Partager la publication "Étude des plaies de la Sainte Face du Linceul de Turin"
Par Jean-Maurice Clerq Dr.
BIBLE
« Le ciel et la terre passeront ; mes paroles ne passeront pas. »
(Mt24, 35)
Résumé : Dans le numéro 68 du Cep de juillet 2014, un article intitulé « Évaluation de la taille du Christ à partir de la Sainte Face du Linceul de Turin » faisait état des recherches effectuées par l‘auteur sur la taille de Jésus de Nazareth. Elles permettaient d’affirmer avec certitude que le Visage du Sauveur était parfaitement constitué, de proportion harmonieuse, que son image sur le Linceul de Turin était sans déformation, parfaitement conforme à ce qu’une photographie frontale aurait donné, et que le Seigneur était d’une très grande stature, de l’ordre de 2 mètres. Cette publication représentait la première partie d’une recherche plus complète sur la tête de Jésus. Dans le présent numéro est livrée la suite, qui étudie les images de la tête. Le positionnement des plaies ainsi que les troubles et douleurs engendrés sont examinés sous l’angle médico-légal. En effet, jusqu’à présent, aucune étude ne s’était penchée d’une manière approfondie et détaillée sur le sujet1. Le présent article permet de préciser un certain nombre de points encore obscurs, comme le positionnement des taches de sang sur les cheveux, l’absence d’image au sommet de la tête, la présence ou non d’une mentonnière, le nez, la barbe bipointe, etc.
Rappel. Quelques mesures essentielles :
Rayon frontal de la boîte crânienne, R : 10,76 cm
(R = 1,5 x hauteur d’un étage de la face, ici 7,17 cm)
Diamètre de la boîte crânienne : 21,52 cm
(R x 2 : sens antéropostérieur)
Demi-périmètre : 33,80 cm (p x d/2)
Largeur de la tête au niveau des os pariétaux : 14,74 cm.
À partir de ces données, il est possible de reconstituer la tête dans ses dimensions et ses proportions. Les dessins représentés (Fig. 1 & 2) n’ont pas une finalité artistique, mais simplement anthropométrique ; ils n’ont donc pas vocation à compléter la beauté du visage du Linceul de Turin, mais veulent seulement restituer le volume anthropométrique manquant.

Fig. 1 – Visage reconstitué à partir des repères

Fig. 2 – Repères enlevés
La reconstitution des dimensions de la tête du Christ à partir du Linceul de Turin avait permis de vérifier ses harmonieuses proportions et d‘en reconstituer les dimensions d’une manière précise, au millimètre près. Comme il y a un rapport de proportion précis, sur une personne harmonieusement proportionnée, entre les dimensions du visage et de la tête avec la taille, nous avons pu reconstituer la taille de Jésus avec précision, et cela fut confirmé par les autres approches anatomiques que nous avons réalisées. Il en ressort que la taille du Christ est très grande, aux alentours de 1,95 – 2 mètres, 1m 95 étant le minimum avec une certitude de 100%, 2m 02 étant le maximum probable.
Étant de haute stature, l’Homme du Linceul possède un visage un peu plus étroit proportionnellement que celui d’un individu de taille moyenne2.
Ceci se confirme par la mesure du visage dans sa largeur à la hauteur des yeux.
Essayons de recouper toutes ces informations par l’indice céphalique ou IC. Cet indice se calcule selon la formule suivante :
IC =

Sur un individu de taille moyenne, l’IC se situe entre 75 et 80 ; c’est ce que l’on nomme un « mésocéphale ». Si la largeur de la tête est plus importante, comme c’est le cas chez un individu petit et trapu, il devient supérieur à 80, nous avons alors affaire à un « brachycéphale », c’est-à-dire que la plus grande longueur de sa tête ne dépasse pas plus de 1/8e sa plus grande largeur, autrement dit son crâne est peu allongé en arrière et sa face apparaît plus ronde. Si nous avons affaire à un individu plus grand et plus élancé, il présentera un crâne plus étroit de face ; son visage paraîtra plus allongée et son IC devient inférieur à 75 ; sa plus grande longueur (sens antéropostérieur) pourra être jusqu’à ¼ plus longue que sa plus grande largeur (sens transversal). C’est alors un « dolichocéphale ».
Selon les dimensions reconstituées – à partir du Linceul – des diamètres de la boîte crânienne en largeur et en longueur, nous obtenons :
IC = 14,74 x 100/20,52 = 71,83
Cela confirme bien que le visage de l’Homme du Linceul est plus étroit que le type moyen, ce que son image corrobore. Tout ici est bien conforme à ce que l’on peut trouver chez un homme à la taille exceptionnellement grande.
Nous pouvons donc nous appuyer sur la reconstitution de la taille de la boîte crânienne pour positionner anatomiquement les traces sanglantes situées à l’arrière de la tête.
Position des taches de sang occipitales
Sur la toile du Linceul, l’image du sommet de la tête est absente. Deux hypothèses explicatives se présentent à l‘esprit :
-1. La toile du Linceul, à ce niveau, n’était pas au contact avec la tête dans son sens antéropostérieur3, ce qui expliquerait l’absence de traces de sang en ce point.
Il est admis par la communauté des spécialistes du Linceul qu’il n’y a pas d’empreinte d’image latérale du corps sur la toile pour une raison inconnue ; ce phénomène toucherait donc aussi le sommet de la tête ?
-2. Cette absence d’images peut résulter de la pose d’une mentonnière.
Il faut considérer que le « système épineux » posé sur la tête du Christ ne pouvait se maintenir correctement en place du fait de sa souplesse et de son élasticité. Il était nécessaire que son attache passât sous la protubérance occipitale, à l’arrière de la tête, ce qui permettait de la maintenir. Certains, à la suite d’Antoine Legrand, considèrent que le Christ n’a pas porté une couronne, mais une sorte de casque d’épines.

