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Par Mathieu, Jean-Marie
BIBLE
« Je vous le dis en vérité : avant que passent le ciel et la terre, pas un yod, pas un menu trait ne passera de la Loi que tout ne soit réalisé »
(Mt 5, 18)
Le Psaume 2 : chef-d’œuvre éblouissant !
Jean-Marie Mathieu
Résumé : Au Moyen Âge, la disputatio, « dispute, disputation » représentait l’une des méthodes essentielles d’enseignement et de recherche scolastiques dans toutes les Universités qui ont éclos en christianitas. Progressivement, ce terme en vint à désigner les débats contradictoires, sur divers sujets de théologie et d’interprétation des Saintes Écritures, organisés parfois entre juifs et catholiques. La courtoisie y était de rigueur de part et d’autre, mais n’excluait nullement la fermeté des propos échangés. Laudator temporis acti ! Dans cet article, l’auteur s’essaie a posteriori à la disputatio avec le rav Haïm Dynovisz qui donne des cours de Thorah et de judaïsme à Jérusalem depuis une dizaine d’années. Le thème choisi en est le commentaire du célèbre verset 12 du Psaume 2, qui constitue le cœur de l’enseignement que le rav Dynovisz a mis en ligne le 8 janvier 2013 sous ce titre riche de pierres d’attente : « Il est le Fils de leurs fantasmes. » Ou comment mesurer l’importance extraordinaire d’un seul mot : le mot bar « fils »…La référence à l’œuvre de Marc Girard, prêtre québécois spécialiste de l’analyse structurelle, permet à l’auteur de faire découvrir succinctement cette nouvelle méthode littéraire trop peu connue jusqu’à ce jour et qui, pourtant, s’avère très précieuse pour apprécier en vérité le sens d’un Texte biblique, en l’occurrence ici celui du douzième et dernier verset du Psaume 2. Ce qui fait apparaître ce poème, attribué par la Tradition à l’Esprit Saint et au génial roi David – confirmée par Ac 4, 25 –, comme un véritable chef-d’œuvre éblouissant, tout à l’honneur de Jésus de Nazareth, fils de David, le Fils de l’homme, Fils Dieu, notre Roi Messie et Seigneur !
*« Ici, mes amis [le rav Dynovisz s’adresse directement à ses élèves et aux internautes qui suivent son cours1], on va lire le douzième et dernier verset de ce Psaume 2, qui est le verset le plus catastrophique de l’histoire biblique !
Encore une fois, je m’excuse de ce que je vais dire devant vous, parce que c’est tellement évident, mais bon, parfois nous sommes missionnés au-delà de nous-mêmes et même de ceux qui sont autour de nous. »
+ Il est vrai, rav, que vos cours mis en ligne depuis une dizaine d’années rencontrent partout un succès croissant et sont suivis par des milliers d’internautes, juifs ou non-juifs d’ailleurs.
* « Ce verset 12 est l’un des plus catastrophiques de l’histoire biblique, parce que ce verset-là est l’un des fondements même de la chrétienté. Et vous allez voir sur quoi repose la chrétienté. C’est inimaginable tellement, tellement, tellement c’est abominablement bête et idiot ! »
+ La chrétienté, sauf votre respect, repose sur le Messie, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu venu dans la chair grâce au « Fiat ! » de la Vierge Marie, crucifié sous Ponce Pilate, ressuscité le troisième jour. Et non sur un verset biblique, fût-il le plus sublime. Le christianisme n’est pas une « religion du Livre » – comme le sont, dit-on, le judaïsme et l’islam –, mais la religion du Verbe incarné.
*« Regardez ! Le verset dit : נשקו־בר nachqou-bar ‘’Embrassez2 le בר bar ‘’ […]. Dans le monde chrétien, jusqu’à aujourd’hui, toutes les Bibles, dans toutes les langues, qu’elles soient catholiques, évangéliques, protestantes, ou tout ce que vous voudrez – il n’y en a pas une qui soit mieux que l’autre –, toutes les Bibles chrétiennes traduisent le mot bar par « fils » : ‘’Embrassez le fils’’ ».
+ Attention ! Jérôme au Ve siècle de notre ère, dans le Psautier qu’il a révisé sur le Texte hébreu, traduit en latin : « Adorate pure ». Et dans sa version du Psalterium gallicanum, le célèbre Psautier gallican – qui deviendra obligatoire en droit dans le Bréviaire romain édité par le pape Pie V en 1572 –, il donne : « Adprehendite disciplinam », ce qui suit la Septante : « Embrassez sa παιδείας païdeias, sa discipline », comme le fera la Nouvelle Vulgate éditée à Rome en 1979. Pas de « fils »…
Quant à la Bible de Jérusalem, elle traduit : « baisez ses pieds » [de YHWH], avec cette note : « Corr. ; hébr. : »et tressaillez avec tremblement ; baisez le fils »3. »
* « Je pense qu’il n’y a pas suffisamment de souffle dans le poumon d’un juif pour répondre à cette énormité ; c’est de la folie ! » […]
+ Ce verset peut en effet nous faire penser à l’expression « Fils de Dieu », car pour nous, chrétiens, Jésus est réellement le Fils consubstantiel au Père céleste. Mais nous pourrons disputer de cette interprétation une autre fois, si vous le voulez. Restons pour l’instant à l’analyse de notre verset.
