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Par Laurent, Annie2
La Taqiya1
Résumé : Nous avons tendance à considérer qu’un homme honnête doit être véridique et fiable. S’il s’est trouvé à Rome des chrétiens pour brûler de l’encens devant la statue de l’empereur, l’Église ne les a jamais approuvés et leur imposait même une lourde pénitence avant de les réadmettre en son sein. Or ce principe connaît une dérogation en islam : la taqiya « dissimulation », ou parfois la ketman « restriction mentale ». Cette pratique est ancienne puisque le Coran la mentionne à deux reprises. Le Coran permet donc la dissimulation à l’égard d’infidèles en position de force, dès lors qu’elle procure un avantage (échapper à la persécution, obtenir une protection). Au VIIe siècle, les chiites persécutés par les sunnites firent même de la taqiya une obligation religieuse. Cela revient à dire qu’un musulman peut ou même doit dissimuler sa pensée en s’adressant à un adversaire (soit un incroyant, soit un hérétique), dès lors qu’il est avantageux pour lui-même (individuellement) ou pour l’Islam (collectivement) d’agir ainsi. Il y a là un point fondamental, capable d’empêcher toute confiance mutuelle vraie, ce qui porte à conséquences tant dans les rapports personnels que dans les relations collectives, notamment entre les chrétiens et les musulmans.
L’islam interdit formellement aux musulmans de renoncer à leur religion, sous peine de châtiments divins et de malédictions éternelles (cf. Coran, sourate 2, verset 217 ; 3, 87 ; 4, 115 et 16, 106). Les musulmans ne peuvent donc, en principe, dissimuler leur identité religieuse et travestir leurs croyances.
Cependant, le Coran et la tradition prophétique (la Sunna) ouvrent la voie à des dérogations quant au caractère absolu de la croyance dans le Dieu de l’islam et surtout quant à l’obligation de son attestation publique, ainsi qu’à l’observance du culte ou de la loi islamique (la charia).
De tout temps et selon des formes variées, des oulémas « docteurs de la Loi » ont légitimé la pratique de la taqiya « dissimulation », que l’on appelle aussi ketman, « secret ou restriction mentale ». Ces agissements se sont manifestés en diverses circonstances historiques et retrouvent une certaine actualité de nos jours.
Le Coran contient deux passages sur lesquels s’appuient les théoriciens de la taqiya. Ces passages correspondent à deux types de situations particulières :
1/ « Celui qui renie Dieu après avoir eu foi en Lui – excepté celui qui a subi la contrainte et dont le cœur reste paisible en sa foi –, ceux dont la poitrine s’est ouverte à l’impiété, sur ceux-là tomberont le courroux de Dieu et un tourment terrible » (16, 106).
Dans ce verset, pour notre sujet, c’est l’incise qui compte (soulignée). La taqiya est donc autorisée en cas de contrainte extérieure, quelle qu’en soit la forme : persécution, menace sur la vie, absence de liberté religieuse (de conscience et de culte), etc.
2/ « Que les croyants ne prennent pas pour alliés des infidèles au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. Allah vous met en garde à l’égard de Lui-même. Et c’est à Allah le retour. Dis : Que vous cachiez ce qui est dans vos poitrines ou bien que vous le divulguiez, Allah le sait. Il connaît tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Allah est omnipotent » (3, 28-29).
Les deux membres de phrases soulignés sont manifestement importants. Comme ailleurs dans le Coran, Dieu recommande ici aux musulmans (eux seuls sont qualifiés de « croyants ») de ne pas entretenir de relations d’amitié ou de sujétion avec les non-musulmans (cf. 3, 118 ; 5, 51 ; 9, 23 ; 60, 13), mais il autorise des dérogations à ce principe lorsque les « croyants » sont en danger face à des « infidèles ». La sécurité ou le besoin de se faire accepter priment alors sur l’affirmation de la religion.
