Partager la publication "La preuve par l’Ouganda"
Par le Dr Jean-Maurice Clercq
Résumé : L’Ouganda connaît aujourd’hui une heureuse évolution politique puisque des chrétiens sont associés à l’exercice du pouvoir et que le conseil des ministres commence ses réunions par une prière. Peut-être faut-il voir ici les fruits du martyre des 22 pages royaux qui furent massacrés en 1886.
Il y a quelques années, les Eglises des différents pays d’Afrique avaient été appelées à collaborer avec les gouvernements en place dans le but de redresser leur pays. Immense espoir qui s’était terminé par un échec. En effet, « prière et conversion » n’étaient pas au programme, seulement les ambitions humaines. L’Afrique, objet de convoitise pour ses richesses naturelles, trahie mainte fois depuis son indépendance et sombrant dans le chaos à travers des luttes intestines sanglantes, va-t-elle cependant donner au monde une leçon de renouveau spirituel ?
L’Ouganda, pays ruiné où la chrétienté a été décimée, ensanglanté par plusieurs dictatures anticléricales depuis 25 ans, nous en montre l’exemple. Après des jours et des nuits de prières entretenues pendant plus d’une année par le peuple des chrétiens tout entier, le pays s’est converti jusque dans ses structures. Pour combattre la corruption, on fait appel à des chrétiens aux postes-clés. Le président de ce pays a consacré l’Ouganda au Seigneur, suivi depuis par les présidents du Bénin et de la Zambie. Le conseil des ministres prie et invoque l’Esprit-Saint au début de chacune de ses réunions. Seule la conversion intérieure et en profondeur des chrétiens soumis à la volonté du Père a été capable d’opérer un changement aussi radical et en profondeur grâce à l’intervention de l’Esprit-Saint.
Puissions-nous méditer sur ce message d’espoir que l’Afrique commence à nous donner. Rien n’est impossible à Dieu, et la foi soulève les montagnes !
Comment ne pas rappeler ici le martyre de saint Charles Lwanda et de ses 21 compagnons ?
Dès 1879, l’Evangile atteignit les rives du lac Victoria, au cœur de l’Afrique Orientale, sur le cours du Haut Nil.
Les Pères Blancs y implantèrent une communauté chrétienne, bien avant l’arrivée des colonisateurs anglais, dans le royaume des Baganda.
Après des tergiversations de la part de son père, le jeune roi Mwanga fit bon accueil aux missionnaires. Cependant, le roi et ses courtisans se trouvaient en contradiction totale avec la morale chrétienne. Le roi, non marié, voulait avoir des relations homosexuelles avec ses pages dont plusieurs, qui étaient chrétiens, refusaient par fidélité à leur foi. La tension monta alors entre le roi, les chrétiens et les missionnaires qui furent renvoyés1. Il y eut par la suite des massacres de chrétiens indigènes, 22 furent martyrisés entre le 26 mai 1886 et le 27 janvier 1887. Treize d’entre eux furent brûlés vifs sur un bûcher, le 3 juin, jour de l’Ascension, avec à leur tête, Charles Lwanga, chef des pages du roi, qui fut torturé à part. Ils prièrent jusqu’à leur dernier souffle. On rajouta du bois jusqu’à ce que leurs ossements disparussent totalement. Le plus jeune d’entre eux, Kizito,fut baptisé en prison avant de mourir, heureux d’aller au martyre. Mbaga Tuzinde, fils du chef de la police, séparé des prisonniers par son père en vue de le faire évader, préféra rejoindre ses compagnons pour mourir avec eux, plutôt que de renier Jésus. Pontien Ngondé, un soldat, voulut être exécuté le premier.
Ils furent béatifiés en 1920, puis canonisés par le Pape Paul VI en 1964.
Nul doute que leur martyre et les persécutions de ces dernières années furent la source du renouveau spirituel que vit ce pays. Comme jadis : « Sanguis martyrum, semen christianorum« …
1 Ndlr. Notons que nul ne songeait à invoquer une quelconque « exception culturelle », ni à adopter une « morale de situation » qui aurait préservé la paix sociale et la mission.