*« Nachqou-bar : alors pourquoi est-ce de la folie de traduire ici bar par « fils » ? D’abord, parce que bar veut bien dire « fils », mais en quelle langue ? [Réponse d’un élève : « En hébreu ! » Le rav, désappointé, lève les yeux au ciel en joignant les mains… D’autres disciples viennent à la rescousse : « En araméen ! »] Oui ! en araméen. Soyez précis quand vous répondez, on est enregistré… Bar signifie « fils » en araméen. D’où ‘’Embrassez le fils’’. Or, le problème, c’est qu’il n’y a pas un seul mot d’araméen dans tous les Psaumes : ils ont été écrits en hébreu biblique. »
+ Je ne suis que poussière et cendre et ne prétendrais pas connaître plus d’un millième des merveilles de la Thorah, mais j’ai la chance de pouvoir être doctus cum libro ! Dans son ouvrage sur les Psaumes qu’il a traduits en français il y a quelques années, Henri Meschonnic affirme « la présence d’assez nombreux mots araméens (comme zan pour min, « espèce » en Ps 144, 13), indice connu d’époque assez tardive, pour les textes bibliques4 ». Soyez plus précis, rav, vous êtes enregistré !
* « Deuxième preuve : c’est que dans le même Psaume, quand Dieu parle du « fils » on lit ben, non bar. Au verset 7, quand le Messie est appelé ‘’ (tu es) mon fils’’, il y a בני beny en hébreu, et non bary en araméen.
Comment, dans le même Psaume, appellerait-on une fois le « fils » ben en hébreu et une fois bar en araméen ?
+ Mais alors : Serait-il interdit à Dieu, en somme,
De parler araméen dans les Psaumes ?
Certes, le roi David s’exprimait en hébreu et il semble anachronique de vouloir placer des mots araméens dans la bouche et sous le calame de ce grand poète. Il y a pourtant un adage traditionnel juif, que vous connaissez très bien, le citant à l’occasion, qui affirme qu’ « il n’y a ni antérieur ni postérieur dans la Thorah 5 » : אין מוקדם ומאוחר בתורה. Et je crois que cet adage peut être étendu à toutes les Saintes Écritures.
* « Quand nos maîtres avaient le malheur de répondre qu’il n’y a pas un seul mot en araméen dans tous les Psaumes, ce qui est tellement évident, ils étaient tout de suite traités de blasphémateurs et tout de suite descendus dans la cave, puis remis entre les mains de ceux qui sont les représentants de la religion de l’Amour, et torturés à mort. Des milliers d’entre nous sont morts sur cette évidence. »
+ Il serait important de donner des références historiques précises sur un sujet aussi brûlant. Cependant, je vous rappelle l’illustrissime « Disputatio de Barcelone » tenue en juillet 1263, qui tourna à l’avantage du rabbin Moïse Nahmanide6 opposé au dominicain Pablo Christiani, juif converti. Le rabbin y jouit d’une relative liberté de parole sans que celle-ci ternît son amitié avec le roi Jacques Ier. Quatre ans plus tard, Nahmanide, sous la pression adverse et quoi qu’en eût son protecteur couronné, dut s’exiler à Jérusalem d’abord, puis à Acre où il mourut.
* « Comment veux-tu que dans les Psaumes il y ait un seul mot en araméen ! Comment veux-tu que, dans le même Psaume, une fois le mot « fils » se dise en hébreu et une fois en araméen ! Voilà deux preuves déjà. »
+ Moi, je ne veux rien, mais je confesse que Dieu, l’Auteur des Saintes Écritures qui a inspiré prophètes et scribes, est Tout-Puissant. Comme le chante le psalmiste : « Or notre Dieu est dans le ciel. Tout ce qu’il a désiré, il l’a fait » (Ps 115, 3) ; « Tout ce qu’a voulu YHWH, il l’a fait dans le ciel et sur la terre » (Ps 135, 6).
Il y a certainement ici un sens très profond, encore mystérieux, à ce jeu d’emplois du mot « fils » en hébreu et en araméen. Qui cherche de tout cœur et de toute son âme trouvera !
* « Troisième preuve : c’est que le mot bar est aussi un mot en hébreu, qui est utilisé des dizaines de fois dans les Psaumes. Et que veut dire ce mot bar ? Dans le Psaume 2, ça veut dire « pur » : ‘’Embrassez ce qui est pur, ce qui est beau.’’ Eh bien ! donnons un exemple [le rav prend alors sa Bible en main droite]. Je n’ai pas eu le temps de retrouver tous les Psaumes où le mot bar est utilisé, mais d’après ce que je sais il s’agit d’une bonne vingtaine de fois dans les Psaumes, et toujours dans le même sens. »
+ Je comprends que, sans notes, il vous est très difficile d’être précis. Mais comme j’ai sous la main ma Concordance7de Solomon Mandelkern, appréciée dans tout le monde juif, je peux vous aider. J’y constate que l’adjectif hébreu bar : electus, dilectus, purus, inanis, n’est employé que trois fois dans les Psaumes : 19, 9 ; 24, 4 et 73, 1. Pas une de plus.
*« Regardez le fameux verset 9 du chapitre [Ps]19 : »Le commandement de Dieu est pur. » Barah est au féminin ici, parce que mitsvah « commandement » est un mot féminin. Pour le féminin en hébreu, on rajoute un ה hé […]. Comme il est dit encore dans un autre Psaume : ובר לבב ouvar lèvav, »et celui qui a un cœur pur ». »
+ Il s’agit du magnifique Psaume 24, versets 3 & 4 : « Qui montera sur la montagne de YHWH ? Qui se tiendra dans son lieu saint ? Celui aux mains sans taches et au cœur pur… »
* « Donc, quand le verset 12 dit nachqou-bar, ce n’est pas ‘’Em- brassez le fils’’, mais ‘’Embrassez ce qui est pur’’ ! »
+ C’était la traduction de Jérôme en son Psautier révisé sur le Texte hébreu, « adorate pure », je l’ai déjà indiqué plus haut.
* « Mes amis ! écoutez-moi bien, écoutez ce que je vais vous dire : les juifs ont été tellement terrorisés par ce verset – parce qu’il signifiait : ou tu dis comme nous ou on t’assassine, au nom de l’amour et du sauvetage de ton âme, bien sûr –, que, avec tout le respect qu’on ne lui doit pas, quand Zadok Cohen a traduit la Bible, il a mis ici « fils », tellement il avait peur des représailles.
