de jeûne, moins connus mais fort significatifs, qui permettent de comparer le ramadan à la fête de Noël.
Que remarque-t-on, en effet, dans le Coran, Sourate 2 dite al-Baqara ‘la Vache’, verset 185, lu dans la traduction proposée par Jacques Berque2? Cette première indication qui donne à penser : « Le mois de ramadan est celui pendant lequel fut commencée la descente du Coran, en tant que guidance pour les hommes… »
Ramadan était le nom d’un des douze mois dans l’Arabie pré-islamique. Grâce à un mois intercalaire qui permettait de maintenir les mois lunaires dans le cadre de l’année solaire, il tombait toujours durant les fortes chaleurs de l’été.
De là son nom arabe signifiant ‘brûlé par le soleil’, du mot ramad = coup de chaleur.
Depuis que l’Islam supprima le mois intercalaire ( cf. Sourate 9, verset 37 ), l’année lunaire – et donc avec elle le mois de ramadan – est en décalage de onze jours environ sur l’année solaire, puisqu’elle ne comprend que 354 jours, 8 heures, 48 minutes et 36 secondes. Ramadan peut donc se retrouver parfois en pleine froidure ; imaginons un peu, avec le calendrier républicain de Fabre d’Églantine, le mois de ‘thermi-dor’ qui tomberait au beau milieu de la saison des frimas… Mais l’important n’est pas là, il est de constater que le ramadan, durant lequel le Coran est ‘descendu’ afin de s’incarner en quelque sorte ici-bas, est le neuvième mois de l’année lunaire musulmane. Mois d’autant plus remarquable qu’il ne fait pas partie des ‘quatre mois sacrés’ indiqués en Sourate 9, verset 36 : à savoir le 1° al-moharram, le 7° radjab, le 11° doul-qaada et le 12° et dernier doul-hijja. Notons cependant qu’al-moharram (dit aussi moharram al-haram), mois qui ouvre l’année musulmane, signifie littéralement ‘Le Sacré’. Nouvelle indication, la deuxième, donnant à penser : la ‘descente’ du Coran sur Mahomet, le prophète de l’Islam, aurait eu lieu de nuit. Mais lisons la Sourate 44, celle de ‘La Fumée’, versets 3 à 5 :
« C’est Nous qui en avons commencé la descente par une Nuit de bénédiction…(c’était Nous les donneurs d’alarme ). (Une Nuit) où tout ordre de sagesse est tranché … »
Deuxième indication à compléter par la Sourate 97, dite al–Qadr ‘Grandeur’, qui lui consacre entièrement ses cinq versets :
« Au nom d’Allah, le Tout miséricorde, le Miséricordieux !
C’est Nous qui le fîmes descendre dans la Nuit grandiose. Qu’est-ce qui peut te faire comprendre ce qu’est la Nuit grandiose ? – La Nuit grandiose vaut plus qu’un millier de mois, en elle font leur descente les anges et l’Esprit, sur permission de leur Seigneur, pour tout décret.- Salut soit-elle jusqu’au lever de l’aube ! »
Jacques Berque, qui traduit l’arabe Laïlât al-qadr par ‘la Nuit grandiose’, prend soin de préciser ici, en note, que « la traduction traditionnelle de qadr, et non pas qadar, en ‘destin’ ou ‘destinée’ perd quelque peu de vue la signification du mot, qui réfère avant tout au pouvoir grandiose de Dieu.
Grandeur, sublimité. Tel est le sens retenu par le Dictionnaire coranique de l’Académie du Caire. » (op. cit. p.689 ).
Ce texte étant important, parcourons d’autres traductions. Régis Blachère comprend « La Destinée »3. Édouard Montet donne « Le Décret divin », spécifiant que « le mot du texte arabe Kadr signifie : pouvoir (divin), décret (divin). »4 Denise Masson raccourçit en « Décret », ajoutant en note « Ou bien : de la destinée. »5 Kasimirski, lui, reprend le mot arabe « Al-qadr », précisant qu’il désigne ‘la puissance’6. André Chouraqui pense pouvoir écrire « La Puissance al-Qadar » [sic]7. Pour le théologien musulman Khurtoubi, ce mot peut prendre aussi le sens de prédestination ; si bien que ce serait durant la nuit d’al-Qadr que le Seigneur prédestinerait tous ses dons. Malek Chebel veut bien se ranger à cette idée, puisqu’il écrit que la prédestination : al-qadr, « symbolise la toute-puissance divine, sa capacité d’anticiper toute chose (prédéterminisme) et finalement sa prévalence discrétionnaire sur l’homme. » (op. cit. p.349).
