In memoriam          Jean Taffanel (1917-2009)

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        Notre ami Jean Taffanel a quitté ce monde le 9 mai dernier, alité depuis deux ans, mais lucide. Avec sa sœur, il avait poursuivi depuis l’adolescence, sur le site même de Mailhac (Aude) où il était né, une œuvre archéologique étonnante, indissociable de sa vie personnelle. Il avait eu en rêve plusieurs visions du passé, qui se sont révélées exactes et l’aidèrent à fouiller. On trouva à Mailhac les tombes et les traces des Ibères, des Ligures et des Celtes qui se succédèrent (et sans doute fusionnèrent) sur ce lieu privilégié. Ossements, armes, poteries, etc., s’accumulèrent peu à peu et la bastide devint un musée privé, aujourd’hui propriété du Ministère de la Culture. De l’histoire du site et de son découvreur, nous évoquerons deux traits.

            D’abord, que cette découverte serait impossible aujourd’hui: les fouilles archéologiques sont interdites aux amateurs, et le propriétaire qui les souhaite doit payer (sans le diriger) le personnel spécialisé qui sera seul autorisé à opérer. Notre viticulteur de 15 ans serait éconduit sans façon !

Ensuite, que l’intuition divinatrice joue un rôle décisif dans les découvertes.

Apercevant la photo d’une fosse profonde de 3 mètres au fond de laquelle avaient été trouvées des épées gauloises[1], nous lui demandâmes pourquoi il avait eu la patience de creuser aussi profond en ce lieu précis. « Je savais que c’était là », répondit-il. Voilà bien une science qu’on n’enseignera jamais à l’Université !

De cette fréquentation quotidienne avec les restes de nos lointains ancêtres, Jean Taffanel avait retiré un profond respect, et aussi une forme d’identification, envers ces hommes dont les cultes funéraires et l’ingéniosité technique démontrait la commune nature avec la nôtre.

Il ne crut jamais au mythe évolutionniste, voyant tout au contraire les anciennes religions comme issues d’une seule révélation primitive transmise à tous depuis Noé. Ibères, Ligures et Celtes ont bien leur exacte place dans les tables ethnographiques du chapitre 10 de la Genèse et, sachant ce que valaient les « datations » archéologiques, il n’eut aucune difficulté pour accorder la chronologie toute relative des archéologues aux durées calendaires données dans la Bible. Cette vision des origines provoqua des incompréhensions de la part des étudiants qui venaient travailler sur le site et ne voyaient pas tout ce qu’ils auraient pu tirer d’un homme sans aucun diplôme supérieur mais qui, par l’intuition et par de vastes lectures, comprenait de l’intérieur les pensées et les sentiments de ceux qu’il vénérait comme ses propres ancêtres.

           Nul doute que ce catholique convaincu avait hâte de rejoindre, in somno pacis, Dieu et tous les saints, mais aussi ceux dont il a passé sa vie à méditer le passage sur cette terre audoise qui vient d’accueillir à son tour sa dépouille mortelle.

           Que sa sœur trouve ici le témoignage de nos profondes condoléances


[1] Avec l’occupation romaine, lors du désarmement des tribus, les épées furent brisée et enterrées.

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