La première traduction rabbinique de la Bible par le fameux Zadok Cohen, qui ne mérite pas notre respect, c’est que dans ce Psaume il a traduit ‘’Embrassez le fils’’. Il met simplement une petite annotation en bas, parce que son âme juive crie au scandale. Il dit : » Mais on peut traduire aussi par : » »
+ Zadoc Kahn publia sa traduction de la Bible en 1899. Je possède un exemplaire de l’édition publiée par la Librairie Colbo, 3 rue Richer à Paris, en 1978. Il y est écrit, je cite textuellement : « Rendez hommage au fils », avec en note : « Sens très douteux. D’autres : ‘’Attachez-vous à ce qui est pur8’’. »
* « Tous les vrais maîtres de sa génération – Kahn, lui, était grand rabbin du Consistoire9 –, et donc de l’époque hyper-assimilée, sont Français de confession israélite, on sait où cela les a amenés. Et donc, ce Français de confession israélite a eu vraiment peur de la réaction du clergé, et d’ailleurs il n’y a pas si longtemps que ça : Zadoc Kahn, cela remonte à combien de temps ? Deux cents ans peut-être, je ne sais pas exactement [ni lui ni ses élèves d’ailleurs]. »
+ Grâce à Wikipédia, je peux vérifier tout de suite que Zadoc Kahn est né à Mommenheim en 1839 et mort à Paris en 1905.
* « Regardez encore comment il y a deux cents ans, un rabbin juif consistorial était obligé de traduire pour ne pas se faire assassiner ! Imaginez-vous ! Il traduit « fils » en précisant » fils en araméen »… »
+ Pardon ! il n’a rien précisé du tout ; je l’ai cité tout à l’heure !
* « … comme pour suggérer à ses frères juifs : ‘’Vous savez bien que je suis en train de me f… d’eux, mais je n’ai pas le choix, je tiens à ma peau.’’ Et après, je me rappellerai d’ailleurs toujours d’une discussion que j’avais eue il y fort longtemps en France avec l’un des leurs [chrétiens]. Il me dit : ‘’Mais je ne comprends pas, même vos rabbins traduisent comme ça !’’ Je ne l’avais encore jamais remarqué, parce que, heureusement pour moi, je ne lis jamais la Bible traduite en français, surtout pas par Zadoc Kahn. J’ai vu et j’ai dit : ‘’Ouah, mince ! Comment qu’il a fait un truc pareil ?’’
Sur le moment, je n’avais pas de réponse, vu que c’est un rabbin juif qui a traduit comme cela. J’ai été pris de court. J’étais réellement choqué, car c’est tellement évident que cette traduction est fausse ! Et puis, bon ! après… [j’ai réagi] entre autres par le cours d’aujourd’hui, qui montre très facilement quelles étaient les motivations de ce rabbin israélite et non juif, car il n’était plus juif, mais seulement israélite. »
+ Paul Drach, rabbin français converti au catholicisme au XIXe s., insistait déjà sur cette distinction. Il notait que « Le juif dont nous parlons est une espèce différente de ce que l’on appelle à présent un israélite français. Celui-ci, vivant au sein de la corruption des grandes villes, s’éloigne de plus en plus, emporté par le tourbillon des plaisirs, des affaires, quelquefois des sciences profanes, s’éloigne disons-nous, de la masse de sa nation toujours fidèle à ses habitudes, tant civiles que religieuses, et à son langage particulier. Les bonnes conversions au christianisme s’opèrent généralement parmi les juifs de cette dernière classe ; parce que leur foi, quoiqu’erronée, ou plutôt faussée, sert de point de départ, tandis que les autres, ne croyant à rien, n’offrent guère prise à l’apostolat. Il n’a fallu rien [de] moins qu’un miracle dont l’Église n’a pas vu d’exemple depuis la conversion de saint Paul, pour mettre dans le bercail du Pasteur Divin M. Alphonse (maintenant Alphonse-Marie) Ratisbonne, qui appartenait dans toute l’étendue du terme à la première espèce de juifs10. » Désormais, le Ciel semble vouloir multiplier les signes, les miracles, les songes afin d’attirer dans l’Église des juifs agnostiques, voire carrément athées.
Véronique Lévy, petite sœur blonde comme les blés du « philosophe » BHL, en est le dernier exemple frappant11.
* « Un rabbin israélite, il y a deux cents ans, était obligé de se traduire… »
+ Vous voulez dire : était obligé de « se trahir », de trahir sa foi juive ? Mais il est vrai que traduction et trahison son fort proches… Joachim du Bellay n’écrivait-il pas que d’aucuns sont « mieux dignes d’être appelés traditeurs [traîtres] que traducteurs12 » ! D’où l’importance d’étudier la Bible en hébreu et en grec, comme aurait tant désiré pouvoir le faire la petite Thérèse, cette grande sainte du carmel de Lisieux docteur de l’Église!
* « … un rabbin était obligé de vendre son âme de peur qu’on l’assassine, puisqu’il y a deux cents ans seulement. Vous imaginez sur quoi est fondé leur mensonge !
+ La foi chrétienne est fondée sur Jésus, vrai Dieu et vrai homme, mort et ressuscité. Francis Kaplan a bien noté « qu’en hébreu emeth, vérité, a originellement le sens de fidélité aux promesses, ce qui fait qu’on peut avoir confiance, sécurité. Lorsque Jésus dit : »Je suis…la vérité » (Jn 14, 6), il faut comprendre : »Je suis celui qui ne trompe pas », par opposition à celui qui n’accomplit pas ce qu’il dit et aussi, sans doute, par opposition à ce qui suscite, par sa propre nature – et sans rien explicitement dire –, un espoir fallacieux, tels les plaisirs du monde13. » Pour « leur mensonge » (des chrétiens), chacun jugera…
* « En tous les cas, on n’a pas fini ! Le mot bar dans les Tehillim veut dire « pureté » [« pur »] et donc le verset dit : »Embrassez ce qui est pur de peur qu’il [Dieu] ne se mette en colère ! » Et l’on comprend très bien le contexte : »Puisque vous vivez dans la saleté du matin au soir, donc embrassez enfin ce qui est pur ! » »
+ « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! » (Mt 5, 8).