Casque d’épines

Représentation traditionnelle

Occiput.Représentation en 3D (icon. Th Castex)
À partir du rayon de la boîte crânienne4, nous allons pouvoir positionner exactement la série de taches de sang occipitales, ainsi que la protubérance occipitale.
La protubérance occipitale se trouve être anatomiquement définie comme étant la partie la plus arrière de la tête. Elle se trouve diamétralement opposée aux arcades sourcilières. Donc, la distance rebord orbitaire/protubérance occipitale (arrière de la tête)5 représente la demi-circonférence de la tête dans le sens antéro-postérieur.
À partir de la formule de la circonférence d’un cercle :
C = πd ou 2πr, nous obtenons : C = π x 21,52cm = 67,60 cm
et la demi-circonférence : ½ C = 33,80 cm.
Ces 33,80 cm correspondent à la moitié du périmètre, soit la longueur de l’arc de cercle qu’il y a entre la ligne inter-sourcilière et le point occipital le plus arrière (protubérance) sur la tête de l’Homme du Linceul de Turin.
En nous référant à l’iconographie du Linceul, nous mesurons dans son axe médian la distance qui sépare la ligne inter- sourcilière du milieu de la série des taches punctiformes occipitales : 37,28 cm (de 35,41 cm à 39,14 cm, avec une longueur de coulée de 3,73 cm). Cela indique que le système épineux qui a provoqué cette série de blessures sanglantes se situe environ à 3,48 cm (37,27 cm – 33,80 cm) au-dessous de la partie la plus arrière de la tête (demi-périmètre juste au-dessus de la protubérance occipitale externe), ce qui permet de bien coincer le système épineux (Fig. 16). Ces dimensions confirment aussi que la toile était totalement en contact avec la tête, bien tendue dans le sens antéropostérieur6.
Il ne faut pas oublier les autres taches de sang issu du cuir chevelu, situées au-dessus de cette série. Elles se situent pour les plus éloignées sur un arc de cercle, à peu près parallèle à l’horizontale, distant de 8,38 cm (vers le sommet de la tête, Fig. 3). Nous pouvons ainsi positionner exactement toutes les taches de sang dans le sens antéropostérieur (Fig. 4).

Fig. 3 – Tête en position horizontale

Fig. 3 bis – Le plus grand diamètre
(sens antéropostérieur)
Il s’en déduit que le système comprenant des éléments pointus avait bien la forme d’une couronne d’épines et non d’un casque et qu’il avait été enfoncé de force jusqu’à la zone la plus arrière du crâne, juste au-dessous du rebord de la protubérance occipitale externe (ou bosse occipitale) de manière à mieux tenir (il y a un effet d’élasticité suite à la souplesse des tiges végétales hérissées d’épines), ce qui semble logique.
Position des taches de sang sur le front et les côtés de la tête
L’observation directe de l’image suffit pour positionner les taches de sang sur la face. Seules, les coulées sanguines projetées sur les cheveux sont à resituer.

