Partager la publication "Jeanne d’arc en Vendée ?"
Par Paul-Henri Foucaud
HISTOIRE
« Si l’homme est libre de choisir ses idées,il n’est pas libre d’échapper aux conséquences des idées qu’il a choisies. »
(Marcel François)
Jeanne d’Arc en Vendée ?1
Résumé : Si Jeanne d’Arc n’est jamais venue à Luçon, un épisode relie cependant cette ville de Vendée à la jeune lorraine. Fin mai 1429, après la prise d’Orléans, un grand cercle blanc entourant une cavalière parut dans le ciel du soir et se déplaça lentement de la direction d’Orléans vers le Nord, c’est-à-dire vers la Bretagne.
Il semble que ce fait décida le Duc de Bretagne à s’allier avec le roi de France, si bien que ses 700 cavaliers se trouvèrent aux côtés de Charles VII lors de la bataille décisive de Patay.
Dans l’histoire de Luçon, le nom de Jehanne de Domrémy, n’apparaît jamais ; de même dans l’histoire de Jehanne, le nom de Luçon n’est jamais mentionné. Et pourtant, cela devrait être et voici pourquoi :
Il y a bien longtemps de cela, au mois de mai 1429, une jeune fille de 17 ans, venue de Lorraine, livrait bataille aux Anglais devant Orléans et libérait la ville : c’est Jehanne d’Arc qui avait prédit la veille : « On en gardera perpétuelle mémoire.»
La nouvelle de la délivrance d’Orléans se répandit à travers tout le royaume comme une traînée de poudre, et un beau soir de fin mai 1429, les bonnes gens de Talmont (entre les Sables d’Olonne et Luçon) prenaient le frais après une journée chaude.
Et voici que dans le ciel du soir apparut, dans la direction d’Orléans, un grand cercle blanc dans lequel on voyait l’image d’une jeune cavalière blanche sur un cheval blanc. L’ensemble se déplaçait lentement, sans se déformer, en direction du nord, c’est-à-dire de la Bretagne. La nouvelle se répandit en Bretagne où elle suscita beaucoup d’inquiétude, notamment dans l’entourage du Duc de Bretagne.
Dans une direction différente, la nouvelle parvint à la cour du Dauphin Charles VII qui se trouvait alors en son logis royal de Loches en Touraine. Le futur roi fit écrire à l’évêque de Luçon, qui était alors le Révérend Père en Dieu (on ne disait point monseigneur à cette époque-là) Guillaume Goyon, pour savoir la vérité, lequel fit interroger le curé de la paroisse de Talmont en Bas-Poitou, qui appartenait à son diocèse. Le curé confirma l’apparition vue dans le ciel talmondais par environ 300 personnes (comme le rapportent les vieilles chroniques poitevines), et proposa d’envoyer à l’évêque deux gentilshommes connus pour leur sérieux et leur probité afin de déposer devant l’évêque tout le détail de l’affaire.
L’évêque approuva et, deux jours plus tard, les deux gentilshommes talmondais étaient reçus avec égards et curiosité à l’évêché de Luçon, et Guillaume Goyon eut confirmation de l’affaire de vive voix. A son tour, il dépêcha les deux gentilshommes pour aller faire rapport à Charles VII. Nantis d’une bourse due à la libéralité de l’évêque de Luçon, les deux cavaliers quittent Luçon et, après quatre jours de chevauchée, arrivent à Loches, franchissent les trois enceintes fortifiées (qui existent encore en partie de nos jours) et sont reçus au logis royal encore intact aujourd’hui dans sa splendeur médiévale, par Charles VII et son conseil.
Pendant ce temps, le Duc de Bretagne prenait conseil lui aussi au sujet de l’affaire dont tout le monde parlait. Hésitant entre l’alliance avec le roi d’Angleterre et l’alliance avec le roi de France, il opta pour cette dernière et envoya sont plus grand capitaine, le Connétable de Richemont qui, à la tête de 700 cavaliers, vint rejoindre la Pucelle à la veille de la bataille de Patay (au nord d’Orléans).
Jehanne accepta ce renfort avec joie et, le lendemain, à la tête de toute la cavalerie royale, soit 3 200 chevaux, elle remporta l’éclatante victoire de Patay, le samedi 18 juin 1429, qui fit du 18 juin la date la plus mémorable de toute l’histoire de France. De mémoire d’homme, on n’avait pas souvenance qu’une fille de 17 ans eut livré 18 batailles et assauts et remporté 15 victoires.
« On en gardera perpétuelle mémoire », avait prédit la jeune fille. Quelques rares Vendéens ont conservé le souvenir de l’affaire Talmont.
1 Almanach Vendéen, 2006