Accueil » Moines et Dragons – Un conte moral et paléontologique du 3ème siècle

Par Raymond De Trémolière1

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Résumé : Cet article restitue une histoire de dragons extraite des lettres d’Ammonas, successeur de Saint Antoine, au IVème siècle, et postérieurement évêque en Égypte. Contrairement à d’autres histoires de dragons, celle-ci présente un caractère de vérité peu habituel qui milite étrangement pour une survivance d’animaux que d’aucuns pourraient être tentés d’associer à la catégorie des dinosaures. Cette question nous conduira à étudier la vraisemblance d’une telle hypothèse par rapport à des découvertes paléontologiques récentes en Égypte. Outre cette question on verra qu’il s’agit là d’une belle histoire morale pour tous publics.

Mots clés : Moines, Dragons, Dinosaures, Égypte, Ammonas, saint Antoine.

1. INTRODUCTION

Ces derniers temps on a pu observer un phénomène d’engouement croissant pour les dragons et les dinosaures où, sans remettre en cause forcément une ancienneté soutenue par certains, de plus en plus de traces historiques ou archéologiques semblent militer pour une survivance d’êtres fantastiques que l’homme aurait connus. Bien sûr la part des légendes ne peut être ignorée, et il en va d’ailleurs de même pour toutes les histoires. Mais entre la négation pure et simple et la formulation d’hypothèses conduisant à de possibles découvertes scientifiques, nous préférons la deuxième attitude.

Dans cette voie, suite à des recherches que nous avons conduites au Moyen-Orient, nous révélons une vieille et surprenante histoire que nous n’avons jamais vu citée dans les ouvrages ni dans les sites internet consacrés aux dragons. On verra que cette histoire atteste de l’existence de dragons jusqu’à la période du IIIème siècle de notre ère. Nous en profiterons pour creuser le sujet, tant sur la véracité de cette histoire que sur le type d’animaux dont il peut s’agir.

Il faut dire de prime abord que des témoignages sur la survivance d’animaux que l’on dit avoir disparu à l’époque secondaire sont de plus en plus nombreux et attestés par de plus en plus de scientifiques.

Tarascosaure (Provence), Musée d’Esperaza

Tarascosaure (Provence), Musée d’Esperaza

Au point de vue du légendaire chrétien ou biblique, on peut rappeler ici l’histoire de la Tarasque en Avignon, celle des ‘ptérodactyles’ de la grotte de la Madeleine près de Saint Maximin en Provence, du Dragon de Saint Georges très présente au Liban et au Moyen Orient et dont il est probable que la Vouivre de Franche Comté était voisine, évidemment de Saint Michel et de Lucifer personnifié par un dragon, du Béhémoth (animal terrestre) et du Léviathan (animal marin) de la Bible, du serpent d’Adam et d’Eve, de la descendance d’Eve devant écraser l’origine du mal en la tête du serpent. On ne peut pas non plus ignorer tant de légendes chez tous les peuples de la terre depuis la plus haute antiquité. Pour la période moderne, il nous plait de faire allusion aux dragons Fafner et Fasolt de Wagner, gardiens des trésors, et récemment pour les enfants l’histoire du dragon du lac de feu dont Walt Disney a fait un film dont plusieurs répliques sont en bas latin, époque où l’on apaisait la fureur des dragons en leur sacrifiant des jeunes filles tirées au sort ! C’est d’ailleurs en creusant l’histoire de Saint Georges que nous avons trouvé l’histoire reprise ici.

Ici nous nous contenterons de restituer une histoire que l’on peut dater des 3- 4ème siècles et que l’on attribue à Ammonas, -son nom en grec-, ou à Ammoun, -son nom en syriaque ou copte-, disciple de Saint Antoine (1). L’histoire que nous reprenons ici fut traduite sur des textes grecs par NAU (1911), ancien Professeur à l’Institut Catholique de Paris, et publiée dans la Patrologia Orientalis. Cet auteur a complété des textes syriaques traduits en latin par le russe KMOSKO (1910) en éditant des textes d’Ammonas en Grec et d’autres encore moins connus en syriaque. C’est de là que nous tirons le texte ci-après.

