Partager la publication "Courrier des lecteurs : le procès du communisme n’a jamais eu lieu"
Par M. X. B.
De M. X. B. (Indes)
À propos de l’article sur « la liberté des communistes », pages 42 à 59 du Cep n° 83. Cet article est plein d’informations très intéressantes sur la nature essentiellement diabolique de cette idéologie, mais il y a un point qui me gêne : c’est toujours cette comparaison entre fascisme et communisme au détriment du premier. Ce sont les communistes qui ont mis le fascisme et surtout le nazisme au sommet de la pyramide du mal, bien évidemment pour escamoter leurs propres crimes qui : 1/ ont fait beaucoup plus de victimes ; 2/ ont duré beaucoup plus longtemps.
Un grand nombre de naïfs se laissent prendre au piège. Notamment ceux qui continuent d’accorder un brevet de résistance aux communistes pendant la Seconde Guerre mondiale, pour lutter contre le mal absolu. Ah ! C’était le bon temps, au coude à coude contre l’hydre fasciste… Cette partition est reprise à tout bout de champ depuis 73 ans et a permis au communisme de s’installer et de se maintenir dans des pays qu’il n’aurait jamais dû conquérir sans l’insondable aveuglement de nos « élites » à l’Ouest. Deux exemples dans l’article :
1. Page 52 (sur le caractère élastique du concept de « fasciste »). Oui, les communistes ont tendance à traiter les anti-communistes de « fascistes » pour les discréditer, mais c’est parce que l’imposture a pris racine! Quand j’étais plus jeune, les gauchistes et communistes traitaient leurs adversaires libéraux de « bourgeois » et dès que l’anticommunisme remontait aux causes pour devenir efficace, le libéral-bourgeois était alors étiqueté « fasciste », ce qui équivalait – et équivaut toujours – à un bannissement social. Mais pourquoi écrire : « nous ne nous attendrissons pas sur le sort des vrais fascistes, délinquants de guerre et leurs partisans. » En écrivant cela, les auteurs justifient l’épuration et – probablement sans le vouloir – tombent exactement dans la dialectique imposée par les communistes. Je les renvoie aux écrits de Maurice Bardèche1.
2. Page 54: « s’opposer au totalitarisme rouge avec la même force avec laquelle ils se sont opposés à la puissance du fascisme et du nazisme ». Alors, seuls les antifascistes de l’époque seraient appelés à la croisade anticommuniste ? Or, qui avait raison entre les deux guerres : le communisme n’était-il pas dès le début bien plus dangereux que le régime de Mussolini ? Je cite souvent Bernard Antony : « Le communisme tuait avant que le nazisme tue, il a tué pendant que le nazisme tuait et il a continué à tuer après que le nazisme a disparu. » Alors, qui est le plus meurtrier et le plus dangereux des deux ?
Pour ma part, je suis prêt à reconnaître qu’entre deux maux qui vous menacent en même temps, il faut choisir de combattre celui qu’on pense être le pire et, une fois que l’un des deux a disparu, se mobiliser contre l’autre. Mais ne pas jeter l’opprobre sur ceux qui ont fait un autre choix. Comme l’écrivait Jean Madiran à ceux qui pensaient qu’il fallait donner priorité à la lutte contre le nazisme à l’époque mais qui se sont retrouvés ensuite avec l’armée soviétique en plein cœur de l’Europe : même si vous avez pensé à l’époque qu’il fallait lutter contre le nazisme, « un chien vivant est plus dangereux qu’un lion mort ».
L’imposture communiste est encore très présente dans les têtes. L’effondrement du régime soviétique en 1990 n’a pas du tout été suivi d’un procès du communisme avec accusés à la barre et défilé de témoins ayant souffert de ce système tyrannique et mensonger (il n’en aurait pas manqué !). Bernard Antony proposait un tribunal de Nuremberg du communisme. Bref, une « décommunisation » du même type que la « dénazification » en Allemagne après la victoire des Alliés en 1945. Je comprends bien l’idée, mais la comparaison me gêne car ce tribunal de Nuremberg fut une farce juridique où les parties étaient aussi des juges et où l’on a fait jouer un principe de rétroactivité qui permettait de condamner un accusé pour un délit qui n’était pas reconnu pour tel à l’époque des faits. Deux anomalies juridiques qu’un étudiant en première année de droit devrait balayer en une minute. Bardèche, encore lui, a parfaitement démonté les mécanismes de l’imposture et annoncé le système d’épuration permanente que ce procès allait imposer. Nous y sommes en plein et pas prêts d’en sortir à vue humaine.
Quand je pense qu’il est interdit, encore aujourd’hui, de contester les conclusions de ce procès, alors qu’il est plein d’erreurs et de mensonges flagrants ! Un exemple : on a mis à l’époque le crime de Katyn sur le dos des Allemands alors que c’était l’Armée rouge. Les Russes l’ont eux-mêmes reconnu 45 ans après. Et il y eut des gens lucides et courageux qu’on a emprisonnés pour l’avoir proclamé à l’époque2.
De toute façon, ce procès du communisme ne s’est pas fait, et pour cause : il y avait trop de connivences et de complicités entre l’Est et l’Ouest. Regardez comme ces ex-communistes se sont facilement recyclés dans le business ou des partis politiques moins marqués sans que personne ne leur demandât jamais le moindre compte. Voyez aussi combien il a été difficile d’organiser le jugement des anciens dirigeants Khmers rouges du Cambodge. Tous ceux qui se sont intéressés au dossier ont noté comment les complices avoués ou cachés ont retardé les procédures, découragé les acteurs : avocats des parties plaignantes, témoins, etc., tenté d’étouffer la diffusion, et j’en passe. À la fin, on a certes emprisonné un certain nombre de tortionnaires locaux, mais ce n’est pas l’idéologie dont ils se réclamaient qui a été jugée et condamnée !
1 Ndlr. Ce livre avait été publié à Rome en 1945, et sans doute écrit bien avant. Les auteurs, socialistes de bonne volonté, n’avaient pas notre recul sur l’après-guerre. Sans doute auraient-ils alors perdu certaines de leurs illusions. Même bien plus tard, on a vu des dissidents soviétiques s’imaginer que l’Occident serait à leurs côtés, pour ne pas même parler des Hongrois (insurrection de Budapest, 1956) ou des Tchécoslovaques (printemps de Prague, 1968).
2 Ndlr. Ce fut le cas d’André Grelin, l’inventeur de la « grelinette » (outil de jardinage permettant de travailler le sol sans le retourner). Il fut emprisonné à Marseille, en 1945, pour avoir dit dans un bistrot que Katyn était le fait des soviets.