* « Mais il y a une explication beaucoup plus forte encore, rapportée par les commentaires qui disent la chose suivante. Le Radak14 explique que la Tradition [orale] – et vous allez comprendre en quoi c’est intéressant – est de dire : malgré que les Psaumes 1 et 2 soient comptés comme deux Psaumes dans les Tehillim, en vérité ils ont été dits en même temps comme un seul grand Psaume. Mais comme le Psaume 2 parle de l’époque à la fin de l’histoire : Gog et Magog, et est messianique, alors que le Psaume 1 parle en soi plus de moussar, demorale juive, etc., alors, nos maîtres ont découpé ce grand Psaume en deux. Mais en vérité, dit-il, il s’agit d’une seule prophétie qui a été dite à ce moment-là par David. Et de là nos maîtres demandent : »Quelle est la preuve que ces deux Psaumes étaient en vérité un seul grand Psaume ? » Eh bien ! c’est que le premier commence parאשריachreï « heureux » [au singulier Ps 1, 1] et le deuxième se termine par אשרי achry « heureux » [au pluriel Ps 2, 12]. »
+ J’ai un ami lasallien qui a étudié le Psautier, notamment les deux premiers Psaumes ; je vous conseille la lecture de ses travaux15.
* « Donc, c’est bien le grand Psaume qui parle du bonheur, simplement la première partie parle du bonheur individuel et la seconde du bonheur de la nation d’Israël au moment de la délivrance finale. Maintenant, rappelez-vous ce qui était marqué dans le Ps 1. Tenez-vous bien parce que c’est très, très fort ! Dans mon cours sur le premier Psaume16, j’avais comparé les réchaym, les « méchants », au motz, « l’écorce, la balle », et les tsadikym, les« justes »,au « blé ». Écoutez-moi bien. Donc les « méchants »sont comme l’écorce qui refuse de se coller à son blé pour le protéger (Ésaü et Jacob, Caïn et Abel : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Je refuse de jouer le rôle de gardien, je veux exister pour moi-même…). Qu’est-ce qui se passe quand on enlève l’écorce du blé ? Elle tombe à terre, le vent vient et puis, comme disait le roi David, il emporte le motz, « l’écorce », aux quatre vents. Très bien ! Donc, on voit que le verset faisait allusion aux réchayym, « méchants », semblables à cette balle qui s’envole. »
+ Jean l’Immergeur avertit : « Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire ; il recueillera son blé dans le grenier ; quant aux balles, il les consumera au feu qui ne s’éteint pas » (Mt 3, 12).
* « Et maintenant voici la suite. Bar en vérité en hébreu – puisque nous étudions un Texte hébreu et non araméen – signifie, outre ce qui est « pur », le grain de « blé » sans l’écorce. Merci, Maître du monde ! [Le rav reprend sa Bible et dit « merci ! » à Jonathan en montrant le marque-page, en forme de baguette de pain à la française, que cet élève lui offrit ; « c’est pour qu’on avance à la baguette » plaisante-t-il].
En Gn 42, 3, il est écrit que les frères de Joseph descendent en Égypte pour aller y chercher du bar, c’est-à-dire du « blé » […]. »
+ Le Maître nous a prévenus il y a deux mille ans : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24).
*Nachqou-bar signifie donc, dans le contexte de ce grand Psaume, qui au début parlait du motz, « l’écorce » : « Embrassez le blé et cessez d’embrasser l’écorce ! » C’est le Messie qui s’adresse ainsi aux nations. C’est tellement évident ! Nos enfants de six ans le savent et nos pères sont morts sur le bûcher pour ne pas contredire les représentants de Satan sur terre. »
+ Une parabole peut nous éclairer : « Le semeur, c’est le Verbe qu’il sème. Ceux qui sont au bord du chemin où le Verbe (en grec ο λογος ho logos) est semé, sont ceux qui ne l’ont pas plus tôt entendu que Satan arrive et enlève le Verbe semé en eux » (Mc 4, 14-15).
*« Deux mille ans de souffrances pour des évidences… Voilà comment toute une religion repose sur du vent, sur une infamie, sur une mauvaise foi et tout simplement sur un illettrisme total de la langue juive. C’est inimaginable ! Et eux sont le nouvel Israël… C’est incroyable. De quoi avons-nous souffert depuis deux mille ans ? Si au moins on avait souffert des mains de gens qui avaient quelque chose à dire et à vendre : vérité contre vérité ! Mais nous sommes morts sur l’autel du vent. »Autant en emporte le vent17 ! » Absolument. »
+ Moi, je n’ai rien à vendre (ni salade, ni rave ni navet), mais regardez, rav, de nos jours, les Juifs israéliens convertis au Christ sont obligés de se cacher, et pourtant Israël se veut une société démocratique. Jean-Marie Setbon, juif baptisé dans l’Église catholique en 2008, remarque également qu’ « au XXIe siècle, des Juifs maudissent encore trois fois par jour les juifs devenus chrétiens, et je ne devrais pas le dire ? Non, je n’ai pas honte de ma conversion18.»