2. Le MOINE, les DRAGONS et les VOLEURS

Voici le texte attribué à Ammonas, rédigé probablement vers les 6ème-7ème siècles :

Histoire des Frères qui guidaient ces bienheureux

(Rufus et ses compagnons)

1. Comme nous marchions dans le désert au moment de midi (2), nous vîmes tout à coup une trace d’un grand dragon, comme si une poutre avait été traînée sur le sable, et une grande crainte nous saisit. Or les frères qui nous guidaient nous exhortaient à ne pas craindre, mais plutôt à prendre courage et à suivre la trace de ce dragon. Ils nous disaient :

«Vous voyez notre foi, et vous verrez en réalité comment nous tuons ce dragon ; car soyez certains que nous avons tué de nos mains beaucoup de dragons, d’aspics et de cérastes (vipère à cornes) parce que nous avons confiance dans le Seigneur et que, chez nous, s’accomplit la parole de Notre Seigneur », disant :

« Voici que je vous donne le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions et toute la puissance de l’adversaire.» (Luc, X, 19.)

2. Nous donc, parce que nous étions incrédules et saisis d’une grande crainte, nous les conjurions de ne pas suivre la trace de ce dragon, mais de suivre le droit chemin. L’un de ces frères, dans l’ardeur de sa bonne volonté, nous laissa où nous étions et courut dans la solitude à la recherche de ce dragon, puis, lorsqu’il l’eut trouvé, parce qu’il n’était pas très éloigné, il cria à (haute) voix et il nous dit : 

« Le dragon est ici dans la caverne » et il nous appelait pour voir ce qu’il faisait. Les autres frères nous sollicitaient à aller sans crainte avec eux.

3. Comme nous allions voir le dragon, un solitaire survint qui nous prit la main, et il nous conjurait d’aller à son monastère, et il nous disait :

«Vous ne pourrez pas résister à la sortie impétueuse de ce dragon, surtout parce que jusqu’ici, vous n’en avez pas vu comme lui », car il disait : 

«J’ai vu souvent qu’il était très fort et qu’il a plus de quinze coudées

4. Après nous avoir ordonné d’attendre en cet endroit, il alla vers ce frère, et il le conjurait de s’éloigner de l’ouverture de cette caverne, car il ne voulait pas quitter ce lieu avant d’avoir tué le dragon ; (enfin) il le persuada et il ramena près de nous le bienheureux (l’audacieux) qui nous reprochait beaucoup notre peu de foi lorsqu’il nous eut rejoint.

5. Le bienheureux (le solitaire) nous emmena et il nous fit entrer dans sa demeure qui était éloignée de près d’un mille et nous nous reposâmes de notre fatigue et nous nous réconfortâmes.

Le solitaire nous raconta qu’en cet endroit avait habité avant lui un (autre) solitaire, homme saint, nommé Ammonis (ou ‘Ammoun’) (3), son précepteur, qui opérait de nombreux prodiges en ce lieu.

6. Souvent en effet des voleurs étaient venus qui avaient pris son pain et sa nourriture. Comme il (en) était très incommodé, il alla certain jour au désert et en ramena avec lui deux grands dragons auxquels il commanda de demeurer en cet endroit et d’en garder la porte. (Lorsque) les voleurs vinrent selon leur habitude et virent ce prodige, ils furent saisis d’un grand étonnement et d’une grande frayeur et, – de la crainte qu’ils éprouvaient -, ils tombèrent la face contre terre.

7. Lorsque le bienheureux (l’ancien solitaire : le précepteur Ammonis-Ammoun) sortit, il les trouva gisant à terre et il ne leur restait plus qu’un faible souffle de vie. Il les releva et leur fit des reproches en disant :

«Vous êtes beaucoup plus cruels que les animaux, car ceux-ci, à cause de Dieu, obéissent à notre volonté, tandis que vous, vous ne craignez pas Dieu et vous n’avez aucun respect pour les hommes ».

Il les fit entrer dans la cellule et leur prépara la table, et il les exhortait à changer leur volonté mauvaise. Ceux-là abandonnèrent aussitôt leurs mauvaises actions, et ils parurent meilleurs que beaucoup d’hommes, car au bout de peu de temps, dans (leur) foi, ils faisaient même des prodiges par la vertu de Notre Seigneur.

