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Par Sanford John
Le phénomène de l’unité1
John Sanford2
Résumé : Le naturaliste John Ray, précurseur de Linné en taxonomie, écrivait que le moindre brin d’herbe ou un simple épi de blé suffisait à montrer objectivement l’action d’une Intelligence créatrice. Il s‘y manifeste, en effet, une unité d’ensemble et une intégration de différentes parties complexes qui ne peuvent résulter du hasard. Il est donc navrant de constater que bien des généticiens aujourd’hui ne voient dans le génome qu’un « réservoir de gènes » sans unité d’ensemble, et dans l’homme qu’un « sac de molécules ». Un tel réductionnisme n’est-il pas la manifestation d’une véritable cécité intellectuelle, relevant peut-être elle-même d’une cécité spirituelle ?
La question de comprendre comment reconnaître un dessein intelligent s’est présentée peu à peu. Il y a toujours eu reconnaissance intuitive d’un dessein dans la nature. C’est la perspective logique embrassée par défaut. Dans la mesure, où certains souhaitent rejeter l’évidence, l’existence d’un dessein a été explicitement proclamée par les Écritures (de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse). Plus tard, la question du dessein a été discutée par pratiquement tous les « pères fondateurs » de la science, y compris Copernic, Bacon, Newton, Pasteur, Maxwell, Faraday et Kelvin.
Paley (1802)3 fut le premier à avancer l’argument de la complexité comme preuve d’un dessein.
Ce concept fut affiné plus récemment par Behe (1996)4, qui a introduit la notion de complexité irréductible.
La complexité a été décrite encore plus en détail dans les deux arguments qui sont liés : celui de la théorie de l’information (Gitt, 19975 ; Gitt et al., 20136), et celui de la complexité spécifiée (Dembski, 19987). Cependant, je crois qu’il reste au moins une reconnaissance plus utile du dessein intelligent : il s’agit du phénomène de l’unité, qui se présente comme résultat de la complexité intégrée.
Un dessein intelligent peut être diagnostiqué au moyen de l’intégration complète d’un grand nombre de composants, c’est ce que j’appelle la complexité intégrée. Elle est à la base du phénomène naturel facilement reconnaissable de l’unité. L’unité est une réalité objective. L’unité est aisément identifiable par toute personne rationnelle, et n’est pas simplement subjective. L’unité est donc un sujet légitime d’analyse scientifique. L’unité se présente au travers de l’intégration complète d’un très grand nombre de pièces. Un puzzle possède une unité. Un tas de sable n’en a pas.
Un avion de chasse est fait de milliers d’éléments et d’innombrables atomes, mais il possède une unité à la fois de fonction et de forme. C’est ce qui le rend aisément reconnaissable comme un produit issu d’une conception. Il existe en tant qu’unité simple intégrée, bien au-delà de tous ses composants. Dans son état original non dégénéré, chaque composant simple a un but et une place, et chaque élément est parfaitement intégré à tout le reste. En dépit de ses innombrables composants, l’avion existe dans un état non pluriel. C’est l’essence du terme « unité » (unicité).
Nous ne disons pas : « Oh, regarde tous ces morceaux de métal et de plastique ! » Nous disons : « Oh, regarde cet avion ! » Il n’est pas même approprié d’indiquer, avec du recul, qu’un avion est plus que la somme de ses éléments. Un avion est une nouvelle réalité qui existe à un niveau totalement différent de n’importe laquelle de ses pièces. Il peut voler. Les pièces ne le peuvent pas. De manière identique, il est inapproprié de dire qu’un vaisseau spatial est plus qu’un grand nombre de pièces de métal. Il est inapproprié de dire qu’un livre est plus que les lettres qui le composent. Il est également inapproprié de dire que la vie est plus que la somme de ses éléments. Ce sont là des sous-estimations monstrueuses. Nous pourrions aussi bien déclarer qu’il y a plus d’une goutte d’eau dans la mer. Ces choses sont tellement excessivement évidentes, comment pouvons-nous justifier même de les dire à haute voix, à moins de parler à un homme en transes ?
Un être humain contient plus de 100 000 milliards de cellules, soit plus de 1014 cellules. Mais nous ne sommes pas 100 000 milliards de cellules. Je le répète, ce n’est pas ce que nous sommes. Nous sommes chacun réellement des entités singulières, des unités constituées par la forme, la fonction et l’être.