* « Nachqou-bar signifie : »Arrêtez de faire le choix de l’écorce, faites le choix du blé. Attachez-vous à Israël, il n’y a qu’un seul et unique Israël, c’est nous les juifs jusqu’à aujourd’hui. Faites le choix d’Israël, du vrai ! » Voilà ce que dit le verset 12 du Psaume 2. »
+ Désormais, rav Dynovisz, je vais me permettre de citer assez longuement Marc Girard19, un prêtre québécois qui a mis au point une méthode, assez géniale à mon avis – et j’espère que vous en serez d’accord bientôt avec moi –, pour entrer dans l’intelligence du Psautier. Il explique son œuvre ainsi : « Notre étude ne portera pas sur les structures profondes, qui normalement échappent à la conscience de l’hagiographe, mais bien sur les structures dites de surface ou stylistiques, celles-là même dans lesquelles l’auteur ou, le cas échéant, le rédacteur, a intentionnellement moulé les matériaux de son texte comme un maçon coule son ciment dans des formes faites sur mesure.
Voilà qui nous introduit à la distinction entre analyse structurale et analyse structurelle, selon qu’on cherche à dégager les structures profondes d’un texte ou à discerner un patron stylistique, sciemment élaboré, pour une bonne part (correspondances à fleur de texte). Dans un texte, les relations sont de trois niveaux : verbales, syntaxiques et thématiques. L’analyse structurelle se réfère au premier niveau, l’analyse structurale au deuxième ; le troisième niveau concerne plutôt la théologie biblique.
Notre contribution s’en tiendra essentiellement aux patrons stylistiques. Nous nous sommes rendu compte qu’une étude systématique et poussée des structures de surface dans les psaumes se trouvait à lever le voile sur un phénomène littéraire d’une ampleur à peu près insoupçonnée20.
Les psalmographes hébreux, en effet, possédaient un art d’écrire absolument extraordinaire, et un certain nombre de procédés de composition relativement faciles à répertorier. Derrière l’apparence de poèmes incohérents, composites, redondants ou répétitifs se cache la réalité de structures stylistiques savantes et porteuses du sens que l’auteur a précisément voulu donner à son texte […].
En gros, abstraction faite de certaines subtilités, l’analyse structurelle suppose à la base une théorie littéraire, c’est-à-dire un apprentissage de la composition lié à certaines contingences spatio-temporelles, donc culturelles. En d’autres termes, tout au long de l’histoire biblique, on a dû enseigner une méthode, à la fois pour écrire en se servant des procédés de composition typiquement structurels, et pour repérer lesdits procédés à la lecture d’un texte déjà écrit. Où et comment enseignait-on cette méthode ? On n’en sait rien21.
Tout ce que l’on peut dire, c’est que cet enseignement devait être singulièrement répandu puisque, en dépit d’une effarante et indéniable pluralité d’auteurs, on trouve quelque chose de ces procédés d’une couverture à l’autre de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans leurs strates les plus anciennes comme dans les plus récentes. Mais ni la Bible ni les écrits judaïques connus ne portent la moindre trace d’un tel code de stylistique […].
Il ne semble pas, dans l’état actuel de la recherche, que les lettrés égyptiens, cananéens et mésopotamiens soient arrivés à la cheville des hagiographes bibliques en matière d’esthétique structurelle. On a depuis longtemps remarqué le phénomène suivant : alors que, dans tous les autres arts, Israël a souvent plagié ses voisins et s’est contenté d’une production plutôt médiocre, en littérature, tout au contraire, il en est arrivé à ce qu’on peut véritablement considérer comme une épigenèse22. »
J’arrête un instant ma lecture du livre de Marc Girard pour vous faire remarquer ici, rav Dynovisz, que, curieusement, la France est renommée dans le monde entier pour être la nation littéraire par excellence ! Mais continuons :
« En réalité, l’esthétique biblique, qu’on est en train de redécouvrir, n’est-elle pas une facette, pour une part, décelable du mystère de l’inspiration et de la transcendance de l’Écriture ? Il n‘est pas défendu d’opiner en ce sens… […]
Nous-même, dans nos activités pédagogiques courantes [cours, catéchèse, conférences], avons eu l’occasion de vérifier la validité de la méthode dans nombre de textes de l’Ancien Testament, des évangiles, en particulier du quatrième, des épîtres pauliniennes. Il semble y avoir-là, pour l’heuristique23 biblique, une clef qui n’est pas loin d’être un passe-partout.
Le génie français, épris d’ordre et de clarté, n’est-il pas tout prédisposé à s’intéresser aux relations qui unissent les éléments d’un texte en structure cohérente ? Ce génie français, en tout cas, a joué un rôle important dans l’essor du structuralisme multidisciplinaire. On peut s’attendre aussi à ce qu’il apporte sa modeste contribution au repérage des structures de surface dans la Bible. »
* « Je suis juif français d’origine ashkénaze comme mon patronyme Dynovisz le laisse entendre. Et vous savez que tous les peuples, les Français en particulier, sont capables d’avoir des intuitions géniales, gigantesques, on ne peut même pas imaginer d’où cela vient ! C’est pour cela qu’on est fier de venir de là-bas, de France24. Le français est la plus extraordinaire des langues, après la lachôn haqodech, « langue sainte » [c’est-à-dire l’hébreu, bien sûr], pour comprendre la Torah. La langue française est une langue prodigieuse, nous avons de la chance d’être nés francophones25 ! »
+ Merci, rav, c’est votre cœur qui a parlé ! Je continue ma citation du P. Girard : « […]. Toute traduction suppose des choix, surtout lorsque le texte reçu n’est pas en bon état. Il nous fallait donc opter pour un postulat critique de base : c’est, dans notre cas, l’autorité du texte massorétique.
Sauf évidence de corruption irrémédiable, nous avons un parti pris très clair en faveur du texte hébreu consonantique : il est d’ailleurs parfois moins corrompu qu’on ne le prétend […].