8. Un autre dragon encore dévastait tout le pays voisin de ce bienheureux (Ammoun) ; il tuait et faisait périr beaucoup de bétail et d’animaux. Tous les habitants du désert vinrent ensemble près d’Ammoun et ils lui demandaient d’extirper ce dragon du pays. Mais lui, qui refusait de le faire comme s’il ne pouvait pas les aider, renvoyait donc ces hommes de près de lui dans une grande tristesse.

9. Le jour suivant, dès le matin, il se mit seul en route, il se plaça sur le chemin du dragon, tomba à genoux et pria Dieu. Quand il l’eut fait trois fois, le dragon apparut subitement et s’avança vers lui avec grande impétuosité, tandis qu’une haleine redoutable sortait de sa bouche, qu’il se gonflait, qu’il sifflait et qu’il émettait une mauvaise puanteur. Saint Ammônis ne fut ni ému, ni effrayé, mais il se retourna et il dit au dragon :

«Que le Christ, fils du Dieu vivant, te donne la mort, Lui qui doit tuer le Léviathan. »

10. Quand il eut dit cela, le dragon creva sur-le-champ, et il rendait tout son venin avec son sang. Quelques jours après, les paysans vinrent et virent le dragon, et ils s’étonnèrent du prodige que le bienheureux avait opéré à son occasion ; comme ils ne pouvaient supporter sa mauvaise puanteur, ils jetaient beaucoup de sable sur lui ; le saint demeurait près d’eux, car ils n’osaient pas sans lui s’approcher du corps de ce dragon.

11. Une fois, tandis que ce dragon vivait encore,  un enfant qui paissait des brebis, le vit de loin et trembla, le souffle lui manqua et il tomba et mourut dans le désert. Il resta gisant tout le jour et, vers le soir, des hommes le trouvèrent inanimé à terre et le conduisirent au bienheureux, sans connaître la cause de ce qui était arrivé. Alors le saint se mit en prière et l’oignit d’huile ; et l’enfant se leva et il raconta ce qu’il avait vu. C’est pour cela que ce bienheureux fut touché de compassion et qu’il alla tuer le dragon ; et tous ceux qui virent ou entendirent louèrent Dieu.

Fin de ce qui concerne les bienheureux solitaires du désert.

3. Les DRAGONS d’AMMONAS sont-ils des DINOSAURES ?

La survivance des dinosaures jusqu’à l’époque quaternaire est une question anachronique. En effet la théorie officielle d’une extinction générale de ces espèces il y a 65 millions d’années, à la fin du secondaire, est devenue un dogme officiel. Autant dire que l’évocation de tels animaux ayant pu cohabiter avec les humains ne peut être que le fait d’esprits aventureux ! Quand on confond évidence avec matraquage médiatique ou scientifique il est clair qu’on en arrive là. Pourtant les indices ne sont plus négligeables et bien des recherches récentes conduisent à des résultats trop étonnants pour continuer à vouloir dénier tout sérieux à ceux qui s’interrogent sur les unités de temps adoptées en géologie. D’ailleurs, les tenants même des visions longues se remettent en question. C’est ainsi qu’au colloque de la fondation des Treilles, à Tourtour (Var) (cf. La Provence, 23 mars 2004, p.18) et rassemblant des chimistes, géologues et astrophysiciens venus d’une dizaine de pays, les chercheurs Frances Westall, organisatrice du colloque, et André Brack, tous deux du CNRS ont pu dire : ‘Tout le monde pensait depuis des années que les traces de vie les plus anciennes avaient 3.8 milliards d’années… Désormais, les roches les plus vieilles sur lesquelles tout le monde s’accorde à trouver des traces de vie de manière incontestables, (il s’agit des roches d’Isua au Groënland), n’ont plus que 2.5 milliards d’années.

Pour les dinosaures ‘récents’ on pourra consulter les articles publiés dans le CEP, ceux de COOPER (1992) sur les dragons anglo-saxons, COOPER (2002), avec l’histoire danoise du dragon ‘Grendel’ tué par Beowulf en 515, puis HEUVELMANS (1978) et GIBBONS (2003) avec le dragon-dinosaure africain Mokélé-mbembé d’une dizaine de mètres qui survivrait encore de nos jours, ou encore ceux de SWIFT (2004) sur les dinosaures mexicains, etc. Voir aussi Van OOSTERWYCK (1994), ou, pour les sceptiques, BLANTON (1999).