Fig. 4

Fig. 4 bis – (Image 3D Th Castex)
La coulée de sang en forme d’épsilon, d’une longueur de 4,5 cm, se situe près de l’axe médian et son origine se trouve à 3 cm de la racine des cheveux. Il n’est pas certain que ce fût la même épine qui provoqua cette forme d’épsilon, car la coulée dans ce cas eut été droite ou, tout au plus, en légère forme de point d’interrogation liée au contournement du soulèvement de la peau provoquée par l’entrée de l’épine et par le petit œdème consécutif. Cette coulée est donc vraisemblablement le résultat d’une confluence provoquée par une seconde coulée sanguine due à la pénétration dans le front d’une autre épine située un peu en dessous.
-Une autre épine a pénétré dans l’extrémité de l’arcade sourcilière gauche ; elle est sûrement à l’origine de l’œdème de la paupière supérieure sur sa moitié gauche7.
-Au-dessus de cette arcade sourcilière gauche, on peut observer 2 taches de sang de moindre intensité se projetant sur les cheveux : il s’agit de 2 blessures du front situées respectivement à 6 et à 8 cm du milieu de la tête, à la jonction des muscles frontal et temporal. Entre cette zone et l’épsilon, se trouvent 2 autres taches peu marquées, dont l’une prend naissance à la racine des cheveux.
-Sur le côté droit du front, on peut observer une double coulée en forme de « V » inversé dont le début prend naissance à son tiers supérieur et à 5,5 cm du milieu du visage, confluence des coulées provoquées par plusieurs épines.
-Par contre, les traces de sang que l’on voit descendre le long des cheveux sur les côtés de la tête, traces particulièrement visibles au côté droit du visage, sont en fait des coulées de sang situées à environ 9 cm de l’axe médian du visage. Elles se situent sur la joue, à partir de l’arcade zygomatique.
-L’absence de taches de sang au sommet du crâne, entre le haut du front et le haut de la zone occipitale, malgré le contact étroit de la toile sur toute la tête, confirme que le système comportant des éléments pointus blessant le cuir chevelu n’a pas affecté cette zone et indique bien que le système était d’une forme circulaire, celle d’une couronne d’épines, ce qui est conforme à la tradition et aux textes évangéliques.
-L’absence de coulées de sang sur les côtés de la tête, là où il n’y a pas d’image, montre à l’évidence que la toile ne fut pas en contact étroit avec le corps sur cette partie, car la couronne d’épines avait entraîné d’inévitables saignements sur tout le pourtour8, y compris sur les côtés latéraux.

Fig. 5 – Repositionnement géométrico-anatomique des taches de sang
BILAN DES INFORMATIONS COLLECTÉES
Informations données par le tracé de l’axe vertical
Nous trouvons les informations suivantes (Fig. 6) :
Nez : déviation de la pointe du nez vers la droite avec atténuation du contour de la narine droite accompagnée d’un gonflement de l’arête nasale et d’un abaissement léger de la pointe du nez vers la lèvre supérieure. Cela dénote une fracture nasale traumatique, le traumatisme ayant été porté sur le côté gauche du nez.

Fig. 6
Le nez présente en son milieu (mi-hauteur de l’arête nasale) une sorte de creux qui souligne le trait de la fracture nasale. La narine gauche apparaît décollée : peut-être était-elle coupée ou déchirée d’une manière traumatique.
Pommettes : Gonflement important de la pommette droite, de l’aile du nez au rebord inférieur de l’orbite de l’œil droit. Cet œdème, lui aussi, ne peut être consécutif qu’à un traumatisme. La pommette gauche présente également un œdème, mais moins important.
Sillons naso-labiaux (sillons partant de l’aile du nez en direction du coin de la bouche, passant au-dessus de la lèvre) : le sillon naso-labial droit est prononcé, ce qui dénote un œdème de la lèvre supérieure du côté droit. Le sillon naso-labial gauche se trouve encore plus creusé, indiquant un œdème encore plus important de la partie gauche de la lèvre supérieure. Ces œdèmes de la lèvre supérieure ne peuvent être que la conséquence de plusieurs coups reçus. La présence de la moustache masque le gonflement de la lèvre supérieure, mais n’affecte en rien l’aspect des sillons naso-labiaux.
Pli mentonnier (marquant la limite inférieure de la lèvre inférieure avec le menton) : prononcé, malgré la présence de la barbe commençant dès la limite inférieure de la lèvre inférieure.
Cela semble indiquer un gonflement important de la lèvre inférieure confirmé par son aspect plus ourlé que normal, même si son volume sur l’image n’apparaît pas particulièrement augmenté, de par la présence de la barbe et aussi du fait que l’œdème de la lèvre supérieure, par l’augmentation de son volume, masque en partie celui de la lèvre inférieure.
Les rebords orbitaires : le rebord orbitaire gauche (à droite sur la Fig. 6) présente vers la tempe un œdème important consécutif à l’enfoncement d’une épine. Il apparaît que le bombé de la paupière supérieure gauche n’est pas centré par rapport à l’œil, mais déporté vers le côté extérieur à cause d’un œdème. Cet œdème est certainement dû à la blessure ayant provoqué la coulée de sang en forme d’épsilon au-dessus du rebord orbitaire. Le rebord orbitaire gauche semble, lui aussi, présenter un œdème, mais moins important.
La hauteur de la face : elle est parfaitement harmonieuse ; sa mesure correspond exactement à 3 fois la hauteur d’un des trois étages du visage, lesquels sont donc parfaitement égaux entre eux. Cette base importante, en corrélation avec d’autres points anatomiques de la face et de leurs proportions harmonieuses, permet de se rendre compte qu’il n’existe pas de déformation de l’image faciale et rend donc possible le calcul des autres dimensions dans le sens vertical, comme la hauteur de la tête. À partir de cette dimension du visage, il a été possible d’évaluer avec une certaine précision la taille réelle de Jésus (environ 2 m) ainsi que le volume de sa tête, ce qui a permis de repositionner les traces ensanglantées de la nuque occasionnées par le port de la couronne d’épines.
La barbe : elle présente l’aspect d’une barbe bifide. Mais on peut remarquer que c’est une absence de poils qui lui donne cet aspect bi-pointe et qu’elle ne se situe pas exactement dans l’axe de symétrie du visage.
Informations données par le tracé transversal
Il y a bien égalité de dimensions entre la largeur du nez, malgré sa fracture, et l’espace séparant les yeux et leur largeur.
Cela a permis de reconstruire la largeur réelle du visage en harmonie avec les dimensions verticales du visage, ainsi qu’avec ses proportions d’ensemble, et de constater que l’image s’arrête aux contours des pommettes et du début des joues (Fig.1 & 2).
Informations données dans le sens antéropostérieur
Il a été montré que la toile du Linceul fut bien au contact de toute la tête dans son sens antéropostérieur (bien rabattue sur la tête).
Il a aussi été constaté que la toile du Linceul, bien qu’au contact de la tête, ne présente pas d’image de ses côtés, ni de traces ensanglantées. La cause semble être due à un mauvais contact de la toile sur les côtés. Les traces ensanglantées furent la conséquence de la pose d’un cercle « épineux » ayant blessé le haut de la tête au niveau du front, des tempes et de la zone occipitale. La disposition des taches de sang en arc de cercle permet de déduire que l’Homme du Linceul a bien porté une couronne d’épines, et non « un casque » épineux9.
4-Confrontation du positionnement des traces ensanglantées sur la tête avec l’hypothèse de la présence d’une mentonnière
Il s’agit ici de vérifier si l’hypothèse de la présence d’une mentonnière peut se déduire à la lumière des informations médico-légales collectées.
Sur la Fig. 7, nous positionnons une mentonnière. Deux scénarios possibles s’offrent alors à nous :
A- La mentonnière englobe le menton et passe par l’arrière de la partie supérieure de la tête :
Ce trajet comporte l’inconvénient de recouvrir la barbe et les coulées de sang des joues et des tempes, ce qui donnerait alors une image non compatible avec celle que nous possédons du Linceul.


