Accueil » L’attente des Juifs et des Chrétiens (2ème partie)

Par Yves Germain

, , , ,

L’attente des Juifs et des Chrétiens (2ème partie)

Yves Germain

Résumé : Après avoir montré comment diverses images de l’Écriture annoncent le retour des Juifs dans l’Arche du salut (cf. Le Cep n° 37), Yves Germain cherche maintenant à situer cet événement grâce aux textes eschatologiques de l’Ancien et surtout du Nouveau Testament.
Or, l’épître de saint Paul aux Romains (Rm 11,25) laisse souvent entendre (dans les traductions) que l’endurcissement d’Israël durera jusqu’à ce que toutes les nations soient converties. On ne voit plus alors le rôle pourtant annoncé des Juifs lors des temps mersianiques. En réalité, ce n’est pas la conversion des nations mais la nuit du paganisme qui s’étend aujourd’hui. Toute une réévangélisation est donc encore à venir et les deux frères enfin réunis, l’aîné et le cadet, ne seront pas de trop pour recueillir toute l’humanité dans la barque.

II. Saint Paul et les juifs

Nous lisons habituellement dans nos bibles :

Rm 11,25 – “C’est un endurcissement partiel qui est arrivé à Israël, jusqu’à ce que soit entrée la plénitude des nations” (dans l’Eglise).

Ce qui voudrait dire qu’Israël entrera dans l’Église après que toutes les nations, ou tous les païens, se seront convertis. Cette traduction est bien discutable quant à l’esprit, comme nous l’avons vu. Elle ne l’est pas moins quant à la lettre :

– parce que le mot plénitude n’est jamais utilisé dans 1’Ecriture dans le sens de “tous” ou “toutes” ;

– parce que saint Paul a écrit auparavant au sujet des juifs :
Rm 11,12 – “Or, si leur faute a fait la richesse du monde et leur échec la richesse des nations, combien plus leur plénitude.” (Osty)

On remarque déjà que le mot “plénitude” est opposé à “faute” et n’a rien à voir avec une quantité.

Crampon a traduit :

Que ne fera pas leur (conversion) au complet.”

Ici deux remarques s’imposent :

  1. Saint Paul laisse clairement entendre que la “plénitude” des juifs, c’est-à-dire leur entrée dans 1’Eglise, fera des merveilles. Ce qu’il va confirmer quelques versets plus loin : Rm 11,15 – “Car si leur rejet (a été) la réconciliation du monde, que (sera) leur réintégration, sinon la résurrection d’entre les morts”

Il est clair que la “réintégration” correspond à cette plénitude qui doit donc accomplir des prodiges. Or on ne voit pas bien quels prodiges pourraient être réalisés par les juifs si ceux-ci entrent les derniers.

La conversion du monde, ou pour les juifs “les Temps Messianiques”, s’accomplirait pratiquement sans eux. Ce qui est, comme nous l’avons vu, contraire à l’enseignement des prophètes. Citons encore :

Sophonie 3,20 – “En ce temps-là, Je vous ferai revenir, en ce temps-là, Je vous rassemblerai, quand Je vous ferai avoir renom et louange parmi tous les peuples de la terre.”

Certes, l’expression “résurrection des morts” est ambiguë, mais saint Jean dans l’Apocalypse, nous parle de la “première résurrection.” (Ap 20,5) et les deux Témoins, nous l’avons vu, reprennent vie après une mort spirituelle. Ajoutons encore que le texte grec nous donne :

“Une sorte de résurrection” (Ek nekrôn — “Ek” montre une sorte de choix”

Il s’agit donc bien d’une résurrection spirituelle. Par contre, si les juifs entrent dans l’Église avant le flot des païens, nous comprenons qu’ils puissent accomplir des prodiges. Les chrétiens seuls n’avaient pratiquement réussi qu’à évangéliser l’Europe et ses colonies ; cette fois, les deux “barques” atteindront les “extrémités de la terre”.

Tous les prophètes annoncent ce retour, “le rassemblement des dispersés”, qui sera un temps heureux pour Israël et pour toute l”humanité. C’est encore ce qu’enseignent les juifs actuellement :

Za 14,9 — “Le Seigneur sera Roi sur toute la terre.”

Jr 31,31-34 – “…Tous Me connaîtront.”