Ce type d’exégèse comporte au moins quatre avantages. D’abord, il projette une lumière nouvelle sur le plan de composition propre à chaque psaume. Il permet d’en arriver à une division beaucoup plus stricte du texte. Il met en relief, pour chaque psaume, un plan unique, réel, normalement voulu par l’auteur, fondé sur des critères littéraires objectifs.
[…]. De plus, l’analyse structurelle permet de reprendre avec un éclairage nouveau toute la question de l’unité littéraire des psaumes…
Un troisième avantage touche le contenu notionnel. S’il est vrai que la structure supporte le sens, cela veut dire que, par le biais de l’analyse structurelle, dans chaque poème et chaque section de poème, on peut opérer un clivage rigoureux des idées dominantes, sous-dominantes et autres.
Enfin, le décryptage de certains liens structurels peut éclairer à l’occasion certains termes ou versets réputés sémantiquement énigmatiques ou critiquement corrompus… »
Le père Marc Girard, en analysant le Ps 2, offre aux lecteurs un tableau synthétique très parlant. Je vous le présente plus loin, mais d’une manière simplifiée, me permettant d’y ajouter quelques extraits de son commentaire qui devraient vous passionner26.
« Avec de solides points d’appui structurels, nous respectons le TM27: nashqû-bar. Bar, un aramaïsme, est une variation stylistique de bèn, « fils ». Nous le rendons finement par « fieu », forme dialectale et paysanne du mot « fils » en français. D’un volet à l’autre, màshîah, « Messie », bèn et bar se correspondent synonymiquement. Les subterfuges des traducteurs anciens et contemporains pour rendre autrement l’aramaïsme ne convainquent pas du tout. L’expression est elliptique : « baiser (les pieds de) », c’est-à-dire « rendre hommage ». […] Mashîah, bèn et bar se recoupent sémantiquement.
Ce sont des désignations du melek, le roi élu de Yhwh. Màshîah et melek sont des termes interchangeables, comme on peut le prouver par le parallélisme de Ps 18, 51. On peut en dire autant de bèn et bar, sémantiquement, malgré la rareté de la forme bar […].
PSAUME2
1a les nations 1b les peuples 2a les ROIS DE LA TERRE 2bles CHEFS | 4a SIÉGEANT AUX CIEUX 4b ADONAÏ 5a il leur parle en colère 5b sa brûlure 6a J’ai sacré mon ROI 6b sur Sion | 10a ROIS… 10b JUGES DE LA TERRE |
2c contre YHWH et contre son MAChIAH | 7a décret de YHWH 7b Il m’a dit : mon BEN, 7cje t’ai fait naître | 11a Servez YHWH 1b défilez avec tremblement 12a baisez le BAR |
3a BRISONS 3b JETONS leurs cordes | 8a Demande-moi 8b les nations 8c la terre 9a tu les BRISERAS 9b FRACASSERAS | 12b en colère et que vous ne PÉRISSIEZ 12c en colère BRÛLE 12d Heureux |
Tableau 1 : Schéma structurel du Ps 2 donné par Marc GIRARD en son ouvrage. Je me suis permis de simplifier l’ensemble, afin de mettre en relief les trois emplois du Nom YHWH (en violet) et les mots (en rouge) Machiah « Messie », Ben « Fils » (en héb.) et Bar « Fils » (en aram.), toussitués sur le même volet, celui du milieu. Notez que l’ensemble des 3 x 3 = 9 cases forme une croix…
Notre méthode « permet de mieux mettre en évidence la progression dramatique du psaume en rapport avec le thème de la colère […] ; elle seule explique pourquoi les v. 1-9 suivent un patron chiastique28 […] ; elle seule permet de saisir pourquoi le nom de Yhwh est employé exactement trois fois, et à tels versets plutôt qu’à tels autres ; elle seule illustre le rapport structurel entre màshîah (v. 2c), bèn (v. 7b) et bar (v. 12a) – maints critiques ont si
peu pigé ce lien qu’ils boudent le TM et ajoutent à bar quatre consonnes transposées de l’hémistiche précédent, de manière à pouvoir lire « baisez ses pieds », comme si c’était bien naturel pour des rois humains de baiser les pieds de Yhwh Dieu ! La racine elle-même d’où provient le substantif bar (br’, « créer, former »), peut même correspondre à l’idée d’engendrement (yld : v. 7c). Le TM, ici comme ailleurs, mérite qu’on le respecte, comme notre analyse en fait foi – ; elle seule peut expliquer le rôle structurel du v. 4 (antithèse entre Yhwh-Roi et les rois adverses) ; elle seule, enfin, permet de saisir le rapport qui unit trois tandems de verbes de destruction à la fin des volets […]. Au terme, l’exégèse aura sans doute une idée beaucoup plus précise du contenu incroyablement dense de nos douze versets. L’avantage de notre schéma est qu’il intègre les données des autres et permet d’aller jusqu’au bout dans la perception des procédés de structuration littéraire. S’il est un procédé de quelque manière intentionnel, ce doit être celui du triptyque. Mais nous avons probablement ici un cas de texte où l’analyse se rend beaucoup plus loin que la conscience de l’hagiographe […].
Comment relire le Ps 2 ? Il peut nourrir encore aujourd’hui l’espérance des temps messianiques, que partagent les juifs et les chrétiens. Pour les premiers, l’attente d’un monde meilleur est tout orientée vers l’avenir. Pour les chrétiens, les temps messianiques sont inaugurés, ils sont en cours déjà depuis deux mille ans. En plus d’un passage, le Nouveau Testament a appliqué le Ps 2 à Jésus, fils de David.
