Partager la publication "Commentaires suite à l’éditorial de la revue 56"
De Monsieur X. B. (Indonésie)
J’approuve entièrement l’éditorial du dernier numéro qui est d’ailleurs bien illustré par l’article de Jean de Pontcharra. Qu’ils sont arrogants et orgueilleux, ces scientistes qui croient dur comme fer à l’immuabilité de leurs théories, et surtout à leur indépendance totale par rapport à des vérités d’ordre supérieur. Et cela malgré des flops retentissants qui auraient dû les amener à plus de modestie. L’histoire de l’éther de l’espace, qui ne pouvait pas ne pas exister et qui finalement n’existerait pas, la vitesse de la lumière comme référence absolue et qui serait maintenant dépassée, les chaînons manquants entre le singe et l’homme qui surgissent pour retomber ensuite dans le néant (à la vitesse de un par an environ, ils tiennent au hit parade le temps d’une chanson de l’été! Nous avons eu cette année un petit dernier), etc., etc.
Pour illustrer cette supériorité de la vérité philosophique sur l’hypothèse scientifique, je me souviens de cette anecdote sur saint Thomas d’Aquin. Lors d’une de ses visites dans un monastère, deux jeunes moines avaient tenté de le piéger comme suit. Alors qu’ils étaient enfermés dans une pièce, l’un deux va à la fenêtre et revient en courant : « Frère Thomas, venez vite à la fenêtre, il y a un bœuf qui vole ! » Saint Thomas se dirige calmement vers la fenêtre, examine le ciel et se retourne pour annoncer que non, il n’a pas vu de bœuf volant. Les deux jeunes se moquent de lui : tu parles d’un as de la théologie qui se laisse berner comme un bleu sur une question aussi basique!
Et saint Thomas de leur répliquer : « Mes amis, je croirais plus facilement qu’un bœuf puisse voler qu’un de mes frères puisse me mentir ! »
Quelle belle leçon n’est-ce-pas ? Et qui va bien au-delà d’une correction à des élèves impertinents. On voit aujourd’hui des choses qui auraient été tenues pour inconcevables et impossibles du temps de Socrate et de l’Aquinate, notamment dans le domaine des nanotechnologies, de l’informatique et de la biologie. Et pourtant, leur approche philosophique de la nature des êtres et des choses n’a pas pris une ride. Ainsi par exemple, dans un domaine que je connais un peu, nous constatons l’extrême adaptabilité des formes de vie à des milieux parfois très hostiles, mais qui reste toujours dans les limites de la puissance qui leur a été assignée. Des rats se nourrissent en rongeant des câbles électriques dans les égouts de New York, des lichens poussent sur des rochers exposés au vent glacial près du pôle Nord, des bactéries survivent dans des cratères de volcans sous-marins à des centaines de mètres sous la surface des océans, etc., etc.… performances dignes d’émerveillement. Mais on n’a jamais vu un chien philosopher, ni un singe enterrer un autre singe, pour reprendre l’expression de Chesterton.
La connaissance du bien et du mal, du mensonge et de la vérité, la capacité à connaître l’univers qui nous entoure et à se poser des questions sur sa propre place,…. sont bien l’apanage d’une seule créature parmi toutes celles qui peuplent notre globe. Voilà certes une vérité philosophique d’expérience, universelle et immuable, d’ordre supérieur à toute théorie scientifique.
(…) Chacun sait que les réalisations technologiques les plus réussies sont celles qui tiennent le mieux compte des réalités naturelles qui leur servent de modèle. Les exemples sont multiples. Le plan des premières machines volantes fut conçu par Léonard de Vinci d’après son observation du vol des oiseaux. Les combinaisons de plongée les plus souples, résistantes et thermo-isolantes ont été conçues à partir de la structure de la peau du requin. Les structures en nid d’abeille sont les isolants acoustiques et thermiques les plus efficaces. Les pompes cardiaques artificielles sont conçues sur le modèle du cœur humain naturel, et ne remplacent d’ailleurs jamais parfaitement l’original. Etc., etc.
(…) Avec les progrès de la technologie, on pénètre de plus en plus dans la connaissance des structures des êtres vivants et l’on est amené à reconnaître leur complexité et surtout leur étonnante capacité à remplir leur fonction, avec une coadaptation des parties à la finalité du tout. Là aussi, les exemples sont nombreux.
La plume des oiseaux est un organe parfaitement adapté au vol. Le cœur humain est une pompe dont les constructeurs de piscine demanderaient à avoir l’équivalent. L’appareil photosynthétique des plantes chlorophylliennes est une machine à transformer l’énergie lumineuse en énergie calorique, d’un rendement énergétique exceptionnel jamais égalé par aucune machine artificielle. Etc., etc.
(…) Et comme souvent, voulant conforter la validité de l’hypothèse darwinienne avec ses effets sans cause proportionnée, les scientifiques ne font qu’en exposer les faiblesses. Car comment expliquer par exemple que le système reproducteur des êtres vivants, aussi durable, aussi performant, aussi parfaitement réglé, où chaque outil moléculaire intervient au bon moment (en millièmes de seconde) au bon endroit (en nanomètres) pour jouer son rôle dans une partie parfaitement orchestrée, comment expliquer qu’un tel système ait pu naître spontanément dans une soupe primitive bombardée de rayons ultra-violets ?
Car il ne s’agit pas seulement de provoquer la synthèse de molécules à caractère organique à partir d’éléments minéraux dispersés dans une solution aqueuse, il s’agit que lesdites molécules se trouvent toutes, avec des structures complémentaires, au même moment, au même endroit, et s’agencent entre elles de façon à déclencher un mécanisme autoréplicatif fonctionnel dans la durée! Et attention, pas de structure transitoire possible : un système reproducteur marche parfaitement ou il ne marche pas du tout. Donc la théorie des essais et erreurs pendant des millions d’années dans cette soupe est de plus en plus difficile à soutenir. Cela reviendrait à dire que, puisqu’on a vu des rochers de forme parallélépipédique dans un éboulis au pied d’une falaise, on a percé le secret de la construction des cathédrales !