Fig. 7
B. -La mentonnière passe derrière la barbe et sur l’avant de la partie supérieure de la tête :


Fig. 8
Ce trajet possède l’avantage de ne pas faire disparaître totalement la barbe, tout en la déformant certainement, mais il a surtout l’inconvénient de masquer les coulées sanguines des joues et encore plus celles des tempes. Nous obtenons toujours une image incompatible avec celle du Linceul.
En conclusion, il ressort que l’hypothèse de la présence d’une mentonnière n’est en aucun cas compatible avec l’image de la Sainte Face du Linceul. Elle est donc à exclure définitivement.
Cette conclusion offre aussi l’avantage d’être en totale compatibilité avec l’observation de l’image du corps du Linceul, ce Corps de Jésus qui était en rigor mortis, c’est-à-dire en rigidité cadavérique rendant ainsi inutile la pose d’une mentonnière. D’autre part, la tête étant fortement inclinée en avant (de l’ordre de 25° par rapport à l’axe du corps10), cette position verrouille la fermeture de la bouche et rend ainsi inutile l’emploi d’une mentonnière.
–Autre élément lié à l’analyse de l’image du visage
La face que l’on voit est celle d’un homme encore jeune, dans la force de l’âge, mort martyrisé, mais ayant gardé l’aspect d’un visage calme et paisible. Sa tête est inclinée en avant. Son identité est celle de Jésus de Nazareth.
Les deux arcades sourcilières montrent un œdème à cause de la présence d’une sorte de « grande ride » séparant les arcades du front et qui n’est en fait que le creux de la peau engendré par le gonflement des arcades.
Il est admis, depuis 199311, que ce visage est celui d’un Sémite duquel il reproduit toutes les caractéristiques. Aussi, ne sommes-nous pas étonnés de voir les cheveux longs pendre sur le côté du visage. Sur la face dorsale, on aperçoit une natte de cheveux descendant jusqu’au milieu des épaules (Fig. 4 bis & 9).
Cette natte est bien plus longue que la chevelure encadrant la face, ce qui est le signe distinctif d’un nazir juif, « consacré à Dieu12 ».

