Partager la publication "In memoriam : Marie-claire van Oosterwyck-Gastuche (1927-2016)"

« Dieu écrit droit en usant de lignes courbes »… Si certains étaient tentés de nier le rôle de la Providence dans le cheminement de nos vies, la figure de Marie-Claire van Oosterwyck suffirait à les détromper. Comment imaginer en effet, qu’une chimiste spécialisée dans la genèse des sols du Congo belge deviendrait cette pierre, laquelle, jetée sur sa base d’argile et de fer, ferait se désagréger l’imposante statue de la datation au radiocarbone du Linceul de Turin ?
Quinze années de recherches sur le terrain et en laboratoire, suivies de dizaines de publications savantes, avaient permis à Marie-Claire van Oosterwyck, en 1974, de soutenir ses thèses pour l’Agrégation de l’Enseignement supérieur, thèses innovantes qui remettaient en cause ce qu’on croyait savoir sur la genèse des argiles1. La géniale chimiste venait de démontrer (théoriquement et expérimentalement) que, dans certaines conditions hydrothermales précises, les silicates peuvent se former en quelques jours et à température ordinaire, alors qu’on imaginait (contre l’avis des agronomes, d’ailleurs) que les sols et les roches silicatés présupposaient ou bien des températures très élevées, ou bien des millions d’années pour cristalliser. Or Libby – l’inventeur de la méthode C14 – tout comme ses successeurs, avaient supposé que les sols dont étaient extraits les échantillons analysés, étaient des matériaux neutres, sans échanges physico-chimiques susceptibles de perturber la radio-datation.
De la genèse des sols, Marie-Claire van Oosterwyck, devenue Officier de l’Ordre de Léopold, allait être confrontée à leur datation, à la demande de son directeur au Musée royal de l’Afrique centrale, L. Cahen, que préoccupaient de nombreux résultats « aberrants » pour lesquels il cherchait une explication. Il ne fallut que quelques jours à la chimiste pour exposer ses conclusions démontrant la non-fiabilité des datations de sols par les radioéléments, y compris le radiocarbone, ce qui ne pouvait laisser indifférent un homme dont la notoriété internationale reposait sur des publications en géochronologie. Dès le lendemain, Marie-Claire se vit interdire l’accès à son laboratoire et, durant trois longues années, resta sans mission précise, jouissant d’un vaste bureau muni d‘une vue magnifique sur le parc de Tervuren. Sans l’avoir voulu, elle se retrouva aussi à l’étage où travaillaient les paléontologistes et, tout naturellement, s’intéressa à leurs travaux, à leurs méthodes de datation et se plongea dans la revue internationale Radiocarbon.
Vers la même époque, la rencontre d’un hébraïsant juif érudit la convainquit de l’historicité de la Genèse, en particulier du Déluge tel qu’il y est décrit. Ainsi purent s’unir dans son esprit les vérités de la science, le rôle de l’eau en particulier, et les vérités d’une religion qu’elle avait pratiquée depuis son enfance au Portugal, mais sans apercevoir dans toutes ses dimensions la pertinence universelle de la Bible. Dans une conférence donnée en Belgique en 1983, elle commença par déclarer : « Si on m’avait dit, il y a 10 ans, qu’en tant que scientifique, je m’intéresserais un jour au Déluge, j’en serais restée éberluée ! » S’ensuivit la publication d’un article sur « Le manque de fiabilité des datations par le radiocarbone2 », article signé par un certain Michael Winter, son statut de chercheur dans une institution officielle lui imposant alors ce pseudonyme prudent. De 1984 à 1988, elle se convainquit aussi de l’erreur évolutionniste, ayant compris d’expérience que la démarche de bien des scientifiques était biaisée par divers préjugés, leur incroyance n’en étant pas le moindre. « Il s’agit – écrira-t-elle en 1999 – d’un affrontement entre deux formes de Religion, dont celle du Progrès où l’homme a voulu se faire dieu et a pensé le prouver par le “processus d’émergence”, entendu comme la négation de l’acte créateur de Dieu dont parle la Genèse3. »
En octobre 1988, la presse internationale proclama triomphalement que le Linceul de Turin était un faux médiéval, ayant été daté entre 1260 et 1390 par le radiocarbone. Un chimiste parisien introduit dans les milieux des sindonologistes, André van Cauwenberghe, entendit alors parler des travaux de Marie-Claire van Oosterwyck. A priori confiant dans la méthode car il avait collaboré avec Jacques Évin, directeur du Laboratoire de Radiocarbone de l’université Claude Bernard à Lyon (par ailleurs administrateur de l’association Montre-nous Ton Visage), mais perturbé par ce résultat contraire à ce qu’il savait par ailleurs, André van Cauwenberghe provoqua une rencontre entre experts au Laboratoire de Lyon.