En fait, dans de telles situations, ce qui compte, c’est l’intention du musulman ou la réalité intime de sa croyance. Peu importe alors la profession de foi publique puisque Dieu connaît les dispositions des cœurs et les pensées.
Telles sont les sources qui fondent la doctrine de la dissimulation, en matière de religion islamique et de tout ce qui peut lui être connexe. La validité du recours à la taqiya a été confirmée et précisée par les oulémas « docteurs de la Loi » dès les débuts de l’islam, notamment par Tabarî (m. 923).
Il en résulte qu’un musulman peut abjurer extérieurement ses croyances, professer publiquement une autre religion, accepter d’être réputé non-musulman ou renoncer aux exigences cultuelles et législatives conformes à l’islam, tout cela s’il se trouve dans des conditions qu’il estime être de contrainte justifiant une telle attitude. Si l’on veut comparer avec la position chrétienne sur ce sujet, il convient de se référer à une parole de Jésus-Christ dans l’Évangile : « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 35).
La taqiya a donc toujours existé dans l’Oumma « la Communauté des musulmans », mais elle s’est d’abord surtout développée en milieu chiite, ceci pour des raisons de nécessité, suite à la « Grande discorde » (Fitna)qui a engendré au VIIe siècle le clivage avec l’islam sunnite (cf. PFV n° 109, ancienne série). Depuis cette rupture, les sunnites ont le plus souvent gouverné l’Oumma. Durant ces périodes, les chiites, toujours minoritaires, ont recouru à la taqiya pour défendre leur identité, souvent niée par l’autorité qui les assimilait au sunnisme, ou pour échapper aux persécutions. Les imams chiites ont justifié, et même conceptualisé, cette pratique, qui a dès lors été comprise comme une obligation de conscience, donc comme faisant partie de la religion musulmane. Tous les traités chiites contiennent un chapitre spécial, intitulé « Livre de la taqiya ».
Selon Sami Aldeeb Abou-Sahlieh, professeur de droit islamique à l’université de Lausanne, la tradition chiite rapporte trois cents récits dans ce sens. En voici un aperçu :
« La dissimulation fait partie de ma religion et de la religion de mes ancêtres » ;
« Si tu agis par dissimulation, ils ne pourront rien contre toi. La dissimulation sera une forteresse pour toi et servira de digue entre toi et les ennemis de Dieu, qu’ils ne pourront jamaispercer. Si tu dis que celui qui abandonne la dissimulation est comme celui qui abandonne la prière, alors tu dis la vérité » ;
« La dissimulation est le meilleur des actes du croyant parce qu’elle sert à le sauvegarder et à sauvegarder ses frères des impies. » (Cf. Le Secret entre droit et religion, 2004, diffusion Internet).
Henri Lammens (1862-1937), jésuite belge, orientaliste arabisant de renom établi au Liban, a écrit à ce sujet :
« Parmi les adversaires de ses croyances, il [le chiite] peut parler et se conduire comme s’il était un des leurs. En agissant de la sorte, en prêtant, s’il le faut, des faux témoignages et des faux serments, quand l’intérêt de la communauté l’exige, ou simplement en vue d’un avantage personnel, il croit obéir à l’ordre de l’imam suprême. »
Et de commenter :
« Inutile de relever les conséquences morales de cette théorie, de cette loi du secret, laquelle entretient et légitime une perpétuelle équivoque et rend les chiites impénétrables3. »
À l’instar des chiites, les adeptes de confessions dissidentes du chiisme (alaouites, alévis, druzes, ismaéliens) ressortissants d’un califat ou d’un État sunnite, parce que minoritaires, ésotériques, considérés comme hérétiques et donc maltraités pour ces motifs, ont le devoir de pratiquer la taqiya pour se protéger, en tant qu’individus et communautés. On retrouve cette situation chez les bahaïs dans la République islamique d’Iran, chiite. Ces minorités recourent par ailleurs à la taqiya lorsqu’elles ont besoin de légitimer une position dominante qu’elles ont pu acquérir.
