La dette d’Hitler envers Darwin.

Par:Anthony Nevard[2]

La dette d’Hitler envers Darwin[1

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Résumé: Les programmes d’histoire au Royaume-Uni s’assurent que les lycéens soient bien informés des atrocités du régime nazi. Cependant on n’y signale pas que les idées politiques d’Hitler prennent leur source dans l’œuvre du naturaliste anglais Charles Darwin. Pourtant l’élimination des « races inférieures » n’est que la transposition à la société humaine de l’élimination des moins aptes par la sélection naturelle. De même le combat (Kampf) pour l’espace « vital » n’est que la forme politique de la « lutte pour la vie » darwinienne.

            « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans les airs » (Éph. 6, 12)

            Les programmes actuels aux examens d’histoire dans les écoles secondaires anglaises attachent une grande importanceà l’étude de l’Allemagne sous le IIIème Reich. Les élèves qui optent pour l’épreuve d’histoire au baccalauréat vont étudier deux fois à fond la période nazie sur quatre ans. Si les élèves sont à juste titre incités à détester les politiques racistes d’Hitler, ils paraissent bien peu informés sur leur lien avec une source très influente de telles idées: celles du naturaliste anglais Charles Darwin.

            La relation entre nazisme et darwinisme a été soulignée par plusieurs auteurs créationnistes mais semble être sous-estimée par l’histoire séculière. L’Anglais Malcolm Bowden a exposé les racines évolutionnistes des extrêmes droite et gauche du spectre politique:

Le substrat évolutionniste de la théorie du « surhomme » de Nietzsche et l’utilisation qu’en a faite Hitler avec sa « Race Supérieure » sont bien connus. L’effrayante conséquence de la théorie de l’Évolution poussée à sa conclusion logique : l’élimination des races « inférieures », apparaît dans l’horreur des camps de concentration de Belsen, d’Auschwitz, etc. Le remarquable est que si les historiens renseignent soigneusement sur les atrocités du régime d’Hitler, aucun d’entre eux ne souligne le fait que ce régime reposait sur une philosophie évolutionniste. La théorie est vraiment sacro-sainte et préservée de toute critique, d’où qu’elle vienne.[3]

Le scientifique américain Henry Morris confirme:

En fait, alors que tout élève d’école publique est maintenant bien informé des maux d’Hitler et de son  »national-socialisme », on ne lui enseigne presque jamais qu’il était entièrement fondé sur l’évolutionnisme. C’est une surprenante dissimulation, et même une réécriture de l’Histoire. Les évolutionnistes modernes réagissent avec colère lorsqu’on leur rappelle  que l’Évolution a fourni sa logique au nazisme, mais cela est vrai malgré tout.[4]

Morris cite sir Arthur Keith, éminent anthropologue évolutionniste anglais, écrivant juste après la Seconde Guerre mondiale:

Pour voir des mesures évolutionnistes et une moralité tribale appliquées rigoureusement aux affaires d’une grande nation moderne, nous devons nous tourner vers l’Allemagne de 1942. Nous voyons Hitler religieusement convaincu que l’évolution donne la seule base réaliste de la politique nationale.[5]

Le Führer de l’Allemagne, comme je l’ai toujours maintenu, était un évolutionniste; il a consciencieusement cherché à rendre les réalisations de l’Allemagne conformes à la théorie de l’Évolution.[6]

L’influente Ligue Moniste, fondée par Ernst Haeckel (1834-1919) convertit beaucoup de savants allemands et autres intellectuels au matérialisme, au racisme, au nationalisme et à l’impérialisme. Ce que confirme le géologue Kenneth Hsu:

Le darwinisme de Haeckel a trouvé son expression terroriste dans le national-socialisme. Pour Hitler, l’évolution était la marque de la science moderne et ses « vues en histoire, politique, religion, christianisme, nature, eugénisme, science, art et évolution…coïncident pour la plupart avec celles de Haeckel. »[7] Dans la théorie biologique de Darwin, Hitler a trouvé son arme la plus puissante contre les valeurs traditionnelles.[8]

On peut trouver la preuve de ces affirmations dans le célèbre livre d’Adolf Hitler Mein Kampf, dont le titre signifie Mon combat, concept reflétant l’accent mis sur « la lutte pour la vie » et « la survie du plus apte » de Darwin. Ce que confirme Robert Clark:

L’esprit d’Adolf Hitler fut captivé par la pensée évolutionniste – probablement depuis l’enfance.

