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Par Pr Pierre Rabischong

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REGARD SUR LA CREATION

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains, 1 : 20)

L’étonnant « biocircus » des êtres vivants1

Résumé : Complexité, ingéniosité, efficacité se retrouvent immanquablement et au plus haut degré dans tous les organismes vivants. Mais certaines performances sont si étonnantes qu’on en reste pantois, d’où le mot de « biocircus » pour qualifier des exploits particulièrement admirables à nos yeux. Ainsi les ailes des insectes, avec leurs nervures disposées en fonction du type de vol recherché, avec des contrepoids remplis de liquide, ou l’agrafage des bordures entre les ailes multiples. Ainsi encore les capteurs optiques, gravimétriques ou électromagnétiques qui permettent l’orientation et la stabilité du vol. Ainsi l’œil du requin, muni d’un amplificateur de lumière comme celui du chat, ou encore la reconnaissance vocale qui permet au manchot de retrouver sa femelle et son petit au milieu d’une colonie qui peut compter des dizaines de milliers d’individus. Quel dommage de voir que les naturalistes décrivant toutes ces merveilles continuent de les attribuer au mythique « hasard » de l’évolution !

Les animaux ou les plantes utilisent des techniques très élaborées, sans en connaître les mécanismes ou les structures. Ils ont tout, dans leur programme génétique et dans leur mode de construction, pour exécuter des fonctions souvent complexes avec une surprenante efficacité dont ils n’ont pas conscience. Penser qu’ils puissent interférer en quoi que ce soit dans la perte d’un système ou l’acquisition d’un autre au fil du temps est une grave erreur : elle leur prête, pour des raisons idéologiques très orientées, un rôle qu’ils ne peuvent remplir.

S’il en était besoin, on peut jeter «à la volée» quelques faits surprenants. Le vol de la mouche a suscité, assez récemment, des travaux de spécialistes de l’aérodynamique et de la physique des fluides, qui bouleversent tout ce qui avait été écrit sur les organes dits vestigiaux2. La mouche est capable d’évolutions aériennes que nos machines volantes actuelles sont encore incapables de reproduire. Les performances de la mouche syrphide décrites par Claude Nuridsary et Marie Perennou sont réellement étonnantes. Cette mouche peut voler en rase-mottes à la vitesse de 4 m/s en disposant ses pattes horizontalement le long de l’abdomen, ce qui réduit la traînée, en complément du profilage aérodynamique de l’animal. Elle peut faire du vol stationnaire à ailes battantes en modifiant l’angle d’incidence de l’aile pour obtenir une position stabilisée en vol, à partir d’un repère visuel.

On sait, par ailleurs, que les ailes des insectes ont un profil variable en fonction des types de vol, et Robin Wooton (1991) a parfaitement analysé ce problème avec l’aide de données issues d’études en microscopie électronique. Les nervures des ailes ont fait l’objet d’études poussées, d’où il ressort qu’elles sont disposées dans différentes directions, pour répondre exactement au problème fonctionnel par une géométrie variable de l’aile. Elle est basée sur des cambrures des bords de fuite flexibles, des expansions postérieures, des accrochages ou des agrafages de bord en cas d’ailes multiples… Trois types d’ailes d’insectes ont pu être décrits: A / avec deux zones rigides, avec vol très lent ou stationnaire impossible, comme chez la sauterelle; B / avec un lobe postérieur flexible avec effet parapluie par cambrure de l’aile comme chez le criquet; ou C / avec capacité de torsion importante, bord d’attaque rigide et bord de fuite souple, autorisant toutes les configurations.

La libellule, qui a comme la mouche ce type d’aile, a en plus à l’extrémité du bord d’attaque une cavité nommée ptérostigma remplie de liquide et qui sert de contrepoids, pour permettre la verticalité de l’aile dans sa montée et l’horizontalité à la descente. La mouche est évidemment équipée de ce type d’aile, qui peut battre à la fréquence incroyable de 300 Hz (300 battements par seconde !), grâce à des muscles verticaux et horizontaux qui déforment selon deux degrés de liberté, la cavité thoracique dans laquelle ils se trouvent.