Voilà qui ressemble à la tradition rabbinique interprétant la prière ‘Ou-netanneh toqef’ de la liturgie de Roch ha-chanah, ou Début de l’année juive, et du Yom Kippour, ou Jour du Grand Pardon, dans le cadre de cette question de la prédestination. La phrase : « Le jour de la nouvelle année, tout est décrété, et le jour de Yom Kippour est scellé qui doit vivre et qui doit mourir » paraît en effet contenir l’idée de prédestination du sort de l’homme pour l’année qui vient. ( En rappelant que le judaïsme met alors en valeur le Pardon divin ). On pourrait également mentionner le Targum – version araméenne de la Thorah – qui, à propos de la nuit de la Pâque d’Exode 12, 42, commente : « C’est une nuit de veille et prédestinée… »8.
Enfin, demandera-t-on : à quelle date doit donc être célébrée cette fameuse Nuit grandiose ?
Pour ceux qui ont suivi notre raisonnement jusqu’ici, il est facile de deviner que cette date ne se trouvera pas, disons, dans la première quinzaine du mois de ramadan. En fait, troisième indication qui donne à penser, cheikh Hamallah Diagana précise, en son livre sur Le jeûne du ramadan, à la lumière du Coran et de la Sunnah (Beyrouth, éd Albouraq, 2004) page 120, qu’un hadith met l’accent sur la nécessité de rechercher la nuit du Qadr parmi les dernières nuits impaires du ramadan. « Ainsi pour déterminer de quelles nuits il s’agit, en commençant à compter à partir de la vingtième, on tombera sur les trois nuits du 25, 27 et 29. » Si la majorité des jurisconsultes musulmans considèrent actuellement qu’elle doit être fixée à la vingt-septième du ramadan, il n’en reste pas moins que la date du 25, toujours possible, fait signe aux esprits attentifs …
Donc, chaque année, en cette Laïlât al-qadr, Nuit grandiose, Nuit du Décret, Nuit de la Puissance, la 25°, 27° ou 29° du neuvième mois du calendrier lunaire, l’Islam commémore la ‘descente’ du Coran. Nuit de ferveur religieuse qui continue – encore aujourd’hui – à nourrir une part du merveilleux chez l’enfant musulman.
Christoph Luxenberg, au terme d’une analyse philologique originale, mais que certains spécialistes de la religion musulmane ne trouvent pas assez solide, en est venu à comprendre que « ce n’est point dans le Christ que le Verbe de Dieu s’est incarné, mais dans le Coran. Autrement dit : au concept théologique chrétien de l’incarnation du Logos (al-Kalima) dans le Christ, la théologie islamique a opposé la parole de Dieu incarnée dans le Coran. Par conséquent, ce n’est pas l’enfant Jésus qui est né en cette nuit al-qadar [sic] : durant celle-ci, c’est le Coran qui est descendu sur la terre. » 9
Considérons maintenant ce paradoxe : d’une part les Sourates 2, verset 185, et 97, verset 1 affirment que le Coran est ‘descendu’ pendant une nuit du mois de ramadan ; d’autre part, la tradition exégétique s’ingénie à préciser les circonstances particulières de la ‘descente’ de chaque verset tout au long de la vie du prophète de l’Islam, soit pendant quelque vingt ou vingt-trois ans. Pour concilier ces deux affirmations, les penseurs musulmans disent que, pendant le mois de ramadan, le Coran est descendu globalement de la Table céleste où il était conservé près du trône divin jusqu’au premier ciel, le plus proche de la terre ; ensuite, il est descendu sur terre au fur et à mesure des circonstances, jusqu’à la mort de Mahomet, en 632 de notre ère. Jacques Berque croyait devoir expliquer que, puisqu’en temps humain, le Coran a mis une vingtaine d’années à descendre, « il doit donc s’agir dans cet emploi [du verbe faire descendre, en Sourate 97, 1] de l’accompli d’une raison ponctuelle, référence aux quelques sourates déjà révélées en tant que symboliques du tout. Une certaine exégèse complique inutilement la question en supposant qu’il s’agit seulement là d’un transfert de l’archétype au ciel inférieur. » (op. cit. p.689) Notre érudit professeur, qui consacra toute sa vie à l’étude de l’Islam, n’a pas compris l’éloquent parallèle de ce paradoxe !