2) Le dernier temps, avant la venue du Christ à la fin du monde, est un temps d’apostasie puisque le Christ se demande s’il “trouvera la foi sur terre”. Si les juifs entraient les derniers, leur entrée serait le signe de ce temps funeste, ce qui nous met en contradiction avec toute l’Écriture car, redisons-le, le “rassemblement des dispersés” n’est jamais signe de l’abomination, bien au contraire…

L’erreur de traduction.

Reprenons les paroles de saint Paul écrivant que “l’endurcissement” d’Israël durera :

Rm 11,25 — “Jusqu’à ce que soit entrée la plénitude des nations (dans l’Église)”.

Cette traduction est générale. La Vulgate nous donne en latin “donec plenitudo gentium intraret”, que l’on peut traduire ainsi :

“jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée dans (1‘Eglise)”.
Mais aussi :

“jusqu’à ce que la plénitude du paganisme comparaisse.”

Mieux encore :

“jusqu’à ce que la plénitude du paganisme soit entrée (dans le monde). ”

Cette dernière traduction est certainement la plus conforme car saint. Paul avait déjà écrit auparavant :

Rm 5,12 — “Le péché est entré dans le monde.”
Et dans l’Ancien Testament on trouvait déjà :

Sg 2,24 – “C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde.”

On rejoint ainsi la pensée de saint. Luc

Lc 21,24 — “Jérusalem sera foulée aux pieds par les païens jusqu’à ce que le temps des païens soit accompli.”

Plus précisément, d’après la Vulgate :

donec impleantur tempora nationum”

C’est-à-dire : “jusqu’à la plénitude du temps des païens.”

Ce qui signifie clairement que Jérusalem (l’Église et la Synagogue) sera persécutée jusqu’au moment où le paganisme atteindra sa plénitude.

C’est-à-dire au moment où l’humanité entière souffrira le plus. Cette “épreuve” est annoncée à 1’Église de Philadelphie déjà citée :

Ap 3,10 — “Je te garderai de l’épreuve qui va venir sur le monde entier.”

Cette annonce est unique dans le Nouveau Testament.

Nous ne connaissons pas les plaies à venir, mais déjà nous voyons que les chrétiens fidèles sont épargnés par la drogue, par exemple, qui n’est imputable qu’à la main de l’homme.

La plénitude du paganisme.

Comme annoncé, avant de disparaître le paganisme (la Babylone de l’Apocalypse) ou encore le monde des idoles et des idéologies, apparaîtra dans sa plénitude. Il y aura donc un temps de croissance de l’iniquité, suivi d’un temps de croissance de 1’Église, “jusqu’aux extrémités de la terre”. Et c’est précisément au début de ce temps que les juifs entreront dans 1 ‘Église.

Tout cela était déjà annoncé par le prophète Daniel :
Dn 12,1 – “Et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation… et en ce temps-là ton peuple sera sauvé.”

Ce temps de “détresse” ne doit pas être confondu avec la dernière heure:
Mt 24,21 – “Telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde et qu’il n’y en aura plus.”

C’est ce temps-là qui marque indiscutablement la dernière “détresse”, ou tribulation, fruit de l’Antéchrist.

Nous avons montré, par ailleurs, que la conversion du monde (les temps messianiques) est annoncée de différentes manières dans l’Écriture. Nous nous limiterons à rappeler le prophète Abdias que cite le professeur Baruk, ancien Grand Rabbin (Les Messages des Patriarches hébreux, Colbo, 1990) :

Ab 18 – “Les nations pécheresses boiront et perdront la raison et seront comme si elles n’avaient jamais été… La nation de Jacob sera un feu et la nation de Joseph une flamme, tandis que la nation d’Ésaü ne sera que de la paille qui sera brûlée et consumée. Et rien ne survivra de la maison d’Ésaü.” (p.113).

Pour bien comprendre ces lignes, il faut savoir qu’Esaü est le grand symbole du paganisme. Ce que nous oublions souvent. Mais là encore, nous remarquerons que c’est après “avoir perdu la raison” que les nations seront sauvées. La “maison d’Ésaü  ne survit pas. Il n’y a donc plus de païens.

Cet heureux temps de conversion est celui de la Moisson, ou des “mille ans” dont parle saint Jean dans l’Apocalypse. C’est encore ce temps de “Paix et Sécurité” de saint Paul (lTh 5,3) qui ne peut être établi, comme le dit le professeur Baruk, que lorsque les hommes vivront selon la Torah (nous dirions 1’Evangile).