Ainsi, quand Hafez El-Assad (père de Bachar, l’actuel président syrien), membre de la communauté alaouite, s’est emparé du pouvoir à Damas, en 1970, il a multiplié les gestes destinés à se faire passer pour un musulman orthodoxe aux yeux du monde sunnite (prière rituelle à la mosquée des Omeyyades à Damas, fatwa de l’imam libanais chiite Moussa Sadr reconnaissant l’appartenance des alaouites à l’islam, construction d’une mosquée à Qardaha, le village natal des Assad, alors que traditionnellement les alaouites ne prient pas dans des mosquées, etc.). La taqiya existe donc au sein du milieu islamique, et pas seulement dans un contexte non-musulman.
Les musulmans sunnites ne rejettent pas la taqiya, mais elle n’est pour eux qu’une permission. Ils s’appuient sur des enseignements dispensés par certains de leurs oulémas, tel que celui-ci : « El-Chawkani dit que celui qui devient mécréant sous la menace de mort ne commet point de péché si son cœur est tranquille dans la foi » (S.-A. ABOU-SAHLIEH, op. cit.).
La taqiya a été observée légitimement par les Morisques vivant sous un pouvoir chrétien en Andalousie. Ainsi, en 1504, le mufti Ahmed Ibn Jumaïra publia une fatwa « avis juridique » donnant des consignes précises à ce sujet. Si les chrétiens obligeaient les musulmans à injurier Mahomet, ils devaient le faire en pensant que cette parole était prononcée par Satan. S’ils étaient obligés de boire du vin ou de manger du porc, ils pouvaient le faire, mais en sachant que c’était un acte impur et à condition de le condamner mentalement. S’ils étaient forcés de renier leur foi, ils devaient essayer d’être évasifs ; si on les pressait, ils devaient intérieurement nier ce qu’on les obligeait à dire.
De nos jours, les musulmans sont présents sur tous les continents. Vivants en dehors de leurs territoires traditionnels, ils sont donc sur des « terres de mécréance » (Dar el-Kufr) où il leur est permis, voire recommandé, de pratiquer la taqiya, mais sous une autre forme, à titre individuel ou collectif.
Il s’agit de s’adapter extérieurement au contexte en respectant les lois, principes et habitudes des pays concernés, tant que les circonstances ne sont pas favorables à l’instauration de l’islam comme religion dominante et à la pleine application de la charia.
L’esquive consiste à utiliser un vocabulaire qui plaît aux Occidentaux pour décrire l’islam comme une religion inoffensive, apportant « la paix, la tolérance et l’amour ». Certaines personnalités musulmanes profitent de l’ignorance de leurs interlocuteurs non-musulmans pour faire passer des messages tronqués quant à l’enseignement véritable de l’islam, en particulier sur certains sujets sensibles : violence, liberté de conscience, droits de l’homme, statut de la femme, respect des non-musulmans, égalité entre les hommes, etc.
Ces personnalités utilisent dans ce but les tribunes qui leur sont ouvertes dans la presse ou même les rencontres de dialogue interreligieux. Il s’agit en réalité de rassurer les non-musulmans quant aux valeurs libérales et pacifiques de l’islam, en présentant les comportements moralement inacceptables comme étant des dérives, des déformations, voire des trahisons de la religion musulmane. On peut comparer cette attitude avec la parole du Christ : « Que votre langage soit : “Oui ? oui”, “Non ? non” »(Mt 5, 37).
Imam de la grande mosquée de Bordeaux, ancien militant de l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF, d’obédience Frères musulmans), Tareq Oubrou préconise pour les musulmans d’Europe l’acceptation d’une « charia de minorité ». Pour lui, « il s’agit de mettre en relation la norme avec la réalité concrète, tout en restant fidèle aux méthodes qui régissent l’application de la charia à la réalité […]. Cela permet l’élaboration d’un canonisme mobile4».
