Accueil » Un remède simple à la plupart de nos maux

Par Giertych Maciej1

, , , , ,

SOCIÉTÉ

«Il a plu à Dieu qu’on ne pût faire aucun bien aux hommes qu’en les aimant. »

(P. Le Prévost)

Résumé : Suite aux efforts de plusieurs générations de féministes, il semblerait qu’une femme, pour s’accomplir personellement comme pour tenir sa juste place dans la société, dusse exercer une profession rémunérée en dehors de chez elle. Un des résultats de ces efforts est qu’il est devenu difficile d’élever une famille avec un seul salaire. Ce travail de l’épouse à l’extérieur ne résulte donc plus d’un choix mais d’une nécessité, ce qui a pour effet de dévaloriser plus encore les nobles et antiques titres de « maîtresse de maison », de « ménagère », de « gardienne du foyer », etc. Les multiples travaux domestiques sont aussi passés sous silence et dévalorisés.
L’auteur, fort de son expérience politique, tant en Pologne que dans les institutions européennes, montre ici qu’un renversement de l’échelle commune des valeurs sur ce seul point aurait de multiples effets positifs contre les maux dont souffrent aujourd’hui les sociétés occidentales dans bien des domaines : éducation, chômage, démographie, économie, etc. Il s’agit donc d’une question politique de première importance.

Il est un sujet, très démodé, mais qui contribuerait à résoudre beaucoup de problèmes d’un seul coup. Je fais allusion au statut de ces femmes qui travaillent chez elles, s’occupent des enfants, font la cuisine, lavent et raccommodent les vêtements. Ce rôle méprisé est en fait la fonction la plus noble, digne d’admiration, de respect et de reconnaissance : « maîtresse de maison », « gardienne du foyer », « mère des enfants », « ménagère », « femme d’intérieur ».

On peut multiplier les appellations, du moment que toutes sonnent positives et dignes.

Nous vivons à une époque où le travail rémunéré des deux parents est la norme. Un unique salaire ne suffit pas pour entretenir une famille, payer le logement ou son hypothèque, éduquer les enfants, etc.

Sans deux salaires on ne peut pas obtenir de prêt pour l’achat d’une maison ou d’un appartement. Le coût de l’éducation des enfants est très élevé et un seul salaire n’y suffit pas.

Mais il fut un temps où tout cela était possible.

La situation actuelle est le fruit des efforts de plusieurs générations de féministes voulant obtenir l’égalité avec les hommes dans le travail. Elles n’attachent pas une grande valeur à leur travail ménager (sauf s’il s’agit d’un travail payé dans la maison de quelqu’un d’autre). Elles le considèrent comme dégradant. Elles aimeraient mieux le confier à leur mari ou à des domestiques payés. La faute tient aussi aux maris en ce qu’ils n’apprécient pas à sa juste valeur ce travail de leurs épouses. On dit que l’on voit le travail de l’homme lorsqu’il est terminé et celui de la femme lorsqu’il n’est pas fait. Ceci est vrai également pour le travail professionnel: c’est lorsque la secrétaire est absente que l’on apprécie le mieux son travail. Il est nécessaire de voir ce travail invisible, de le reconnaitre, d’en faire l’éloge et de le récompenser, et cette récompense n’est pas forcément pécuniaire. Il n’est pas vrai que les femmes qui ont choisi des « métiers d’hommes » en soient satisfaites. Elles se plaignent sans cesse d’être moins payées, d’être trop peu nombreuses dans ces professions. Elles se sentent toujours objet d’une discrimination. Discriminées parce que leur maternité actuelle ou potentielle les rend moins fiables en tant qu’employées. On ne peut guère blâmer les employeurs pour cela.

Par contre, à la maison elles n’ont pas à se sentir discriminées, il suffit que leurs maris les apprécient, qu’ils voient les fruits de leur travail avec des enfants bien élevés. Très vraisemblablement c’est la question la plus importante.