Les idées évolutionnistes sont – sans nul déguisement – à la base de tout ce qu’il y a de pire dans Mein Kampf.

 Quelques citations, prises au hasard, montreront comment Hitler raisonnait… « Celui qui veut vivre doit se battre, celui qui ne veut pas se battre en ce monde où la lutte permanente est la loi de la vie, n’a pas le droit d’exister. »[9]

            Bien que le Dr Morris consacre plusieurs pages au nazisme, c’est ici sa seule citation des propres paroles d’Hitler. Curieux de connaître la place de l’Évolution dans Mein Kampf j’empruntai l’année dernière un exemplaire à la bibliothèque locale.

            Dans son introduction, D.C. Watt soutient que les théories d’Hitler sur le peuple allemand et sa politique étrangère étaient moins fondées sur l’économie que « très étroitement liées à toute son interprétation biologique de l’Histoire, à son idéalisation romantique du paysan avec son « droit de cultiver sa terre avec ses propres mains », à ses théories de la race et de l’État. »[10] Ces idées comportaient le principe du regroupement racial, la nécessité d’interdire les mariages avec des individus déficients et la supériorité des Aryens, tout spécialement du peuple allemand (Volk) et l’hostilité envers les Juifs. Les idées d’Hitler provenaient de nombreuses autres personnes, y compris du compositeur Richard Wagner. Sa biologie est indiscutablement darwinienne, exposée surtout dans son chapitre sur le peuple et la race (où il n’utilise jamais le mot évolution[11], pas plus qu’il ne mentionne Darwin ou Haeckel). Il attribue la sélection naturelle à l’activité de « la Nature » et en tire les conclusions logiques pour l’humanité. La raison, privée des principes chrétiens, conduit à de graves erreurs. Hitler prétend, par exemple, que prendre soin du faible est contraire à la Nature:

[lorsque] à la place de la lutte naturelle pour la vie, qui ne laisse subsister que les plus forts et les plus sains, se trouve instaurée cette manie de « sauver » à tout prix les plus malingres, les plus maladifs; noyau d’une descendance qui sera de plus en plus pitoyable, tant que la volonté de la nature sera ainsi bafouée. L’aboutissement, c’est qu’un jour l’existence sur cette terre sera ravie à un tel peuple…Une race plus forte chassera les races faibles…[12]

L’humanité a grandi dans la lutte perpétuelle, la paix éternelle la conduirait au tombeau.[13]

            Hitler souligne le fait biologique que les êtres vivants ne se reproduisent qu’au sein de leur propre espèce et que les rares exceptions sont généralement stériles. Il en tire alors abusivement argument contre l’accouplement entre races humaines différentes. Sa conception évolutionniste de l’histoire humaine apparaît ici de nouveau.

Si [la Nature] ne souhaite pas que les individus faibles s’accouplent avec les forts, elle veut encore moins qu’une race supérieure se mélange avec une inférieure, car, dans ce cas, la tâche qu’elle a entreprise depuis des milliers de siècles pour faire progresser l’humanité serait rendue vaine d’un seul coup…

En tentant de se révolter contre la logique inflexible de la nature, l’homme entre en conflit avec les principes auxquels il doit d’exister en tant qu’homme.[14]

Hitler rejette clairement le récit biblique de la Création ainsi que la réalité de l’âme surnaturelle, ne voyant dans l’humanité que des êtres matériels.

…Notre planète a déjà parcouru l’éther pendant des millions d’années sans qu’il y eût des hommes et il se peut qu’elle poursuive sa course dans les mêmes conditions, si les hommes oublient qu’ils arriveront à un niveau supérieur d’existence non pas en écoutant ce que professent quelques idéologues atteints de démence, mais en apprenant  à connaître et en observant rigoureusement les lois d’airain de la nature.[15]

Les principes d’eugénisme, fondés sur le darwinisme[16] et plus tard mis en application, l’emportent sur les droits fondamentaux de l’individu, et le fondement du mariage chrétien est diaboliquement perverti.

