Partager la publication "Réflexions sur L’évolution en 100 questions-réponses"
Par Saint-Remy (gaudin De), Régis (abbé)
Résumé : L’évolutionnisme est un idéalisme dialectique qui a pour arme redoutable une thèse imaginaire : celle d’une évolution de l’univers, de la terre, des animaux et de l’homme. Utilisant cette thèse comme principe d’autorité, il influence tous les domaines – psychologiquement, scientifiquement, culturellement, politiquement, philosophiquement et religieusement –, apparaissant comme la vérité suprême. Bien qu’il ne puisse être établi, et donc validé, en particulier face aux lois de la génétique11, cet évolutionnisme continue son œuvre de propagande depuis presque trois siècles (il est apparu aux Lumières), favorisé par l’imprimerie puis par les médias, afin de détruire toute vérité objective révélée par le christianisme et la vraie science, puis pour imposer une nouvelle vision du monde purement païenne. Cette analyse ressort de L’Évolution en 100 questions-réponses, le dernier ouvrage de Dominique Tassot. Parti de la simple observation des fossiles, l’auteur nous entraîne de façon très pédagogique à l’exploration de chaque domaine où l’évolution et l’évolutionnisme se manifestent, c’est-à-dire presque partout…
« Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine,
mais suivant leurs désirs ils se donneront des maîtres à foison,
et l’oreille les démangeant, ils se détourneront
de la vérité pour se tourner vers les fables » (2 Timothée 4, 3).
Une synthèse accessible sans précédent
La démarche de l’auteur nous est expliquée par sa confession au début de l’ouvrage : jadis évolutionniste lui-même, il se place sur ce terrain pour en démonter une à une les erreurs et les contradictions, et elles sont nombreuses ! La démarche, progressive et pédagogique, part des faits observés (ainsi les fossiles) pour montrer les biais interprétatifs qui leur sont souvent associés.
Avec ce livre, aucun domaine n’est oublié, tant scientifique qu’humain, social ou politique, ce qui en fait une synthèse complète répondant à toute sorte de questions avec illustrations, références, raisonnements, et l’indispensable éclairage de l’Histoire.
Si l’ouvrage est une petite somme (300 pages) riche et détaillée, il est facile d’accès et peut se lire comme un dictionnaire avec des articles concis mais explicatifs (10 chapitres de 10 questions chacun) sur les différents aspects du sujet.
Comme nous le verrons sur quelques exemples, il y a dans l’évolution et dans l’évolutionnisme une suite d’hypothèses très hasardeuses, sans compter les approximations, les supercheries, les mensonges et une poésie surréaliste. Donc rien de scientifiquement solide dans ce mythe façonnant notre environnement intellectuel depuis deux bons siècles : « une véritable arme de guerre », pour reprendre une formule de l’auteur dans l’un de ses précédents livres.
Les cinq premiers chapitres sont descriptifs : ils concernent les fossiles (chap. 1), la biologie (chap. 2), la génétique (chap. 3), l’âge de la terre (chap. 4), et les prétendus « ancêtres » de l’homme (chap. 5).
Les cinq autres chapitres sont plus analytiques : tous les domaines touchés par l’évolutionnisme sont traités, avec son parcours historique subversif et sa volonté de domination intellectuelle. Sont ainsi exposés : les raisonnements faux (chap. 6) ; l’attitude des scientifiques et leur réaction vis-à-vis de la vraie science (chap. 7) ; l’influence sur la politique et sur la société (chap. 8) ; sur les religions en général (chap. 9) et sur l’Église catholique en particulier, laquelle apparaît comme la plus exposée (chap. 10).
On voit donc défiler de grands noms de l’évolutionnisme tels que Diderot, Condorcet, Lamarck, Darwin et son alter-ego Marx, Dawkins, Huxley et notre célèbre Teilhard de Chardin, mais aussi beaucoup de noms moins connus, et cela jusqu’à nos jours (l’index en totalise 230).
Souvent peu soucieux de vérité scientifique, les partisans de l’évolution manifestent un état d’esprit soumis à des intérêts humains
Influencé par la presse imprimée puis par l’audio-visuel, le lecteur ordinaire croit, à chaque étape, découvrir une vérité scientifique alors qu’il affronte en réalité une nouvelle thèse évolutionniste soigneusement présentée. Derrière chaque découverte de nature géologique (sédimentation) ou paléontologique (homme), se cache bien souvent une volonté idéologique.
Ainsi on interprète l’âge des fossiles suivant leur place dans des couches géologiques datées d’office en millions d’années. Pourtant, certaines roches peuvent se fabriquer très rapidement. C’est bien ce qui se passe lors d’une éruption volcanique ou d’une catastrophe locale récente (glissement de terrain, inondation brutale). Les fossiles en témoignent aussi, puisqu’ils supposent un enfouissement rapide, tel ce poisson à épines avalant un hareng et daté de l’Éocène (Fig. 5).