Nous sommes l’intégration presque parfaite d’innombrables composants et, comme tels, nous constituons un nouveau niveau singulier de la réalité. Le caractère particulier de notre existence en tant que personnes, hormis nos molécules, est merveilleusement profond et tout simplement évident. Seul un sommeil spirituel de plomb a pu nous rendre aveugles à cette réalité. Nous avons désespérément besoin de nous réveiller.
Quand nous serons conscients de la réalité de l’unité, nous nous éveillerons également à la réalité de la beauté. Nous commençons à nous rendre compte que ce que nous appelons « beauté » est simplement la reconnaissance de l’unité globale des choses conçues. Dans cette perspective, la beauté n’est pas simplement subjective. Avec ce nouvel éclairage, la beauté, comme l’unité, peut être vue comme une réalité véritablement objective et concrète8.
Dans leurs moments les plus poétiques, les scientifiques parlent quelquefois de cette beauté de l’unité comme étant élégante. L’élégance est une conception qui est si excellente et merveilleuse que les détails, les aspects s’y combinent tous ensemble parfaitement pour définir quelque chose de nouveau, un tout totalement intégré.
L’unité peut être vue comme l’absence étonnante de zones d’ombre ou de lisières floues. Par exemple, chez l’homme, chaque cellule a sa place et sa fonction, si bien qu’elle s’intègre à un ensemble complet spécifique. Le profil humain, comme le profil d’un avion aérodynamique, proclame l’élégance de la forme et l’unité de l’objet. J’aimerais vous suggérer que l’unité est la base concrète et objective de ce que nous appelons beauté. Je crois vraiment qu’elle est aussi ce qui démontre indubitablement un niveau très élevé de conception à l’origine.
L’unité étonnante d’un corps humain (notre « phénome ») devrait être évidente pour toute personne sensée, même si cette dernière n’a que de vagues notions de biologie. Quand nous voyons un être humain, nous ne pensons pas : « Regardez toutes ces cellules et tous ces tissus ! » Nous voyons une seule entité, une personne.
Qu’est-ce que cela suggère au sujet du génome humain ? Le génome est supposé être la base de l’unité du phénome. Pourtant, étonnamment, la plupart des généticiens modernes voient le génome comme étant essentiellement un empilement de nucléotides sans unité. Il est admis que tous nos génomes collectifs se comportent simplement comme un « réservoir de gènes ». C’est l’antithèse même de l’unité. Le génome est vu comme un immense arrangement de molécules, tout à fait fortuit et grandement aléatoire. Chaque nucléotide est censé être apparu et censé « évoluer » (ou dériver) indépendamment des autres. L’on doit appeler ce modèle de pensée (c’est-à-dire celui selon lequel l’homme n’est qu’un sac de molécules) le réductionnisme.
Le généticien moderne typique voit le génome comme étant principalement de « l’ADN poubelle », dans lequel sont mélangés plus d’un million de « gènes égoïstes » parasites (les généticiens reconnaissent quand même qu’il y a une certaine dose d’information réelle : quelques dizaines de milliers de gènes fonctionnels). Il est largement admis que chaque gène égoïste a son propre agenda égoïste, en se diffusant aux dépens de l’ensemble.
Comment cela pourrait-il être vrai ? À la lumière de la deuxième loi de la thermodynamique, peut-il apparaître possible que l’ordre et l’unité stupéfiante du phénome résultent entièrement d’un génome fragmenté et chaotique ? Rationnellement, si l’ordre et l’unité du phénome émanent du génome, alors le génome ne devrait-il pas être plus complexe et plus intégré que le phénome ?
Imaginez que vous entriez dans le vaisseau spatial intergalactique S.S. Phénome. Vous passez des portes marquées « Salle des machines à vitesse galactique » et « Station orbitale ». Ensuite, vous voyez une porte affichant l’indication « Bureau de l’Architecte en chef et de l’Ingénieur en chef ». Vous ouvrez la porte et vous voyez un bureau dans un désordre indescriptible. Des papiers traînent partout, il y a une odeur de nourriture en décomposition, et les écrans des ordinateurs sont cassés. Debout sur un bureau, deux chimpanzés se battent pour une banane. Seriez-vous assez naïf pour croire que vous voyez vraiment l’Architecte en chef et l’Ingénieur en chef du S.S. Phénome ? Penseriez-vous vraiment que le S.S. Phénome ait pu avoir été créé et conservé en bon ordre par ce bureau qui se trouve dans un état dégénéré et chaotique ? Pourtant, c’est ainsi que le monde moderne voit le génome ! C’est le paradigme dominant en ce qui concerne la nature même du génome, et cela décrit les relations stupides de type maître /esclave de génie entre le génome et le phénome. Dans cette perspective, ne devrions-nous pas réévaluer notre vision du génome avec un œil critique ? N’est-il pas temps de changer de paradigme ?