D’après l’islamologue Dominique Urvoy, cette position est à comprendre comme une application de la taqiya :
« Tareq Oubrou adopte constamment cette ligne d’action : il affirme qu’il est possible de tout résoudre ponctuellement par des fatwas ; si une règle démocratique va à l’encontre de la règle islamique, on peut abroger cette dernière momentanément, mais on la rétablira le jour où… On met les choses en veilleuse, mais il s’agit bien de les réactiver tôt ou tard, et cela parce que le Coran est considéré comme étant la parole incréée de Dieu ; par exemple, le djihad, auquel les musulmans doivent renoncer quand ils vivent en Occident, ou auquel ils doivent donner une dimension exclusivement intérieure, mais qu’ils ont le devoir de rétablir dès que cela sera possible5. »
Un jugement identique peut être porté sur les positions de Tariq Ramadan, universitaire suisse d’ascendance égyptienne, petit-fils par sa mère d’Hassan El-Banna, le fondateur des Frères musulmans. Ramadan joue habilement, dans ses livres et ses conférences, sur certains concepts et mots familiers aux Européens. En voici deux exemples :
- Le « réformisme », qui évoque en Occident la modernisation de la pensée, est le plus souvent compris dans l’Islam comme l’islamisation de la modernité ;
- Le « témoignage », vocable à connotation pacifique et respectable, sert à promouvoir l’instauration d’une société régie par les sources scripturaires de l’islam, Coran et Sunna, dans une Europe déchristianisée et sécularisée.
Pour T. Ramadan, Dieu a établi des musulmans sur le Vieux Continent afin de le régénérer dans tous les domaines. Il estime que l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne a un rôle à jouer dans cette mission : « L’islam est une religion européenne de fait, et la Turquie habite culturellement, politiquement et économiquement, son avenir » (Le Monde, 17 avril 2009).
Après l’avoir longtemps soutenu, le père Christian Delorme, prêtre lyonnais, a écrit à son sujet :
« Je me demande si le discours de Tariq Ramadan, qui déprécie constamment la culture occidentale, va dans le sens d’une réelle intégration des jeunes musulmans » (Le Monde, 29 septembre 2000) ;
« Je suis aujourd’hui convaincu, et j’ai mis du temps à le comprendre, que la pensée et l’action de T. Ramadan sont dangereuses […].
Il sait charmer son auditoire, mais en réalité il veut une séparation des musulmans d’avec les autres communautés6. »
En 2003, l’universitaire Dominique Avon, après avoir analysé l’œuvre de Ramadan, a publié ses conclusions dans la revue Nunc dédiée à l’anthropologie, à la philosophie et à la théologie.
« Son projet consiste à faire émerger un corpus universel (valeurs, devoirs, droits) à partir de la source islamique vouée à se substituer aux notions historiquement formulées en Europe, en Amérique du Nord, à leurs références législatives et juridiques qui les inspirent » (n° 4, octobre 2003).
Pour évaluer l’opportunité du recours à la taqiya et en doser l’usage, les musulmans sont donc en principe invités à tenir compte des rapports de forces dans les lieux où ils vivent. Selon Marie-Thérèse Urvoy, professeur d’islamologie à l’Institut catholique de Toulouse, la dissimulation « est connaturelle à l’islam primitif, du vivant du Prophète, et […] les musulmans n’en sont dispensés que lorsqu’ils sont en situation de supériorité, lorsque “Dieu leur donne la puissance”7 ».
Il faut enfin souligner que, face aux horreurs commises par des djihadistes, dont souffrent également d’autres fidèles de l’islam, certains intellectuels, dirigeants politiques8 et responsables religieux musulmans dénoncent aujourd’hui l’utilisation de la taqiya, demandant un examen lucide des textes sacrés sur lesquels se fondent les adeptes de la violence (Cf. PFV n° 30-31-32).
