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Par Xavier Bonneau ( indonésie)

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            Quelques réflexions sur le moulinet de la rivière Tellico et l’article de Mme van Oosterwyck-Gastuche qui suit dans Le Cep n° 60.  Il se trouve que j’ai travaillé en minéralogie dans ma jeunesse avec des professeurs de grande qualité (Georges Pedro, André-Bernard Delmas) notamment dans un laboratoire de science du sol de l’INRA à Versailles où j’ai passé mon mémoire de fin d’études en agronomie. Oui, je confirme que les phénomènes de cristallisation et de dissolution des nombreux minéraux sont rapides, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens.

Tels les alchimistes du Moyen Âge, j’ai fabriqué à l’époque des cristaux de gypse de différentes tailles et de différentes formes en utilisant différentes techniques. C’est à l’échelle de temps de quelques heures pour la dissolution ou la nucléation, et de quelques jours à quelques semaines pour la cristallisation. Tout cela en fonction évidemment des conditions qui président à la réaction : température, concentration de la solution, vitesse d’arrivée des minéraux constitutifs, type de noyau de cristallisation, présence ou non de catalyseurs, etc. Donc oui, des phénomènes rapides qui s’appliquent aussi aux minéraux feuilletés : les argiles ! On connaît très bien les phénomènes de néoformation d’argiles dans les sols, à partir de silicates, de sels de fer et d’aluminium contenus dans la solution, provenant de la dissolution des minéraux du substrat. Oui, la goethite, la gibbsite et autres minéraux fréquents dans le sol peuvent être cristallisés sous nos yeux très facilement.

Ces phénomènes de cristallisation et de dissolution font partie du processus de pédogenèse, terme qui désigne la formation et l’évolution des sols.

Et oui encore, la pédogenèse englobe des phénomènes à différentes échelles de temps qui s’imbriquent les unes dans les autres : des phénomènes immédiats à la seconde et à la minute, jusqu’à des phénomènes plus longs de quelques dizaines à quelques centaines d’années. 

Cela pour dire qu’il ne me paraît pas du tout invraisemblable qu’une formation argileuse ait pu cristalliser en quelques dizaines d’années autour d’un moulinet de pêche tombé dans une rivière. Un moyen d’examiner la plausibilité de l’affaire serait de recréer des conditions approchantes en laboratoire : immerger un objet, de composition et de forme similaires à celles du moulinet, dans une solution contenant les éléments constitutifs de ces phyllithes et voir dans quelles conditions une cristallisation autour du corps immergé peut se produire. 

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