L’éducation des enfants

Les enfants ont besoin qu’on s’occupe d’eux. Lorsque la mère exerce une profession, en rentrant à la maison elle a tellement de choses à faire qu’elle n’a pas de temps pour ses enfants. Elle n’a pas de temps pour les aider dans leurs problèmes scolaires, pour voir si le travail à la maison est bien fait, pour écouter leurs histoires d’école ou de cours de récréation, pour parler de leurs soucis.

Souvent, lorsque les enfants reviennent dans une maison vide, avec la clef autour du cou, ils perdent les nouvelles fraîches qu’ils allaient raconter à maman et celles-ci s’estompent. Le résultat est que les enfants vont avec leurs problèmes vers leurs condisciples. Le lien entre l’enfant et ses parents est perdu. Il devient plus difficile de transmettre aux enfants les valeurs des parents. Une sous-culture de jeunes se développe à laquelle les parents n’ont pas accès. De là provient la rébellion contre les demandes des parents. Une rupture de l’éducation en résulte fréquemment.

Les plaintes sont générales à propos de la baisse de l’éducation à tous les niveaux. L’aide parentale est ici un facteur clef. Il ne s’agit pas seulement de l’aide pour le travail à la maison, ni de vérifier la table de multiplication ou le vocabulaire de mots étrangers, mais avant tout du temps pour une simple conversation avec les enfants. Cette conversation élève les enfants intellectuellement, invisiblement, accidentellement mais systématiquement. Lorsqu’on discute de films vus ensemble ou lorsque l’enfant fait part de ses impressions sur un livre qu’il lit, alors les parents inoculent leur propre science et, ce qui est plus important, leurs valeurs morales que l’enfant absorbe. La présence de la maman à la maison est ici un facteur décisif. Il n’y a pas besoin de grandes statistiques pour voir que les enfants dont la mère est toujours à la maison apprennent mieux, sont moins turbulents et grandissent pour devenir des personnes de valeur.

Pérennité de la famille

Les divorces sont la plaie de notre époque. Ce sont toujours les enfants qui en souffrent le plus. Lorsque les deux parents exercent une profession, il leur est plus facile d’imaginer de vivre indépendamment l’un de l’autre.

L’épouse qui dépend matériellement de son mari prendra plus de temps avant de le quitter. Un mari sachant qu’il subvient aux besoins de sa femme s’abstiendra souvent de la quitter, par pitié ou pour toute autre raison. Ces mécanismes retardent la séparation et ils agissent quels que soient les fautes et griefs réciproques. Ils donnent du temps à la réflexion pour surmonter des moments difficiles et ils peuvent aider à restaurer une sereine cohabitation.

Rôle du père comme modèle

Il y a une crise de la paternité. Les hommes sont efféminés. Le résultat est qu’il manque souvent au jeune mâle un modèle. La figure du père manque à beaucoup de jeunes. Comme la maman, il travaille mais, lorsqu’il rentre, il lit son journal ou regarde les sports à la télévision tandis que la mère s’occupe des tâches domestiques. Lorsque le père est le seul à gagner sa vie son prestige est grand. Certes il se repose après le travail, mais il entretient la famille. Il constitue un modèle positif pour les enfants. Lorsque les deux travaillent, on voit tout de suite que le père est relativement moins estimé que la mère, qui a tellement de fonctions dans la maison. Les enfants ignorent généralement combien gagne chacun des parents, de même qu’ils ignorent lequel fait le travail le plus épuisant. Ils voient seulement combien d’heures les parents passent en dehors de la maison, « au travail », et ce qu’ils font à la maison ensuite.

Une des causes de l’homosexualité est le manque d’un bon modèle paternel. Si le père est absent ou s’il ne compte pas dans la famille, alors c’est la mère qui devient le modèle, la mère qui s’occupe de tout. L’identité féminine devient attirante pour les garçons. Être capable d’entretenir sa famille de ses propres deniers est une expression de vraie virilité !

Démographie

La crise démographique est l’un des plus grands problèmes de notre temps dans le monde occidental. Il y a trop peu d’enfants ; les générations ne sont pas remplacées. Il y aura un problème pour les retraites de ceux qui sont actuellement au travail. Pour le moment, le monde occidental règle ce problème par l’immigration, mais ce n’est qu’une solution temporaire.

