Partager la publication "Le latin. Vertus et destin d’une langue"
Par Benoît Neiss1
SOCIÉTÉ
«Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »
(P. Le Prévost)
Résumé : La langue maternelle nous fait naître à la conscience et à la pensée. Semblablement, dans toute collectivité, la langue forme le noyau de l’identité. De là l’importance du latin dans l’Église dite « latine ». Cela est vrai pour le domaine naturel de l’intellect, cela l’est aussi dans le domaine surnaturel de la charité (au sens des trois ordres de Pascal) : l’homme est à l’image de son Créateur, sa langue tient donc du Logos divin, ce qui suffit à en établir l’importance.
Déjà, le latin a été, des siècles durant, l’outil pratique de l’Europe, une langue commune. Il fut aussi l’idiome de la Civilisation d’Occident, notamment en forgeant les maximes de son Droit. Surtout, ce fut une des trois langues inscrites sur la Croix, au-dessus de la tête du Christ, et celle de la capitale qui, après le refus des Juifs de reconnaître le Messie, devint le seul roc sur lequel arrimer les énoncés du dogme et lancer les notes d’une liturgie intemporelle et d’un répertoire musical incomparable. Comment penser ou admettre la disparition d’un tel trésor ?
Genitrix…
Pour tous ceux qui fréquentent assidûment cette langue, est-il bien nécessaire d’en entreprendre ici la « défense et illustration » ? Certes, mais qui peut se flatter d’avoir assez réfléchi à ce qui fonde réellement son attachement, d’avoir une notion complète des titres de noblesse qu’elle possède et du dommage incommensurable qu’entraîne son effacement actuel, voire sa progressive disparition ? Car nous approchons dangereusement d’un temps de « chronique d’une disparition annoncée »…
C’est à bon droit qu’une langue est dite « maternelle », elle est mère au plein sens du terme, elle fait naître à la conscience comme la mère biologique l’accomplit pour la vie du corps.
La langue est la forme de mon être, i. e. le modèle (terme à la mode dans les sciences contemporaines…) selon lequel le moi se développe et acquiert son identité. Puis-je me penser moi-même sans recourir au nom que je porte, c’est-à-dire à quelques syllabes, donc à un élément linguistique, lequel me définit devant les autres – et devant moi-même ? Eh bien, il en va de même à l’échelle collective, donc pour un peuple, qui à ce titre fonctionne comme une personne individuelle, reçoit (et conserve !) son identité grâce à sa langue. Et notre Église, pense-t-on qu’elle échappe à cette loi, elle que justement on proclame sur tous les toits aujourd’hui « le peuple de Dieu », sans en tirer toutes les conséquences ? Si elle est vraiment un peuple, eh bien, elle suit également la loi régissant les peuples… La nôtre porte bien, me semble-t-il, le nom d’ « Église latine », alors pourquoi ces efforts obstinés pour lui arracher sa langue maternelle, lui enlever ce qui la constitue depuis sa naissance dans le noyau de son être, de son identité ? Mais pour répondre de façon satisfaisante aux vastes questions soulevées par un tel débat, il convient de prendre de la hauteur et d’élargir notre regard, souvent trop étroitement crispé sur nos habitudes, notre confort intellectuel – spirituel aussi peut-être.
Les trois ordres
Il me paraît que pour entreprendre une réflexion générale sur la question d’une langue, on peut avec profit emprunter à Pascal sa fameuse distinction des trois ordres. Le premier, l’ordre des corps, qu’il qualifie de charnel, représenterait dans notre cas le rôle uniquement utilitaire qu’on fait jouer à un idiome, conçu comme simple outil de communication, support d’information – accessoirement moyen de domination sur les autres. Dans l’usage commercial, le langage employé n’a nullement à être exigeant, précis, beau pourvu qu’il ait un effet immédiat, concret, en un mot qu’il rapporte, au sens mercantile du mot. Même remarque exactement pour ce qui est de l’emploi politique du langage : on ne lui demande pas d’être vrai, juste, pourvu qu’il frappe et soumette les auditeurs à la volonté du locuteur !