Les « ancêtres » de l’homme forment un domaine particulièrement fertile en biais interprétatifs, quand ce n’est pas en fraude pure et simple. Et Dominique Tassot de citer l’entomologiste Thompson, pourtant préfacier lors de la réédition de L’Origine des espèces : « Le succès du darwinisme fut accompagné par un déclin de l’honnêteté scientifique. »
Les lois génétiques conduisent sans appel à une impossibilité de l’évolution
Si l’on considère les naturalistes des Lumières comme Buffon, Réaumur ou Lamarck qui ont généralisé à partir de quelques ressemblances (la plus connue étant celle de l’homme et du singe, ce dernier étant notre meilleur imitateur avec le perroquet) jusqu’à établir des tableaux fantaisistes (les fameuses généalogies de « l’arbre de la vie » des musée d’Histoire naturelle), ainsi que les impressionnants propos peu charitables (on dirait aujourd’hui « racistes ») de Voltaire ou Darwin à propos de certains de leurs semblables, force est de reconnaître pour leur défense que les lois de la génétique étaient alors inconnues.
Mais on connaît bien maintenant la complexité de la cellule et la rigueur des lois héréditaires, sans quoi aucun être vivant, qu’il soit végétal, animal ou même humain (si différents fussent-ils), ne serait viable.
Si le singe a 48 chromosomes, l’homme n’en a que 46, ce qui rend impossible à tout jamais une descendance de l’un vers l’autre (sans même parler du « Rubicon cérébral »2), y compris en recourant à un ancêtre commun supposé, selon la porte de sortie évolutionniste classique. Car tout s’imbrique dans l’évolution : sédimentologie ubuesque, géologie capricieuse, paléontologie oublieuse des faits, datations aléatoires, avec son cortège de vocabulaire parfois archaïque, l’ensemble faisant cependant figure de tradition établie.
Non seulement toutes les études concernant la transmission et l’hérédité génétique montrent la stabilité des espèces depuis toujours, mais les lois connues de la « reproduction » rendent impossible ne fût-ce même que de simplement imaginer comment se produirait vraiment la mutation entre deux espèces distinctes3. L’ouvrage reproduit la description fascinante d’une cellule par le généticien Michael Denton qui, en l’imaginant grossie un milliard de fois, la compare à une ville de 20 km de large avec une complexité sans fin et des millions d’organites, chacun organisé en vue d’une fin précise.
Que penser alors, puisque chacun de nous est composé de milliards de cellules, dont les chromosomes du noyau se divisent en milliers de gènes doués d’une ou de plusieurs fonctions bien précises ? Chaque individu est unique, mais il lui faut cependant vivre en société avec ses semblables et avoir les mêmes besoins, les mêmes repères, les mêmes buts (au moins manger et dormir pour les moins entreprenants), et cela de génération en génération depuis les débuts de l’humanité.
Tout ceci serait-il le fruit du dieu hasard ? Même un évolutionniste théiste, c’est-à-dire un évolutionniste qui utilise Dieu pour surmonter les impossibilités de l’évolution par la toute-puissance divine, ne peut répondre par l’affirmative à la question !
On ne pourra jamais écarter quelque principe de finalité préexistante dans l’être vivant. Tout organe, tout membre d’un corps est ordonné à une fin très précise : l’entretenir, lui permmettre de vivre dans son environnement et le perpétuer.
Tous les éléments composant cette merveille que contitue le moindre être vivant ont un but déterminé à l’avance. Agere sequitur esse (« l’agir découle de l’être », dit l’adage scolastique) et non l’inverse.
Cela est parfaitement visible, par exemple, en observant l’abeille et son travail en ruche, mais aussi avec n’importe quel autre animal, qu’il soit mammifère, batracien, reptile, poisson ou volatile. Chaque espèce est unique : c’est d’ailleurs pourquoi l’homme peut donner un nom très précis à chacune d’entre elles.
L’entropie rend également impossible toute macro-évolution d’une espèce
Seconde loi de la thermodynamique, l’entropie annonce que tout système organisé tend à se dégrader peu à peu avec le temps, à perdre de la stabilité et de l’organisation qui le caractérisent, en particulier suite aux « erreurs » dans la transmission héréditaire de ces informations. Même les facultés intellectuelles ne sauraient échapper à cette loi de l’entropie. Einstein allait jusqu’à dire que c’était la première loi de toutes les sciences.
L’entropie génétique est son application à tout organisme vivant : la dégénérescence cellulaire due aux mutations que nous accumulons tout au long de notre vie et transmettons d’une génération à la suivante.
Ce qui fait qu’il n’y a pas d’évolution vers un mieux, un progrès, pas de « sélection naturelle » où « la fonction créerait l’organe », mais bien au contraire une évolution régressive, c’est-à-dire une dégénérescence qui augmente de génération en génération.
L’évolutionnisme se dévoile avec la question religieuse et dissout le Magistère de l’Église
L’évolutionnisme, depuis son apparition au siècle des Lumières, veille à sa propre publicité. C’est un ami privilégié du pouvoir. Darwin, chez les Anglais, sera enterré à Westminster.
