Vie et Philosophie de Matthieu Fontaine Maury, Pionnier de la mer (1ère partie)

Par John R. Meyer

, , , , , ,

« Si l’homme est libre de choisir ses idées, il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. » (Marcel François)

Vie et Philosophie de Matthieu Fontaine Maury, Pionnier de la mer (1ère partie)1

Résumé : C’est en méditant sur le verset 9 du psaume 8 (« … les poissons de la mer qui parcourent les sentiers de la mer ») que Matthieu Fontaine Maury eut l’intuition des grands courants marins et devint le fondateur de l’océanographie. A ce titre, il personnifie le savant chrétien qui insère le travail de son esprit dans la vision du monde tracée héritée de la Bible. Dans cette première partie, on verra surtout comment un accident dramatique, en ruinant ses espérances de navigateurs, allait mettre au service de ses collègues (et à travers eux de tous les voyageurs d’exceptionnelles facultés d’observation et de calcul).

« Faisons donc l’éloge des hommes illustres et des pères de notre race » (Ecclésiastique 44,1)

« Dans l’océan il existe une rivière: dans la pire des sécheresses elle est toujours là et dans les plus grandes inondations elle ne déborde jamais; ses rives et son lit sont faits d’eau froide tandis que son cours est chaud; le Golfe du Mexique est sa source et sa bouche est dans les mers Arctiques. C’est le Gulf Stream. Il n’existe pas au monde d’autre courant d’eau aussi majestueux. Son courant est plus rapide que celui du Mississippi ou de l’Amazone, et son débit est plus de mille fois plus important. » Extrait de « The Physical Geography of the Sea » de Matthieu Fontaine Maury.2

Il est rarement compris que beaucoup des pères fondateurs de ce que nous appelons aujourd’hui la science moderne croyaient que le monde de la nature était compréhensible parce que le Créateur l’avait doté d’ordre et qu’il manifestait par là une intention. Les exploits et la philosophie de Matthieu Fontaine Maury, « pionnier de la mer » et « père de l’océanographie moderne », sont aujourd’hui peu connus, même dans les milieux antiévolutionnistes. Pourtant, au milieu du 19ème siècle beaucoup le considéraient comme le plus éminent savant d’Amérique du Nord; et il n’y eut presque aucun pays civilisé qui ne fût concerné par son œuvre et sa réputation.

L’objet de cet article est de faire connaître la vie et l’œuvre de Matthieu Fontaine Maury, en démontrant que sa soumission à l’Écriture et sa vision théiste du monde furent le fondement de ses résultats exceptionnels qui révolutionnèrent la science de l’océanographie et de la météorologie et firent avancer l’astronomie de façon significative.

Premières années :

Né en 1806 dans une famille Huguenotte du comté de Spotsylvania, en Virginie, Matthieu Fontaine Maury devait devenir l’un des plus éminents savants du 19ème siècle. Tôt dans la vie lui fut enseigné un profond et durable respect pour l’autorité de l’Écriture Sainte, ce qui devait influencer directement sa carrière  et marquer ses écrits.

L’accomplissement de son rêve d’enfance : suivre la trace de son frère comme officier de marine, devint réalité en 1825 lorsque, faisant fonction de midship, il fut affecté à la nouvelle frégate de 44 canons, la Brandywine, préparée sur le Potomac pour son premier voyage.

Ce fut un voyage mémorable, non seulement parce que c’était le premier, mais parce que la mission du navire était de transporter en France un hôte très célèbre, le général marquis de Lafayette.

Cette partie de la mission accomplie, la Brandywine fit voile pour Gibraltar pour rejoindre l’escadre du contre-amiral Rodger et tirer profit du calme relatif du secteur pour passer l’hiver.

Pendant ce temps, les aspirants devaient commencer leur formation officielle d’officiers de marine professionnels. De cette expérience cependant, le Maury de 19 ans écrivit que le professeur « …était bien qualifié et bien disposé à enseigner la navigation, mais que ne disposant pas d’une salle de classe ni de l’autorité pour rassembler les aspirants, la croisière se passa  sans qu’il eût la possibilité d’organiser son école. Par conséquent, de lui, nous n’apprîmes rien. »3 C’est à partir d’expériences décevantes comme celle-ci que Maury tirerait ensuite avec succès argument pour la formation des officiers de marine soit sur un navire école soit dans une école navale à terre.

Le bateau revint à New York au printemps puis, au début de l’automne, fit voile pour l’Amérique du Sud, contourna le Cap Horn, et se mit à ses patrouiller à partir de sa base de Callo Way au Pérou4. Maury fut bientôt transféré sur le Vincennes opèrent également dans la zone. Pendant les deux années suivantes son bateau croisa le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud. De nouveau l’entraînement formel à bord fut un échec complet, le professeur étant finalement débarqué parce que nuisible.

L’occasion manquée d’une formation théorique ne détourna pas Maury de sa recherche de connaissance. La bibliothèque du bord comprenait un certain nombre de volumes de navigation et il se mit au travail pour les maîtriser.

Par exemple, même lorsqu’il était de service, il tirait profit  des instants libres pour travailler à des problèmes de géométrie sphérique qu’il traçait souvent à la craie sur les boulets de canon rangés sur le pont et dont il méditait la solution en arpentant le pont.

Après plusieurs années de patrouille, le Vincennes reçut l’ordre de voguer vers l’ouest, visitant un certain nombre de petites îles (y compris les Marquises et Hawaï) sur sa route vers Canton,  en Chine. Il navigua ensuite dans la Mer de Chine du Sud, passa par le détroit de la Sonde dans l’Océan Indien, et suivit une route contournant la pointe de l’Afrique jusqu’à New York. Arrivé à New York le 8 Juin 1830, le Vincennes devenait le premier bateau de guerre des Etats-Unis à avoir effectué le tour du globe.

En 1831, Maury se présenta devant le Conseil d’Examen de la Marine pour passer son examen d’aspirant confirmé. Plusieurs candidats avaient convaincu Maury de leur donner des leçons car ils reconnaissaient sa maîtrise des aspects théoriques et pratiques de la navigation. Ces candidats sortirent dans les premiers de l’examen mais Maury lui-même sortit 27ème sur 40. La raison en fut qu’au lieu d’appliquer simplement les formules des problèmes  de navigation posés par le professeur de mathématiques du jury, Maury donna la solution par la trigonométrie sphérique,  que le professeur ne pouvait pas suivre. Pour sauver la face, le professeur déclara fausse la solution ; après une réunion hâtive entre collègues, le jury soutint  le professeur.5 Le résultat fut que Maury obtint son examen mais avec un rang tel que sa promotion future en fut retardée6.