Annexe 1. Petite leçon de taqiya pratique9
Les circonstances ont fait que j’ai été amené à aider une famille d’Irakiens chrétiens qui ont fui Mossoul à la dernière extrémité. Lui médecin hospitalier, sa jeune épouse pharmacienne hospitalière et la maman professeur de physique-chimie, son mari et son fils aîné ayant été tués par les assassins de l’État islamique. Tous les trois ont un bon niveau de formation, mais sont anglophones. Je leur ai trouvé dans une université d’une grande ville de province des cours de français ; ils sont dans trois cours différents eu égard à des niveaux de maîtrise différents de notre langue. Or, dans ces cours, se trouvent des Syriens et des Maghrébins musulmans.
Alors que surviennent les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Les professeurs en profitent, d’une façon qui n’est pas illégitime, pour s’entretenir avec les étudiants sur les événements. Le discours se fait gentiment consensuel et, bien entendu, leur administre du « pas d’amalgame » additionné d’une pincée de république et d’un zeste de laïcité. Et voilà nos musulmans d’enchérir ouvertement sur le scandale inacceptable de ces attentats avec force protestation de loyalisme à l’égard de la France !
C’est là que le témoignage de ces chrétiens prend tout son poids. Par la suite, dans les conversations privées, avec mes amis chrétiens, le discours des mêmes (en arabe) change du tout au tout, même à l’égard de celle qui porte le signe des chrétiens.
En substance, le propos est le suivant : « On les a mis à genoux, la France est à notre merci ! » et le reste est tout entier constitué par le mépris du pays d’accueil. Cela dans trois cours différents avec une similitude de langage qui ne saurait être le fruit du hasard.
Me rapportant ces propos, nos malheureux amis étaient bouleversés. Voilà donc que l’horrible scénario, vécu par eux il y a un peu plus d’un an en Irak, risquait de se reproduire et, me disaient-ils : « S’ils deviennent majoritaires, devrons-nous fuir de nouveau ? »
Taqiya donc, dissimulation en public en terre de mécréance, mais aussi et surtout, la question qui se pose est : quelle différence entre islam et islamisme ? Seulement celui du passage à l’acte ? Je laisse à chacun le soin d’en juger. Pour ma part, c’est déjà fait. (Olivier PICHON).
Annexe 2. À propos d’un communiqué du CFCM10
Afin de faire croire que la décapitation du prêtre de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray n’a rien à voir avec l’islam, les membres du Conseil Français du Culte Musulman ont publié, le 28 juillet 2016, un communiqué dans lequel un texte islamique a été travesti.
J’aimerais signaler que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) a menti aux Français dans son communiqué appelant les musulmans à se rendre le dimanche dans les églises pour soutenir les chrétiens en deuil suite à la décapitation d’un prêtre catholique.
Le père Jacques Hamel a été décapité à l’intérieur-même de l’église Saint-Étienne-du-Rouvray, à Rouen, après avoir été forcé de se mettre à genoux, comme pour les exécutions que nous avons vues ces dernières années en Syrie ou en Irak. L’attentat a été revendiqué par l’État Islamique.
Le Figaro a publié cet appel du CFCM, mais pas un de ses journalistes n’a pris la peine de procéder à une vérification qui lui aurait permis de constater que le CFCM ment11. D’autres journaux français ont publié ce communiqué, sans procéder à la moindre investigation.
Dans son communiqué, le CFCM invite « les responsables de mosquées, les imams et les fidèles à rendre visite aux églises qui leur sont proches, notamment à l’occasion de la messe du dimanche matin, pour exprimer à nouveau à nos frères chrétiens la solidarité et la compassion des musulmans de France ».