Sans Moi vous ne pouvez rien faire.”

C’est, à sa manière, ce que l’exégèse juive annonce en nous présentant “les Temps messianiques”.

III. Les Juifs et les temps messianiques

Certains juifs les comprennent en un sens très proche du nôtre. Il suffit de lire le professeur Baruk déjà nommé :

“Ainsi on attend la “résurrection” de la Torah, et c’est cette résurrection seule qui assurera le salut du peuple juif et le salut de l’humanité entière.” (p. 149).

On notera l’emploi du mot “résurrection” qu’utilisent saint Jean et saint Paul.

Il écrit encore :

En attendant cette résurrection, on a, pendant des siècles, conservé précieusement la Torah, et on l’a étudiée dans tous ses détails en vue du moment où on l’appliquera.” (p 149)

Les juifs attendent donc cet heureux temps où les hommes vivront de la Parole de Dieu. Il faut bien reconnaître que les chrétiens, souvent, n’attendent rien sur cette terre. Et cela malgré les appels lancés par le Saint-Père. Beaucoup croient toujours que nous sommes près de la fin du monde. Lourde erreur, surtout après les paroles de Jean-Paul II, au début de Redemptoris missio. Pour lui, la mission de l’Église en est “encore à ses débuts” et donc “bien loin de son achèvement”.

Ne nous trompons pas d’époque!

Il faut aussi prendre conscience qu’en niant l’existence de ces temps messianiques, annoncés par les prophètes sur terre, nous creusons entre les juifs et nous un fossé d’incompréhension. Il est donc faux de dire que nous attendons seulement la venue en gloire du Christ à la fin des temps.

Où est donc le malentendu ?

Trop souvent nous concevons les “Temps messianiques” comme un temps de perfection. Pourtant dans l’Apocalypse saint Jean prend soin de nous expliquer que Satan n’est que “lié” pour “mille ans” (Ap 20,2). Ce qui veut dire qu’il conserve une partie seulement de ses activités. Mais ce n’est plus lui qui “séduit les nations” (Ap 20,3).

Le nombre 1000, en hébreu comme en français, indique seulement que le but est atteint : l’Eglise a évangélisé le monde. Durant cet heureux temps tout ce qui est de Satan ne disparaît pas puisque saint Jean écrit :

Ap 20,5 – “Mais les autres morts n’eurent point la vie jusqu’à ce que les 1000 ans fussent écoulés.”

Ce qui veut dire qu’un reste de l’esprit de Satan subsiste mais qu’il ne se manifestera que plus tard quand il sera “délié”. (Ap 20,3)

Beaucoup aussi n’arrivent pas à croire en la conversion du monde parce que, disent-ils, “la lutte entre le Bien et le Mal durera jusqu’à la fin”. Mais le fait d’être chrétien et d’organiser la société sur des principes divins n’a jamais été le signe d’un monde sans luttes. Tout le monde connaît l’histoire tragique des catholiques et des protestants ! Mieux encore, peut-on dire qu’il n’existe pas d’opposition entre catholiques ?

Durant ces “Temps messianiques”, décrits par des symboles que nous comprenons mal, la grande injustice ne sera plus : le rejet de Dieu et de Sa Loi. Avant d’en arriver à ce temps, nous verrons l’iniquité parvenir à son comble. On peut même dire qu’il est “heureux” celui qui ressent cette croissance, car il sait “discerner les temps”. Dès lors il est près de savoir à quel moment de l’Histoire nous sommes.

La croissance de l’iniquité

De nombreux chrétiens la nient. Elle est pourtant de plus en plus palpable, et cela dans le monde entier. Comment nier par exemple le développement des drogues ? En France il y avait 300.000 délits par an dans les années 1950 ; on en compte près de
4 millions aujourd’hui. Mais le plus important est de voir que l’Écriture annonce cette croissance :

Mt 24,7-8 – “On se dressera nation contre nation…. tout cela sera le commencement des douleurs…”

Mt 24,9 -“ Vous serez en haine à toutes les nations.”

Mt 24,10 – “Alors aussi beaucoup failliront ; ils se trahiront les uns les autres.”