L’affectation suivante en mer envoyait Maury sur l’aviso Falmouth en tant que « maître de voiles ». Cette position allait le placer en second sous le commandant du bateau et lui donnerait la responsabilité directe pour la navigation, le maintien de la route, le réglage des voiles, ainsi que pour nombre d’autres tâches de supervision. Prenant son nouveau poste au sérieux, Maury essaya d’obtenir des informations sur les vents et les courants que le bateau rencontrerait dans son voyage vers la côte ouest de l’Amérique du Sud via le Cap Horn. Découvrant , à son étonnement, que ces renseignements n’existaient pas, il décida d’établir des observations complètes et précises lors du prochain voyage, pour servir à d’autres. Contournant le Cap Horn et rencontrant l’habituel temps déchaîné dans ces parages, Maury nota  la spectaculaire instabilité du baromètre  et son inutilité pour prévoir dans cette région l’arrivée des tempêtes. À partir de ces observations il écrivit son premier article scientifique intitulé « Sur la navigation au Cap Horn« , qui fut publié dans l’American Journal of Science and Arts6. En service dans l’escadre patrouillant la côte Pacifique de l’Amérique du Sud, Maury commença ses premières notes qui devinrent un manuel remplaçant l’ouvrage consacré par le temps, mais mal écrit et périmé de Bowditch, le New American Practical Navigator, publié 30 ans plus tôt.7

De retour aux Etats-Unis en 1834, Maury épousa Ann Herndon. Ils établirent leur foyer à Fredericksburg en attendant de nouveaux ordres d’affectation. À cette époque il n’était pas inhabituel pour un officier de marine de rester très longtemps à terre entre deux affectations; et dans ce cas presque deux ans. Pendant cette période, ayant beaucoup de temps libre, il acheva son livre qui fut publié en 1836 sous le titre de Treatise on Navigation.8

Le livre reçut de grands éloges de beaucoup de personnes, y compris d’Alexandre Dallas Bache qui devait, plus tard, devenir l’un de ses plus fervents adversaires. Il fut aussi recensé par Edgar Allen Poe qui loua son style et déclara :  » l’esprit de  perfection littéraire a été éveillé chez les officiers de notre Marine. »9

En 1844 le livre avait eu tant de succès et sa valeur était si bien établie, qu’il remplaça presque exclusivement Bowditch sur ordre du ministre de la Marine.

Revenant d’un voyage dans le Tennessee pour visiter ses parents, un jour de 1839, Maury voyageait sur le toit d’une diligence surchargée juste à l’est de Somerset, dans l’Ohio. Comme la diligence roulait à travers la nuit elle arriva sur un revêtement nouvellement posé. Des roues s’enfoncèrent dans la terre molle, lançant la voiture sur le côté. Les chevaux effrayés firent une embardée et la diligence se renversa, projetant Maury au sol. Le résultat fut le déboîtement de l’articulation du genou, un déchirement au ligament de la rotule et une fracture du fémur. Il fut rapidement clair qu’un retour à la mer serait sérieusement retardé sinon définitivement impossible. L’angoisse que ceci causa au jeune officier de marine plein de promesse et rêvant d’aventures fut immense. Pourtant cet accident lui valant sa nomination à un poste à terre, devait mettre son nom sur les lèvres et les cartes de pratiquement tous les usagers du monde de la grande bleue. Ceci allait le catapulter à une position de célébrité dans le monde scientifique dont il aurait à peine pu rêver.

Pendant sa convalescence, Maury consacra son esprit fertile à écrire sept nouveaux articles sous le nom de plume de « Will Watch » faisant suite à cinq articles publiés précédemment sous le nom de « Harry Bluff. » Ces articles révélant la corruption, les malversations et l’inefficacité dans la marine appelaient une réforme. Publiés dans le populaire Richmond Whig sous forme d’une série intitulée « Miettes de la pochette-surprise », ils eurent tout de suite un large impact sur la communauté navale, les milieux politiques et le public en général.10 Le véritable auteur de ces articles fut rapidement découvert, l’animosité croissante qui devait apparaître plus tard dans les actes du Comité de Retraite de la Marine.

Dans ces articles Maury plaidait pour une académie navale organisée, au lieu de la méthode  aléatoire en vigueur pour la formation des aspirants à bord de bateaux utilisant des instructeurs civils. Il proposait que le curriculum comportât des cours de chimie, d’histoire naturelle, d’astronomie, de mathématiques, d’architecture navale, de droit international et maritime, d’artillerie, de tactique et de langues. Maury n’était pas la seule voix réclamant une meilleure formation des officiers et une réforme générale de la Marine, mais c’était clairement l’une des plus efficaces. La Marine a honoré Maury comme l’un des  responsables de ses succès en donnant son nom à un destroyer (1918).11 En outre, le principal amphi à Annnapolis porte son nom, en reconnaissance de ses efforts qui furent un élément clé pour la création de l’Académie Navale.12 Beaucoup d’autres réformes proposées par Maury furent mises en application durant sa vie, améliorant ainsi de façon significative le moral des marins, l’efficacité de la Marine, et l’état de préparation militaire des Etats-Unis.

Le Dépôt et l’Observatoire :

Avant 1842, le Dépôt des Cartes et Instruments de la Marine était une branche somnolente et dépourvue d’imagination de la Marine, relativement inconnue même aux Etats-Unis si ce n’est des marins ayant besoin de ses services. Ainsi lorsque Maury devint son directeur en Juillet de cette année, il n’avait qu’un rôle limité. En tant que dépôt, son objet était de stocker les journaux de bord de chaque voyage effectué par un bâtiment de la Marine depuis la création du ministère. Il distribuait aussi les cartes de navigation – utilisant surtout celles qui avaient été faites par d’autres pays (spécialement l’Angleterre) car le Dépôt avait peu œuvré en ce domaine, même pour les côtes et les ports des Etats-Unis. Son dernier rôle majeur était de fixer l’heure légale à la fois pour la marine et pour le pays en général. Pour cela on notait l’heure du passage du soleil ou des étoiles dans le champ du télescope. À partir de là, on faisait les calculs pour déterminer l’heure exacte pour l’horloge de l’observatoire; les chronomètres pouvaient alors être vérifiés sur place. Le Dépôt  recevait tous les instruments de navigation et de météorologie, chronomètres, sextants, baromètres, thermomètres des navires revenant de voyage  et les fournissait aux navires en partance pour leur périple sur l’océan. Pendant que les instruments séjournaient au Dépôt, leur précision était vérifiée. Par exemple, on ne réglait pas les chronomètres à cause de leur sensibilité; mais on notait leur déviation par rapport au temps réel et cette correction était donnée avec le chronomètre aux bateaux en partance. Ainsi, lorsque Maury fut nommé directeur, le Dépôt accomplissait une fonction plutôt routinière. En quelques brèves années sous sa direction, il allait devenir une institution de renommée mondiale.

Aussitôt sa nomination, Maury se mit à travailler dans les piles des vieux journaux de bord, essayant d’en extraire des données utiles aux navigateurs. Plusieurs cartes mineures furent préparées, mais les grandes cartes détaillées dont on avait besoin ne pouvaient être obtenues que par la collecte systématique de vastes quantités de données sur des imprimés normalisés.

L’année de la nomination de Maury à la tête du Dépôt, le Congrès vota des fonds suffisants pour construire un observatoire national. Achevé en 1844, la question de savoir qui le dirigerait devint une question politique chaude.13 Maury était le candidat naturel puisqu’il devait inclure le Dépôt dans ses fonctions. Certains soutenaient, cependant, qu’un observatoire national devait être dirigé par un civil. À la fin Maury fut choisi et l’observatoire devint un Observatoire Naval des Etats-Unis. Ceci représentait une nouvelle occasion importante  pour Maury de faire avancer la science, et il en profita rapidement.