Fig. 9 – La présence d’une natte de cheveux au milieu du dos :
- L’examen de la face cachée du Linceul13 au niveau du visage montre que le sang qui s’était déposé sur la toile l’avait traversé, ce qui n’apporte aucun élément nouveau. Cependant, au niveau de la chevelure, la toile est légèrement plus foncée laissant deviner la présence de sang.
Analyse médico-légale des informations collectées sur les traumatismes et les plaies ensanglantées
L’homme est mort dans la force de l’âge, sous la torture. Les coulées de sang de la tête qui ont imprégné la toile n’étaient pas encore totalement coagulées lors de la mise du Corps dans le Linceul, ce qui a permis leur report.
Elles ne représentent certainement pas la totalité des écoulements car, si l’on s’en tient aux récits des Écritures, la pose de la couronne d’épines précéda de plusieurs heures la mise en Linceul (environ 8 à 9 heures). Ces coulées ont donc eu largement le temps de coaguler. Il en résulte que celles qui sont visibles, avec ce report de matière sanguine, se sont écoulées peu de temps avant la mort. Ce report des saignements sur le Linceul et le retrait du corps 36 heures après la mort, donc avant le ramollissement des caillots sanguins, oblige à déduire que ces derniers n’étaient pas totalement coagulés (alors que les écrits évangéliques situent la pose de la couronne d’épines au cours de la matinée, Jésus mourant vers 16 h). Ces coulées n’ont donc pu s’effectuer que sur la croix, ce qui indique que Jésus portait encore sa couronne d’épines sur la croix (ce que certains contestent). Nous en avons confirmation sur le Suaire d’Oviedo, relique étudiée par les légistes espagnols14. Ce Suaire, qui a effectivement été posé sur la tête du Christ encore en croix aussitôt après le coup de lance, porte lui aussi les traces ensanglantées de la couronne d’épines, en particulier sur la zone occipitale. Le Christ, en asphyxie sur la croix avec une cage thoracique en hyper-extension totale, ne pouvait parler qu’en un souffle et, afin de pouvoir pousser son dernier cri d’agonie, avait dû relever la tête en arrière ; il ne pouvait en être autrement. On peut donc considérer comme une certitude que ce fut ce dernier mouvement de la tête qui engendra un choc de la couronne d’épines sur le bois de la croix, d’où cette ultime coulée sanguine. L’enlèvement de la couronne aura par ailleurs permis au sang, resté comprimé par les épines dans les plaies du cuir chevelu, de pouvoir s’écouler.
Si, comme le montre l’analyse, la couronne d’épines était présente sur la tête de Jésus en croix, cela indique qu’elle avait certainement été enlevée pour faciliter le retrait de ses vêtements puis remise.
Si cette couronne avait été un casque, comme certains l’affirment, il aurait été difficile pour les soldats de reconstituer ce casque à chaque manipulation ; il était plus facile pour eux de tresser une couronne15 qui pût être enlevée et reposée aisément.
Le visage sur le revers du Linceul montre que le sang qui s’est déposé sur la toile l’a traversé, et qu’au niveau de la chevelure le lin est légèrement plus foncé. Cette coloration est liée à une imprégnation de la toile par un liquide biologique. Il ne peut pas s’agir de sérum sanguin, car il serait alors disposé autour d’une goutte de sang, ni ne peut provenir de la « sueur de sang » évoquée à Gethsémani, car il décrit une « hématidrose ».L’hématidrose est un trouble de la sécrétion sudorale de la peau qui se caractérise par une coloration rouge de la sueur liée à la présence du sang, plus exactement de la matière colorante du sang, sans les globules. C’est une forme d’hémorragie des capillaires : la matière colorante du sang passe à travers les vaisseaux capillaires de la peau et s’évacue par les pores en une sueur rouge ; sur le Linceul de Turin, il en serait résulté une coloration carminée de toute la toile en contact avec le corps. Il ressort donc que la coloration au niveau de la chevelure n’a pu être provoquée que par la sueur ayant imprégné tous les cheveux. Or l’imprégnation de la chevelure par la sueur ayant taché la toile des deux côtés ne peut s’expliquer que par une mort par crucifixion. En effet, celle-ci entraîne une augmentation considérable de la température du corps qui voisine alors 41° et plus.
Avec les contractures (isotoniques) des muscles dues aux crampes, la totalité de l’énergie musculaire se transforme en chaleur et l’organisme met alors en œuvre un mécanisme de refroidissement par radiation et par une transpiration intense (réalisé par la dilatation des vaisseaux sous-cutanés, au détriment de l’apport sanguin aux muscles) qui peut mouiller entièrement la chevelure. Cette sudation intense couvre tout le corps et coule jusqu’à terre. Elle précède de peu la mort.
L’inclinaison en avant de 25° de la tête de l’Homme du Linceul par rapport à l’axe de son corps montre que Jésus est décédé en position verticale et qu’il a été détaché en état de rigor mortis (rigidité cadavérique qui est survenue très vite). L’image s’est formée lorsque le corps était couché (en position horizontale), ce qui est indiqué par le trajet des écoulements sanguins post mortem.
Il reste alors à comprendre pourquoi les cheveux pendent de chaque côté du visage exactement comme si le corps était en position verticale, seule position capable de donner cette image.
Au nez : la fracture, qui a pu entraîner un saignement par les narines, a déclenché une obstruction de la respiration nasale par la survenue d’un œdème traumatique des muqueuses nasales accompagnées de violentes douleurs irradiantes à la tête, au maxillaire supérieur et aux dents antéro-supérieures.
Au niveau de la pommette droite : œdème traumatique accompagné de douleurs et d’endolorissement.
Au front : œdème traumatique des arcades sourcilières. Douleurs à des degrés divers provoquées par la pénétration des épines dans la peau et jusqu’au contact osseux. D’une manière générale, la peau de la tête ne possède pas une innervation particulière susceptible de déclencher de très violentes douleurs occasionnées par des blessures. Par contre, le type de vascularisation du cuir chevelu occasionne parfois des saignements importants qui ne sont pas toujours en rapport avec le traumatisme subi. La blessure du rebord orbitaire gauche est certainement celle qui, sur le visage, aura été la plus douloureuse.
Le traumatisme qui avait déclenché la coulée sanguine en forme d’épsilon a provoqué une lésion du muscle frontal et probablement aussi une effraction de la veine ou de l’artère faciale gauche dont le passage s’effectue ici à quelques millimètres de l’axe médian de la face, exactement à l’emplacement de la coulée de sang. Dans ce cas, le saignement aura été très important et le sang aura goutté sur le sol à partir du rebord orbitaire. Le muscle frontal, le sourciller et probablement l’orbiculaire des paupières furent de toute façon lésés par la perforation située au niveau externe de l’orbite gauche. Notons enfin que les traces de saignements importants situées sur la gauche du front, à la limite des cheveux, sont probablement la conséquence d’une ou de plusieurs blessures de l’artère et/ou de la veine supra-trochléaire et supra-orbitaire, avec une possible lésion des nerfs du même nom.
Aux yeux : la paupière supérieure gauche présente un fort gonflement qui ne semble pas en relation avec le traumatisme provoqué par la pénétration de l’épine au-dessus du rebord orbitaire, mais plutôt la conséquence d’un coup reçu.
Il en est de même pour l’œil droit tuméfié à la suite de coups reçus. Il a été découvert, confirmé et décrit la présence de larmes conjonctivales16 dans les coins de cet œil droit. De même, on peut constater leur présence à l’œil gauche.

