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Par: Frère Ambroise
Le cannabis : du paradis artificiel à l’enfer-me-ment ![1]
Résumé : On croit savoir que toute drogue, douce ou dure, est un fléau et conduit à un esclavage. Le frère Ambroise, que sa mission met au contact quotidien de jeunes toxicomanes, va plus loin et fait ici une fine analyse psychologique de l’enfermement progressif auquel se condamne l’usager du cannabis.
La déchristianisation des mœurs (et aussi des intelligences) nous fait oublier que tout être résulte d’un acte qui l’a posé dans l’existence, et plus précisément d’un don. C’est en se tournant vers le Donateur que les jeunes générations sauront se passer de ce « nuage » qui, loin de les protéger réellement, les enferme.
On assiste aujourd’hui à un véritable raz-de-marée du cannabis. Pour mieux informer et prévenir nos enfants et nos jeunes, il est primordial, dans le contexte actuel, de comprendre quelle est cette fascination que le shit exerce sur notre jeunesse et quels en sont les dangers réels.
Quelques chiffres:
Selon une étude publiée par l’OFTD en juillet 2007, la consommation de cannabis par les jeunes Français est une des plus élevées d’Europe.
Le chiffre d’affaires du cannabis peut être évalué à environ un milliard d’euros pour l’année 2004 (N.B.: 1 gramme de cannabis vaut 4 euros en moyenne). Par ailleurs le coût social lié au cannabis est d’environ 919 millions d’euros! Presque autant que les sommes dépensées pour l’acheter! Tout se passe donc comme si c’était l’État qui achetait le cannabis!
A titre d’exemple, parmi les adolescents de 17 ans, un tiers déclare avoir fumé du cannabis au cours du dernier mois (22 % pour les 15-16 ans). Parmi eux près de 70 % (140 000) sont des usagers quotidiens.
Nos adolescents sont donc bien en danger.
Les réels dangers du cannabis:
Les incidences néfastes du cannabis sur la santé physique ont été bien précisées ces dernières années : augmentation du risque de cancer, troubles de la mémoire et de la concentration, diminution des défenses immunitaires, incapacité de prévoir, de s’organiser et de dire non à ses envies compulsives, etc.
Les troubles mentaux associés à la consommation du cannabis sont eux aussi nombreux et destructeurs : syndrome amotivationnel (sorte de dépression, de perte de goût de la vie), schizophrénie (le cannabis peut la créer, la révéler ou l’aggraver), idées paranoïaques, suicides, bouffées d’angoisse, hallucinations, etc. C’est ainsi que « le cannabis multiplie par quatre le risque de maladie mentale grave. Certains cas existent avec une seule prise. Le problème peut survenir n’importe quand.»[2]
Mais il ne faudrait pas oublier que le danger le plus grave lié au cannabis est une sorte d’arrêt de la croissance de la personne humaine.
Le piège du cannabis:
Généralement on consomme le cannabis pour les effets qu’il procure, par exemple une certaine euphorie, une certaine décontraction qui permet d’aller plus facilement vers les autres, un certain sentiment de bien-être, etc. Ces effets sont agréables et donc très séduisants.
Tout cela est très agréable, mais ce n’est pas vrai. Ce n’est pas la réalité. On le sait puisque c’est justement pour cela qu’on fume : ne pas voir la réalité en face, l’oublier un peu, la transformer, la voir différemment de ce qu’elle est.
On s’invente en fait son petit monde. Comme l’enfant quand il joue aux petites voitures : il se fait tout un film, toute une histoire, où il est souvent le héros.
Le cannabis met dans un nuage. On devient cool. La vie est rose. On est sur son petit nuage. On n’est plus du tout dans le réel.
Celui-ci est appréhendé au travers d’une émotion (euphorisante ou déprimante). Cette dernière forme comme un brouillard qui empêche l’intelligence d’adhérer avec force au réel et donc de le connaître tel qu’il est.
C’est pour cela que le cannabis développe une totale indifférence envers les autres et le monde extérieur. Mon petit univers, mon petit nuage est bien plus intéressant que le monde réel. Je n’ai plus d’intérêt à rien d’autre qu’à mon joint. C’est l’attitude « bof-bof » qui fait que je n’interroge plus.
On finit par aimer être dans les nuages et on en prend l’habitude! On va tout faire pour rester dans sa bulle. Plus on y est enfermé, plus on y reste! Donc on augmente les doses pour que l’effet d’enfermement soit de plus en plus fort, pour être de plus en plus dans sa bulle, coincé, cadenassé. Telle est la vraie dégringolade.
Et alors là, gare aux précipices que le brouillard cache, attention aux murs qu’on ne verra que trop tard! Les précipices rencontrés peuvent être la perte de son travail et de ses vrais amis, la solitude, mais aussi d’autres drogues, comme l’ecstasy, la cocaïne, l’héroïne, et au final la prison, l’hôpital psychiatrique ou la rue. Il est bien connu que la quasi-totalité de ceux qui consomment de l’héroïne ou de la cocaïne ont commencé par un joint.