Parallèle fort éloquent, en effet, avec la religion chrétienne professant que si le Logos divin, le Verbe de Dieu, est bien venu en notre monde – naissance fêtée à Noël –, il n’en fallut pas moins quelque trente-trois ans pour que Jésus accomplît effectivement sa mission parmi les hommes, les quatre évangiles en témoignent. Dès sa conception, le Messie est vraiment la Parole du Père manifestée dans la chair, même durant son enfance…silencieuse. L’Éternel fut enclos dans un frêle nouveau-né dormant sur la paille. Le Verbe est descendu, a planté sa tente parmi nous. Le concile d’Éphèse proclama en 431 que Marie, la Vierge de Nazareth, est devenue en toute vérité ‘Mère de Dieu’ Théotokos, par la conception humaine du Fils éternel dans son sein. Ce n’est qu’à la fin de sa vie terrestre que Jésus, sur la croix, dit avant de rendre l’esprit : « Tout est accompli. » (Jn 19, 30).
Si nous connaissons Dieu, c’est parce que, dans le Christ, la Parole se fait chair, devient événement historique et en même temps Exégète du Père et de son dessein d’amour.
Bien entendu, à l’heure actuelle les spécialistes de la religion musulmane en arrivent à la conclusion que l’histoire du Coran ne peut être étudiée qu’en la considérant dans un cadre spatial et temporel élargi ; car si la présentation traditionnelle insiste sur le fait que le Livre saint de l’Islam est apparu dans le cadre restreint du Hedjaz ( La Mecque et Médine ) et à l’intérieur d’une période assez brève, l’historien est amené à considérer que non seulement la collecte – commencée par Abû Bakr et terminée par ‘Uthmân –, mais la rédaction même des textes coraniques a duré jusqu’au début du X° siècle. Le ‘Livre d’Allah’ est donc, dans sa réalité observable, le résultat d’un travail effectué par plusieurs personnes sur deux siècles environ.
De plus, Alfred-Louis de Prémare, professeur émérite à l‘université de Provence, Aix-Marseille-I, dans son dernier ouvrage10, observe que si le Coran est en grande partie un livre opaque, c’est parce que ceux qui l’ont composé ont voulu l’abstraire « de tout cadre historique précisément désigné… » Rappelons-nous ce petit détail – grande ‘leçon’ – de la Nuit grandiose à la fin du mois de ramadan : comme la date en varie chaque année de onze jours, suivant le calendrier lunaire musulman, cette Nuit semble ‘flotter’ hors du temps, hors saison, hors de tout cadre habituel ; en contraste violent avec la fête de Noël, toujours célébrée au début de l’hiver, lorsque la lumière prend le pas sur la ténèbre. On comprend dès lors pourquoi il est inutile de rechercher l’équivalent de l’Annonciation au 25°, 27° ou 29° jour d’al-moharram, premier mois de l’année musulmane : si le Coran est bien ‘descendu’ lors du neuvième mois, l’analogie s’arrête là. Jésus est le ‘fils de Marie’ qui ne vécut que trente-trois ans ici-bas ; le Coran, lui – et non Mahomet – est incréé.
« De quelque façon qu’il soit récité, de quelque façon qu’il soit écrit, en quelque lieu qu’il soit lu, en quelque endroit qu’il se trouve, qu’il soit dans le ciel ou appris par cœur sur la terre, qu’il soit sur la Table bien gardée ou sur les feuillets, qu’il soit tracé sur les planchettes des enfants ou qu’il soit gravé dans la pierre, dans tous les cas et dans tous les lieux, le Coran est la parole de Dieu incréée », telle est la croyance des musulmans, reprenant la profession de foi d’un Ibn Batta du X° siècle de notre ère 11.
De cette manière fut soulignée la continuité-rupture entre la foi nouvelle des conquérants arabes et les religions qu’elle trouvait sur son chemin, le judaïsme bien sûr, mais aussi le christianisme. La Nuit grandiose n’est pas la nuit pascale prédestinée, ni la nuit de Noël, bien que certains traits l’en rapprochent. L’islam, dernier venu, prétend englober, restaurer, corriger la révélation antérieure édulcorée, devenue caduque. Dans la mesure où les Écrits bibliques ne concordent pas avec les affirmations coraniques, c’est que les juifs et les chrétiens ont falsifié leurs textes fondateurs. « Ce thème qui a hypothéqué les relations entre juifs, chrétiens et musulmans, écrit Roger Michel CSSR, est cependant remis en cause aujourd’hui par de sérieux exégètes et théologiens musulmans et chrétiens. »12 Souhaitons-leur bon vent et bon courage !