Fig. 10

Fig. 10 bis
Elles ont pour origine un épanchement de liquide conjonctival, phénomène qui peut continuer après la mort. Le liquide s’accumule dans le creux du coin de l’œil lorsque le corps se trouve en position horizontale. À noter que cet épanchement se retrouve aussi lorsque le décès survient à la suite ou bien est accompagné d’une insuffisance rénale et d’une acidose élevée, ce qui fut le cas de Jésus d’après le récit de la Passion. La présence de ces larmes a été confirmée par une élaboration informatique17. Il semblerait que la présence de ce liquide conjonctival ait fait obstacle à la formation de l’image.
Aux tempes (côtés du front) : les coulées sanguines montrent un saignement dont le tracé a été perturbé par la présence des cheveux. Il n’y a pas d’innervation particulière en ces endroits, donc les douleurs auront été identiques à celles que provoquent des traumatismes du muscle frontal, et peut-être du temporo-pariétal, occasionnés par des objets pointus. Au niveau vasculaire, il faut noter la proximité des rameaux des artères et des veines temporales superficielles (rameaux frontal et temporal moyen).
Il n’est pas exclu que l’une ou l’autre des veines et des artères fût touchée sur le côté gauche, comme le laissent supposer les traces de saignements abondants que l’on peut constater, malgré la présence de la chevelure.
À la zone occipitale : la série de taches de sang punctiformes à l’arrière de la tête se situe pour l’essentiel exactement au-dessus de la protubérance occipitale externe, ce qui a évité de traumatiser les insertions des muscles puissants et nombreux qui prennent naissance sous le rebord occipital (trapèze, splénius de la tête, sterno-cléido-mastoïdien), ce qui aurait alors interdit tout mouvement de la tête, en particulier pour une rotation latérale, sous peine de surajouter d’atroces douleurs. Mais on peut aussi penser que quelques épines auraient piqué sous la protubérance occipitale, c’est-à-dire sur le haut de la nuque, et traumatisé ces muscles de quelque manière.
Dans ce cas, le sang aurait eu tendance à couler directement sur la peau, sous les cheveux. Cependant, la topographie des plaies montre que ce furent essentiellement le cuir chevelu, le muscle peaucier occipital et l’aponévrose du muscle occipito-frontal qui ont été touchés. La concentration des plaies ne permet pas d’exclure que des rameaux des artères ou des veines occipitales, droite et gauche, furent lésés (ce qui expliquerait les saignements abondants et bien visibles ayant traversé l’épaisseur de la chevelure), ainsi que des rameaux nerveux droit et gauche du grand nerf occipital et du 3e nerf occipital, auquel cas des douleurs névralgiques se seraient surajoutées aux traumatismes des blessures.