Le deuxième ordre, celui des « esprits » selon Pascal, se situe à un plan plus élevé, que l’on peut nommer le culturel ; nous notions plus haut le concept de langue-matrice, pour l’individu comme pour la collectivité, et en tant que telle elle doit être une forme solide et non avant tout une chose relative, ouverte, évolutive. La langue comme créatrice d’identité est d’abord une réalité stable, afin d’assurer la permanence dans l’être de la personne ou du groupe qu’elle définit, faute de quoi, quand un être (singulier ou multiple) ne possède pas de mots durables, identiques pour se dire lui-même, il se produit en lui un flottement dommageable ; car on ne peut sainement avoir conscience de soi qu’en termes de fixité, non de perpétuel changement. C’est cela qui fonde les civilisations, en permet la naissance, en assure la pérennité, leur donne le visage particulier qu’on admire dans l’égyptienne, la grecque, l’hindoue ou la khmère… et qu’on ne saurait confondre entre elles.
Quant au troisième ordre pascalien, le surnaturel, celui de « la charité », il doit nous convaincre qu’une langue est plus encore que la forme initiale façonnant notre moi ou notre cité, plus que l’élément sociologique qui rassemble un peuple ou le produit d’un processus historique, aussi admirable soit-il ; il faut, en tout cas pour le croyant, remonter aux origines du langage, nous demander d’où il vient, qui l’a créé et quel est en définitive son statut métaphysique ou, mieux, son fondement théologique et son ultime destination. Nous savons par la Genèse que le Créateur a fait nommer à Adam les êtres vivants qu’Il faisait défiler devant lui ; c’est donc Dieu qui l’a doté du langage, Il en est, Lui, l’auteur, de même qu’Il a créé tout ce qui existe.
Mais il y a plus : puisque selon la Révélation, Son Fils, deuxième personne de la Très-Sainte Trinité, est le Verbe, la Parolede Dieu, nous pouvons déduire du fait que l’homme a été créé à Son image et à Sa ressemblance, que sa langue est elle aussi à la ressemblance du Logos divin, donc est dans son essence ultime appelée à une éminente et incomparable dignité.
Cette valeur dépasse toutes les qualités artistiques ou philosophiques qu’on peut reconnaître à un idiome donné, « cela est d’un ordre infiniment plus élevé », comme disait Pascal dans Les Pensées. À la lumière de ces perspectives, comment parler à présent du latin ?
Une langue prédestinée
Dans l’ordre « charnel »,le latin a certes lui aussi servi durant des siècles de simple outil, de langue de communication pour gérer l’immense Empire romain, pour se faire comprendre des soldats de toutes origines servant aux confins de toutes les provinces, pour permettre le commerce florissant alors du Couchant au Levant ; mais cette langue carrée, aux sonorités claires, assez facile à apprendre fut aussi un fondement solide pour l’édification d’un vaste ensemble humain, pour introduire l’ordre romain dans la poussière des peuplades et cités du monde méditerranéen. Le latin est incontestablement une langue fondatrice, qui a tracé une fois pour toutes, dans l’univers humain, un cadre linguistique analogue au réseau des routes romaines, qui allaient pour longtemps assurer l’unité du continent européen. Sur ce premier plan déjà, on le voit, l’Occident doit beaucoup à la langue de Rome, laquelle sans le savoir mais par une disposition de la Providence, a joué le rôle d’une de ces « intuitions préchrétiennes » dont parlait Simone Weil.
C’est toutefois à l’ordre suivant qu’il faut nous arrêter, à celui des « esprits », pour en évaluer les qualités et les vertus. Héritier en grande partie du grec, on le sait, auquel il doit beaucoup (déclinaisons, principe des temps verbaux, etc.), le latin a développé un visage propre, des qualités bien à lui, à commencer par son écriture, qui n’est plus celle des Grecs ni des Hébreux, et qui est devenue bien commun de toute l’humanité, en somme l’alphabet universel, en dépit des graphies particulières subsistant en Orient et dans le monde arabe (dont aucune, qu’on y songe, n’avait la possibilité de devenir un outil mondial ; n’est-ce pas étrange, providentiel, quand on y réfléchit ?).