Mt 24,11 – “Et il s’élèvera plusieurs faux prophètes qui en induiront un grand nombre en erreur.”

Le grand nombre sera dans l’erreur pour avoir suivi des prétendus “messies” : Hitler, Staline, Mao, etc., tous les ténors idéologiques. Puis, au verset suivant nous lisons:

Mt 24,12 – “Et à cause des progrès croissants de l’iniquité, la charité du plus grand nombre se refroidira.”

La croissance de l’iniquité était donc annoncée !

Au lieu “d’iniquité”, certains ont traduit exactement “illégalité”, c’est-à-dire sans la Loi (Décalogue).

Le Christ poursuit :

Mt 24,13 — “Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé.”
Mt 24,14 – “Et cet Évangile du royaume sera proclamé dans le monde entier… et alors viendra la fin.”

Il est donc bien clair que c’est après un temps fort de paganisme que se fera la conversion du monde, ou ce que les juifs appellent “les Temps messianiques”.

Quand on étudie l’Apocalypse de saint Jean, il apparaît nettement que durant un temps l’humanité vivra la 9ème plaie d’Egypte, celle “des ténèbres”, qui s’épaissiront au point :

Ex 10,21 – “qu’on puisse palper les ténèbres.”

Ce qui veut dire qu’un jour enfin, toutes ces erreurs deviendront évidentes pour tous. Saint Jean nous présente la même vision.

Il écrit que les “10 cornes” de la Bête “ elles- mêmes haïront la prostituée” (Ap 17,16). Ce qui veut dire que les païens eux-mêmes rejetteront un jour tous ces principes idéologiques qui détruisent l’homme sous couvert de libération.

. Saint Paul nous dit de même qu’il viendra “des moments difficiles”. Et il ajoute :

2Tim 3,9 – “Mais ils n’iront pas plus avant ; car leur démence sera manifeste pour tous.”

Pour bien comprendre ce revirement, ce “renouvellement de la face de la terre”, il faut relire l’encyclique “Dominum et vivificantem.” Comme l’y rappelle le Saint-Père: “Tout s’accomplira par l’Esprit Saint”.

Toutes les apocalypses apocryphes, le livre d’Énoch, le livre des Jubilés, l’Ascension de Moïse, le Quatrième livre d’Esdras font précéder les “Temps messianiques” d’une ère de grande tribulation. La Mishna, commentaire juif de l’Écriture, nous décrit ces temps difficiles :

L’audace criminelle augmentera, la cherté sera à son comble… la vigne donnera son fruit et cependant le vin sera rare… Ceux qui craignent de pécher seront méprisés et la vertu malmenée. Les jeunes gens feront pâlir les vieillards, les vieillards se tiendront debout devant les enfants… Un fils fera affront à son père, la fille se dressera contre sa mère… On aura pour ennemi les gens de sa propre maison. La face de cette génération sera la face d’un chien.”

Le livre de Daniel nous montre aussi une puissance, un “roi” qui se dresse “contre le chef des chefs” (Dieu). (Dn 8,23-26).Il précise bien que cela aura lieu “quand les pécheurs auront comblé la mesure” et que “sans l’aide d’aucune main il sera brisé”.

IV. Conclusion

Pour conclure, nous reproduirons la magistrale analyse de 1’ histoire de Joseph que fait le professeur Baruk.

À la lumière des symboles chrétiens, cette lecture prend une dimension toute particulière. Après avoir expliqué que “le miracle de Joseph constitue comme une seconde naissance du peuple juif”, il écrit :

Ainsi peut-on dire que, par le miracle, le peuple juif a deux pères : Jacob et Joseph, et une mère Rachel qu’on pleure encore maintenant devant son tombeau. Et le prophète Ézéchiel, dans son commentaire sur ce passage, célèbre l’union définitive du peuple juif avec Jacob, Joseph et Juda qui ne formeront qu’un seul peuple uni. Ces 3 noms symbolisent en effet le triomphe de l’amour sur la haine, de la justice et du droit sur la force brutale….”(p.146)
Remarquons que le Christ est rattaché à la tribu de Juda.