Ainsi peuvent se réaliser tous les mouvements dynamiques de torsion pour les différentes configurations de vol. Les balanciers, placés sous les ailes membraneuses, qu’on croyait être des organes vestigiaux, sont en fait des gyroscopes, qui, par changement d’inertie, transmettent des informations à la centrale de vol. Sans ces gyroscopes, la mouche ne peut pas voler. On comprend aussi l’importance des poils sensoriels placés sur le corps, les ailes et les pattes, car ils transfèrent des signaux dynamiques en rapport avec les modifications de flux. Tous les insectes se comportent comme des hélicoptères, avec des performances supérieures à celles de nos engins volants actuels. D’autres faits vont dans le même sens. Certains oiseaux, comme le cormoran, ont une accommodation basée sur une grande déformabilité du cristallin avec 40 à 50 % d’accommodation en rapport avec des muscles décrits par Brücke et Crampton, et même un muscle choroïdien pouvant avancer la fovéa. Les canards, qui plongent, ont une troisième paupière à déplacement transversal, transparente, qui joue le rôle d’une lentille de contact et évite le dessèchement de la cornée pendant le vol rapide. Les oiseaux ont dans le vitré, un repli triangulaire, le pecten, que Griffin, en 1953, a interprété comme pouvant être un sextant, par l’ombre portée sur la rétine, qui permettrait d’identifier la position et les mouvements du Soleil. Les animaux marins tels que la baleine ou les phoques ont une glande de Harder sécrétant une huile extrêmement fine, qui a d’ailleurs servi à graisser certains roulements de satellite, mais qui est faite pour huiler la cornée et la protéger de l’attaque de l’eau de mer. Les requins sont aussi à plus d’un titre des animaux étonnants.

On les croyait mal voyants, mais on a découvert dans le laboratoire de Perry W. Gilbert que l’oeil du requin est en réalité équipé entre autres d’un système de renforcement de lumière, le tapetum lucidum, qui lui permet d’avoir une excellente vision nocturne. Ce système placé derrière la rétine est un miroir réfléchissant, fait avec des cristaux de guanine, qui peut être ou non occulté par les mélanoblastes et multiplier par deux la stimulation des cônes et des bâtonnets. On retrouve un même dispositif chez le chat.

Le requin est également équipé d’une olfaction extrêmement sensible et de capteurs électromagnétiques sous forme d’ampoules de Lorenzini sous la peau de la tête et du museau qui lui permettent de repérer des proies en détectant des microcourants de l’ordre de 5 nV (milliardième de volts), mais aussi d’utiliser le champ magnétique terrestre pour se guider lors des migrations. Sans parler des dents à renouvellement permanent placées dans une mâchoire qui peut développer chez un requin de 2 m une pression de 3 tonnes par centimètre carré.

Comment enfin ne pas parler même brièvement des manchots faisant partie de l’ordre des Sphériisciformes, comportant 16 espèces. Les voir déambuler sur leurs deux pattes en agitant leur moignon est un régal. La femelle pond en général deux œufs en novembre et part se restaurer en mer après une vingtaine de jours de jeûne. Le mâle prend le relais et couve pendant une quinzaine de jours. Le manchot empereur ne construit pas de nid mais se déplace avec son œuf, puis son poussin sur ses pattes. Ils vivent dans des colonies quelquefois importantes et le problème se pose pour les mâles, les femelles et leurs petits d’arriver à se retrouver. On a montré que la reconnaissance n’est pas olfactive, mais vocale. Dans un capharnaüm quelquefois épouvantable dû à la surpopulation, l’identité se décline en poussant des cris, certes peu mélodieux aux dires de spécialistes, mais parfaitement efficaces, avec une identification sexuelle spécifique.

A cela, il faut ajouter les fantastiques capacités de marche des manchots qui peuvent parcourir des distances de l’ordre de 200 km à la vitesse de 1,5 km/h.3

On pourrait multiplier encore les ingéniosités techniques étonnantes, qu’on peut retrouver chez les animaux ou les plantes dans ce «biocircus », en déplorant toutefois que les auteurs de tant d’articles précis, passionnants et bien documentés sur lesquels on peut s’appuyer, se croient toujours obligés de tirer des conclusions de type évolutionniste, qui nuisent au sérieux de leur description.

1 Repris du Programme Homme, P.U.F. 2003, pp. 286-289.

2 Les évolutionnistes appellent « vestigiaux » des organes qui auraient eu jadis une fonction chez les « ancêtres » d’une espèce, mais qui seraient aujourd’hui devenus désuets et pourraient disparaître sans nuire. On en avait dénombré jusqu’à 3000 ! En réalité, c’est l’ignorance des naturalistes qui les empêchait de comprendre la fonction remplie par ces organes.

3 Ndlr. Voir le film de Luc Jacquet La marche de l’empereur, un chef d’œuvre !

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