Très vite les immigrants font venir leur famille, leurs enfants, parents et grands-parents. À cela s’ajoute le problème de l’assimilation, ou plutôt son absence, notamment lorsque les immigrants appartiennent à une civilisation différente et qu’ils apportent leur famille avec eux. Ils vont travailler pour entretenir leurs propres parents et il y aura un manque de ressources pour les retraités locaux.

Les sociétés durables doivent avoir des enfants, beaucoup d’enfants, afin que leur avenir démographique soit assuré. Les sociétés ayant beaucoup d’enfants non seulement bâtissent leur propre pays, mais par l’émigration peuvent exporter leur culture vers d’autres parties du monde. Ce sont celles qui ont beaucoup d’enfants qui occupent les territoires de celles qui en manquent. Toute société qui se soucie non seulement de sa propre génération mais aussi de sa puissance future, doit tout faire pour que cette génération existe.

Il est évident que les femmes au foyer, qui s’occupent des enfants, décideront plus volontiers d’avoir davantage d’enfants que celles qui ont une profession et ont peur de perdre leur emploi. Dans de tels foyers le nombre d’enfants augmente. Maintenir les mères au foyer résoudra le problème démographique. Ceci implique évidemment une augmentation des dépenses familiales. Un homme est-il capable de gagner assez pour entretenir une telle famille avec un seul salaire ? Ceci est la question cruciale de notre époque ! Nous devons changer la vie pour que ce modèle soit possible. Le coût doit incomber non seulement aux parents mais à l’ensemble de la société, parce que ceux qui ont beaucoup d’enfants ne les élèvent pas seulement pour eux-mêmes. La vie sociale devrait être organisée de telle façon que les considérations matérielles ne soient pas un obstacle à la maternité.

À cause du problème démographique on parle beaucoup aujourd’hui du besoin de jardins d’enfants, de crèches pré-scolaires, de sollicitude du gouvernement envers les enfants, d’allongement du congé maternel, de congé paternel, de faciliter le travail des mères, etc. Autant de réactions aux réclamations des féministes. On entend très peu les idées en faveur des mères au foyer, les féministes n’en veulent pas. Pourtant elles ne représentent pas la majorité des femmes.

La majorité aimerait mieux rester à la maison si seulement c’était possible du point de vue financier.

Facilitons cela et le problème démographique disparaîtra.

Chômage

Le chômage est l’un des premiers maux de notre temps, surtout chez les jeunes, ceux qui ont l’âge de se reproduire. D’une certaine façon nous entretenons ces chômeurs.

Si les femmes revenaient à la maison, à leurs enfants, elles libéreraient des emplois pour les hommes, le problème de l’emploi disparaîtrait. Les femmes qui restent à la maison ne font pas partie des sans-emplois parce qu’elles ne cherchent pas d’emploi. Au lieu de soutenir les chômeurs, nous soutiendrions les femmes prenant soin de la génération future. Pour le réaliser, il faudrait organiser la vie de telle façon que ce que les mères gagnent aujourd’hui, ou ce qui est versé aux chômeurs, soit attribué aux pères afin que, quelle que soit leur profession, ils soient capables d’entretenir leur famille, quelle qu’en soit la taille.

Il y aura toujours des différences de revenu selon la valeur sociale du travail, l’éducation et l’assiduité. Il y aura toujours certaines personnes qui ne veulent pas travailler, qui travaillent mal, qui dépensent leur argent en alcool, etc. Les chômeurs devraient être composés de ces gens-là. Par contre, le principe devrait être qu’en travaillant correctement, sans dépendances nocives (drogue, etc.), en acceptant le niveau de vie de sa condition sociale, il devrait être possible d’entretenir une famille quelle que soit sa taille. L’État devrait créer les conditions le permettant.

Toutefois, il est difficile de blâmer les employeurs qui ont peur d’embaucher des jeunes femmes. Une femme enceinte a de fréquentes absences médicales, puis un congé maternité payé et une période non payée. Lorsqu’elle reprend finalement son travail, et l’employeur est généralement obligé de la reprendre, elle continue de s’absenter à cause des problèmes médicaux de ses enfants. Les États ont tendance à charger les employeurs de toutes sortes d’obligations « pro-famille » en faveur des jeunes mères. Les employeurs évitent donc d’embaucher de jeunes épouses.