Pour ce qui nous concerne nous allons procéder à une analyse interne et externe, pour étudier quel est le degré de véracité que peut présenter l’histoire d’Ammonas.

Analyse interne

Le document présente plusieurs particularités :

-d’abord la trace laissée dans le sable, celle d’une poutre, donc rectiligne, et d’une largeur inhabituelle; ce genre de détail ne s’invente pas.

-puis la taille de l’animal, de près de 8 mètres de long (si la longueur de ‘15 coudées’ est estimée coudée royale). Nous ne connaissons pas d’animal aussi grand au quaternaire, ni non plus au tertiaire, où, si plusieurs très grands animaux comme des crocodiles ou d’éventuels varans, ont existé, à notre avis aucun n’aurait laissé de trace non sinueuse en forme de poutre; notons en passant que la question se pose de la représentation de dragons avec ‘queue’ du temps des pharaons, sauf peut être le dieu crocodile, dont celui du tertiaire était très grand, et dont l’un des ‘voisins’ du secondaire est le dimétrodon, cependant ‘trop court’ avec ses 3 mètres de long…

-ensuite, bien que terrifiants, ces animaux se laissent dompter, ce qui confirme le pouvoir de l’homme sur la quasi totalité des animaux.

-enfin, les hommes y apparaissent plus cruels et mal intentionnés que les animaux, ce qu’on n’aurait guère cru d’une histoire de dragons. Cependant l’homme y est montré capable de repentir et de raison.

La deuxième histoire qui suit n’est pas non plus dénuée d’intérêt :

-les dragons sont ici carnivores.

-ils sont connus de toute la population qui en a peur (comme dans d’autres histoires comme celle de la Tarasque ou du Dragon de saint Georges).

le dragon de la seconde histoire a une haleine ‘redoutable’ et il dégage une mauvaise puanteur; cette caractéristique, dont nous ne cessons de dire depuis longtemps qu’elle a donné naissance à la légende des dragons cracheurs de feu, se trouve ici confirmée. De plus pour que les légendes habituelles fassent état de ‘feu’, cela ne peut venir que d’animaux à sang chaud. Il importe alors d’évoquer ici le livre fondamental de BAKKER (1986) qui démontre que les dinosaures étaient des animaux à sang chaud, contrairement aux lézards ou aux crocodiles. Nous ne pouvons détailler ici tous les arguments probants de cet auteur que nous invitons à lire et dont il est regrettable qu’il n’ait pas été traduit en français.

La troisième histoire relate un miracle, sinon une habileté naturelle ou apprise d’Ammonas de ramener à la conscience quelqu’un qui se serait évanoui et tout le monde sait que la peur peut conduire à tomber en catalepsie. Le fait que le garçon gardait des brebis explique aussi la venue du dragon affamé. Précisons qu’il existe des huiles essentielles qui font recouvrer ses esprits.

Les textes présentés ici n’ont donc strictement rien de fantastique.

Analyse externe

Face à un texte aussi étonnant on ne saurait éviter de chercher s’il peut y avoir une relation avec une présence éventuelle de dinosaures dans les temps anciens. Disons d’abord que les ermites des premiers siècles étaient surtout disséminés au Proche-Orient et en Egypte. Ceci nous a amené à savoir où, dans ces régions, on avait pu mettre à jour des traces de dinosaures. Pour cela nous partirons du nord et descendrons vers le sud.

La première chose qui vient à l’esprit est le grand nombre de représentations archéologiques en Arménie puis en Turquie où un dragon désolait la province de Libye nommée Silène. A l’est, on peut citer les représentations de dragons dans l’art Kurde médiéval.

Plus à l’est encore citons la célèbre fresque du roi entouré de 2 dragons sur la porte des talismans à Bagdad, puis le dragon ‘surush’ découvert par Robert Koldewey dans le portail d’Ishtar des ruines de Babylone en 1902 ; puis les descriptions du livre apocryphe ‘Bel et le dragon’. Incidemment, on trouve cette description qui parle du béhémoth : ’un corps mince couvert d’écailles, une longue et mince queue écailleuse, et un long cou mince et écailleux terminé par une tête de serpent’.

