Partager la publication "Les évolutionnistes sur les dents : bientôt la zizanie ?"
Par Dr Pierre-Florent Hauvilliers
Résumé : La théorie de l’Evolution est un artefact des sciences biologiques que l’on a hissé au niveau d’une vérité scientifique au prix d’un bon nombre de contorsions intellectuelles et au détriment de la réalité.
Mais les faits sont têtus. Les recherches et les découvertes montrent de plus en plus l’incongruité de cette théorie. Dans cet article, il est rendu compte d’une étude sérieuse réalisée tout récemment sur les agénésies dentaires (absence naturelle de dents dans les mâchoires), phénomène qui a toujours été présenté comme une preuve scientifique de l’évolution des espèces et en particulier de l’espèces humaine (qui aurait vu son nombre de dents diminuer par rapport à ses supposés ancêtres).
Bien qu’évolutionnistes, les auteurs de cette étude se sont trouvés dans l’obligation de conclure que les agénésies dentaires ne peuvent en aucun cas être considérées comme une preuve génétique de l’Evolution des espèces. Il y a fort à parier que cette communication, la première effectuée sur ce thème avec des bases solides, ne sera pas prise en considération par les autres chercheurs évolutionnistes ; sinon nous risquerionsd’assister à une belle zizanie !
Le fait est rare ; il mérite donc d’être souligné : trois spécialistes viennent de publier une communication intitulée : « A propos des agénésies dentaires, origine et évolution »1.
Ils sont évolutionnistes, plus par formation (ou plutôt déformation) que par idéologie, aussi font-ils preuve d’un pragmatisme objectif en examinant si la réduction de la formule dentaire humaine (actuellement de 32 dents) qui devrait affecter nos futurs descendants, est bien un devenir incontournable s’inscrivant dans le contexte évolutionniste de l’espèce humaine.
Las ! Après un résumé en 8 pages de leur enquête, et au vu des résultats de leurs recherches, ils se trouvent dans l’obligation d’affirmer le contraire et d’en prévenir la communauté scientifique.
Ainsi, un des arguments retenu comme « preuve » de l’évolutionnisme vient encore de s’effondrer !
Après avoir résumé ici cette intéressante communication, un prochain article en fera l’analyse critique.
But des recherches : vérifier si les agénésies dentaires entrent bien dans le cadre de l’évolution des espèces avec, notamment, la disparition de la dent de sagesse.
A- Phénotypes d’agénésies
1- Les Prévalences
Selon les études sur la fréquence des agénésies dentaires, il existe une très grande variabilité des résultats (de 0,3% à 36,5% d’agénésies hors dents de sagesse), ce qui montre leur manque de crédibilité. On estime depuis 1956 que peut-être 20% de la population seraient atteints par le manque d’une dent de sagesse (il y a 4 dents de sagesse dans la bouche), chiffre qui semble fort exagéré.
L’équipe de Polder, en 2004, publia une « méta-analyse rigoureuse »2 qui retint 28 études considérées comme sérieuses, avec critères d’inclusion et d’exclusion, concernant les europoïdes d’Amérique du nord, d’Australie et d’Europe.
Les cinq études concernant des populations afro-américaines, saoudiennes et chinoises ne seront pas retenues, considérées comme étant trop limitées3.
5,5 à 7,6% de la population étudiée se trouvent concernés par un problème d’agénésie dentaire, lequel est plus élevé chez les femmes (avec un risque relatif RR= 1,37), et la prévalence d’agénésie est plus faible chez les europoïdes américains qu’européens ou australiens (p<0,0007).
Il manque autant de dents au maxillaire supérieur qu’au maxillaire inférieur, et il y a presque autant d’agénésies unilatérales que bilatérales ; mais on note des différences dans la répartition : les « fin de séries » (dernières molaires ou 3ièmes molaires, les 2ièmes prémolaires et les incisives latérales) sont le plus fréquemment touchées.
Les agénésies de 1 ou 2 dents représentent 83% des cas et l’absence de 6 dents ou plus : 2,6% des cas.
2-Agénésies associées à des fentes maxillaires4 ou à des syndromes
Les agénésies sont souvent intégrées dans un syndrome malformatif comme les fentes labiales ou palatine (bec de lièvre) ou la trisomie 21. Plus le syndrome est sévère, plus les agénésies sont importantes.