L’inclusion de melek « roi » (v. 1-6) et des synonymes bèn… bar « fils »(v. 7-12) mettant en évidence le leimotiv royal du psaume […], celui-ci devient, en relecture, une profession de foi en la royauté (pouvoir judiciaire) que le Christ tient de son père (cf. v. 4-9). L’homme a beau s’acharner à vouloir détruire cet empire (cf. v. 1-3) ; ce faisant, c’est lui-même qu’il détruit (cf. v. 9 & 12bc), car l’empire du divin Fieu, « Fils », n’appartient pas à ce monde-ci (cf. Jn 18, 36). Aussi chrétiens attendons-nous, comme les juifs, une manifestation eschatologique du Roi-Messie ; nous parlons, nous, de second avènement. »
* « Marc Girard écrit : ‘’L’empire du divin Fils n’appartient pas à ce monde-ci’’ ! Écoutez-moi bien : notre faute [à nous, fils d’Israël] par rapport au soleil va donner naissance au christianisme et notre faute par rapport à la lune va donner naissance à l’islam, à un niveau extrêmement profond là où les choses commencent. Donnons un exemple […] : ‘’À celui qui te frappe sur une joue tend-lui l’autre joue’’ est l’expression la plus catastrophique de cette parole absolue [solaire] qui ne tient absolument pas compte de la réalité terrestre, qui fait fi de la réalité et qui, finalement, devient insupportable parce qu’elle ne peut pas être vécue ni réalisée. C’est absolument impossible, quand on vient pour te détruire, d’être complice de ta propre destruction en tendant l’autre joue. Cela veut dire que tu places la barre tellement haut que tu la rends inaccessible et, automatiquement, il n’y a pas d’autre choix que de se dire, ou : ‘’Mon royaume n’est pas de ce monde’’, ou alors : ‘’Je vais me venger de ce monde qui refuse la parole.’’ Donnons un autre exemple avec cette théologie [chrétienne] voulant absolument dire que le Messie est déjà arrivé, alors que depuis deux mille ans le monde n’a jamais autant souffert […], ce qui est bien la preuve encore d’une approche complètement hors monde, qui ne tient pas compte de la réalité29. »
+ Attention ! rav Dynovisz, il faut bien interpréter la phrase du Christ. Le savant abbé Jean Carmignac écrit, dans un livre à connaître30, je lis : « En Jn 18, 36, Jésus a répondu (à Pilate) : ‘’Ma Royauté ne (vient) pas de ce monde.
Si de ce monde (venait) ma Royauté, mes serviteurs combattraient, afin que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais en fait ma Royauté ne (vient) pas d’ici (bas)31’’ […]. Ce dialogue ne cherche pas à préciser où est le Royaume de Jésus, mais bien si Jésus est roi, s’il possède la Royauté, s’il a des prétentions à ce titre. Pilate le comprend fort bien quand il réplique ‘’Ainsi tu es roi !’’. Et Jésus ne le détrompe pas, mais affirme carrément ‘’Je suis roi’’. Aucune notion de « Règne » [en héb. malkouth] ou de « Royaume » [en héb. mamlâkâh] n’est possible ici.
Jésus précise deux fois que sa Royauté n’a pas une origine terrestre, qu’elle ne procède pas « de ce monde » et une troisième fois qu’elle ne procède pas « d’ici », c’est-à-dire « de ce bas monde ». Ce n’est pas une origine dynastique ou une conquête personnelle qui lui ont procuré cette dignité et ce pouvoir royal. Pour éviter en français toute méprise, l’addition du verbe « venir » montre bien que la préposition « de » possède alors son sens originel : « hors de », « en provenance de ».
Cette Royauté est revendiquée par Jésus non pas pour l’avenir, mais bien pour le présent, quand il est de fait « livré aux Juifs ». Le contexte ne précise pas où, quand, comment cette Royauté s’est exercée, s’exerce ou s’exercera. Simplement Jésus repousse toute origine humaine pour sa Royauté. »
Jeanne d’Arc savait très bien tout cela quand elle disait Jésus « vrai Roi de France ». L’Église est à jamais le verus Israel et la France, « fille aînée de l’Église », est réellement la « nouvelle tribu de Judah ».
Lors de son arrestation, Jésus dit à l’Iscariote, « C’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ! » (Jn 22, 46) Que nous, chrétiens, n’embrassions jamais le « Fils », bar, fils de David, le Fils Dieu né de la Vierge Mère, comme le fit ce traître. Imitons plutôt les cardinaux, certains chenus, tout tremblotants, appuyés sur une canne, qui défilent devant le Crucifix durant la Semaine Sainte à Rome, afin d’étreindre les pieds de l’Agneau immolé, sans tache, au cœur pur, immaculé, celui que personne n’a pu convaincre de péché et qui nous offre son Corps sous l’apparence d’un humble morceau de Pain (de farine de blé).
Cher rav Haïm Dynovisz, visiblement vous n’êtes pas un tiède – Dieu vomit les tièdes ! –, mais je suis sûr qu’après votre conversion… dans le sillage de Véronique Lévy, si YHWH le veut, vous découvrirez que confesser le Fils vrai Dieu et vrai homme n’est pas un fantasme, quelque image venant de je ne sais quel rêve ou hallucination ! J’accourrai alors à Jérusalem pour venir m’asseoir simplement à vos pieds afin d’écouter votre cours sur la Parole de Dieu. Oh ! je le sais : en ce qui regarde l’Évangile, vous êtes encore ennemi, mais en ce qui concerne l’élection, vous êtes toujours aimé du Seigneur à cause de vos pères : Abraham, Isaac, Jacob ! Car Dieu ne se repent ni de ses dons ni de son appel (cf. Rm 11, 29).
1 DYNOVISZ Haïm (rav :titre de respect en héb. pour « maître » de Thorah) ; une fois sur son site : ravdynovisz.tv, aller sur « Catégories », puis sur « Psaumes », enfin cliquer sur la page 4, en bas à droite. Les propos du rav juif, qui commencent à 29′ 47 »/ 51′ 59 », sont introduits à chaque fois par un * astérisque et encadrés de guillemets à la française. Mes interventions a posteriori sont indiquées par une croix + placée en début de ligne.