Baruk poursuit :

“C’est déjà la préfiguration de la période messianique où l’humanité sera formée de justes, et où les méchants auront disparu ! Ce rétablissement grandiose est un rétablissement réel dans le monde vivant. C’est un rétablissement historique où le Juste persécuté et dont on avait médité la mort est non seulement sauvé et rétabli ; mais encore est porté par Dieu à la plus haute autorité et où ses persécuteurs sont obligés de le solliciter et de lui demander pardon. C’est là un miracle vivant sur cette terre.” (p 146)
C’est encore ce “rétablissement” sur terre que montre l’Apocalypse de saint Jean.

Ap 15,4 – “Toutes les nations se prosterneront à vos pieds.”
C’est un rappel du prophète :

Is 40,5 – “Toute chair verra le salut de Dieu.”
À la page 147, nous trouvons ces lignes du professeur Baruk, certainement à l’adresse des chrétiens :

“C’est l’évasion mystique qui a remplacé la foi en actes. La foi n’est plus ainsi une foi réelle accomplie dans la vie terrestre, mais le simple idéal céleste. Dieu, au lieu d’agir sur terre, reste au ciel.”

Oui, reconnaissons que lorsque nous disons :

Que votre règne arrive sur la terre comme au ciel,” nous n’envisageons généralement pas que Dieu règne un jour sur terre. Nous ne lui accordons une place qu’après la fin du monde.

C’est encore une erreur de traduction qui est à l’origine de ce travers. Nous lisons souvent :

Jn 18,36 — “Mon royaume n’est pas de ce monde.”

Alors qu’il faut lire :

Mon royaume ne provient pas de ce monde.”

Il ne vient pas du bas, il vient du Haut. C’est pourquoi il faut “naître d’en haut”

Jn, 3,3- “Nul, s’il ne naît d’en haut, ne peut voir le royaume de Dieu.”
Enfin nous pouvons nous poser des questions. Dieu nous a-t-il abandonnés ? Non, c’est nous qui L’avons quitté. Pourquoi sommes-nous dans cette situation d’échec?

Parce que nous voulons interpréter personnellement l’Écriture. Il suffit de voir comment saint Thomas d’Aquin dans son Commentaire sur saint Jean, s’appuie sur saint Augustin, saint Ambroise, saint Jérôme, etc., avant de donner son avis, pour comprendre que nous avons perdu toute modestie, et que souvent nos commentaires ne sont que de creuses paraphrases bourrées d’impressions personnelles très discutables.

Comment?
— En ne prenant l’Ancien Testament que pour un médiocre livre d’Histoire, alors qu’il est notre racine. Qui le lit et l’étudie ? Quelle considération avons-nous pour l’exégèse depuis ses débuts hébreux ?

Ainsi progressivement avons nous perdu jusqu’au désir d’étudier l’Écriture et pourtant nous proclamons :

“L’homme ne vit pas seulement de pain.”

Nous avons une possibilité d’unité extraordinaire. Mais qui lit les encycliques ?

Oui, nous sommes comme la fille de Jaïre, dans un état comateux, mais nous ne devons pas désespérer puisque tout ce que nous vivons, même ce temps de mort spirituelle, était annoncé par l’Ecriture. Avec les juifs, nous sommes “le petit reste” cher à Isaïe, “la mèche qui fume encore”, et qui tôt ou tard enflammera le monde :

Mt 12,20-21 – “Il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’Il ait fait triompher le jugement ; et en Son Nom les nations mettront leur espérance.” (Is 42,1-4)

Le livre de Tobie préfigurait déjà cette “résurrection” simultanée. Tobit (les juifs) et Sara (l’humanité dans son “reste”) sont exaucés ensemble:

Tb 3,16 – “Au même moment, la prière de tous deux fut entendue .et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous les deux.”

Et Raphaël leur dira après les noces, signe de départ :

Tb 12,6 – “Faites savoir dignement à tous les hommes les œuvres de Dieu, et ne négligez pas de le célébrer.”

Tout le chapitre 14 annonce qu’ils réussiront :

Tb 14,6 – “Toutes les nations de la terre entière, toutes se convertiront…”

En hébreu B Q R veut dire “visiter” mais aussi “matin” et “bientôt”. Nous sommes dans ce temps de nuit du paganisme, de grande “famine”, mais comme nous l’avons vu, quand les juifs et les chrétiens se retrouveront, au temps de la “visite” (Sg 3,7), alors viendra le “matin”, ou le “grand jour” !

À bientôt donc Israël !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Retour en haut