Le latin eut une descendance étonnante, avec toutes les langues romanes issues de lui, « prole fecunda », ainsi que dit un vieux cantique polonais ; et le grec en regard de cette abondance ? Curieuse stérilité « génétique », peut-on remarquer, alors que la pensée, la littérature, les arts y avaient été d’une si éminente richesse. Peut-être, en dépit de l’universalité de la pensée d’Aristote ou de Platon, de la beauté d’Homère ou d’Eschyle, cette langue était-elle impropre, de par ses seuls caractères linguistiques, à servir de fondation au monde à venir, à procurer le cadre simple, mais robuste, nécessaire à la civilisation future ? Le latin fut sans doute le seul idiome capable, par exemple avec le droit romain qui en était un des fruits naturels, d’organiser durablement les terres mentales, en refoulant au-delà du limes de l’Empire les idées barbares et les monstruosités de tout genre. Le latin a soumis et civilisé la géographie de l’esprit, on oublie trop souvent que nous vivons encore sur cette structure première de notre histoire, tout comme sur l’acquis de générations de moines, qui ont défriché, asséché, cultivé le sol de notre pays. Quand on essaie obstinément de l’affaiblir, de nous le faire oublier, ne serait-ce pas quelque revanche des barbares, la tentative de renverser le limes et de nous laisser envahir par « tout ce que vomit Suburre et l’ergastule » ?
Et incarnatus est
Une langue, surtout celle-ci, est toutefois plus que le moule, la forme fondatrice d’un peuple, donc un élément purement humain, historique ou sociologique ; elle relève aussi de « l’autre ordre et supérieur », celui de « la charité »au sens pascalien, donc du plan surnaturel. Si le Verbe s’est incarné, il s’est donc fixé non seulement en un moment précis du temps, mais aussi en un endroit marqué de la Terre, Jérusalem d’abord, puis, « les siens ne l’ayant pas reçu », à Rome. Fait irréversible, sur lequel il n’y a pas à revenir. Puisque Simon fils de Jonas fut déclaré par le Seigneur « cette pierre » sur laquelle Il édifierait Son Église (cf. Mt 16, 18) et que ce prince des Apôtres, ainsi que saint Paul, est mort à Rome, c’est donc bien là que repose une fois pour toutes la fondation de la cité chrétienne, c’est sa langue qui est élue pour être le Verbe de la nouvelle et éternelle Alliance.
Dom Guéranger avait jadis fait une importante remarque, en relevant que trois langues seulement pouvaient être qualifiées de « sacrées » : l’hébraïque, la grecque et la latine, car elles furent inscrites sur la Croix au-dessus de la tête de Jésus, au moment central de l’histoire universelle et au point central du monde, « hebraice, græce et latine », comme le rapporte l’Évangile (Jn 19, 20). Eh bien, la dernière l’a emporté sur la première, parce que Jérusalem n’a pas reconnu le temps où elle avait été visitée, et sur la deuxième à cause du martyre de Pierre, et bien sûr pour d’autres raisons qui restent le secret de la Providence.