Service de santé

Nous nous plaignons souvent aujourd’hui de l’inefficacité du service de santé. C’est la plainte la plus fréquemment exprimée contre les gouvernements.

Le service de santé est évidemment surchargé, principalement avec le travail de bureaucratie qui accompagne les soins.

Il se trouve que, calculé par enfant, le service a moins de travail avec les familles dont la mère est à la maison. Très souvent si l’enfant a une grippe, maman le garde à la maison pour qu’il ne contamine pas les autres écoliers et, après quelques jours de soins à la maison, le problème est réglé. Lorsque la mère travaille, elle emmène l’enfant dans un centre médical, fait la queue au milieu d’autres malades qui infectent ou sont infectés, juste pour que le médecin prescrive un sirop ou une aspirine et signe une attestation exemptant la mère de travail pour quelques jours. Tout ceci doit être écrit, enregistré dans quelque ordinateur ou dossier, solidement documenté. C’est à cause de ce congé maladie que le docteur est consulté. Pour les cas simples, les mères peuvent soigner par elles-mêmes et elles le font très bien. Elles s’informent entre elles sur le traitement des problèmes médicaux simples. Plus une femme a d’enfants, plus grande est son expérience et moins elle dérange le service de santé. On ne fait appel au médecin que pour les problèmes sérieux.

La même chose se produit à l’autre extrémité de la vie. Lorsque le foyer est fonctionnel toute la journée, lorsque la mère est à la maison, il est alors fréquent que les grands-parents, les personnes âgées et les retraités, vivent avec la famille. Les soins de santé sont pris en charge par ceux qui habitent la maison. On ne fait appel au médecin que pour les problèmes sérieux. Beaucoup de résidents de maisons de retraite et même d’hôpitaux seraient avec leurs enfants et petits-enfants. C’est dans cet environnement qu’ils termineraient leurs jours pour finalement mourir au sein d’une famille aimante. Ceci libérerait des lits dans les hôpitaux, les hospices et maisons de retraite. Évidemment, plus il y a d’enfants, plus grande est la probabilité que les retraités trouvent une place chez eux et un soutien dans leurs vieux jours.

Pensions de retraite

Dans beaucoup de sociétés de par le monde il n’existe pas de retraites payées. Ceux qui ne travaillent plus comptent sur leurs enfants pour prendre soin d’eux dans leur vieillesse.

Dans le monde occidental, nous avons mis au point un système de retraites payées. Une partie de notre salaire est déposée dans un fonds d’où seront tirées nos pensions de retraite. La valeur de ces pensions est garantie par le gouvernement qui nous assure que le montant de cette pension ne sera pas dévalué. Il est évident qu’un retraité vivant seul dépense davantage que celui qui vit dans une famille. Aujourd’hui, il est malheureux que dans des familles de chômeurs la retraite de grand-père ou de grand’mère soit la seule ressource de la famille. C’est écœurant ! Lorsque les retraités vivent avec leur famille, leur coût pour le gouvernement est moindre, et donc le dépôt dans le fonds de retraite pourrait être moindre, laissant davantage d’argent dans les mains de l’employé. Ceci pourrait être modulé en modifiant la taille du dépôt en fonction du nombre d’enfants. Plus il y a d’enfants, plus grande est la probabilité que le retraité ne sera pas seul et il coûterait donc moins cher au gouvernement.

Les femmes qui se sont occupé de leur maison et ont élevé leurs enfants sont faites pour être grand’mères. Les femmes qui travaillent ne sont pas disponibles comme grand’mères lorsque les petits-enfants arrivent. Elles ont entre 40 et 50 ans, et elles travaillent encore pour leur retraite. Lorsqu’elles atteignent finalement l’âge de la retraite, elles ont besoin de paix, elles sont vieilles et inaptes à s’occuper des petits (ou arrière-petits) enfants. Elles préfèrent vivre seules.