Observations astronomiques et océanographiques :

L’une des plus fameuses études réalisée fut l’observation du retour de la comète de Biela qui venait juste d’être signalée par les astronomes européens. Il donna instruction à ses assistants de guetter la comète qui fut bientôt trouvée. Un écrivain contemporain décrit l’évènement: « Cette nuit du 13 Janvier 1846 vit le mauvais présage et l’inconcevable. Dans sa route vers son périhélie, la comète de Biela se fendit en deux. »14 Cette observation importante, montrant la nature fragile et éphémère des comètes, fut publiée sous le titre « Duplicité de la comète de Biela » dans le journal anglais Royal Astronomical Society Monthly.15

Également en 1846, l’Observatoire publia le premier volume des Astronomical Observations. C’était le premier ouvrage important d’un observatoire américain; et il fit l’objet de commentaires abondants non seulement aux Etats-Unis mais aussi à l’étranger, mettant l’institution à égalité avec celles d’Europe.16

L’année suivante les premières Cartes des vents et courants furent publiées. Celles-ci, ainsi que les autres volumes qui devaient révolutionner la navigation, furent publiés sous la direction de Maury. Comme exemple de leur impact, le premier bateau qui suivit les instructions de Maury à destination de Rio de Janeiro réussit à faire l’aller et retour en 75 jours, au lieu des 110 jours habituels. En 1851, avec la ruée sur l’or de Californie à son comble, les clippers se livraient à un commerce intensif entre New York et San Francisco via le Cap Horn. En raison de l’intense compétition entre les compagnies de navigation et entre les capitaines des navires, la route devint une véritable course; l’annonce de leurs départs et de leurs arrivées était un grand sujet de conversation sur les deux côtes. Grâce aux cartes de Maury, le temps moyen du trajet fut réduit de 187½ à 144½  jours et à 136 jours seulement en 1855. Cette année là le Flying Cloud, utilisant les cartes de Maury put établir un record mondial pour ce trajet  de quelques heures au-dessous de 90 jours.17

À la fin de 1851 plus de 1000 navires apportaient à Maury leurs journaux de bord, tenus selon les règles définies dans son « Journal de bord résumé à l’usage des navigateurs américains » en échange de ses « Cartes du vent et des courants« .

En quelques brèves années les trois quarts de la navigation mondiale se trouva faite par des capitaines utilisant ces cartes, et qui, à leur tour fournissaient de nouvelles données pour les futures cartes. La contribution de Maury à l’établissement des cartes des vents et des courants de l’océan fut si précieuse qu’aujourd’hui encore, les Pilot Charts [les cartes pour pilotes] portent l’inscription  » Fondé sur les recherches effectuées au début du 19ème siècle par Mathieu Fontaine Maury, lieutenant de la Marine américaine. » Maury fut  bientôt reconnu comme la principale autorité mondiale en courants océaniques et en météorologie marine.

Depuis 1840 il travaillait sur des idées de sondages marins profonds et de collecte de sédiments du fond de la mer. En 1849 il commença la supervision de sondages dans l’Atlantique. Au cours des quelques années suivantes il fut capable d’élaborer le premier profil exact du fond de l’océan Atlantique, de part et d’autre du  39ème parallèle entre l’Amérique et l’Europe. Des études ultérieures des sédiments profonds, utilisant des procédés mis au point à l’Observatoire, lui permirent de montrer que les sédiments étaient composés de foraminifères et de quelques diatomées. Les coquilles ne montraient aucun signe d’abrasion, et il ne trouvait ni sable ni gravier. Maury en conclut qu’il n’y avait pas de courants océaniques à grande profondeur et nota que ceci serait avantageux  pour un éventuel câble télégraphique.

Alors que Maury terminait ce rapport pour le Secrétaire de la Marine, il reçut une lettre de Cyrus Field l’interrogeant sur la possibilité d’un câble transatlantique. Après quoi, Field consulta fréquemment Maury pendant que le projet prenait forme. La principale information fournie par Maury concernait des recommandations sur la meilleure époque de pose du câble en fonction des violentes tempêtes fréquentes dans l’Atlantique nord, sur la zone de l’océan la plus favorable au projet basée sur sa découverte du « Plateau Télégraphique », ainsi que des conseils sur la nature du câble lui-même et la procédure de mise en place.

Ainsi, Maury et un autre homme de science chrétien, Samuel F.B.Morse,18 jouèrent un rôle clé dans l’installation du câble transatlantique. Je n’ai pas eu l’occasion de rechercher la documentation sur les rapports entre ces deux savants, mais il est intéressant de noter qu’Alexandre Dallas Bache du « Coast Survey » [organisme chargé de la topographie des côtes] et Joseph Henry secrétaire du Smithsonian Institute  étaient adversaires à la fois de Maury et de Morse.19

Francis Leigh Williams donne quelques aperçus fascinants sur l’attitude de Bache et d’Henry à l’égard de l’Observatoire et de son directeur.20 Apparemment ils craignaient que la réputation de l’Observatoire ne vînt ternir leurs propres établissements et détourner d’eux les projecteurs. Henry comme Bache  » croyaient en leur mission d’établir un critère pour les savants américains et de refuser l’autorité à ceux qui ne satisferaient pas à leur critère. »21 « Bache…conçut un rôle messianique dans la science américaine pour lui-même et le <corps d’élite> de ses amis – une idée partagée par Henry.« 22 Il est instructif aussi de savoir que Bache et Henry jouèrent un rôle décisif dans la formation de l’Académie Nationale des Sciences, avec comme objectif ultime qu’elle devrait faire fonction d’un « haut tribunal » de la science siégeant pour juger les autres.

En quête de coopération internationale :

L’avancement des travaux de Maury à l’Observatoire rendait de plus en plus clair le grand besoin d’un système d’observations uniformes de météorologie et d’hydrographie, donnant des résultats que partageraient toutes les nations. Dans ce but il travailla pour une réunion internationale de dix parmi les principales puissances maritimes. Surmontant des obstacles énormes, Maury réussit finalement à faire cette réunion à Bruxelles en 1852. Maury fut le principal orateur et manifestement le personnage dominant de toute cette conférence internationale, probablement la première de son genre. Il se dégagea un accord unanime sur les types d’observations qu’il fallait faire et comment les enregistrer pour les traiter. Maury revint de la conférence triomphant, ayant obtenu la coopération internationale pour un projet si cher à son cœur. Pendant les 35 années suivantes, plus de 30 millions de résumés de journaux de bord, provenant de nombreuses nations, furent envoyés à l’Observatoire pour la création et la révision de cartes des vents et des courants.23

Maury fut toujours un homme de sens pratique, croyant que les profanes pouvaient comprendre la science et estimant que les résultats obtenus devaient être communiqués au grand public. Dans ce but il publia en 1855 son premier volume de Géographie Physique de la Mer.24 Celui-ci et ses éditions ultérieures constituèrent le premier manuel populaire de la science marine et ils furent édités pendant plus de 20 ans dans au moins 6 langues.25

Maury soutenait depuis longtemps l’idée d’une réforme de la Marine dans de nombreux aspects de l’exécution du service. Par exemple, il était clair qu’il y avait de nombreux officiers inefficaces dans la marine, certains de haut rang. Un mouvement se dessinait pour remédier à cette situation et Maury prêta sa voix à cette cause. Une Commission navale, appelée le « Retiring Board » [Commission de retraite] fut instituée et, à la fin de ses délibérations, plusieurs centaines d’officiers furent mis en réserve, en solde de congé exceptionnel; ironiquement Maury fut l’un d’entre eux. Le Retiring Board comprenait quelques ennemis de Maury  qui virent là une occasion de régler de vieux comptes. Prétextant de sa jambe estropiée, ces officiers de marine vindicatifs prétendirent qu’il était inapte au service actif, en dépit du fait que, dans la même lettre il lui était ordonné de continuer son travail à l’Observatoire.26 Cette décision tragique fut finalement  annulée presque trois ans plus tard après le tollé permanent des journaux, d’officiers de marine amis, de politiciens et du public en général.

