Partager la publication "In memoriam : Louis Pupulin"
Sous le pseudonyme de Sancho Pança avait été autoéditée une Lettre ouverte à tous les Don Quichotte et à tous les chevaliers errants donneurs de leçons et moralisateurs (cf. Le Cep n°78, p. 23), livre que l’auteur vint présenter au Colloque du CEP à Orsay en 2014. Et c’est après l’avoir publié avec pour titre De la Noosphère à l’Apostasie, que notre ami nous a brusquement quittés.
Son parcours terrestre fut peu commun. Au moment où sa carrière d’ingénieur prenait un net envol (il venait d’être recruté pour prendre la direction régionale d’un très important groupe de travaux publics), tout bascula. On l’avait aimablement invité à entrer en loge : il refusa cette offre, croyant sans doute que la valeur humaine et technique d’un cadre supérieur était ce qui compte avant tout. Méprise compréhensible mais profonde ! Il fut aussitôt éjecté et ne put jamais retrouver un poste dans sa branche professionnelle. Arrivé en « fin de droits » pour les prestations de chômage, avec des enfants encore étudiants, il se résigna à devenir chauffeur routier.
Mais la loi spirituelle de compensation allait jouer.
Au milieu des affres du chômage, se présentait du temps pour lire et pour relire, la plume à la main, en réfléchissant, en approfondissant. Louis Pupulin découvrit alors la revue Science et Foi, les travaux de Guy Berthault, la force tranquille de la vision biblique du monde et de l’homme.
Ce fut un éblouissement qui, outre les clés intellectuelles dont il se dotait ainsi, l’aida sans doute à comprendre le sens plénier de l’épreuve à traverser. Homme de ressources, le chauffeur sut bientôt acheter son propre camion et, de fil en aiguille, c’est une entreprise de 40 poids-lourds qu’il venait de céder quand l’heure sonna pour le dernier rendez-vous. Que son épouse et ses enfants se consolent en redisant avec Salomon :
« La mémoire du juste est en bénédiction, mais le nom des méchants tombe en pourriture » (Pr 10, 7).
Maintenant que les circonstances permettent de lever l’anonymat sur « Sancho Pança », on lira avec d’autant plus d’intérêt cet ouvrage1 écrit d’une plume alerte où l’auteur nous lègue un à un tous les diamants qu’il a su déterrer tant dans ses lectures que dans sa large expérience de notre société.
1 Sancho PANÇA, De la Noosphère à l’Apostasie, Paris, Éd. Société des Écrivains, 2014, 400 p., 20,95€). N.B. Disponible également en Kindle.