Conclusion
« Les agénésies dentaires sont souvent isolées mais parfois associées à diverses anomalies dentaires ou intégrées dans un système malformatif. L’analyse de ces différents phénotypes permet d’étayer l’hypothèse d’anomalies génétiques à l’origine de ces symptômes. Il convient donc de replacer les agénésies dans un contexte plurifactoriel ».
B- Les étiologies
L’étude évoque ensuite la découverte d’une mutation touchant les chromosomes MSX1 et PAX9 comme pouvant intervenir dans ces phénomènes5. Cependant, les auteurs soulignent que « le dogme du tout génétique est dépassé » car de très nombreux cas ne présentent aucune étiologie génétique. « Désormais, on admet que les agénésies dépendent probablement de facteurs environnementaux, bien qu’ils ne soient pas encore clairement identifiés ».
Puis, les auteurs, forts de leurs conclusions, entrent dans une démarche évolutionniste pour analyser les arguments évolutionnistes en faveur de la réduction du nombre de dents, pour finir par démontrer que l’être humain ne chemine pas vers une réduction de sa formule dentaire, en particulier par la perte de ses dents de sagesse :
Les agénésies dentaires dans le cadre de l’Évolution
L’origine de notre formule dentaire
Rappel de la formule dentaire avec de nombreux dessins couplés avec le schéma du phylum évolutionniste des premiers reptiles primitifs, des mammaliens, puis des premiers mammifères (52 dents), des primates (36 dents) et des grands singes anthropoïdes (32 dents, nombre identique à celui de l’Homme).
Les agénésies s’inscrivent-elles dans l’Évolution ?
Le constat : il n’existe que peu de fossiles de nos ancêtres, peu d’études sur le sujet, et pas de recensement d’agénésies.
Il ne peut donc rien se déduire ni s’affirmer sur la fréquence des agénésies en préhistoire.
Ainsi, aucun argument scientifique n’a été trouvé en faveur d’une réduction de la formule dentaire s’inscrivant dans le cadre de l’Evolution. Puis, l’étude analyse un à un les arguments évolutionnistes étayant cette réduction :
- Argument 1 : la réduction de notre système dentaire du fait que les dents ne servent plus comme arme ni comme outils : les dents devenues moins utiles se réduisent en taille jusqu’à provoquer des agénésies. Cette argumentation se trouve étayée par le fait que l’Australopithèque possède des dents ayant une taille de 50% supérieure aux nôtres.
- Argument 2 : la taille de la mandibule s’est fort réduite au cours de l’évolution. Cela serait dû au passage à une alimentation plus molle : les bases osseuses devenant alors progressivement plus petites. De plus il est constaté que les hommes préhistoriques possédaient une position des incisives en « bout à bout » (occlusion en labidodontie) tandis que l’homme moderne possède un articulé avec recouvrement partiel des incisives de plusieurs millimètres (psalidodontie) accompagné d’un surplomb et d’un recul du bloc alvéolo-dentaire inférieur donnant moins de place aux dents de sagesse. La morphogenèse de certaines dents peut alors échouer, provoquant de plus en plus d’agénésies.
- Argument 3 : les agénésies des dents de sagesse sont un avantage adaptif : l’infection des dents de sagesse lors de leur éruption pouvait conduire au décès ; la sélection naturelle aurait alors avantagé les individus présentant une agénésie des dents de sagesse.
3- Réfutation des arguments
- L’argument 1 affirmant une diminution de la taille de nos dents de 50% par comparaison avec celles de l’australopithèque n’est pas fondé, car il est admis (par les évolutionnistes) depuis trente ans que nous n’en descendons pas. De plus, si le plus ancien Homo habilis découvert (homme de Dmanisi) possède des dents d’environ 15% plus grosses que celles de l’homme moderne, cela peut s’inscrire dans le cadre de la variabilité interne à l’espèce.
D’autre part, on a toujours observé des dents de dimensions réduites tout au long de l’évolution des hominidés.
- L’argument 2 affirmant une réduction de la taille des mâchoires, en particulier de la mandibule ne se trouve confirmé par aucune étude. Les maxillaires de nos ancêtres s’inscrivent dans les mêmes marges de variabilité que celles que nous connaissons sur l’homme moderne. Aucun lien n’a été trouvé entre la taille des bases osseuses et la fréquence des agénésies. Si les arguments avancés sur la fréquence des agénésies comme corollaires de la diminution de la taille des mâchoires étaient justes, on devrait trouver de nos jours moins d’encombrements dentaires et donc moins de traitements orthodontiques, ce qui est loin d’être le cas !