La guerre civile :

Tandis que les années précédant immédiatement la guerre civile s’écoulaient, Maury non seulement poursuivait ses travaux à l’Observatoire, mais il commença à voyager beaucoup, s’adressant à de nombreuses sociétés scientifiques nationales et locales et à d’autres groupes intéressés par ses travaux. L’un de ses thèmes favoris pendant cette période était l’insistante recommandation d’un réseau de stations d’observation pour collecter des données sur la météorologie terrestre. L’agriculture et d’autres intérêts commerciaux avaient souvent souffert des éléments, et Maury savait pertinemment que le temps engendré sur l’océan ne s’arrêtait pas sur la côte. Il voyait l’atmosphère comme un système universel intégré et affirmait que son comportement  sur terre pouvait être évalué d’une façon similaire à ce qu’il avait déjà accompli avec ses observations marines.

Dans les mois précédant la guerre, Maury passa beaucoup de temps en paroles et en écrits pour tenter de calmer le conflit national imminent et proposer un certain nombre de plans de réconciliation entre le Nord et le Sud.27 Maury n’était pas partisan d’une séparation de l’Union; mais comme État après État faisaient sécession, il devint clair qu’il n’y avait plus grand-chose à faire pour sauver le Sud. Le coup final arriva lorsque son État natal, la Virginie, fit sécession. Se souvenant qu’elle avait accueilli à bras ouverts ses ancêtres huguenots persécutés, son loyalisme lui dicta de démissionner de la Marine, d’abandonner son magnifique observatoire avec toutes les promesses de reconnaissance scientifique et d’avancement, et de s’attacher au destin de son État natal, quel qu’il fût.

À cause de sa notoriété nationale et internationale, Maury fut choisi par le Nord comme cible d’attaques verbales. La mise à prix de $ 3 000 pour sa tête venait juste derrière celle de Jefferson Davis.28 Une autre mesure de dérision fut prise par l’Académie Nationale de Science en Janvier 1864 lorsqu’elle édicta que :  » les volumes intitulés « Sailing Direction », jusqu’ici fournis aux navigateurs par l’Observatoire Naval et les « Wind and Current Charts »  destinés à les illustrer et à les expliquer renferment  beaucoup de choses mal fondées en philosophie et peu de choses pratiquement utiles  et, par conséquent, ces publications ne devront plus être fournies dans leur forme actuelle. »29

Il est difficile d’imaginer une affirmation plus contraire aux faits universellement démontrés et acceptés, mais l’Académie Nationale agissait clairement en accord avec ses principes philosophiques. Je n’ai pas trouvé de documentation sur l’effet réel que ceci eut sur l’utilisation des ouvrages de Maury; mais les cartes et les directives étaient si bien fondées et universellement utilisées, qu’il est douteux qu’aucun navigateur ait voulu suivre le conseil de l’Académie Nationale, tant leur utilité et exactitude avaient joué un rôle important  les navigations en haute mer. Ainsi le « haut tribunal » pouvait bien émettre tous les jugements qu’il voulait, mais sur la grande bleue et le long de côtes inconnues où tout est en jeu, les marins se tournaient toujours vers Maury.

Pendant son temps dans la Marine Confédérée il fut responsable de la mise au point des premières mines électriques (alors appelées torpilles) pour la guerre navale. Cependant,  beaucoup de ses anciens ennemis ayant rejoint la Confédération, sa capacité d’aider le Sud fut grandement réduite. Avant la fin des hostilités Maury fut envoyé en Angleterre en mission diplomatique pour la Confédération. Ainsi, à la fin de la guerre, il ne fut pas compris dans l’amnistie générale qui excluait les diplomates ou agents de la Confédération, ceux qui avaient démissionné pour aider la rébellion et ceux qui avaient servi dans la marine confédérée au-delà du grade de lieutenant.

Pendant cette période il utilisa son influence sur Maximilien pour essayer de coloniser le Mexique  avec les sudistes dépossédés. L’empereur lui donna  un poste dans le cabinet, le nomma Commissaire Impérial pour la Colonisation et directeur de l’Observatoire Astronomique de Mexico. Voyant que les efforts de colonisation allaient échouer et sentant l’antagonisme croissant des nationaux envers Maximilien, Maury retourna en Angleterre.

Lorsqu’une amnistie générale fut votée incluant la situation de Maury, il fut invité en 1868 à occuper la chaire de Physique à l’Institut Militaire de Virginie. Il accepta l’offre et retourna dans son État natal où il exerça ses efforts à  la reconstruction du Sud. Il publia une brochure intitulée « Etude physique de la Virginie« 30, destinée à aider à sa reconstruction. Alors qu’il était à l’Institut Militaire de Virginie, il proposa à l’Association Éducative de Virginie la création d’un collège polytechnique.31 En 1872 l’actuel Institut Polytechnique de Virginie fut ouvert à Blacksburg, Virginie. Maury fut sollicité pour en devenir le premier président, mais il déclina l’offre.32

Pendant cette période Maury parla beaucoup; et c’est à cause d’une maladie persistante, due à l’épuisement d’un long voyage de conférences, qu’il mourut le 1er Février 1873. Ainsi s’achevait la carrière de l’un des savants les plus pittoresques de l’Amérique du 19ème siècle.

Distinctions honorifiques :

Parlant de la réputation de Maury, il est clair qu’à bien des égards il était tenu en plus haute estime à l’étranger que dans son propre pays, confirmant qu’ « un prophète n’est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. »33 Maury reçut beaucoup de distinctions honorifiques. Il fut membre honoraire de nombre de sociétés scientifiques, dont l’Académie Impériale des Sciences de Russie, l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux Arts de Belgique, Associé de la Société Royale Astronomique d’Angleterre ainsi que de plus de 40 autres sociétés américaines et étrangères. Il reçut de hautes distinctions de toutes sortes d’un grand nombre de pays, dont le Danemark, l’Allemagne, le Portugal, la Belgique, la Russie, la France, la Tchécoslovaquie et les Etats Pontificaux. Il reçut aussi la Médaille d’Or de Science et la Médaille Kosmos du roi de Prusse. Cette dernière médaille fut pour Maury une source de fierté car elle lui fut accordée à la demande du vénérable Alexandre de Humboldt, un naturaliste chevronné qui donna son nom au courant de Humboldt. Les cinq volumes de sa description de l’univers physique étaient considérés par certains comme l’un des plus grands ouvrages scientifiques au monde et, il n’y avait sans doute pas d’autre savant pour lequel Maury ait eu un plus grand respect.34

Les autres distinctions accordées à Maury par des institutions académiques comprennent les doctorats en droit du Columbian College (maintenant George Washington University), de l’Université de Caroline du Nord et de l’Université de Cambridge. Pendant la guerre civile, Constantin, le Grand Amiral de Russie, lui proposa  une maison, la richesse et une position honorifique. Louis Napoléon l’invita à s’installer en France avec des conditions similaires.35