Non, l’homme n’a qu’un droit sacré et ce droit est en même temps le plus saint des devoirs, c’est de veiller à ce que son sang reste pur, pour que la conservation de ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité rende possible un développement plus parfait de ces êtres privilégiés.

Un État raciste doit donc, avant tout, faire sortir le mariage de l’abaissement où l’a plongé une continuelle adultération de la race et lui rendre la sainteté d’une institution, destinée à créer des êtres à l’image du Seigneur et non des monstres qui tiennent le milieu entre l’homme et le singe.[17]

[L’État raciste] devra faire de la race le centre de la vie de la communauté…il devra prendre soin que, seul, l’individu sain procrée des enfants…

L’État doit intervenir comme ayant le dépôt d’un avenir de milliers d’années au prix duquel les désirs et l’égoïsme de l’individu sont tenus pour rien et devant lequel ils doivent s’incliner; il doit utiliser les ressources de la médecine la plus moderne pour éclairer sa religion; il doit déclarer que tout individu notoirement malade ou atteint de tares héréditaires, donc transmissibles à ses rejetons, n’a pas le droit de se reproduire et il doit lui en enlever matériellement la faculté.[18]

            Le but d’Hitler était « …de mettre enfin un terme au vrai péché originel, aux conséquences si durables, et à donner au Créateur tout puissant des êtres tels que lui-même les a d’abord créés. »[19]

            Mein Kampf devint l’un des livres les plus lus dans l’histoire de l’Allemagne; plus de 11 millions d’exemplaires avaient été vendus en 1944. Tous les dirigeants nazis et la plupart des scientifiques croyaient à l’évolution et au racisme, y compris Himmler, le chef de la Gestapo et Mengele « l’ange de la mort » d’Auschwitz. Hitler haïssait le christianisme à cause de son opposition à l’enseignement de l’évolution. Pourquoi ceux qui prétendent aujourd’hui haïr le nazisme et le racisme ne s’opposent-ils pas aussi aux doctrines de Darwin sur lesquelles Hitler fonda sans aucun doute possible son régime malfaisant ?

*


[1] Repris de Daylight, n° 29, automne / hiver 1999 (19 Francis av., St Albans, AL3 6BL, G.B.); aimablement traduit par Claude Eon.

[2] Anthony Nevard, enseignant, correspondant britannique du CEP, est le rédacteur et l’éditeur de la revue Daylight.

[3] Bowden, M. The Rise of the Evolution Fraud. Sovereign Publications. 1982, p. 81.

[4] Morris, H. The Long War Against God. Baker Book House, 1989, p. 76.

[5] Keith, A. Evolution and Ethics, New York, Putnam, 1947, p. 28.

[6] Ibid., p. 230.

[7] Gasman, The scientific Origins of National Socialism, 1971, p. 161.

[8] Hsu, K.J. « Sedimentary Petrology and Biologic Evolution » Journal of Sedimentary Petrology 56, sept. 1986: 730.

[9] Clark, R.E.D., Darwin: Before and After, London, Paternoster Press,  1948, p. 115.

[10] Hitler, A., Mein Kampf (1933), tr. R. Mannheim, Hutchinson, 1969, xxxvi.

[11] Ndlr. Comme Haeckel, le traducteur de Darwin en allemand, Hitler utilise généralement le mot Entwicklung (développement).

[12]  Hitler, A., Mon Combat,  Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1934, p.135.

[13]  Ibid., p. 138.

[14]  Ibid., pp. 285-286.

[15]  Ibid., p. 287.

[16] Ndlr. Sir Francis Galton (1822-1911), l’inventeur de l’eugénisme, était cousin germain de Darwin, et le Major Leonard Darwin (1850-1943), fils du naturaliste, fut longtemps Président de l‘Eugenic Education Society.

[17]  Ibid., p. 400.

[18]  Ibid., p. 402.

[19]  Ibid., p. 404.

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