- L’argument 3 avançant que la réduction de la formule dentaire est un réel avantage adaptif, ne trouve aucune confirmation : les individus ayant 28 dents auraient dû supplanter progressivement les individus de 32 dents, ce qui n’est pas arrivé.
De plus on peut observer les faits suivants :
- au cours de l’évolution des espèces, la réduction du nombre de dents avait toujours touché sélectivement les dents de début de séries (exemple : 1ère molaire) alors que dans les agénésies ce sont les dents de fin de séries qui sont absentes (3ème molaire par exemple).
- les disparitions de dents constatées au cours de l’évolution sont toujours symétriques, or les agénésies sont préférentiellement dissymétriques.
- les agénésies se retrouvent tout au cours de l’histoire humaine : la première a été retrouvée sur l’homme de Lantian estimé âgé de 500.000 ans.
- La formule dentaire à 32 dents semble stable depuis 35 millions d’années, puisque les singes anthropoïdes ont toujours conservé cette formule dentaire à 32 dents.
4- L’homme de demain peut-il avoir moins de 32 dents ?
« Il faudrait que la présence de 32 dents soit un inconvénient pour la survie de l’homme ». Tel n’est pas le cas avec les moyens thérapeutiques modernes.
Puisque 32 dents est la caractéristique de l’espèce humaine, il faudrait donc l’apparition d’une autre race avec 28 dents, qu’elle ne soit pas interféconde avec la nôtre, et qu’elle puisse s’isoler un temps assez long pour pouvoir évoluer, conditions qui ne sont pas envisageables.
Conclusion
« Dans l’état actuel de nos connaissances sur les mécanismes de l’évolution, il est probable que les agénésies ne s’inscrivent pas dans l’évolution »
Malgré la prudence de cette phrase circonstanciée, le verdict de nos chercheurs reste donc sans appel : la réduction de la formule dentaire que l’on peut constater ne constitue pas une preuve de l’évolution des espèces et ne peut pas être un argument en sa faveur. Elle entre même en contradiction avec l’hypothèse admise de la réduction de la taille des dents humaines au cours de l’Évolution. Cette réduction de la formule dentaire reste de l’ordre de l’accident s’inscrivant la plupart du temps dans un accident génétique associé à des pathologies diverses.
Les preuves de l’évolution des espèces sont absentes du palmarès des certitudes biologiques. Elles font même cruellement défaut.
Après avoir fabriqué les fausses preuves des chaînons manquants entre l’homme et le soi-disant ancêtre commun avec le singe, après les avoir vainement cherchées dans les jungles asiatiques, les paléontologues évolutionnistes avaient cru pouvoir s’appuyer sur une soi-disant évolution des dents humaines depuis l’Homo erectus6.
Cette étude est donc un pavé dans la mare, mais nul doute qu’elle ne fera pas de remous dans le milieu de la préhistoire humaine dont la liberté de penser se trouve bien verrouillée. Comme d’habitude, elle circulera d’une manière confidentielle, sous le manteau et, bien vite, elle sera reléguée aux oubliettes de façon à ce que ce milieu puisse continuer à ronronner dans son auto satisfecit habituel appuyé sur des convictions évolutionnistes dogmatiques qu’il n’est pas question de remettre en cause.
Il n’y a donc pas de zizanie à prévoir.
1 Article publié dans Le Chirurgien-dentiste de France, n° 1249, en date du 16 mars 2006, avec pour auteurs : Marc Thierry, Jean Granet et Laurent Vermelin de la Faculté de Chirurgie dentaire de Paris V. Ces auteurs ont à plusieurs reprises publié des articles sur le même sujet.
2 Selon les critères de l’Evidence-Based-Medecine, les méta-analyses fournissent le niveau de preuve le plus élevé.
3 N’ont donc été retenues que des études concernant des individus d’origine européenne.
4 On entend par maxillaire : la mâchoire supérieure ; par mandibule : la mâchoire inférieure, et par maxillaires : les deux mâchoires.
5 Cette découverte s’est trouvée confirmée depuis (cf. Implications cliniques du gène MSX1 sur la sphère orofaciale – Le chirurgien-dentiste de France, n°1272 du 28 septembre 2006, pp.33-38).
6 Ils ont même établi une lignée datée de l’évolution des dents de cochons leur permettant de donner un âge paléontologique aux autres fossiles présents dans les mêmes couches géologiques. Mais si les dents humaines n’évoluent pas, qu’en est-il des dents de cochons ?