N’oublions pas cependant la dureté de certains passages niant l’Incarnation; ainsi Sourate 5, verset 72 : « Dénégateurs sont bien ceux qui disent que Dieu serait le Messie fils de Marie ; alors que le Messie a dit : ‘Fils d’Israël, adorez Dieu, mon Seigneur et le vôtre’. Quiconque associe à Dieu, Dieu lui interdira le Jardin, il n’aura pour asile que le Feu. » En regard, citons la phrase célèbre de l’apôtre Jean : « À ceci reconnaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu » (1 Jn 4, 2). Le philosophe Rémi Brague remarque finement : « les gens, musulmans ou non, citent à l’envi des versets ‘gentils’. Le meurtre y est interdit ; juifs et chrétiens y sont invités à un dialogue pacifique, voire, les éléments communs entre les fils d’Abraham y sont soulignés, etc. (…) Seulement, on oublie un détail : tous ces versets ont été abrogés par un unique verset, l’un des derniers [ révélés, en l’occurrence le 5° de la Sourate 9 ], qui commande de tuer tous ceux qui associent au culte du Dieu unique un autre être (mushrikûn), de les tuer où qu’ils se trouvent, sans droit d’asile donc. C’est seulement s’ils se soumettent et payent l’impôt dans une situation d’humiliation, ‘en se faisant petits’, qu’ils ont le droit d’y réchapper. » 13 Pour un musulman, Mahomet étant ‘le sceau des Prophètes’, il est normal de retrouver dans l’islam certains aspects des religions juive et chrétienne : Livre saint, jeûne, pèlerinage, prières, aumônes, théologie des Noms divins, etc. Sachant cela, méditons bien ce qu’ écrivait Jean-Paul II, le seul Pape qui embrassa jamais le Coran dans une mosquée, celle des Ommeyyades à Damas – tout près du lieu où subsiste un monument en mémoire de saint Jean le Baptiste ; c’était le dimanche 6 mai 2001 . Voici ce qu’écrivait ce Pape14 : « Quiconque lit le Coran, en connaissant déjà bien l’Ancien et le Nouveau Testament, percevra clairement le processus de réduction dont la Révélation divine y est l’objet. Il est impossible de ne pas être frappé par l’incompréhension qui s’y manifeste de ce que Dieu a dit de Lui-même, d’abord dans l’Ancien Testament par les prophètes, ensuite de façon définitive dans le Nouveau Testament par son Fils. Toute cette richesse de l’auto-révélation de Dieu, qui constitue le patrimoine de l’Ancien et du Nouveau Testament, a été, en fait, laissée de côté dans l’islam. Le Dieu du Coran est appelé des plus beaux noms connus dans le langage humain. Mais, en fin de compte, c’est un Dieu qui reste étranger au monde. Un Dieu qui est seulement Majesté et jamais Emmanuel, ‘Dieu-avec-nous’. »
La foi en l’Incarnation du véritable Fils de Dieu, Verbe éternel, est le signe distinctif de notre foi chrétienne. Noël, anniversaire de la venue de l’Emmanuel né de la Vierge Immaculée, est à fêter en toute connaissance de cause.
Voilà, assurément, qui donne à penser…
1 Paris, A. Michel, 1995, page 114.
2 Le Coran, Paris, Albin Michel, 2002.
3 Le Coran, traduit de l’arabe, Paris, Maisonneuve, 1957.
4 Le Coran, Paris, Payot, 1958, tome 2d, page 392.
5 Le Coran, Paris, Gallimard NRF, 1967, p.762.
6 Le Coran, Paris, Garnier-Flammarion, 1970, p.490.
7 Le Coran, l’Appel, Paris, Robert Laffont, 1990.
8 Sources Chrétiennes n° 256, Cerf, 1979, p. 96, notes de Roger Le Déaut CSSp
9 On lira son article ‘Noël dans le Coran’ pp.117-138, in Enquêtes sur l’islam (Paris, DDB, 2004) d’Anne-Marie Delcambre et de Joseph Bosshard en hommage au lazariste Antoine Moussali.
10 Aux origines du Coran (Paris, Téraèdre, 2004), p.136.
11 cf. Supplément aux Cahiers Évangile 120, Paris, Cerf, 2002, p. 34.
12 cf. Chemins de Dialogue n° 24, Marseille, 2004, p.111.
13 cf. Œuvre d’Orient n° 732, Paris, 2003, p. 662.
14 page 152 de son livre Entrez dans l’Espérance ( avec la collaboration de Vittorio Messori, Paris, Plon-Mame, 1994).