À l’appui de sa demande, le CFCM cite un hadith [« communication orale » de Mahomet transmise par ses fidèles] truqué. Voici le hadith tel qu’il est cité par le CFCM :
« Celui qui fait du mal injustement à un juif ou à un chrétien me trouvera en adversaire le jour du jugement dernier. » Voici maintenant ce hadith traduit fidèlement : « Celui qui nuit à un dhimmi me nuit, et celui qui me nuit me trouvera son adversaire le jour de la résurrection. »
Or un dhimmi [« protégé tributaire »] est un chrétien ou un juif qui paie la capitation aux musulmans, ce fameux « impôt » de la jizya, que les musulmans ne paient pas, ce qui leur permet de vivre sur le dos des chrétiens et des juifs dominés par eux. Ces Messieurs du CFCM ont donc truqué un hadith pour gruger les Français et leur faire croire que Mahomet ne voulait aucun mal aux juifs et aux chrétiens, alors qu’il s’agit uniquement des juifs et des chrétiens qui vivent sous le joug de l’islam, et qui sont dûment victimes d’extorsion par les musulmans.
En fait, le CFCM ment doublement :1/ En citant un hadith travesti par ses soins. 2/ En présentant comme un hadith de Mouslim une citation qui ne figure dans aucun recueil des hadîths de Mouslim. Ce hadith figure dans d’autres recueils, mais il n’est pas classé authentique.
Au contraire, il figure parmi les hadîths dont la chaîne de transmission est considérée comme faible [donc sujette à caution]. Or pour être valide et pouvoir être cité publiquement à la décharge de l’islam, un hadith doit être classé authentique et figurer dans les recueils de l’auteur auquel on l’attribue (Mouslim, en l’occurrence, auteur de volumineux recueils de hadîths). Et surtout, la traduction du hadith en français ne doit pas être trafiquée !
Précisons qu’il existe un hadith classé authentique sur ce même thème, que le CFCM n’a pas cité : « Qui tue une personne ayant signé un pacte avec les musulmans ne sentira pas l’odeur du paradis, bien que son odeur soit perceptible à une distance de 40 ans12 » (Hadith authentique de Boukhâri 3 166, livre 58, hadith n° 8).
Là encore, ce hadith parle d’une personne non-musulmane à laquelle les musulmans ont imposé un pacte, donc un dhimmi, qui représente une source de revenus pour les musulmans. Or il est logique que Mahomet ne veuille pas que sa source de revenus se tarisse. Cela ne veut pas dire que le statut de dhimmi est sécurisant, car un « protégé tributaire » n’est laissé en vie que tant qu’il est utile aux musulmans. La dhimmitude est un statut provisoire : il peut durer des années, des décennies même, mais il reste un statut provisoire, car, à terme, le but est de combattre jusqu’à ce que l’islam triomphe partout sur la terre, et que « le culte soit rendu à Allah seul » (sourate 8, verset 40).
De plus, le CFCM feint d’ignorer qu’un musulman n’a pas le droit d’entrer dans une église, sauf par taqiya, pour rassurer les chrétiens par exemple, ou pour infiltrer un milieu chrétien. Un musulman peut également entrer dans une église pour tuer des chrétiens.
Le jihad rend licite tout ce qui est en principe illicite. « Ô croyants ! Ne prenez point pour amis les juifs et les chrétiens, ils sont amis les uns des autres. Celui qui les prend pour amis est des leurs » (sourate 5, verset 56).
On peut également feindre l’amitié avec les chrétiens pour se prémunir contre eux, ce qui correspond à la situation actuelle en France. L’islam est en train d’être démasqué alors que les musulmans ne sont pas encore majoritaires. Donc il est urgent que les musulmans réajustent le tir en amadouant les chrétiens et les autres non-musulmans, car ils sentent que la coupe est pleine et ont besoin de gagner du temps, jusqu’à ce qu’ils deviennent majoritaires.
Cette attitude se base sur le verset 28 de la sourate 3 du Coran : « Que les croyants ne prennent point pour alliés des infidèles plutôt que des croyants. Ceux qui le feraient ne doivent rien espérer de Dieu, à moins que vous n’ayez à vous prémunir contre eux. »
Pour finir, j’aimerais signaler cette autre tentative d’enfumage du CFCM, qui appelle l’ensemble des quelque 2 500 mosquées de France « à saisir l’occasion du prêche de la prière de vendredi prochain pour évoquer la place prépondérante qu’occupe dans la religion musulmane le respect des autres religions, ainsi que le respect des hommes de foi qui les portent ».