De nos jours, il ne suffit plus aux politiques d’exercer le pouvoir ; il leur faut encore agir sur les idées de tous. Il leur faut convaincre le pays entier, officialiser une idéologie.
Des budgets sont alloués dans ce but à la recherche et les médias – journaux scientifiques en tête – se font les relais fidèles du dernier avatar évolutionniste. On relance régulièrement la machine pour lui donner une pérennité factice.
Par ailleurs, la présence des évolutionnistes dans les comités d’éthique et les conseils scientifiques fait qu’ils déterminent la politique et la recherche médicale (transhumanisme), les décisions eugénistes, jusqu’à l’euthanasie et l’avortement.
Car l’évolutionnisme se veut la référence universelle. Il a eu la science, il veut la philosophie ; il veut sa consécration et pour cela, il lui faut mettre les religions à son service. Pire, il tend à devenir lui-même une religion Il a sa cosmogonie, sa morale, une place pour l’homme, un sens donné à l’univers, un futur : le progrès, un grand ancêtre : Darwin pour les athées, ou encore Teilhard pour les spiritualistes.
Le dernier chapitre de L’Évolution en 100 questions-réponses, consacré à l’Église catholique, est parfaitement mené. Il donne malheureusement raison à cet épigramme de Diderot à propos de Galilée, à savoir que parfois les théologiens commencent par condamner ce qui leur semble contraire à la pensée traditionnelle avant de l’accepter puis de le professer.
Ainsi, au XIXe siècle et jusqu’en 1914, le Magistère officiel de l’Église confirmait encore la création directe et immédiate ex nihilo du corps de l’homme, en même temps que de son âme.
Mais à la même époque, les failles d’une interprétation très libre de la Genèse commencèrent, d’une part avec la volonté de réconcilier la foi catholique et la science évolutionniste par le concordisme, d’autre part avec des intellectuels tels que le père Lagrange, le fondateur de l’École biblique de Jérusalem, ou encore le chanoine Henry de Dorlodot. Le mouvement s’accentua entre les deux guerres.
Toutefois c’est un jésuite, Teilhard de Chardin, qui va complètement bousculer l’enseignement des instances dirigeantes de l’Église sur la création, l’homme et le péché originel. Après avoir été condamné jusque dans les années 50, il est désormais réhabilité et cité par le Magistère. Selon ce nouveau magistère, les indications apportées par la Genèse n’ont donc plus de raison d’être, hormis selon une lecture symbolique.
En conséquence, on peut se demander où est passé l’enseignement du Sauveur, lequel illustre par Son Incarnation tout l’Ancien Testament depuis la Genèse, qu’Il cite d’ailleurs et nous savons (l’Écriture le dit par ailleurs) que cela concerne autant la forme que le fond. « L’Écriture, c’est le Christ », disait saint Jérôme.
Finalement, tout ceci s’avère une question de Foi. Depuis le XVIIe siècle, le récit des origines (univers – terre – nature – homme – péché originel) transmis par Moïse, fut constamment malmené. D’abord par Galilée qui inventa une nouvelle exégèse pour interpréter l’Écriture, ensuite par Descartes qui inventa une nouvelle philosophie, enfin par Newton qui inventa une nouvelle science, certes mathématisée mais coupée de tout recul philosophique4.
Un conflit avec l’Écriture devenait donc inévitable. Ce fut successivement l’œuvre du naturalisme, puis du scientisme, enfin de l’évolutionnisme. Le monde est ainsi redevenu païen, désespéré, instable, craintif, en guerre avec lui-même. En refusant son Créateur et Son enseignement, l’homme a rejeté son Père. Il a ouvert la porte à l’abîme, à son devenir incertain et à ses angoisses, ne pouvant se réfugier temporairement que dans ses propres artifices. Il était donc important que l’évolutionnisme fût analysé dans son ensemble. C’est désormais chose faite.
(L’Évolution en 100 questions-réponses, par Dominique TASSOT. Préface de Pierre Rabischong, Le Chesnay, Via Romana, 2021, 300 p. avec figures et planches illustratives, 24 €)
1 En février 2019, on comptait déjà plus de 1 000 scientifiques signataires d’un manifeste contre le darwinisme (http://dissentfromdarwin.org/).
2 L’expression est de sir Arthur Keith, darwinien notoire mais forcé de constater l’étonnant volume cérébral de l’homme, rapporté à son poids, donc la spécificité unique de son cortex.
3 Nous parlons ici, bien sûr, d’espèces vraies et non de variétés au sein de l’espèce (les races de chiens, par exemple) ni de la « spéciation » par spécialisation du génome, laquelle ne fait apparaître aucun caractère nouveau et représente en réalité une régresion du pool génétique.
4 Ndlr. Allusion à son célèbre hypotheses non fingo (« je ne feins pas d’hypothèse »), comme si le savoir pouvait être induit directement à partir des faits. Ce à quoi Poincaré répondait : « On fait la scienceavecdesfaits, comme on faitunemaisonavecdespierres ;maisuneaccumulation de faits n’estpasplusunescience qu’un tas de pierres n’estunemaison » (La Science et l’Hypothèse, 1908).