Lorsque les aînés vivent séparément, le coût global du logement pour la famille est plus grand : il faut davantage de logements.

Économies

Les principaux revenus de l’État proviennent de la TVA et des impôts indirects qui tous dépendent de la consommation. Il est évident qu’une grande famille consomme davantage, même si, par tête, elle consomme moins à cause du style de vie plus frugal.

La vie de la famille est plus économique lorsque la mère est à la maison. Les restes d’un dîner sont utilisés pour le suivant. Les vêtements déchirés sont raccommodés. Les enfants utilisent les affaires de leurs aînés. Si les chaussures de l’aîné deviennent trop petites elles sont utilisées par le cadet, etc.

La frugalité est une vertu importante qu’il vaut la peine d’enseigner aux enfants dès le plus jeune âge. L’argent donné par le mari à sa femme au foyer sera dépensé plus économiquement et durera plus longtemps que dans les familles où les deux parents travaillent.

Aujourd’hui le monde est devenu fou. Le sens de l’économie, le respect pour les biens de consommation sont perdus. Nous devons consommer autant que nous le pouvons et acheter des choses nouvelles en jetant rapidement les anciennes à la poubelle. Nos ordures sont aussi un grand problème économique, qui diminuerait si nous étions moins dépensiers. Une forte consommation est une mesure du développement économique ; la consommation stimule la production et la production doit nous apporter l’emploi, le progrès et la nouveauté. La mode change rapidement. Les bourreaux de Jésus-Christ se partagèrent ses vêtements et tirèrent au sort sa tunique. Qui, de nos jours s’intéresserait à la tunique d’un condamné ? Nous vivons avec une frénésie constante de consommation. Cette augmentation de consommation ne peut pas être permanente. À un certain moment nous devrons reconnaître que notre niveau de vie est suffisamment élevé et que nous devrions en rester là.

Une mère au foyer peut contribuer à contenir cette frénésie de consommation. Peut-être qu’une seule voiture suffirait et une voiture moins chère ? Peut-être qu’une seule télévision, un ordinateur, une salle de bains suffiraient ? Peut-être faut-il apprendre à vivre ensemble avec un équipement domestique plus économique ? La question se pose : comment la consommation peut-elle être remplacée comme stimulant de la production ?

Bien sûr, il y aura toujours des gens plus riches ayant des revenus élevés. Que doivent-ils faire de leur argent ? La réponse est simple : ils devraient investir !

La consommation devrait être remplacée par l’investissement, par la rénovation des vieux appartements et des vieilles maisons. Ceci est toujours utile, sinon pour nous-mêmes, du moins pour nos enfants ou nos héritiers.

L’achat d’un objet de meilleure qualité, de biens plus onéreux est aussi une forme d’investissement. Ceci permet d’utiliser les biens plus longtemps. C’est un soutien à la production de qualité, généralement locale, adaptée aux besoins et modes locaux. En même temps, cela diminue l’achat de camelote chinoise.

Aujourd’hui, les jeunes qui n’ont pas l’espoir de posséder une maison ou un appartement, dépensent leur argent en choses inutiles. S’ils avaient leur propriété, ils le dépenseraient à l’améliorer, la décorer, l’agrandir.

On devrait aussi investir dans les valeurs spirituelles, dans l’éducation des enfants, dans leur développement religieux autant que dans son propre développement. On peut faire des dons aux pauvres, aux nécessiteux, pour les missions, on peut soutenir les établissements éducatifs, la promotion des bons livres et de l’art réel, l’expansion de notre civilisation dans le monde.

Tout ceci peut se concilier avec l’épargne, avec une vie plus modeste ; la présence de la mère dans la maison y contribuera.