Si notre latin se trouve marginalisé – pour ne pas dire ouvertement combattu – dans l’enseignement, la culture et la psychè actuelle en général, ce n’est pas seulement parce qu’il gêne la progression de la mentalité moderne, rationaliste et utilitaire, qu’il se montre un insupportable frein à son ambition de mainmise totale sur le monde, c’est encore plus profondément parce qu’il est le bastion de la cité chrétienne, la « chair de sa chair », et que c’est elle qu’il s’agit d’abattre en fin de compte, on l’a compris depuis longtemps. Bernanos s’écria un jour : « la Chrétienté a fait l’Europe, la Chrétienté est morte, l’Europe va crever, quoi de plus simple ? » Nous reprendrions volontiers la formule en changeant le sujet dans cette phrase : « le latin a fait la Chrétienté (et l’Europe !), le latin est mort, etc. », ce n’est pas là une simple boutade. Oui, ce que Jésus appelle dans saint Jean « le monde » se ligue tout entier pour fissurer, démanteler le rempart contre la barbarie que constitue la culture classique, mais plus précisément encore le cœur de cette culture, la langue latine, coupable d’être celle de Dieu sur cette terre, de faire office de la bienheureuse crèche qui a reçu le Sauveur lors de Son incarnation. Le grec, le slave sont de nobles idiomes, qui ont généré des liturgies superbes, incontestablement spirituelles – et le premier a donné à l’Église les admirables écrits des Pères grecs –, mais le latin apparaît comme le seul roc du dogme contre lequel les puissances infernales ne prévaudront point, le tronc central, infaillible de l’arbre de la Foi, cet arbre dans lequel les oiseaux du ciel viendront faire en toute sécurité leur demeure.
Lex orandi
Nous venons de toucher à la question de la prière de l’Église, point douloureux s’il en est pour nous tous, objet de controverse auquel ont été consacrées des tonnes d’articles, de livres, de discours. Qu’il nous suffise ici de redire l’insuffisance, voire l’indignité des langues vernaculaires à servir en liturgie, c’est-à-dire à porter l’oraison officielle adressée au Très-Haut ; elles appartiennent au premier ordre, au « charnel », au mieux au deuxième (et encore rarement…), jamais au troisième. Or, n’est-il pas dit qu’il faut revêtir l’habit de noces pour être admis dans la salle du banquet ? La prière humaine, pour avoir droit de cité dans le sanctuaire quand elle est liturgique, est en effet comme l’invité de la parabole, lequel ne saurait entrer avec ses vêtements quotidiens. On se rappelle la menace, terrible, proférée par le Seigneur envers celui qui est venu sans porter l’habit de fête : il sera jeté dans les ténèbres du dehors… Qui oserait encore prendre à la légère pareille mise en garde ?
Notre combat pour le latin est donc loin d’être simple défense de nos habitudes, ce que nous aimons, d’un trésor ancien aussi précieux soit-il. Il est vrai que le 4e commandement déjà nous enjoint « d’honorer père et mère », donc forcément aussi notre langue « maternelle » ; mais plus encore devons-nous avoir le souci d’obéir à la volonté de Dieu, quand Lui-même a pris soin de nous la signifier expressément sur ce point. La liturgie, beaucoup feignent de l’oublier, n’est pas affaire de sentiment individuel ou de besoin d’une époque, elle se définit sub specie æternitatis, comme disent les philosophes, puisqu’elle est adressée à l’Éternel, à Celui en qui « il n’y a nulle variation ». Alors, au nom de quoi varieraient-elles, elle et la langue fixe en laquelle une fois pour toutes a été coulée cette divine liturgie, comme en un métal incorruptible ? Nous savons que tous les rois de l’Histoire et toutes les cours ont élaboré des lois de l’étiquette, dont le respect était une obligation impérieuse ; le Très-Haut est le Roi des rois, et, à ce titre, l’honneur qui Lui est dû n’est-il pas infiniment plus contraignant encore que celui qu’on doit aux souverains de la terre?
La liturgie considérée comme l’ « honneur » dû au Suzerain céleste, qui donc en parle encore en ces termes ? Il est vrai qu’en période d’idolâtrie démocratique la notion même en est inconcevable…
Outre sa qualité « nuptiale » et royale, comme il vient d’être dit, et son caractère d’irremplaçable écrin des vérités dogmatiques, il convient tout simplement de juger l’arbre à ses fruits, comme il nous fut conseillé de le faire, en considérant de quelles beautés la langue latine a été la mère, genitrix. Nous cantonnant à la musique, qu’on dise quel idiome peut se vanter d’avoir eu une descendance aussi innombrable ? Saint Augustin remarquait déjà que le latin portait en lui une musique cachée pleine d’avenir, encore n’entendait-il de son temps que les cantillations, psaumes et hymnes des premiers temps ; qu’eut-il dit devant les séquences, graduels, offertoires et autres somptueuses pièces ornées des grandes époques, puis de l’Ars antiqua, de l’Ars nova, de la Renaissance, de Palestrina et Victoria, des immenses musiques classique et moderne qui allaient suivre, fécondité et réussite de l’Occident latin unique dans l’histoire universelle ? Car notre musique, on ne le souligne pas assez, doit tout à ses fondations, i. e. la langue et l’esprit romains, comme du reste aussi littérature et architecture. Mais ce n’est pas notre propos de développer ce dernier point.