Plus bas, la Syrie possède aussi des traces archéologiques, mais surtout, tout récemment le géologue Fouad Al-Azki y a mis au jour (circ.2001) un dinosaure qu’il a proposé de baptiser le Syrosaurus de la famille des Tyrannosauridés alors qu’il ne semblait pas qu’on puisse en trouver là-bas.

Au Liban on peut évoquer le sceau de Sidon de l’époque hellénistique représentant des bateaux en forme de dragons un peu comme ceux de la porte d’Ishtar (cf. marine.antique.free.fr et Musée de Haifa) ou des Vikings. On ne saurait oublier non plus Saint Georges et son dragon très connu au Liban et dans tout le Proche Orient.

En descendant encore, on apprend que tout récemment, en 2000, une découverte fut faite dans le désert de Jordanie près des mines de phosphate de Hisa, dans la zone de Jibal Ghuzayma à mi-chemin entre Bayer et Jafr. Les os dégagés ont permis de conclure aux restes d’un sauropode daté du Crétacé supérieur (65 millions d’années). Les fragments de squelette ont permis d’estimer la longueur de l’animal à 12-14 mètres (cf. KHAMMASH (2004)). Les auteurs ont proposé de l’appeler ‘Jordanosaur’ or ‘Arabiasaur’ bien qu’ils n’en aient trouvé que quelques fragments et juste en-dessous de la ligne d’extinction de masse dite du météorite du golfe du Mexique.

En revenant à l’est, il faut mentionner la découverte de Mordichai SOFER (1967) à Beit Zait de traces de dinosaures, à quelques kilomètres de Jérusalem, dans les collines de la Judée. Le géologue Moshe AVRIMELECH qui visita ce site découvrit une rangée de traces, s’étendant sur quelques 10 mètres et estimées au crétacé vers 100 millions d’années.

Une investigation plus précise nous fit nous reporter vers l’Egypte où l’on sait que de nombreux moines ermites y résidaient au 3ème siècle, du temps de Saint Antoine. Et Ammonas, était l’un des ses disciples. C’est dans un désert montagneux, entre Nil et mer Rouge, que se trouve en effet le monastère de Saint Antoine (où non loin la montagne de el-Galala el-Qibliya culmine à 1425m) et de nombreux moines ermites devaient résider aux alentours. L’histoire peut être aussi située de l’autre côté en symétrie par rapport au Nil. Une lecture beaucoup plus attentive conduit aussi à se reporter beaucoup plus au sud dans la Thébaïde, où l’on peut trouver à droite du Nil, le monastère ‘coptos’, avec, à l’est, le Djebel el Sibai, et à gauche près de la vallée des rois, le monastère de Thèbes. Il peut aussi se faire que l’histoire d’Ammonas se situe entre Thèbes et mer Rouge, ou bien symétriquement, par rapport au Nil, et dans les deux cas probablement sur des sites montagneux (grande oasis de Khargueh, ou sur la montagne qui sépare cette oasis de celle de Dakkeh). Ces indications peuvent se déduire à la lecture des textes voisins. De belles cartes sont données dans GEO (n°50, avril 1983, n°129, novembre 1989, n°226, décembre 1997). Quelle qu’en soit la localisation exacte, on peut découvrir l’existence récente du tout nouveau site de l’oasis Bahariya, dit aussi celui de la vallée des momies d’or à environ 200 miles au sud-ouest du Caire. Remis à jour par l’américain Joshua SMITH en janvier 2001, ce site avait été découvert par l’allemand Ernst STROMER, dont la collection fut détruite par un bombardement allié en 1944 (cf. DON VERGANO (2001), ROACH (2001), NORTHDURFT (2002)). Le site, appelé le ‘paradis des dinosaures’, a permis la découverte du deuxième plus grand dinosaure du monde, le Paralytitan Stromeri de 20 à 30 mètres de long (80 to 100 feet long), pesant 70 tonnes environ. Ce Dinosaure ressemble au Jordanosaure mais en beaucoup plus grand. Près du Paralytitan, Smith a mis au jour une dent d’un dinosaure carnivore. Sans y attribuer trop de crédit, nous pensons que ce pourrait-être un spinausaure ou un Abélisaure cousin méditerranéen des tyranosaures et dont un représentant est le ‘Tarascosaure’ (4).