Le travail à la maison

Depuis toujours dans l’histoire du monde, les hommes s’occupent d’affaires exigeant qu’ils quittent leur maison (guerre, chasse, labourage, emploi), alors que les femmes s’occupent de travaux à la maison ou près de celle-ci. Cette division traditionnelle du travail s’est perdue surtout à cause de la propagande féministe. Les féministes veulent remplir les mêmes fonctions que les hommes (toutefois elles ne sont pas chaudes pour travailler dans les mines, les égouts ou pour abattre des arbres) et elles veulent que les hommes accomplissent des tâches à la maison. Elles ont pratiquement atteint la parité dans presque toutes les professions, mais ceci s’est produit au détriment du foyer. Pour une raison ou une autre, les congés de paternité ont échoué ou bien ils sont utilisés pour des travaux de réparation et de rénovation de la maison.

En tout cas, seules les femmes peuvent mettre au monde les enfants et personne n’y pourra rien changer.2

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un retour au principe que les femmes travaillent à la maison ou près de la maison. Oui, travaillent ! C’est du travail, ce sont des femmes qui travaillent et cela devrait être reconnu comme tel.

Cela demande la reconnaissance et non le mépris. Je demande la reconnaissance sociale de ce travail.

Le travail à la maison va au-delà du soin des enfants, de la cuisine, du lavage et du nettoyage. En général, une femme dirigeant son foyer a encore le temps de s’occuper d’autres choses. C’est très bien si elle a un jardin ou un carré à proximité où elle peut cultiver des fleurs, des légumes et des fruits. C’est ainsi que beaucoup de femmes utilisent leur temps et elles sont très heureuses. Tout ce qu’elle fera pousser sera utilisé à la maison et diminuera la dépense de la famille. Pendant la saison, elle peut faire des conserves ou congeler fruits et légumes pour les mois d’hiver. Ces conserves peuvent aussi être faites par des femmes qui n’ont pas de jardin, en achetant fruits ou concombres pendant la saison lorsqu’ils sont bon marché et en les mettant de côté pour les autres saisons. Ceci est une autre forme d’économie.

Les gens vivant en appartement n’ont généralement pas de jardin. Il est cependant important que les femmes exercent quelque rôle en accord avec leurs préférences. Ce pourrait être la couture, le tricot, la broderie, certaines ont peut-être un potentiel créatif, aiment peindre, écrire des poèmes ou de la prose, etc. Certaines se feront peut-être un peu d’argent en donnant des leçons particulières à des enfants venant chez elles ou en s’occupant des enfants de voisins absents de chez eux. Aujourd’hui il y a souvent des ordinateurs dans la maison et il y a beaucoup de professions qui peuvent se faire avec un ordinateur sans quitter la maison.

On peut faire des traductions si l’on connaît une langue, relire des épreuves ou tenir la comptabilité de quelque institution, préparer des projets ou, s’il n’y a rien d’autre, tenir un journal sur ses propres enfants, ce sera une lecture fascinante pour les vieux jours et pour les petits-enfants.

Quand on élève beaucoup d’enfants, le temps au foyer est limité et les périodes irrégulières de liberté dépendent de l’âge des enfants, des horaires scolaires, de l’implication des autres enfants dans le travail ménager, etc. Beaucoup de femmes, surtout lorsque les enfants ont grandi, assument un travail social. Il y a beaucoup d’opportunités dans les communautés locales, les paroisses, les écoles, les centres culturels et sportifs.

Ce travail supplémentaire doit être adapté au temps disponible, à sa périodicité et il ne peut pas demander des horaires fixes. Évidemment, il doit apporter une satisfaction, non pas matérielle mais spirituelle. Qui plus est, il doit être reconnu à la fois par le mari et par la société en général.

Un changement de mentalité sur toutes ces questions est nécessaire.

Comment tout cela peut-il se réaliser ?

Il ne sera pas facile de revenir à la situation normale évoquée ici. Mais nous devrions chercher des solutions qui nous en approcheraient.

Une idée serait d’additionner les gains de toute la famille : le salaire du père, les gains possibles des enfants, les pensions de retraite des aînés vivant dans la famille, et de calculer l’impôt en fonction du revenu de la famille, comme c’est déjà le cas pour le revenu d’un couple marié. L’État recevrait peut-être moins d’impôts sur le revenu, mais il ferait des économies sur les services de santé, sur les disponibilités en logements, etc. Rappelons que l’État perçoit beaucoup d’argent de la TVA et que les grandes familles en paient une plus grande partie parce qu’elles consomment davantage. Les couples sans enfants paient beaucoup moins de cette taxe.