Fig. 11

Fig. 12 – Artères superficielles

Fig. 13 – Veines superficielles.
Nerfs (à G) et vaisseaux (à D) du cuir chevelu
À la barbe : son aspect bifide n’est pas provoqué par une taille de la barbe mais par l’arrachement d’une touffe de poils vers son milieu ; il s’en déduit que cet aspect ne découle pas d’une fantaisie esthétique, car alors elle serait centrée. La cause de l’absence de cette touffe de poils désaxée vers le côté gauche est à rechercher dans les sévices portés sur le visage de Jésus de Nazareth lors de sa Passion : un arrachement volontaire des poils de la barbe.
Ce geste aurait alors été effectué lors du jugement devant le Sanhédrin en application de la loi judaïque : lorsqu’un homme était condamné pour blasphème, les membres du Sanhédrin18 se précipitaient sur lui pour le frapper et lui arracher une touffe de poils de barbe pour que le motif de sa condamnation fût clairement visible aux yeux de tous19. Ce geste a été effectué de face par une main droite. L’arrachement de poils a provoqué des douleurs traumatiques qui se transforment ensuite en une forte sensation de brûlure.
CONCLUSION
Il apparaît, à l’étude de la Face de l’Homme du Linceul de Turin, que l’aspect de son visage est celui d’une personne décédée en position verticale, la tête inclinée en avant de 25° par rapport à l’axe du corps. Ce visage est empreint d’une beauté mystérieuse en opposition totale avec les visages déformés par la douleur qui se rencontrent chez des personnes décédées au cours de sévices et de tortures violentes. Il est calme, majestueux, paisible et détendu, rayonnant d’une surprenante force intérieure et mystique.
Avec sa barbe, ses cheveux longs tombant sur les côtés et sa natte de cheveux dans le dos, il apparaît comme le Visage d’un homme encore jeune, un Sémite religieux dans la force de l’âge. À l’examen, on découvre qu’il possède les proportions attribuées aux hommes de très grande taille harmonieux de corps. Cependant, le visage présente la particularité d’une face rendue étroite parce que l’absence de représentation des côtés, à partir des pommettes, lui confère cette expression singulière et unique que l’on ne retrouve que dans la tradition des icônes byzantines représentant, depuis leur origine, la Sainte Face du Seigneur Jésus.
La tête présente des traces traumatiques de deux natures : des coups et des blessures punctiformes.
Le visage, par ses différents œdèmes, laisse penser qu’il a été roué de coups de toutes sortes. On ne peut affirmer que ce fut là l’occasion de la fracture du nez, du fait que l’on y a retrouvé de l’Aragonite, carbonate de calcium contenu dans les pierres de construction de la ville de Jérusalem. Ce minéral, très présent dans la poussière recouvrant le sol des rues, laisse à penser que le nez a été au contact du sol à la suite d’une chute frontale et brutale qui a pu causer la fracture. Cette chute fut l’occasion d’un déplacement de la couronne d’épines provoquant ainsi un nouveau saignement.
Les plaies présentes sur la tête laissent apparaître des concentrations de blessures punctiformes provoquées par un système composé d’éléments pointus, de type « couronne d’épines », ayant entraîné des saignements très abondants particulièrement concentrés sur le front et sur la partie occipitale. De tels saignements laissent comprendre que ces traumatismes d’effraction ont provoqué des douleurs aiguës, qui ne pouvaient s’atténuer d’une manière significative tant que la couronne était portée. Pareils traumatismes auront certainement entraîné des perforations veineuses et artérielles du système circulatoire, compte tenu des saignements observés. Ils durent aussi toucher des rameaux du système nerveux occipital, étant donné la concentration des blessures, auquel cas des douleurs névralgiques d’une intensité plus ou moins violente se seront surajoutées aux douleurs d’effractions.
L’examen et l’analyse médico-légale des divers traumatismes et blessures sanglantes, visibles sur l’image de la Face et par le report sanguin sur la toile du Linceul, montrent qu’ils correspondent à des écoulements qui n’ont pas eu le temps de totalement coaguler avant la mort, ce qui laisse supposer la présence de la couronne d’épines sur la croix.
Cette approche médico-légale montre que les taches de sang et les plaies sur le Linceul de Turin sont conformes aux sévices subis par Jésus de Nazareth tels qu’ils sont relatés – ou prophétisés – dans les Saintes Écritures, à savoir : coups sur la Sainte Face, poils de barbe arrachés, pose d’une couronne d’épines et mort survenue en position verticale (sur une croix).