A partir du premier, pour certains, se produira un déclin inexorable et douloureux, une descente aux enfers. Certes ce n’est pas systématique chez tous ceux qui commencent à tirer sur un joint. On n’est pas tous égaux devant les drogues Mais on ne sait pas sur qui cela va tomber! On sait quand on commence, jamais où l’on va…
D’autant plus qu’il y a un côté sournois dans le cannabis: il fait décoller, mais petit à petit, lentement. On ne s’aperçoit pas qu’on décolle. Le brouillard monte peu à peu, on s’habitue à vivre dedans, on aime bien même cette sensation de ouate qui semble protectrice et rassurante, et peu à peu le piège se referme: on se retrouve complètement aveuglé, perdu au milieu d’un brouillard à couper au couteau.
Le cannabis se diffuse en effet lentement dans l’organisme et en repart lentement. Sa demi-vie est de quatre jours. Huit jours après il en reste 25 %. Avec un joint ou deux par semaine, on commence ainsi à cumuler les doses (on peut donc déjà parler d’usage nocif) et on décolle peu à peu, imperceptiblement, car les doses sont à ce stade relativement faibles. Et il faut 18 mois d’arrêt complet pour un lavage total!
C’est pourquoi l’effet du cannabis n’est pas plus violent que les conséquences de son arrêt, au contraire de l’héroïne ou de la cocaïne par exemple. Avec le cannabis il n’y a ni overdose ni syndrome de sevrage. Il faut éviter d’en conclure à la non-dangerosité du cannabis, mais plutôt qu’il s’agit là d’une drogue lente, et qui fait autant de dégâts que les autres, dont elle est d’ailleurs le meilleur vecteur et la porte d’entrée large et grande ouverte. Il est donc stupide et mensonger de classer les drogues en drogue douce et drogue dure. Mieux vaudrait parler de drogue lente et sournoise et de drogue violente et rapide.
La fausse séduction du cannabis:
Fumé en groupe, avec des potes, avec qui on se lie et on s’allie, le cannabis semble être ce qui va permettre d’aimer et d’être aimé, d’avoir des super-amis et enfin de combler son cœur.
Pure illusion! Car le cannabis met dans la solitude et éteint l’intelligence comme le cœur de l’homme. En fait, il donne l’illusion de l’amitié. Il fait miroiter ce dont l’homme a le plus soif.
Tel un mirage dans le désert, il séduit et trompe, détruisant celui qui le poursuit sans jamais l’atteindre.
L’urgence de la prévention:
Face aux dangers du cannabis et à son omniprésence en France, les parents doivent en parler à leurs enfants, et ceci dès le CM2. Répétons-le : aucun milieu ni aucune école (à quelques exceptions près) n’est épargné.
Prévenir du danger, c’est d’abord développer et nourrir des relations vivantes au sein du couple et de la famille. C’est le meilleur antidote contre l’enfermement sur soi.
Ensuite c’est s’informer pour pouvoir expliquer et répondre aux idées fausses largement répandues.
C’est enfin en parler à ses enfants, avec les mots qui conviennent à leur âge, et aux autres enfants.
«Notre société doit réagir maintenant sans attendre une éventuelle catastrophe épidémiologique. » (Dr Chamayou)
Face à la peste, à la famine, ou plus récemment face au SIDA, aux accidents de la route, au cancer du poumon, notre société a su réagir et se battre. Pourquoi donc ne saurions-nous pas le faire face au cannabis?
Conclusion : Et Dieu dans tout ça?:
Il me paraît de plus en plus évident que la déchristianisation générale, qui est l’une des caractéristiques majeures de nos sociétés dites modernes, assure un terreau favorable à une consommation massive de cannabis et de toute drogue en général. Je m’explique.
Nous sommes créés par Dieu, à son image et à sa ressemblance. C’est Lui qui nous donne d’être. Nous existons par Lui. La seule manière pour nous de Le remercier de ce don d’exister est de reconnaître que nous sommes créés par Dieu et donc que nous dépendons de lui dans notre existence. C’est une dépendance très forte, radicale, que notre monde tente d’oublier, d’effacer, de nier par son athéisme tout aussi militant que pratique. On pense et on vit comme si Dieu n’existait pas, comme si nous n’avions rien à voir avec lui, comme si nous ne lui devions rien.
Quand toute une civilisation a vécu de cette dépendance, de cette adoration, et que peu à peu on l’oublie complètement, cette saine relation de dépendance amicale avec Dieu, qui nous faisait grandir, qui nous élevait, eh bien cela laisse un grand vide. Il reste dans notre société comme un grand besoin non satisfait de dépendance. Alors la jeunesse va la chercher ailleurs, dans des produits qui, loin de l’élever, l’aliènent.
La grande réponse face au fléau du cannabis est donc l’adoration, la découverte de Dieu qui me crée, me donne d’exister, parce qu’il m’aime.
«La drogue est un mensonge, une escroquerie, parce qu’elle n’élargit pas la vie mais la détruit. Ce qui est vrai c’est la grande soif de Dieu qui nous met en chemin vers Lui. » (Benoît XVI, aux jeunes rassemblés à Lorette).
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[1] Repris de L’Evangile de la Vie, n° 80, 8 mai 2010, pp. 10-13.
[2] Thèse de la faculté de médecine de Rouen soutenue en septembre 2002 par le Dr Chamayou. Sont utilisées ici principalement les pages 109 à 111 et la conclusion. Consultable en français et en anglais parmi les « sources documentaires » données sur www.lehavresante.com .