Si la complexité intégrée est réellement ce qui démontre qu’il y a eu une conception, et si le génome était vraiment conçu à l’origine, nous prédirions que le génome devrait présenter des preuves étendues d’intégration et d’unité.
Nous devrions pouvoir découvrir de nombreux niveaux d’unité de forme et de fonction dans le génome. Je crois que cela commence maintenant à se produire. Je prédis que cela se verra de plus en plus dans les années à venir, à mesure que nous décrypterons les nombreuses configurations multidimensionnelles élaborées qui existent dans le génome. Je prédis que, quand nous comprendrons mieux le génome, nous verrons l’intégration et l’unité à tous les niveaux. Mais je prévois également que nous verrons de plus en plus de preuves de dégénérescence et de corruption de la conception originale, puisque le processus des mutations est dégénératif et que la sélection ne peut pas empêcher la dégénérescence mutationnelle. Le génome subit clairement une énorme quantité de changements dus aux rythmes élevés de mutations qui sont les nôtres. Mais il me semble que ce que nous voyons est un changement clairement « déclinant ». Il n’est pas possible qu’un changement aléatoire soit à l’origine de la complexité intégrée. L’unité (complexité complètement intégrée) ne peut tout simplement pas se faire par une succession d’erreurs survenant l’une après l’autre (comme ce livre le démontre clairement).
L’unité profonde de la vie révèle la sombre réalité du réductionnisme : une sorte de cécité spirituelle. Le réductionnisme est simplement l’ignorance profonde de l’unité qui saute aux yeux comme l’évidence même tout autour de nous. Plus spécifiquement, l’Axiome Primaire9, avec ses « réservoirs de gènes » et son évolution des différents nucléotides indépendamment les uns des autres, est simplement un réductionnisme extrême appliqué à la biologie. Il est ainsi intrinsèquement invalide. En un sens, cela rend inutiles tous les arguments de ce livre. Ma conviction personnelle est que, même indépendamment des arguments génétiques de cet ouvrage, l’Axiome Primaire est infirmé simplement parce que le phénomène de l’unité est une réalité omniprésente.
1 Reproduction autorisée de l’Annexe 3 de L’Entropie génétique, Le Séquestre, Éd. La Lumière, 2019, p. 211-215.
2 Professeur et chercheur émérite en génétique végétale à l’Université Cornell (New York), John SANFORD est surtout connu comme l’inventeur du « canon à gènes », objet de nombreux brevets. Ses multiples publications se complètent désormais par des recherches originales menées en collaboration avec d’autres spécialistes, en particulier en statistiques et ingénierie, recherches spécifiquement orientées par la vision biblique du monde à laquelle le professeur adhère depuis 10 ans. Se reporter notamment au site logosra.org .
3 Voir en particulier les articles de W. PALEY publiés dans Le Cep : n° 32 « De la disposition mécanique des os du corpshumain » ; n° 33 « Des muscles et des tendons » ; et n° 38 « Une invention suppose un inventeur ». Ils n’ont pas pris une ride en deux siècles : une idée clairement exprimée ne dégénère pas !
4 M. J. BEHE, Darwin’s Black Box :Biochemical challenge to Evolution, New York, The Free Press, 1996, traduction française : La Boîte noire de Darwin, Paris, Presses de la Renaissance, 2009. Un extrait en a été traduit et publié dans Le Cep n° 7, p. 81 : « Le flagelle bactérien ».
5 W. GITT, In the Beginning was information, Literatur-Verbreitung Bielefeld (RFA), 1997.
6 W. GITT, R. CROMPTON & J. FERNANDEZ, « Biological Information : What it is ? » in Biologiocal Information – New Perspectives, MARKS II, R. J. & al. (éditeurs), p. 11-25.
7 W. DEMBSKI, The Design inference : eliminating chance through small probabilities, Cambridge University Press, 1998.
8 En aparté personnel, je dirai que l’inverse de la beauté est la laideur. Je suggère que la laideur est également une réalité objective. La laideur est la corruption d’un dessein, ce qui porte atteinte à son unité. C’est pourquoi une verrue peut objectivement être considérée comme laide. C’est pourquoi le vieillissement est un processus qui enlaidit. C’est pourquoi les voitures qui se rouillent, les déformations biologiques, les guerres et les mensonges sont tous véritablement laids.
9 L’Auteur nomme « Axiome Primaire » l’hypothèse néodarwinienne d’une évolution progressive résultant du couple mutations/sélection.