Pour une représentation voir CHEYLAN (1994) où un animal à deux pattes dévore un petit Titanosaure. Bien que très poétique, le ‘Tarascosaure’ a plutôt un nom d’emprunt, car les traditions sur la tarasque font apparaître un animal différent. On peut préciser que le plus grand des dinosaures trouvés à ce jour est l’Argentinosaure, cousin du Paralytitanosaure, dont une vertèbre est aussi grande qu’une Volkswagen (cf. BOYLE (2001) et (5) pour la paléontologie).

On peut aussi se demander s’il n’y aurait pas dans l’iconographie égyptienne de traces de dragons. A première vue cela ne devait pas faire partie des traditions pharaoniques., généralement toutes de sérénité et de beauté, (mise à part les commémorations de guerre). Nous avons cependant pu trouver dans DAUMAS (1971) (photo 18 ci-après), une plaque en schiste semble-t-il très ancienne que nous reproduisons ici.

Plaque de schiste égyptienne. (cf. Daumas 1971)

Plaque de schiste égyptienne. (cf. Daumas (1971), photo 18)

On y verra un étrange animal. Bien que celui-ci n’ait pas de longue queue, il est étonnant de lui voir un si long cou portant des sortes de stries ou d’écailles et opposé à un lion surmonté d’un ibis, oiseau de l’immortalité… Il ne s’agit certainement pas d’un ‘lion à long cou’ comme a pu le penser le grand égyptologue. Il s’agit d’un dragon qui présente de surprenantes ressemblances avec les dragons sirrushs de la porte d’Ishtar de Babylone.

Ces dragons sont aussi associés à des lions comme sur la plaque découverte en Egypte. Cela ne fait que renforcer l’idée d’animaux fantastiques ayant pu coexister avec des humains.

Pour ceux qui auraient encore des doutes nous donnons un motif tiré de MOORTGAT (1969), (plate 292) avec à droite un Apatasaure. Ce motif, trouvé sur un sceau cylindrique Mésopotamien est attribué à un artiste égyptien et ‘daté’ de ‘3300’ ans av. JC. On remarquera la similitude des têtes.

Dinosaures égyptiens à comparer à un Apatasaure

Dinosaures égyptiens à comparer à un Apatasaure

(de genesispark.com)

‘One has to ask where the artist got the model to draw so convincingly the trunk of a saurapod?’

Il existe d’autres palettes votives de Hierakonpolis dites palettes de Narmer, les premières trouvées en Haute Egypte par l’anglais J.E.Quibelle vers 1892. Voir reproductions dans MOORTGAT (1969) ou National Geographic Magazine (janvier 2003).

Voir aussi ROHL (1998), p.375, qui consacre deux pages à l’une des palettes de Narmer (celle de gauche sur la reproduction ci-dessous), où l’on voit distinctement deux personnages qui tiennent en laisse deux ‘dinosaures’.

Palettes de Narmer ( Haute Egypte)

époque prédynast-ique de l’ancienne Egypte, soit environ 3300 ans av. J.C.

Palettes de Narmer ( Haute Egypte)

Palettes de Narmer ( Haute Egypte)

4. CONCLUSION

Dans ce travail nous avons restitué un conte moral. Parallèlement, son intérêt est de poser la question du fondement de vérité qui peut s’y trouver. Nous avons mis en lumière plusieurs arguments qui militent pour une histoire non légendaire et qui laisse encore de nombreuses questions ouvertes.

Cette histoire n’est pas la seule de ce genre et de nombreuses autres méritent encore d’être approfondies ou même restituées. Nous espérons que les scientifiques, les paléontologues et les historiens seront plus attentifs à l’avenir à ce type d’information et aux questions qu’elles posent. La science ne peut indéfiniment porter des œillères.

Notes

(1)-Saint Antoine est connu pour sa vie d’ermite qu’il commença à Camona en Haute Egypte près de la mer Rouge. Il vécut de 250 à 356, fut ermite de la Thébaïde en Egypte, et est considéré comme le père du monachisme chrétien. Retiré dans le désert, il lutta contre les tentations et est considéré comme un exemple de détachement des choses humaines. (Flaubert en 1874 en fit un roman célèbre). Evidemment il ne fut certainement pas le premier ermite. Il n’y a donc aucune raison de le considérer comme le héros de cette histoire. Nous pensons qu’il est plus vraisemblable que cela soit le fait d’un autre moine, peut-être le père spirituel de Saint Antoine.