Une justification récente de la compétence scientifique de Maury et de la valeur durable de son œuvre se trouve dans «  Matthew Fontaine Maury Memorial Symposium on Antarctic Research « , la Monographie de Géophysique N° 7 publiée par l’American Geophysical Union. Le discours d’ouverture du symposium comporte ces commentaires :  » C’est un plaisir d’ouvrir ce Symposium sur la Recherche en Antarctique, nommé en l’ honneur de Matthieu Fontaine Maury. Il est juste que ce Symposium, reposant sur les résultats obtenus par des savants de nombreux pays, travaillant  harmonieusement et fructueusement  dans l’Antarctique pendant et après l’Année Internationale de Géophysique de 1957-1958, soit dédié à Maury, qui fut un pionnier de la coopération  internationale dans les études sur les océans, l’atmosphère et les régions polaires.« 

Après un survol de la vie de Maury et le récit de ses efforts infructueux pour développer la coopération internationale pour la recherche sur l’Antarctique à la veille immédiate de la guerre civile, l’orateur conclut :  » Cent ans plus tard, soixante nations ont réuni leurs ressources dans un vaste effort pour étudier la terre et le soleil et douze d’entre elles ont participé à la recherche sur l’Antarctique. Comme Maury l’avait prédit, elles < ouvriraient les portes du sud > et chacune deviendrait < un concitoyen de la grande république de la connaissance humaine…>. Alors aujourd’hui, pour le centenaire de la proposition de Maury, alors que nous sommes rassemblés ici pour écouter les savants de nombreux pays décrire leurs recherches sur l’atmosphère, la glace, la géologie de l’Antarctique et les océans entourant ce continent, poursuivons la réalisation du vœu  de Maury  d’une étude concertée de la Planète Terre par toutes ses nations.« 36

Ainsi, dans ce domaine au moins, Maury fut manifestement un savant en avance d’un siècle sur son temps.

Le style de Maury :

Le style de Maury ne fut pas universellement  apprécié par ses contemporains ou par ses critiques actuels. Néanmoins, Coker, dans son livre d’introduction à l’océanographie et à la biologie marine, This Great and Wide Sea, déclare :  » Le côté littéraire de son livre…a fait l’objet de commentaires, et peut-être parfois de dénigrement. Bien qu’il soit aujourd’hui à la mode dans les écrits scientifiques et les manuels de faire peu de cas de la rhétorique (et parfois, semble-t-il, de craindre la clarté), il est difficile de mettre en doute que le style de Maury, réunissant rhétorique, clarté et piété ne fût l’un de ses plus efficaces outils.« 37

À propos de son livre Géographie physique de la mer, Coker poursuit :  » Son livre mérite toujours d’être lu dans son ensemble  tout en sachant que les faits et les conclusions dans de nombreux cas ne sont plus acceptables à la lumière d’observations ultérieures et précises et d’une bien meilleure compréhension de beaucoup de phénomènes océaniques. Un coup d’œil à la table des matières donne une idée de l’étendue de son travail lorsque nous voyons des chapitres sur le Gulf Stream, l’atmosphère, les courants de la mer, la profondeur des océans, les vents, les climats, les dérives, les tempêtes,etc. »38

Concernant son style, il faudrait remarquer que Maury n’écrivit pas sa Géographie physique de la mer exclusivement pour les savants, mais pour le public en général, peut-être avec une pensée spéciale pour les jeunes aspirants. Les écrits scientifiques n’ont pas besoin d’être tristes et ennuyeux, mais avec quelque effort on peut les rendre pétillants de vie. Maury fut clairement un maître dans ce domaine.

L’influence morale de son œuvre :

Les écrits scientifiques modernes sur tout sujet lié aux origines, qu’ils soient techniques ou pour le grand public, ont en général comme motif inavoué de faire allégeance à l’hypothèse évolutionniste et à ses implications morales et philosophiques. Le thème sous-jacent de l’œuvre de Maury était bien différent. Parlant de ses propres travaux, il disait:

 » Aussi grande que soit la valeur attachée à ce qui a été accompli par ces recherches sur le raccourcissement des traversées et la diminution des dangers de la mer, un bien de plus grande valeur, de l’avis de beaucoup de marins, doit encore venir de l’influence morale et éducative qu’elles sont destinées à avoir sur les marins du monde. »39

L’extrait suivant d’une lettre du capitaine Phinney de la Gertrude à Maury en 1855  illustre l’impact que ses écrits eurent sur cet homme :  » …je suis heureux d’apporter ma contribution en vous fournissant des informations pour perfectionner votre grand et splendide travail, non seulement en montrant les routes océaniques les plus rapides pour les navires, mais encore en nous enseignant à nous, marins, à regarder autour de nous et à voir les merveilleuses manifestations de la sagesse et de la bonté de Dieu qui nous entourent en permanence. En ce qui me concerne, je puis bien avouer que pendant de nombreuses années j’ai commandé un bateau et, sans avoir jamais été insensible aux beautés de la nature en mer ou sur terre, je sens pourtant que jusqu’à ce que j’eusse abordé votre œuvre je parcourais les océans les yeux bandés. Je ne pensais pas; je ne connaissais pas les desseins étonnants et magnifiques de toutes les œuvres de Celui que vous appelez si admirablement   » la Grande Première Pensée . » J’estime qu’en dehors de tout profit pécuniaire tiré de vos travaux, vous m’avez fait du bien en tant qu’homme. Vous m’avez appris à regarder au-dessus, autour et au-dessous de moi et à reconnaître la main de Dieu dans chaque élément qui m’entoure. Je vous suis reconnaissant pour ce bienfait personnel. »40

L’In Memoriam publié par l’Institut Militaire de Virginie lors de la mort de Maury en 1873 apprécie ainsi la vie de Maury: « Les bienfaits de Maury en faveur de l’humanité ne peuvent se mesurer par aucune valeur pécuniaire, aussi grande fût-elle. Si nous incluons le bénéfice général pour la civilisation des facilités accrues de communications entre les parties très éloignées de la terre, nous n’aurons pas alors la mesure de son œuvre. Au-dessus de tout cela se situent les résultats moraux de son enseignement. Les directives par lesquelles les marins étaient capables d’appliquer les principes et lois que son génie avait tirés de la masse d’informations provenant du monde entier étalées devant lui, étaient accompagnées d’autres enseignements. Passionnément  voué à l’étude des phénomènes naturels, y voyant partout la main du Créateur, profondément convaincu  du Gouvernement de la Providence, il essayait de communiquer aux autres la connaissance de ce qui le remplissait d’admiration et lui faisait chanter de joie un chant de louange. Et grâce au pouvoir de ce génie le monde de la mer s’éveillait à un esprit d’observation et de recherche, à un amour de la Nature et au respect de Dieu dans ses œuvres et dans sa majesté, que les étrangers au monde de la mer ne peuvent sans doute pas comprendre. »41

Finalité dans la Nature :

La philosophie de la nature de Maury et sa reconnaissance de l’autorité et de l’exactitude de l’Écriture Sainte dans les questions de science naturelle qu’elle aborde, sont le mieux perçues en examinant son œuvre. La suite de cet article fera donc fortement appel à ses textes originaux.