Vous aurez remarqué que le CFCM ne pousse pas l’amour, la paix et la tolérance musulmans jusqu’à demander que l’on prie dans les mosquées pour le repos de l’âme de ce prêtre, ou pour les victimes des autres attentats perpétrés par des musulmans. Car il est interdit pour un musulman de prier pour l’âme d’un défunt non-musulman : « Il ne sied point au prophète ni aux croyants [musulmans] d’implorer le pardon de Dieu pour les idolâtres [non-musulmans], lorsqu’il est devenu évident qu’ils seront livrés au feu » (sourate 9, verset 114).
Autrement dit, un musulman peut prier pour un non-musulman vivant, dans l’espoir qu’il se convertisse à l’islam. Mais si le non-musulman est mort dans la mécréance, alors qu’il avait eu connaissance de l’islam mais ne s’y était pas converti, il n’est plus possible de prier pour lui, car sa destination est l’enfer, ce dont il a été averti quand il était encore en vie.
Il est logique que les musulmans ne puissent pas prier pour ceux que le Coran leur ordonne d’exterminer13, et qu’ils insultent 17 fois par jour dans leurs prières, chaque jour de leur vie14. Cette question se posa suite aux attentats de Bruxelles, en mars 2016. Le Conseil des Imams Belges refusa de prier pour les âmes des victimes non-musulmanes.Le sheikh Abdelhadi Sewif, imam de la grande mosquée de Bruxelles, a précisé :
« Nous ne pouvons pas prier pour l’âme des non-musulmans, mais si nous devons le faire, nous ne sommes pas tenus d’appeler ça une prière. Nous pouvons l’appeler autrement, par exemple : solidarité avec les familles des victimes. Nous pouvons les soutenir, mais pas prier pour leurs morts. »
Voici ce que déclare l’imam Mohammad Ghali : « Certains disent que prier pour l’âme des non-musulmans est prohibé, mais comme les victimes de cet attentat sont des musulmans et des non-musulmans, nous demandons pour tous la paix, la miséricorde, et la santé15. »
La santé ? Ça ne m’a pas l’air d’une prière pour les morts. En revanche, les imams prient pour l’âme des musulmans qui commettent les attentats terroristes.
Et bien qu’ils nous martèlent que ces terroristes n’ont strictement rien à voir avec l’islam, ils les enterrent invariablement selon le rite musulman, et toujours dans des cimetières musulmans. (Eva).
Annexe 3. Sur l’étonnante exhortation du Président Al-Sissi, prononcée le 28 décembre 2014 devant les oulémas de l’université Al-Azhar, au Caire.
Le maréchal Al-Sissi incita les oulémas à une véritable transformation de l’islam (il a même employé le mot de « révolution »). Dans un contexte politique tendu, avec sa lutte déterminée contre les Frères Musulmans, il est difficile de croire de sa part à un acte de taqiya. En tous cas, ce n’est pas ainsi que les coptes d’Égypte l’ont compris. Il convient de souligner que l’université Al-Azhar est la plus haute autorité intellectuelle et morale de l’islam sunnite. Voici quelques extraits de l’exhortation du Président égyptien : « Ce corpus de textes et d’idées que nous avons sacralisé depuis de nombreuses années, au point que s’en éloigner est devenu presque impossible, suscite à notre égard l’hostilité du monde entier. »
« Il est impossible que la pensée que nous tenons pour la plus sacrée puisse faire de l’entière communauté des croyants une source d’anxiété, de danger, de meurtre et de destruction pour le reste du monde. » « Est-il concevable que 1,6 milliard de personnes puissent penser qu’ils doivent tuer les autres membres de l’humanité, qui compte sept milliards de personnes, aux fins de pouvoir vivre ?… Je dis ces mots ici, à Al Azhar, devant cette assemblée d’oulémas… Tout ce que je vous dis, vous ne pouvez pas le comprendre si vous restez coincés dans cet état d’esprit. Vous devez sortir de ce que vous êtes pour être en mesure d’observer et de réfléchir dans une perspective plus éclairée.