Sous Dioclétien des persécutions terribles furent menées contre les chrétiens et en particulier contre les moines. En Thébaïde seulement (désert proche de la ville de Thèbes, capitale  de la Haute-Egypte), aux dires de D’ALZON (1900) on compta 44000 martyrs.

C’est dans le désert que saint Antoine rencontra un vieil ermite près duquel il résida et dont il imita le genre de vie. Les moines partageaient leur temps entre le travail manuel, l’oraison, et l’étude de l’Ecriture Sainte. Saint Antoine ne mangeait qu’une fois par jour, après le coucher du soleil, du pain, du sel, et un peu d’eau. Souvent il passait 2 à 3 jours sans manger. Il construisit de nombreux monastères en Egypte et plus au nord, par exemple celui de Qozhaya au Liban lui est attribué. C’est là qu’au XVème siècle fut installé la première imprimerie avec caractères arabes au monde, pas à la Mecque. Pas ailleurs. L’empereur Constantin lui écrivit pour lui demander des prières et d’utiles conseils. Saint Athanase dont il a été question dans le numéro 31 du Cep, lui demanda de venir l’aider à combattre les hérétiques et les Ariens et à confirmer les chrétiens dans la foi… Notre ermite fit de très nombreux miracles, guérit un nombre incalculable de malades, fit jaillir des sources miraculeuses, dompta des animaux féroces. Il avait le don de discerner les consciences et l’état des âmes dans l’autre vie. Il vécut 105 ans et légua une partie de ses vêtements à saint Athanase.

L’histoire de sa vie a été décrite par saint Athanase. Il n’est pas impossible que le dompteur de Dragon de cette histoire fut le vieillard tuteur de saint Antoine, ce dernier étant justement le moine auquel les autres moines, dont Ammonas, venaient rendre visite, et que le guide du groupe fut Rufus. Saint Antoine est aussi le protecteur des animaux domestiques.

(2) ‘dans le désert du midi’ d’après Prenschen, p.193, ou ‘le désert d’Arabie’; Ad partem deserti contra Meridianum, Rufin, P.L., t.XXI, col.420.

(3) Ammon nomine, pour Rufin, P.L., t.XXI, col.421. CetAmmonis’ peut ne pas être celui auquel est attribuée l’histoire. Ce nom était très fréquent en Egypte.

(4) Le ‘Tarascosaure’ découvert dans la région du Var par Jean Le Loeuff (Directeur du Musée des Dinosaures d’Esperaza) et Eric Buffetaut, n’est en fait connu que par un fragment de mâchoire (Fox Amphoux), quelques dents et un fémur (Beausset) (cf. museum-aix-en-provence.org et

/dinonews.net/index/fiches.php?lettre=t). Après investigation, le Muséum d’Aix nous a confirmé que ce dinosaure avait une longueur estimée de 10 mètres. Les moines n’ont donc pas exagéré leurs 7.5 mètres. Citons aussi une histoire allégorique copte du moine Tadrus El-Meshreby, né en l’an 275 qui aurait vu un dragon énorme sous une échelle au sommet de laquelle était le Seigneur… Et aussi l’histoire du roi Cadmus tueur d’un dragon gardien d’une source sur l’emplacement de la ville grecque de Thèbes, qu’il fonda, pourrait être une transposition à partir de la Thèbes égyptienne, a priori plus ancienne. Il y avait aussi un dragon à l’emplacement futur de Rome.

(5) Pour livre de base sur l’évolution on peut conseiller ARAMBOURG et al. (1950) où se trouve défendue la théorie Darwinienne de l’orthogenèse dont l’exemple type est l’évolution apparente du cheval, depuis l’eohippus de la taille d’un chien avec des pieds à trois doigts jusqu’au cheval actuel, l’equus à un seul doigt. Ceci a été critiqué par de nombreux auteurs comme GISH (1985).

Mais nous ne prônons ici ni une théorie ni une autre, seulement une théorie des unités temporelles géologiques courtes, et non linéaires, à l’opposé des théories fantasmagoriques de Lyell. A ce sujet voir les impressionnantes démonstrations de HUMPHREYS (2005) ou de PERREAULT (2004), ou encore les intrigantes découvertes de tissus non fossilisés de WIELAND (2005).