Les concepts de finalité et d’harmonie dans la nature dominaient dans la pensée de Maury. Ses discours et ses écrits, spécialement sa Géographie physique de la mer, sont généreusement parsemés de fréquentes allusions à ce sujet. Par exemple, s’adressant à la Société Historique de Virginie à propos de son expérience en études astronomiques à l’Observatoire, il déclare:

 » Pour moi, observant au travers de l’instrument le simple passage d’une étoile au méridien est le sommet de la sublimité astronomique. Au cœur de la nuit, lorsque le monde est plongé dans le sommeil et que tout est calme; lorsqu’on n’entend aucun son en dehors du battement funèbre de l’échappement de l’horloge, comptant d’une voix creuse les pas du temps dans sa ronde sans fin, je me tourne vers l’éphéméride et y découvre, grâce à des calculs faits il y a des années, que lorsque l’horloge donnera une certaine heure, une étoile que je n’ai jamais vue sera dans le champ du télescope pendant un moment, le  traversera puis disparaîtra. L’instrument est prêt; – le moment tant attendu approche;- je regarde;- l’étoile muette d’éloquence recueillant la sublimité du silence de la nuit, vient souriante et dansante dans le champ et, à l’instant précis à la fraction de seconde près, effectue son passage  puis disparaît ! Avec des émotions trop profondes pour les organes de la parole, le cœur se gonfle d’indicibles chants d’allégresse; nous voyons alors qu’il y a de l’harmonie dans les cieux; et bien que nous ne puissions pas l’entendre, nous sentons la « musique des sphères« .42

Commentant les proportions uniques du globe attribuées à la terre, à la mer et à l’air, il allègue : « … si les proportions et propriétés de la terre, de la mer et de l’air n’étaient pas ajustées selon leurs capacités réciproques d’accomplir chaque fonction, pourquoi devrait-on nous dire qu’Il < a mesuré les eaux dans le creux de sa main, enfermé la poussière dans une mesure, pesé les montagnes sur des bascules et les collines dans une balance> ? Pourquoi a-t-Il mesuré les cieux sinon pour distribuer l’atmosphère en proportion exacte à tout le reste et lui donner les propriétés et pouvoirs qu’elle devait  avoir pour accomplir les missions qu’Il lui avait assignées ? Harmonieux dans leur action, l’air et la mer obéissent à la loi et sont soumis à l’ordre dans tous leurs mouvements. Lorsqu’on les interroge sur l’accomplissement de leurs multiples et merveilleuses fonctions, ils nous donnent une leçon sur les prodiges des profondeurs, les mystères du ciel, la grandeur, la sagesse et la bonté du Créateur,  faisant de nous des hommes plus sages et meilleurs. Les enquêtes sur le large cercle de phénomènes liés au vent du ciel et aux vagues de la mer sont sans égales pour le bien qu’elles font et les leçons qu’elles enseignent. On dit que l’astronome voit la main de Dieu dans le ciel; mais le marin sensé qui regarde dans la mâture en méditant ces choses, n’entend-t-il pas Sa voix dans chaque vague de la mer <qui frappe dans ses mains> et ne sent-il pas Sa présence dans chaque brise qui souffle. »43

Il trouvait un intérêt particulier aux les courants océaniques, y voyant  de fortes évidences de finalité et d’intention. À propos du Gulf Stream, reconnu pour la première fois par Ponce de Leon en 1513 et grossièrement tracé par Benjamin Franklin en 1786,44 Maury  déclare :  » Si le courant marin, avec sa vitesse de 4 nœuds en surface et ses centaines de tonnes de pression dans ses profondeurs, pouvait creuser son lit, l’Atlantique, au lieu d’avoir

3 600 m de profondeur et 5 400 km de large, aurait depuis longtemps, on peut l’imaginer, creusé un étroit canal semblable à l’océan actuel mis sur la tranche et mesurant 3 600 m de large et 5 400 km de profondeur. Mais s’il en avait été ainsi, les proportions des surfaces de terre et d’eau auraient été détruites et les vents, privés de leur surface d’action, n’auraient pas pu aspirer de la  mer les vapeurs pour la pluie et  la surface de la terre serait devenue comme un désert sans eau. Mais il y a une raison pour que de tels changements ne se produisent pas, pour que les courants ne creusent pas le lit profond de l’océan, pour qu’ils ne dérèglent pas son équilibre physique, c’est parce qu’en présence de la sagesse éternelle, une limite fut posée sur la face de la profondeur, ses eaux furent mesurées dans le creux de la main du Tout-Puissant, des barreaux et des portes furent posés pour contenir ses vagues impétueuses; parce que lorsqu’Il ordonna à la mer de ne pas enfreindre son ordre, Il posa les fondations du monde si solidement qu’elles ne devaient jamais être ébranlées. »45
Des organismes marins il dit :  » Les habitants de l’océan ne sont pas moins les créatures du climat que ceux de la terre ferme. Car la même main Toute-Puissante  qui orna le lis et prend soin du moineau, façonna aussi la perle et nourrit la grande baleine. Qu’ils soient de la terre ou de la mer, les habitants sont tous Ses créatures, sujets de Ses lois et agents de Son économie. Nous en déduisons que la mer a ses fonctions et devoirs à remplir; de même que ses courants et aussi ses habitants. Par conséquent, celui qui  entreprend de l’étudier doit cesser de la regarder comme un gaspillage d’eaux. Il doit la regarder comme un rouage de la délicate machinerie préservant les harmonies de la nature ; alors il commencera à percevoir le déploiement de l’ordre et les preuves de l’intention qui en font un magnifique sujet de contemplation. »46

Maury pensait que même si la finalité n’était pas évidente il était cependant utile de la rechercher.

 » Lorsqu’on étudie le fonctionnement des diverses parties de la machinerie physique entourant notre planète, il est toujours apaisant et profitable de détecter, fût-ce dans les plus faibles indices, les moindres traces du dessein que le Tout-Puissant Architecte de l’univers voulut accomplir par quelque agencement particulier de ses diverses parties. »47

Maury écrivit aussi :  » Celui qui forma la terre < ne la créa pas en vain; Il la forma pour être habitée >. Il est présomptueux, arrogant et impie de vouloir en étudier les mécanismes avec n’importe quelle autre hypothèse; elle fut créée pour être habitée…La théorie sur laquelle repose notre ouvrage est que la terre fut faite pour l’homme; ma thèse est qu’aucune pièce de la mécanique qui la maintient en bon état pour lui n’est laissée au hasard, pas plus que les pièces du mécanisme servant à mesurer le temps ne sont abandonnées au hasard. »48

Ceci ne veut pas dire qu’il rejetait les procédés apparemment aléatoires de la nature. Cependant, même derrière ce qui ressemble à des événements aléatoires, des lois discrètes mais se faisant sentir partout gouvernent le processus total.

Il poursuit :  » En observant le fonctionnement et en étudiant les fonctions des différentes parties de la machinerie maintenant le monde en ordre, nous devrions toujours nous rappeler que tout a été fait pour son objectif, qu’il a été conçu selon un projet et organisé pour faire du monde tel que nous le voyons un endroit habitable par l’homme. Aucune autre hypothèse ne permet au chercheur d’acquérir une connaissance utile des propriétés physiques de la mer, de la terre et de l’air. »49

Ainsi, la philosophie de l’ordre et de la finalité est considérée par Maury non seulement comme régnant universellement, mais comme fondamentale pour comprendre vraiment la géographie physique et, par suite, toute science de la nature.