Je proposerais que toute l’aide publique, aux jardins d’enfants, aux maternelles, aux congés de maternité, et toutes autres facilités, associant travail salarié et soins des enfants, soient abolies.

Je propose ainsi quelque chose de complètement différent de ce qui est avancé aujourd’hui pour lutter contre le déclin démographique. Si une mère veut être active professionnellement, elle devrait payer pour tous les coûts que cela entraîne. L’argent économisé sur tous ces programmes devrait être donné aux mères pour chacun de leurs enfants jusqu’à la fin de leur éducation et ce paiement devrait être versé que la mère soit professionnellement active ou non, quelle que soit la richesse de la famille ou son statut marital. Si ce n’est pas la mère qui élève son enfant, alors cet argent doit aller au foyer dans lequel vit l’enfant : père, grands-parents, famille nourricière, centre pour enfants, etc.

Cet argent devrait être automatiquement versé sur le compte de la mère, ou touché au bureau de poste, ou apporté par le facteur, selon ce qui est le plus commode pour la mère.

Une autre solution pourrait être de payer une pension aux mères qui restent au foyer et élèvent trois enfants ou plus, avec une progression selon le nombre d’enfants.

La question essentielle ici est le coût du logement. Ce qu’il faut, c’est qu’il soit possible de le payer lorsqu’il n’entre qu’un seul salaire dans la famille. Autrefois c’était possible. Pour commencer, il faudrait faire en sorte que le coût de location d’un appartement soit comparable au paiement d’une échéance de prêt. Alors il serait avantageux d’acheter son logement plutôt que de le louer, ceci aide toujours à prendre un meilleur soin du logement. Nous ne sommes pas loin de cette situation dans la plupart des pays. Pour cela, il faut une fiscalité et une politique du crédit appropriées, c’est-à-dire un taux d’intérêt bas et une politique fiscale stable.

Ensuite, le coût de location ne devrait pas dépasser la moitié du salaire que gagne l’homme. Avec moins de divorces et plus de trois générations vivant sous le même toit, il devrait y avoir davantage d’appartements sur le marché et leur prix devrait baisser. Toutes ces questions sont liées. Mais ici aussi une politique du logement appropriée du gouvernement est nécessaire, un soutien aux jeunes couples, une recherche de technologies de construction bon marché, etc.

En plus de tout cela, ce qu’il faut, c’est un changement dans le style de vie, un changement de modes. Dans une large mesure, cela dépend de la propagande s’écoulant de la télé, des films, des séries, de la publicité, etc. Les attitudes doivent être modulées. Les familles dont la mère est tout le temps à la maison devraient être présentées sous un jour positif, et les foyers vides de façon négative. La propagande des féministes devrait être surmontée. Actuellement elle règne dans les esprits sur le rôle professionnel des femmes et donc, également, sur leur rôle familial. À la télé on voit plus fréquemment une femme policier poursuivant des criminels qu’une mère s’occupant de ses enfants.

La télévision d’État devrait au moins montrer des foyers normaux fonctionnant bien. Que l’on nous montre des entretiens avec des mères de famille nombreuse travaillant à la maison. Oui, travaillant, travaillant dur ! Il faut le souligner.

(Traduit par Claude Eon)


1 Généticien à l’Académie des Sciences de Pologne (de là ses précédents articles dans Le Cep n° 32, 42, 46, 53 & 54), Maciej Giertych est aussi homme politique, ancien député européen et aujourd’hui Président d’honneur de la Ligue des Familles polonaises. De là sa profonde conaissance des besoins de nos sociétés.

2 Ndlr. Les recherches sur l’uterus artificiel ont précisément ce but, et elles progressent. N’oublions pas qu’Aldous Huxley, dont le frère Julian Huxley fut le premier Directeur de l’Unesco, n’était pas qu’un romancier imaginatif quand il faisait naître en série dans des couveuses les différentes classes d’hommes du Meilleur des Monde : c’était aussi un homme très bien informé.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Retour en haut