Je dis et je répète que nous sommes face au besoin d’une révolution religieuse. Vous, les imams, êtes responsables devant Dieu. Le monde entier, je le répète, le monde entier attend votre prochain mouvement… car la communauté des croyants est ravagée, détruite ; elle est perdue, et elle l’est à cause de nous ! »
Ces fortes paroles semblent avoir porté quelques fruits. En effet un événement surprenant vient de se produire : « Un Égyptien de confession musulmane a été condamné à mort jeudi par un tribunal d’Alexandrie pour le meurtre d’un concitoyen chrétien qui vendait des boissons alcoolisées, ont indiqué des responsables de la sécurité et de la justice. La cour d’Alexandrie a émis son verdict – qui peut encore faire l’objet d’un appel – après avoir consulté le grand mufti d’Égypte (cheikh Shawki Allam), chargé d’interpréter la loi musulmane auprès des autorités, mais dont l’avis n’est pas contraignant et qui avalise généralement les peines capitales. Adel Abou al-Nour el-Sayed, 50 ans, était accusé d’avoir tué le 2 janvier dans la ville d’Alexandrie Youssef Lamei, un Copte de 61 ans. Il s’était approché du sexagénaire assis devant son magasin de boissons alcoolisées et lui avait tranché la gorge, a indiqué à l’AFP Tony Youssef, le fils de la victime qui a assisté à la scène. Sayed, arborant une longue barbe à la manière des musulmans fondamentalistes, avait affirmé à la cour pendant le procès qu’il tuerait tous les vendeurs d’alcool s’il le pouvait, selon des sources judiciaires. L’accusé était présent à la cour jeudi, a indiqué une source de la sécurité. » (Source : L’Orient-Le Jour, 9 mars 2017, cité par L’Observatoire de la Christianophobie du 10 mars)
1Repris avec autorisation de La Petite Feuille Verte (abrégée en PFV) n° 33, diffusée numériquement par l’association Clarifier.
2Annie LAURENT est titulaire d’un doctorat d’État en sciences politiques pour une thèse sur le Liban où elle a vécu cinq ans, y éditant le périodique Libanoscopie (1988-1992). Elle avait été nommée par Benoît XVI experte au Synode spécial des évêques du Proche-Orient, qui s’est tenu à Rome en octobre 2010.
3H. LAMMENS, L’Islam, croyances et institutions, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1943, p. 190-191, réédité aux Éd. du Trident en 2014.
4Tareq OUBROU, Profession imâm, Paris, Albin Michel, 2009, p. 37-41.
5 D. URVOY, « La place du secret dans la pensée religieuse musulmane », in L’Islam en France, hors-série de la revue Cités, Paris, PUF, 2004, p. 646.
6 Cité par Lina MURR-NEHMÉ, Fatwas et Caricatures, Paris, Salvator, 2015, p. 139.
7M.-T. URVOY, Entretiens sur l’islam, avec Louis Garcia, Avignon, Éd. Docteur angélique, 2015, p. 54.
8Ndlr. Cf. Annexe 3 ci-après.
9Source : http://eurolibertes.com/tribune/petite-lecon-de-taqiya-pratique/ (26 mars 2016).
10Source : Riposte laïque.
11http://lefigaro.fr/flash-actu/2016/07/28/97001-20160728FILWWW00198-les-musulmans-invites-a-aller-a-la-messe-dimanche.php
12http://sunnah.com/bukhari/58/8
13 http://ripostelaique.com/mon-coran-mautorise-a-tuer-tous-les-musulmans.html
14 https://twitter.com/AlainJeanMairet/status/759800566398713856
15 https://jihadwatch.org/2016/03/belgium-imams-refuse-to-pray-for-the-souls-of-the-non-muslim-victims-of-brussels-jihad-massacre