Utilisation de l’Écriture Sainte :

Maury fut sévèrement critiqué par certains de ses contemporains pour son utilisation de l’Écriture à l’appui de ses idées scientifiques. Par exemple, Sir David Brewster disait :  » Il est maintenant, croyons- nous, presque universellement admis, et certainement par des hommes de grande Foi…que l’intention de la Bible n’est pas de nous enseigner les vérités de la science. Le géologue a cherché en vain la vérité géologique dans les inspirations de Moïse, et l’astronome n’est pas parvenu non plus à découvrir dans l’Écriture les faits et lois de sa science. Notre auteur, cependant, semble penser autrement et a adopté le point de vue opposé dans la malheureuse controverse qui fait encore rage entre le théologien et le philosophe. »50

Maury cependant demeurait ferme dans sa conviction de la légitimité d’extraire de l’Écriture toute la science qu’elle pouvait offrir. Sa défense de l’autorité de l’Écriture en matière scientifique n’apparaît peut-être nulle part mieux que dans son discours inaugural lors de la pose de la première pierre de l’Université du Sud à Sewanee Mountain, dans l’est du Tennessee,  le 30 Novembre 1860.

« J’ai été blâmé par des hommes de science, tant dans ce pays qu’en Angleterre, pour citer la Bible en confirmation des thèses de géographie physique. La Bible, disent-ils, n’a pas été écrite à des fins scientifiques et n’a, par conséquent, aucune autorité en matière de science. Je vous demande bien pardon ! La Bible fait autorité dans toutes les matières qu’elle touche. Que diriez-vous de l’historien qui refuserait de consulter les récits historiques de la Bible, sous prétexte que la Bible n’a pas été écrite pour les besoins de l’Histoire ? La Bible est vraie et la science est vraie, par conséquent chacune, si elles sont lues fidèlement, prouve la vérité de l’autre. Les agents de l’économie physique de notre planète sont les ministres de Celui qui fit et la planète et la Bible. Les témoignages qu’Il a choisi de laisser sur la croûte terrestre par l’intermédiaire de Ses ministres sont aussi vrais que les témoignages qu’il Lui a plu de faire dans le Livre de la Vie par  Ses prophètes et serviteurs.

Bible et Science sont toutes deux vraies; et lorsque vos hommes de science, dans leur vaine et hâtive vanité, annoncent la découverte d’un désaccord entre elles sur lequel ils s’appuient, la faute n’est pas du côté du témoin de Ses exploits, mais du côté du ver qui essaie d’interpréter un témoignage qu’il ne comprend pas.

Moi-même, pionnier dans un compartiment de cette magnifique science, lorsque je découvre les vérités de la Révélation et les vérités de la science s’éclairant mutuellement, comment pourrais-je, comme amoureux de la vérité et chercheur du savoir, manquer d’en souligner la beauté et de me réjouir de cette découverte ? La réticence en pareil cas serait un péché et si je voulais étouffer l’émotion avec laquelle de telles découvertes devraient émouvoir l’âme, les < vagues de la mer élèveraient leur voix>  et les pierres de la terre crieraient contre moi.

En étudiant la géographie physique, je considère la terre, la mer, l’air et l’eau comme les pièces d’une machine, d’un mécanisme, non pas faites de main d’homme, mais auxquelles, néanmoins, certaines fonctions ont été assignées dans l’économie terrestre; et lorsqu’au terme d’une patiente recherche, je découvre l’une de ces fonctions, je ressens, avec l’astronome de jadis < comme si j’avais pensé une des pensées de Dieu > et je tremble. Ainsi, au cours de notre progrès dans la science, nous pouvons de temps à autre mettre en évidence, ici ou là dans le mécanisme physique de la terre une intention du Grand Architecte lorsqu’Il en projeta l’ensemble.« 51

Sa conception de l’autorité de l’Écriture en science n’était pas simplement théorique mais trouvait des applications pratiques dans la vie courante. Par exemple, l’Écriture semble avoir joué un grand rôle dans sa décision d’étudier les courants et les vents de l’océan. Après des mois d’intense étude des vieux journaux de bord à l’Observatoire, il fut convaincu que l’accumulation de données atmosphériques et marines détaillées lui permettrait d’établir des cartes et des conseils de navigation entièrement nouveaux et grandement améliorés. De ses années en mer il avait vu la vérité du Psaume 107

« Ils étaient descendus sur la mer dans des navires,

pour faire le négoce sur les vastes eaux:

ceux-là ont vu les œuvres du Seigneur

et ses merveilles au milieu de l’abîme. »

À ce propos, Williams écrit :

 » Tandis qu’il pesait  diverses hypothèses,, Maury déclara plus tard à sa famille que ce verset lui venait souvent à l’esprit, mais encore plus souvent les paroles du Psaume 8 : « Tu lui as donné l’empire sur les œuvres de tes mains

et tout ce qui parcourt les sentiers des mers. »

Ces mots convainquirent Maury qu’il avait raison de croire à l’existence de sentiers naturels dans les mers, de même qu’il existait des passages naturels dans les montagnes, et que l’homme les découvrirait s’il persévérait dans sa recherche. »52

« Quant au système global de la circulation atmosphérique, que je tente de décrire depuis si longtemps, la Bible dit tout d’une seule phrase :

« Allant vers le midi, tournant vers le nord,

le vent se retourne encore,

et reprend les mêmes circuits » (Ecclésiaste 1.6)

Salomon, d’un seul verset, décrit la circulation de l’atmosphère telle que l’observation actuelle nous la montre. Qu’elle ait ses lois et qu’elle obéisse à l’ordre comme les hôtes célestes dans leur mouvement, nous le déduisons du fait annoncé par lui et contenant la quintessence des volumes publiés par les hommes:

« Tous les fleuves vont à la mer,

et la mer n’est point remplie;

vers le lieu où ils se dirigent,

ils continuent à aller. »  (Ecclésiaste 1.7)

Enquêter sur les lois qui gouvernent les vents et commandent à la mer est une des plus belles et profitables occupations qu’un homme de progrès puisse avoir. Orné d’étoiles comme l’est le ciel, l’astronomie ne donne pas de sujets de contemplation plus ennoblissant, plus sublime ou plus profitable que ceux que l’on peut trouver dans l’air et dans la mer.

Regardés d’un certain point de vue, ils donnent l’apparence de choses incontrôlables, n’obéissant à aucune loi, capricieux dans leur mouvement et soumis au hasard.

Pourtant, lorsque nous avançons en explorateurs amoureux de la vérité et chercheurs de connaissance et que nous frappons à leur chambre secrète et demandons avec dévotion quelles sont les lois qui les gouvernent, nous apprenons, en termes très impressionnants, que lorsque les étoiles du matin chantent ensemble, les vagues aussi  élèvent leur voix et les vents également se joignent à l’hymne majestueux. Et, comme notre découverte avance, nous trouvons les signes de l’ordre dans la mer et dans l’air en accord avec la musique des sphères, et la conviction s’impose à nous que les lois de tout ne sont rien d’autre qu’harmonie parfaite. »53

De nouveau Maury affirme l’importance d’une compréhension de l’Écriture pour interpréter les données scientifiques:

 » Je veux cependant…demander pardon de mentionner une règle de conduite adoptée afin de progresser dans ces recherches physiques qui ont occupé tellement de mon temps et de mes pensées. Cette règle est de ne jamais oublier qui est l’Auteur du grand livre que la Nature étale devant nous et de toujours se souvenir que le même Être  est l’auteur du livre que la Révélation nous montre. Bien que les deux ouvrages soient entièrement différents, leurs récits sont également vrais et lorsqu’ils traitent du même sujet, comme cela arrive ici ou là, il est aussi impossible qu’ils se contredisent l’un l’autre que l’un ou l’autre puisse se contredire. S’il n’est pas possible de concilier les deux, c’est notre faute et c’est parce que, dans notre aveuglement et faiblesse, nous n’avons pas été capables d’interpréter correctement l’un ou l’autre, ou les deux. »

Conclusion :

Matthieu Fontaine Maury fut certainement un des personnages exceptionnels de la science du milieu du 19ème siècle. Son attachement aux objectifs les plus hauts de la science, son aptitude à rassembler de grandes quantités de données, son attention au détail et son adhésion à l’autorité et à l’inerrance de l’Écriture, non seulement dans sa vie personnelle mais dans son travail scientifique, pourraient servir de modèle aux hommes et femmes de science contemporains assaillis de toutes parts par des philosophies séculières et athées.