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1 L’ensemble de la recherche a été publié dans le n° 36 de 2012 de la RILT (Revue Internationale du Linceul de Turin), éditée par le CIELT (Centre International d’Étude sur le Linceul de Turin).
2 Cf. CLERCQ J.-M. (Dr), Guide pratique d’homéopathie dentaire. Les constitutions physiques (osseuses), Paris, F.-X. de Guibert, 1997.
3 À partir des mesures épaules (vues de face)-sommet de la tête-épaules (vues de dos, nous avons essayé de trouver confirmation que l’image s’était imprimée sur la toile bien tendue (à plat). Mais l’imprécision des repères anatomiques des épaules autorise simplement à dire que cela n’entre pas en contradiction avec l’hypothèse d’une toile bien tendue et au contact de la tête.
4 Évidemment, la boîte crânienne n’est pas une sphère, mais pour des raisons pratiques, on la considère comme assez ronde pour effectuer des calculs de périmètre.
5 Le repère du rebord orbitaire nous est donné avec exactitude par la partie inférieure de la tache en forme de la lettre grecque ε épsilon et, pour l’arrière crânien, par le milieu de la tache médiane.
6 Expérimentalement, on constate que, posée plus haut, la couronne ne tient pas et que, placée plus bas, elle tombe sur la nuque.
7 Lorsque nous parlons de droite ou gauche, il s’agit de côté droit ou gauche du Corps de Jésus et non de l’observateur. Ainsi, l’œil gauche est celui situé sur la partie droite de l’image.
8 Cela est peut-être dû au fait que, lors de la mise en linceul, il fut difficile de bien envelopper totalement la tête, faute de temps, et que cela fut réalisé sommairement. Un défaut de contact avec la toile sur les côtés de la tête expliquerait cette absence de taches de sang, alors qu’il est certain que le cuir chevelu sur ces zones a dû être blessé par la couronne d’épines. On pourrait aussi arguer que l’épaisseur de la chevelure en cet endroit a pu faire partiellement ou totalement obstacle au passage du sang, celui-ci ayant pu couler sous l’épaisseur des cheveux. Mais cet argument n’est pas satisfaisant, car inévitablement des écoulements ont suivi les épines en position oblique vers le bas. D’autres chercheurs, enfin, avancent qu’une mentonnière aurait été posée sur la tête, ce qui expliquerait l’absence de trace de sang et d’image sur le sommet de la tête et sur ses côtés (hypothèse que l’on cherchera à vérifier plus loin).
9 Comme certains l’affirment sans preuves, à la suite d’Antoine LEGRAND ; cf. son Évangile et Linceul, op. cit., p. 6.
10 Cf. J.-M. CLERCQ, La Passion de Jésus, p. 49-50.
11 Communication de Rebecca J. JACKSON au Symposium de Rome en 1993.
12 En la traduction de l’Évangile de Jean par Claude TRESMONTANT, dans le passage de l’arrestation de Jésus au mont des Oliviers par les gardes du Temple, nous pouvons lire ceci : « Qui cherchez-vous ? Et ils lui ont répondu : Ieschoua ha-nôtzeri », autrement dit : « Jésus, le consacré qui détient la doctrine et ne la communique qu’à des disciples choisis. » Cette observation confirme donc bien la caractéristique attribuée à JÉSUS de Nazareth dans l’Évangile de Jean.
13 Celle-ci a pu être examinée lors de la restauration de la toile en 2002, après le démontage de la doublure.
14 Cf. HERAS G., VILLALAÍN J.-D. & IZQUIERDO J., « El Sudario de Oviedo y la Síndone de Turin ¿ dos reliquias complementarias ? », Communication au Ve Congrès national d’Étude du Linceul de Turin, Cagliari, 29-30 avril 1990.
15 Il est étonnant de constater qu’Antoine LEGRAND, dont les compétences au sujet de Linceul sont reconnues, optait pour cette hypothèse. Or, rien ne suggère la pose d’un « casque » épineux sur la tête de Jésus : trois évangélistes (Mt 27, 29 ; Mc 15, 17 ; Jn 19, 2) précisent bien, en termes non équivoques, que les soldats « tressèrent une couronne » d’épines , en grec πλέξαντες στέφανον pléxantés stéphanon. Tresse-t-on un casque ? De plus, cette couronne faisait ironiquement allusion au titre « le Roi des Juifs » qui fut le motif de sa condamnation à mort (Mt 27, 37). Un casque aurait plutôt formé une allusion militaire. Nous ne trouvons donc aucun argument scripturaire qui puisse étayer l’hypothèse de LEGRAND.
16 Communication d’Aldo GUERRESCHI au Congrès d’Orvieto en 2000, in RILT n° 23, p. 2-4.
17 Réalisée par le professeur Nello BALOSSINO au Service informatique de l’université de Turin.
18 Ce sujet a aussi été évoqué par Dominique DAGUET dans le n° 32 de la RILT, ainsi que dans son ouvrage Le Linceul de Jésus de Nazareth, cinquième évangile ?, Paris, Sarment/Jubilé, 2009.
19 On peut alors affirmer la réalisation de la prophétie d’Isaïe : « J’ai présenté… mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats » (Is 50, 6-7).