Le face-à-face entre Marie-Claire van Oosterwyck et Jacques Évin fut bref mais le convainquit d’autant plus facilement du caractère discutable du Carbone 14, que Jacques Évin dut reconnaître l’influence des eaux courantes sur l’âge radiocarbone des os et des coquillages, notre amie le renvoyant à une publication que lui-même avait faite sur ce sujet lors d’un colloque organisé par le CNRS à Nice, en 1976. En rentrant sur Paris, André van Cauwenberghe décida d’organiser une réunion de quelques scientifiques intéressés, laquelle deviendra le Symposium International sur le Linceul de Turin, à Paris, en septembre 1989, où le directeur du laboratoire d’Oxford s’excusa la veille par un telex, faisant lire sa communication par le Dr Tite, et où la communauté des sindonologistes comprendra que si une seule expertise ponctuelle s’oppose à vingt autres, c’est celle-là qu’il faut écarter ou tout au moins réexaminer. En 1990 était fondé le CIELT. Le Symposium organisé à Rome en 1993 écartera définitivement la menace que le radiocarbone faisait peser sur la relique. Outre sa communication personnelle, Marie-Claire van Oosterwyck, y avait contribué en suggérant au biochimiste Dimitri Kouznetsov son protocole expérimental, insistant sur l’effet de catalyse que l’argent du reliquaire, lors de l’incendie de Chambéry en 1532, avait provoqué lors de sa fusion. Les ostensions reprendront à Turin, devant des millions de pèlerins : l’opération médiatique de 1988 parut d’abord réussir, grâce à une datation prétendument « absolue », mais elle avait fait long feu. Le rôle joué ici par Marie-Claire van Oosterwyck ne peut être sous-estimé. Par la suite elle prendra la parole aux Symposiums de sindonologie de Turin (1998), Orvieto (2000), Dallas (2001 et 2005) et Rio de Janeiro (2002) où elle fut victime d’un grave accident en automobile.
La question chronologique est, à l’évidence, le point crucial par lequel, depuis 150 ans, une brèche mortelle a été ouverte dans la vision biblique du monde, la science ayant servi d’arme à l’incroyance pour déconsidérer cette « Histoire sainte » où communiaient l’histoire des civilisations antiques et l’histoire du Salut : du premier au second Adam. Or la nouvelle chronologie longue (en millions, voire en milliards d’années) repose sur deux piliers : la géologie et les radioéléments.
Avec les expériences de Guy Berthault, les découvertes de Marie-Claire van Oosterwyck constituent donc une réfutation décisive de la nouvelle vision (prétendument) scientifique du monde. C’est dire l’importance de ses travaux et la reconnaissance que nous lui devons tous. En 2009 encore, elle devait intervenir au Symposium critique sur l’Évolution organisé par l’Académie Gustav Siewerth, en Allemagne4.
Mais il est une autre relique par certains côtés plus précieuse peut-être que le Linceul : la Sainte Tunique, l’habit « inconsutile » (sans couture) tissé par la Mère Immaculée. Lorsque sévit là aussi le radiocarbone, c’est notre amie qui dut répliquer lors des colloques organisés par COSTA (Comité pour l’Ostension de la Sainte Tunique d’Argenteuil) à Argenteuil, en 20055 et 20116. Or, signe providentiel, c’est au cours de l’ostension de la Tunique (du 24 mars au 10 avril de cette année) que son Créateur mit fin aux jours terrestres de Marie-Claire van Oosterwyck, après un parcours jalonné d’épreuves diverses7, notamment les longues années passées à soigner son époux dans leur retraite du Comtat-Venaissin. Requiescat in pace.