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Remerciements : Nous remercions le P. Joseph M. de nous avoir permis de disposer de documents rares, de même le grand avocat Fenianos de Sarba, spécialiste de l’histoire de Jounieh, descendant d’une lointaine aïeule, la demoiselle Serba que le dragon voulut tuer et qui aurait été délivrée par saint Georges (la reine de Saba, était aussi fille d’un roi Ethiopien tueur de dragon). Et aussi nos amis Iskander B’Chairi et le P. Abdo, spécialistes de langues anciennes et du syriaque. Merci aussi à M. Le Loeuff, directeur du musée des dinosaures d’Espéraza, pour nous avoir permis de reproduire son Tarascosaure. Nous étonnant auprès de lui des différences de représentations du Tarascosaure, il nous précisait que les reconstitutions de dinosaures devaient plus à l’imagination des artistes qu’à la réalité.

5. REFERENCES

ARAMBOURG, G.C., CUENOT, L., GRASSE, P.P., HALDANE, T.B.S., PIVETEAU, J., SIMPSON, G.C., STENSIO, E.A., TEILHARD de CHARDIN, P., VALLOIS, H.V., VIRET, J., WATSON, D.M.S (1950). Paléontologie et transformisme. Albin Michel.

BADWI, Abdo, BADAOUI, Abdallah, NEHMEH, Tannous (2005) Le Syriaque pour tout le monde. Université Kaslik.

BAKKER, Robert (1987) The dinosaur heresis : a revolutionary view of dinosaurs. Longman Scientific and Technical, Longman Group UK ltd.

BLANTON, J. (1999) The Acambaros Dinosaurs. The Newsletter of the North Texas Skeptics, v.13, n.10.

BOYLE, Alan(2001) Bringing the biggest dinosaur to life. Cf. /msnbc.msn.com/id/3077288.

CHEYLAN, G. (1994) Dinosaures en Provence. Edisud, Mus. d’Hist. Nat. d’Aix en Pce, 24-25.

COOPER, B. (1992) The Early History of man. Living Dinosaurs from Anglo-Saxon and other early records. CEN Tech. J., v.6, n.1, 49-66 , et Sc. et Foi, n.27.

COOPER, B. (2001) Les dinosaures dans les chroniques anglo-saxonnes. CEP, n°20,21-34 et n°21,23-38.

D’ALZON, E. (1900)) Vie des Saints. Bonne Presse, 1er des 4 tomes.

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.aol.bartleby.com/108/18/30.html#29 : dragons et bible.

.boydlake.com/dinos/titano_cover.htm: site où l’on peut voir la reconstitution du Paralytitan, le titan du littoral, par Tom Granberg.

/dinonews.net/index/fiches.php?lettre=t : site très complet sur les différentes sortes de dinosaures. A la lettre T on trouve le ‘Tarascosaure’ originaire du Var et estimé à quelque 10 mètres de long.

/creationists.org/dinosaurs.html : parle du Béhémoth de Job 40, 19-74 ; en 17 on peut y lire ‘He moveth his tail like a cedar’ :’ il bougeait une queue comme un cèdre’.

.cryptozoology.com/forum : où l’on peut lire que le dragon d’Ishtar serait un dinosaure.

.dinodata.net/Newdesuk.htm : fichiers des nouvelles découvertes de dinosaures.

.genesispark.com/genpark/ancient/ancient.htm: nombreuses reproductions de dragons.

.geocities.com/phkerourio/: tout sur les dinosaures des environs d’Aix en Provence.

.ifao.egnet.net: carte de l’Egypte et des ermitages.

/msnbc.msn.com/id/3077288: sites sur l’Argentinosaure: la vertèbre grande comme une volkswagen, seulement 5% seulement du squelette a été extrait du sol.

.museum-aix-en-provence.org/fiche_tarascosaure_dinosaure.htm :  tarascosaure

.pellamuseum.org/Pella_Museum/Vertebrate/jibal_ghuzayma.htm: dinosaure, Jordanie

.usatoday.com/news/science/dinos/2001-05-31-dinosaur-egypt.htm : titanosaure, Egypte

1 Dr ès Sciences

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