2 DRACH Paul, De l’harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, Paul Mellier, 1844, t. 2d, p. 456, note a/ : l’auteur, rabbin français du XIXe s. converti au catholicisme, y précise que « la racine נשק nachaq signifie proprement baiser, et par extension adorer, parce que le baiser chez les Orientaux est un signe d’adoration et de soumission ».
3 Bible (La Sainte) de Jérusalem, Paris, le Cerf, (1955) 1961, p. 655.
4 MESCHONNIC Henri (Pr), Gloires. Traduction des psaumes, Paris, DDB, 2001, p. 30. L’auteur (1932-2009) était linguiste et poète d’origine juive.
5 Talmud de Babylone (Bably), Pesachim, 6b.
6 NAHMANIDE Moïse (1194-1270), appelé aussi par acronyme le RAMBAN : rabbin rendu célèbre par la « Disputation de Barcelone » en 1263. Il dut émigrer en Palestine en 1267.
7 MANDELKERN Solomon, Concordantiæ Veteris Testamenti hebraicæ atque chaldaicæ, Tel Aviv, H. Schocken, 11e édit. corr. & aug., 1978, p. 240.
8Bible (La). Édition bilingue, traduction française sous la direction du grand rabbin Zadoc KAHN, Paris, Librairie Colbo, (1967) 2de édit. 1978, p. 991. Le rav Dynovisz dit indifféremment KAHN ou COHEN, « prêtre » en hébreu.
9 Zadoc KAHN fut nommé grand rabbin de France en 1889 par le Consistoire central israélite, institution créée en 1808 qu’il ne présida jamais.
10 DRACH, op. cit., t. Ier , p. 197-198.
11 LÉVY Véronique, Montre-moi ton visage, Paris, le Cerf, 2015. Voir aussi sur le site Gloria.tv, à « Levy », la vidéo où l’auteur témoigne de sa foi au Christ dans la Bibliothèque Médicis. Il émane de cette jeune femme si lumineuse, si gracile, à la voix si fluette, presque murmurée, une telle force spirituelle, capable de réduire à quia tous les temples de toutes les rues cadettes, de faire trembler toutes les bastilles, toutes les synagogues de toutes les places défaites, que le pauvre Jean-Pierre Elkabbach en est resté baba, mi-figue mi-raisin !
12 BELLAY Joachim du, Défense et illustration de la langue française, ch. VI.
13 KAPLAN Francis, La vérité et ses figures, coll. « Philosophie de l’esprit », Paris, Aubier Montaigne, 1977, p. 195.
14 RADAK : acronyme de Rabbi David KIM’HI, rabbin provençal (1160-1235).
15 LAUBY Jean-Pierre, frère des écoles chrétiennes, présente quelques Psaumes, notamment les 1 et 2, à lire sur le site : gitanseneglise.org.
16 Cf. cours du rav, intitulé « Pas de Foi sans Loi », du 1er janvier 2013.
17 Allusion au roman de Margaret MITCHELL, publié en 1936 et adapté au cinéma par Victor FLEMING en 1939, film très apprécié par le rav Dynovisz.
18 SETBON Jean-Marie Élie, De la kippa à la Croix. Conversion d’un Juif au catholicisme, Paris, Salvator, 2013, p. 184.
19 GIRARD Marc (RP.), Les Psaumes. Analyse structurelle et interprétation, coll. « Recherches, nouvelle série 2 », t. Ier : Ps 1-50, Paris, le Cerf, 1984, p. 13-28.
20 C’est moi qui souligne en gras, ici et plus loin.
21 Pas plus qu’on ne connaît les secrets des maîtres d’œuvre de la basilique de Vézelay, des cathédrales de Chartres, de Bourges… La Tradition ne révèle jamais tout ce qu’elle sait. Jésus est très sévère disant : « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs : ils pourraient bien les piétiner, puis se retourner contre vous pour vous déchirer » (Mt 7, 6).
22 Étymologie grecque : épi « sur » + génésis « création ». Toute action en vue d’une finalité est épigénétique. Il y apparaît (épi-genèse) des différences qui vont se différenciant au fur et à mesure.
23 Étymologie grecque : heuriskô « trouver ». Terme de didactique qui signifie l’art d’inventer, de faire des découvertes. Le Christ est la Clef de David qui ouvre : O Clavis David qui aperis, comme le chante la Grande Antienne au 20 décembre.
24 DYNOVISZ, cours du 21 octobre 2009, « Noah » 4e cours, à 30’ 08’’/56’ 36’’.
25 DYNOVISZ, cours du 4 octobre 2010, « Les fausses idéologies ».
26 GIRARD, op. cit., p. 58-66.
27 Abréviation pour Texte Massorétique : Texte hébreu biblique transmis par la massorah fixée au IXe siècle de notre ère grâce au travail des massorètes juifs.
28 En forme de chiasme, sur le modèle de la 22e lettre de l’alphabet grec : chi. PLATON, en son Timée 26 b-c, y discernait la forme inscrite invisiblement dans le cosmos par le Démiurge… IRÉNÉE DE LYON s’en souviendra.
29 DYNOVISZ, cours du 19 juin 2011 : « Le secret de l’Éclipse de lune du 16 juin 2011 », Révélations, à partir de 31’10’’/84’ 09’’.
30 CARMIGNAC Jean (abbé), Le Mirage de l’eschatologie. Royauté, Règne et Royaume de Dieu… sans eschatologie, Paris, Letouzey & Ané,1979, p. 65.
31 Le grec n’a qu’un mot : basiléia, quand l’hébreu en a trois : meloukâh « royauté », malkouth « règne » et mamlâkâh « royaume » ; sans oublier l’araméen : malkou « royaume » et malkoutha « royauté » ! Cf. CARMIGNAC, op. cit. p. 14-16.