Quelques témoignages significatifs :
« Une personnalité vive et engagée dont les combats scientifiques auront marqué tous ceux qui croisèrent sa route » (Marcel Alonso).
« Veuillez accepter l’expression de notre tristesse et de notre sympathie » (John et Rebecca Jackson).
« C’était une vraie scientifique prête à chercher dans les directions où de mauvais prétextes avaient permis l’installation de fausses logiques ou de mauvaises physiques évidentes, et ce fut un plaisir de travailler avec elle et de préciser ce que l’on savait ou pas, et pourquoi. J’ai gardé des liens avec elle plusieurs années, mais je n’ai pas pu faire reconnaître d’autres travaux d’elle qui auraient fait faire des progrès en chimie des processus avec des procédures de fabrication de pierres composites… » (Pierre Perrier)
« Je ne l’ai jamais rencontrée, mais quel privilège ce fut de la voir prendre part à notre projet de radio-datation d’os de dinosaures ! Nous avons besoin de plus de gens capables comme elle de mettre leur carrière en jeu pour la vérité. »
(Joe Taylor, Mt. Blanco Fossil Museum, Texas).
Outre ses livres et publications scientifiques, on pourra se reporter à divers articles donnés dans Le Cep :
« La datation des ères géologiques remises en question », Le Cep n° 1, p. 7-23, Le Cep n°2, p. 7-17, Le Cep n°3, p. 11-19.
« Le Skull 1 470. Rectification » (avec la collaboration de Jean de Poncharra), Le Cep n° 3, p. 20-25.
« La science et le message du Linceul », Le Cep n°16, p. 17-24.
« Le radiocarbone devant la Tunique d’Argenteuil », Le Cep n°50, p. 25-48.
« De quand datent les traces de pieds humains découvertes près de Mexico ? », Le Cep n° 57, p. 63-69.
« Le moulinet de la rivière Tellico et le Déluge », Le Cep n° 60, p. 21-56.
1 Se reporter à l’annexe V de son livre Le Radiocarbone face au Linceul de Turin, Paris, Éd. François-Xavier de Guibert, 1999.
2 Les Nouvelles du CESHE, février 1984. Cet article se trouve reproduit intégralement dans : Jean-Maurice CLERCQ & Dominique TASSOT, Le Linceul de Turin face au Carbone 14, Paris, O.E.I.L., déc. 1988, p. 27-32.
3 Le Radiocarbone face au Linceul de Turin, op. cit., p. 6.
4 Les Actes, en anglais, peuvent être obtenus auprès du secrétariat du CEP : Albrecht Graf von BRANDESTEIN-ZEPPELIN & Alma von STOCKHAUSEN (dir.), Evolution Theory and the Sciences : a critical examination, 25€.
5 « La datation radiocarbone la plus instructive du point de vue scientifique : celle de la Sainte Tunique d’Argenteuil », in La Sainte Tunique d’Argenteuil face à la Science. Actes du colloque du 12 novembre 2005, COSTA, Paris, F.-X. de Guibert, 2007, p. 115-174, 20€ (à commander à UNEC, BP 70 114, 95 210 Saint-Gratien, franco).
6 « Qu’en est-il de la datation C14 du Linceul de Turin 20 ans après ? », in Actes du colloque La Sainte Tunique et les autres Reliques du Christ, du 9 avril 2011 à Argenteuil, COSTA (UNEC), 2012, p. 219-234, 20€ (à commander à UNEC, BP 70114, 95 210 Saint-Gratien, franco).
7 Les universitaires mesureront ce que peut représenter, pour un chercheur, la fermeture de son laboratoire et donc l’impossibilité de toute nouvelle publication ; et ce, au moment où notre amie venait de « percer ».