Il nous laisse un héritage de succès exceptionnels, non seulement en science, mais aussi dans l’intégration réussie des deux révélations, naturelle et biblique. Combien la science moderne aurait-elle pu être différente si ses idées et sa philosophie n’avaient pas été en grande partie submergées par l’imminence du Darwinisme qui devait bientôt engloutir le monde occidental !

Bibliographie :

La bibliographie utilise les abréviations suivantes:

MFM = Matthieu Fontaine Maury

FLW  = Frances Leigh Williams, 1963, Matthew Fontaine Maury, scientist of the sea, Rutgers University Press , New Brunswick, New Jersey.

Cette œuvre savante doit servir de point de départ pour toute étude sérieuse de Maury. Outre ses 480 pages de texte superbement écrit, ce volume contient presque 230 pages de documentation prouvant les qualités les plus hautes dans la recherche historique.

 PGS  = Physical Geography of the sea.

 JWW = John W. Wayland, 1930, The pathfinder of the seas, Garrett & Massie    Inc., Richmond, Virginia.       


1 L’expression « pionnier de la mer » est prise du livre intitulé « The Pathfinders of the Sea » de John W. Wayland, 1930. Garret & Massie Inc., Richmond, Virginia.

2 MFM,1855.The physical geography of the sea and its meteorology, p.38, ed. John Leighly. The Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, Massachusetts, 1963. Ceci est sans doute la plus célèbre citation de Maury, elle révèle son style littéraire. 

3 MFM. Mai 1940, « Scraps from the lucky bag », Southern Literary Messenger. VI (4):315, cité par FLW, p.56

4 JWW, pp. 173-183. Garrett & Massie, Inc.,Richmond, Virginia. La chronologie dans cet ouvrage est très précieuse pour mettre en ordre les détails de la vie de Maury. Cependant elle n’est pas tout à fait exacte. Par exemple, FLW (p.62) fournit la preuve convaincante que Maury fit voile pour Rio de Janeiro le 31 Août 1826 sur la Brandywine et non pas le 10 Juin sur le Macedonian.

5 FLW, p.88

6 Ndlr. Cette anecdote en rappelle une autre, lorsque Poincaré se présenta à l’examen l’oral des Polytechnique. Son professeur de mathématiques au lycée de Nancy connaissant son génie supérieur, craignant qu’il ne fut pas compris par les examinateurs.

6 MFM,July 1834. On the navigation of Cape Horn, American Journal of Science and Arts, XXVI,54-63. Cité par FLW, p.693.

7 Nathaniel Bowditch, 1802. The new American practical navigator. An epitome of navigation and nautical astronomy. Newburysport. Mass.

8 MFM, 1836. A new theoretical and practical  treatise on navigation. Key and Biddle, Philadelphia.

9 Poe, Edgar Allen. Juin 1836. Southern Literary Messenger,II(7):454-455,cité par FLW p. 509.

10 Cf. FLW, p. 701.

11 JWW, p. 182.

12 Ibid.

13 cf. FLW, p. 157.

14 De Voto, Bernard, 1946. The year of decision, p. 3, cité dans FLW. p.525.

15 MFM, 1845-1847. Duplicity of Biela’s comet. Royal Astronomical Society Monthly Notices. Londres, VII, 90-91. Cité par FLW, p. 702.

16 Au cours des 10 années suivantes au moins 4  autres volumes furent publiés. Cf. FLW, p. 702.

17 Pour un compte rendu détaillé de la réduction des temps de trajet attribuable aux travaux de Maury, cf. FLW, pp. 190-195.

18 Pour un bref exposé de la vie de Samuel F.B.Morse cf. note 3.

19 Cf. FLW, pp. 167-175 avec leurs notes.

20 Ibid.

21 Ibid.

22 Ibid.

23 FLW, p. 221.

24 MFM,1855. The physical geography of the sea and its meteorology. Harper and Brothers, Cambridge, Mass.

25 Cf. FLW, p. 698 pour la liste complète des éditions et  rééditions.

26 Ibid, 273-274 pour le texte de cette lettre.

27 Ibid. 348-364.

28 Ibid. 370

29 Annual of the National Academy of Sciences for 1863-1864. p. 60 cité par FLW, p. 472.

30 MFM, Dec. 1869. Physical Survey of Virginia. Preliminary report N° 1. W.A.R..Nye, Richmond.

31 FLW, p. 656.

32 FLW, p. 657.

33 Matthieu 13: 57 b

34 Cf. FLW, p. 223 pour une liste plus détaillée de récompenses et l’effet que leur réception par Maury eut sur Bache et Henry.

35 Ibid. pp. 384-385, 428.

36 Smith, Waldo, ed. 1962. Matthew Fontaine Maury Memorial Symposium on Antarctic Research. Geophysical Monograph # 7.

37 Coker, R.E. 1962. This great and wide sea, an introduction to oceanography and marine biology, p. 22, Harper Touch Book Edition. Harper and Row,N.Y.,Evanston,and London.

38 Ibid. p. 23.

39 MFM, PGS p. 7

40 In Memoriam Matthew Fontaine Maury, LL.D. 1873. Actes de l’Academic Board de l’Institut Militaire de Virginie, Lexington, Va. À l’occasion de la mort du Commodore M.F.Maury, LL.D. Professeur de Physique à l’Institut Militaire de Virginie, pp. 21-22.

41 Ibid. pp. 20-21.

42 MFM, l’Observatoire National, discours adressé à la réunion annuelle de la Société Historique de Virginie,Richmond, 14 Dec. 1848, in Southern Literary Messenger,XV (5) (Mai 1849),307, cité par FLW, pp. 162-163.

43 MFM, PGS. pp. 127-128.

44 Tchernia P. 1980. Descriptive regional oceanography. Pergamon marine series, Vol.3. Pergamon Press,Oxford, p.117.

45 MFM,PGS, pp. 295-296.

46 FLW. P. 261.

47 MFM, PGS. p. 403.

48 Ibid. p. 153.

49 Ibid. p. 114.

50 Brewster, Sir David (sans date) North British Review, XXVIII, 434-435. Cité par PGS, p. XXVI.

51 Discours de MFM lors de la pose de la première pierre de l’Université du Sud, à Sewanee Mountain dans le Tennessee Est. Cité par Corbin, Diane Fontaine Maury, 1888. A life of Matthew Fontaine Maury,USN & CSN, compilé par sa fille. Sampson & Low & Co.

52 FLW, p. 151.

53 MFM, Jan. 22,1855. La Bible et la science. Southern Churchman. Cité par Corbin, référence 52, FLW pp. 158-160.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut