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Par le Dr Umar Tomfafi
L’Animal et la Science1
Dr Umar Tomfafi2
Résumé : L’animal existe sous différentes formes, du microbe aux animaux visibles. La science s’intéresse aux manifestations extérieures de ce qui se passe à l’intérieur. Ces « phénomènes » peuvent être expliqués soit par la prise en compte des seuls aspects physiques (Darwin), soit par leurs origines cosmiques (la Révélation). Or la création d’Adam révèle deux aspects en l’homme : un aspect matériel (physique), et un aspect spirituel.
Les scientifiques qui étudient les animaux ne considèrent le plus souvent que la côté matériel de l’animal. A l’origine, ils le faisaient pour résoudre les problèmes humains. Par la suite les scientifiques ont quitté cette voie, poussés par la recherche bactériologique et celle de plus de performance de la part des animaux. L’école de pensée dominante en matière de relation « homme-animal » dans la science, considère que l’animal est un objet matériel et qu’il doit être utilisé par la recherche pour servir à l’être humain. Cependant, la recherche pourrait être menée en respectant un aspect moral. C’est ce que défend l’auteur, dont le point de vue islamique rejoint ici la tradition chrétienne.
Définition :
Un animal peut être approximativement défini comme un être ayant des constituants, une morphologie et un mode de vie. La plante utilise l’énergie solaire pour ses activités biochimiques, ce qui n’est pas le cas chez l’animal.
Les groupes d’animaux :
De façon générale, les animaux existent sous deux formes : la formes simple telle que celle des petits microbes et la forme complexe telle celle des gros animaux qui peuvent se subdiviser encore en animaux ordinaires (ainsi les animaux de laboratoire), en animaux domestiques, et en super-animaux représentés par l’être humain.
La science :
La science peut être définie comme la discipline qui recherche une explication logique des manifestations externes et internes de l’organisme vivant, par exemple la synthèse des protéines qui permet de régénérer les cellules vivantes ou l’hydrate de carbone qui se fragmente pour produire de l’énergie et permettre ainsi aux cellules de mener toutes les activités biologiques.
Les scientifiques :
Il existe deux écoles de pensée scientifique ; l’une se fonde sur l’interprétation physique et matérielle des phénomènes qui constituent ses projets de recherche scientifique ; l’autre puise dans le cosmique et la métaphysique.
La première école est représentée par Darwin qui soutient que l’être humain d’aujourd’hui est le résultat des différents changements évolutifs qu’a subis le singe.
Les adeptes de cette école ne tiennent pas compte d’un aspect moral dans leurs études scientifiques car ils n’ont jamais songé au fait que l’être humain tient une place très spéciale parmi les êtres vivants. Ils n’hésiteraient pas à risquer des vies humaines pour un gain matériel, par exemple avec des produits alimentaires chimiques synthétiques.
La seconde école est représentée par les prophètes qui ont été envoyés par le Dieu Tout-Puissant, Pouvoir suprême et Créateur. Ce groupe de scientifiques relie l’être humain actuel à Dieu qui l’a créé pour une mission spéciale sur la terre. Ainsi l’être humain est à la fois matière (son corps) et esprit qu’il a reçus de Dieu. Ces scientifiques (qui sont religieux) incorporent toujours les valeurs morales à leurs recherches. Ils ne visent pas seulement le gain matériel à l’instar du premier groupe qui le fait à travers , par exemple, la révolution de la technologie génétique pratiquée dans le seul but de maximiser le gain matériel, sans aucune considération des valeurs morales, considérant ainsi l’animal comme une machine.
Le jugement des partisans de la première école manque toujours d’une connaissance profonde car ils se fondent sur la seule interprétation physique de la vie, alors que les partisans de la seconde école estiment qu’en plus de l’aspect physique, il faut tenir compte des valeurs spirituelles dans toute étude scientifique, afin de parvenir à une meilleure planification des recherches.
Approches scientifiques et manipulations des animaux :
Il existe une relation unique entre les animaux de la catégorie simple sous forme de microbes, ceux de la catégorie complexe sous forme de gros animaux, et l’être humain. Certains microbes présentent des aspects bénéfiques à l’homme et aux animaux à travers les vitamines qu’ils produisent (vitamines B pour l’être humain), les protéines (pour les ruminants) ou des médicaments (pénicilline et dérivés, etc…), enzymes, alcool, etc. Ces aspects bénéfiques ont été largement explorés et utilisés en vue de promouvoir les systèmes de santé par l’introduction de procédures de diagnostic médical en laboratoire, le test des médicaments in vitro, la production de vaccins et également des produits industriels tels que les boissons et les médicaments.
Les gros animaux ont été utilisés comme animaux de laboratoire afin de démontrer certains processus scientifiques in vivo. On infecte des agents pathogènes (microbes mortels) à ces animaux pour deux raisons principales : soit pour étudier la vie de l’agent pathogène et déterminer sa genèse en détectant les voies d’infection et en utilisant les résultats de la recherche pour le traitement des patients et aussi la prévention de la maladie en question, soit pour tester l’efficacité, le caractère toxique et la dose efficace de certains médicaments in vivo (évaluation du médicament). Ils peuvent être utilisés pour confirmer le diagnostic d’une maladie, c’est-à-dire en isolant le microbe d’une espèce clinique et en l’injectant dans un animal de laboratoire prédisposé qui contractera la maladie faisant l’objet de recherche (postulat de Koch) et qui manifestera les mêmes symptômes que le patient atteint, par exemple, la tuberculose, l’anthrax, etc.
Ces animaux sont certes utilisés en laboratoire, mais de telles études sont vitales pour clarifier certaines situations pathologiques et permettent de connaître la réalité en donnant une explication logique pertinente aux conséquences des événements qui se produisent au sein des animaux de laboratoire. De telles études permettent également de traiter certaines maladies qui se transmettent de l’homme à l’animal, par exemple la variole de la vache, la tuberculose, la fièvre jaune, la rage, etc.
Certaines personnes considèrent que ces études sur les animaux constituent des interventions inhumaines, mais elles peuvent être justifiées dès lors que l’aspect éthique est pris en compte dans l’exécution de l’étude et que le but est le bien de l’humanité.
En ce qui concerne les gros animaux productifs (en lait ou viande), toutes les interventions scientifiques visent à accroître la quantité de ces ingrédients et à maximiser le profit au détriment de la qualité (qui incorpore les valeurs spirituelles). Cette situation d’interventions scientifiques immorales doit être rectifiée en associant les valeurs morales à toute étude scientifique, et ce pour le bien de l’espèce humaine. Fort heureusement, un cadre éthique réunissant scientifiques et éleveurs a été créé à Dori, au Burkina Faso, par la mise sur pied d’une Académie des Sagesses et d’un Conseil Mondial des Eleveurs.
Conclusions et recommandations :
Différentes approches scientifiques et manipulations faites sur les animaux visent à profiter à l’espèce humaine. Faire complètement fi des valeurs morales dans ces recherches scientifiques conduit à des effets nocifs aussi bien chez l’homme que chez l’animal. Les animaux se voient transformés en machines de production massive et ne suscitent plus de respect en tant qu’animaux. L’être humain quant à lui passe de la générosité à la cruauté, à la gourmandise et à l’égoïsme. Cette communication suggère que les valeurs morales et éthiques soient prises en compte dans les approches et manipulations scientifiques. Les études scientifiques doivent viser la promotion d’une vie décente tant chez les animaux que chez les hommes.
1 Ce texte, traduit de l’anglais, faisait l’objet d’une communication à la 3ème réunion plénière du Conseil Mondial des Eleveurs à Dori (Burkina Faso) le 27 novembre 1998.
2 Le Dr Tomfati, Soudanais musulman, est spécialiste en microbiologie à la Faculté de Médecine de Maiduguri (Nigéria).