Quare fremuerunt gentes…
« Pourquoi ces nations en tumulte ? », se demandait le psalmiste, et aujourd’hui pourquoi tout se ligue-t-il contre cette langue, objet d’oubli, de dédain, de mise à l’écart, voire de haine non dissimulée ? On sait le succès de l’idéologie contemporaine « du passé faisons table rase » qui touche tous les domaines ; les néo-clercs fils de 1968 et de l’esprit du Concile n’y échappent pas, qui ont tant peur de manquer le train en marche, de ne pas assez « aller à la rencontre du monde », qui succombent tout bonnement à la vieille tentation de se conformer au siècle, comme les israélites, à l’image des nations voisines, adoraient les Baals. Ces insensés ne savent pas qu’en agissant ainsi ils ne mènent pas les combats de demain, mais les guerres d’hier.
Ont-ils jamais lu les épreuves que l’infidélité d’Israël a entraînées, la colère de YHWH, la déportation à Babylone, la dure captivité au loin ? Ont-ils seulement conscience qu’en s’en prenant au patrimoine liturgique ils portent atteinte au Corps mystique du Christ, qu’en attaquant ce détail qu’est pour eux le latin, ils blessent l’un de ces petits dont le Seigneur a dit : « c’est à Moi-même que vous l’aurez fait » ?
Au vrai, nous assistons à un affrontement qui a toutes les allures de l’ultime combat entre Lumière et ténèbres, car qui n’a pas conscience que nous sommes présentement entrés dans des temps eschatologiques ? Qu’on ne s’étonne pas si notre analyse du destin d’une simple langue aborde le problème des fins dernières : notre conviction est que, face à celle qui contient et porte la vérité religieuse universelle, donc catholique, une autre langue se dresse, arrogante, prétendant à la domination universelle, idiome du commerce, de la technique, du matérialisme et du totalitarisme contemporains : elle paraît parfaitement servir les desseins du Prince de ce monde, réalisant progressivement toutes ses exigences, établie dès l’origine dans l’inimitié face à la première et ne cessant de la « mordre au talon ». Cela ne nous rappelle-t-il rien ? Quelle est en effet la ville – et la culture – qui s’est d’emblée érigée dans les temps modernes en anti-Rome, bâtissant une cité ayant visiblement les traits d’une Babel pour aujourd’hui et ambitionnant de recréer le monde à son image ? N’est-on pas frappé de voir nos contemporains, jeunes ou moins jeunes, dans les pays latins ou ailleurs, arborer tous sur leurs blousons, sur leurs casquettes, des mots de cette langue-là, et que nul ne peut plus à la lettre ni acheter ni vendre dans le monde s’il ne porte sur son front « le chiffre de la Bête » ? Le latin, avec ses voyelles claires, ses consonnes franches, son allure d’obéir au précepte « que votre oui soit oui, votre non soit non », bien propre à être un squelette pour le corps de l’Église, est tout le contraire de l’idiome adverse, aux sonorités toujours fuyantes, jamais nettes ni pures, à la démarche serpentine, qui est en passe de l’emporter sur son rival…
Oui, le latin immémorial a engagé le combat final contre l’idole moderne, l’anglo-américain.
1 Directeur honoraire de l’Institut de Littérature Française à l’Université de Strasbourg ; fondateur de la Psallette grégorienne de Strasbourg.