Accueil » Lettre ouverte au Président du Conseil national de l’ordre des médecins

Par Marc Émily Dr.

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Docteur Marc Émily1

Résumé : Le Dr Marc Émily, devenu disciple d’Antoine Béchamp (1816-1908), précurseur de Pasteur mais opposant à son « microbisme » (tout expliquer par le microbe, supposé pathogène), s’est interrogé sur l’apparition des maladies. Si la vie vient d’un vivant, si l’origine d’une cellule appelle une cellule préexistante, il apparaît cependant au sein de la cellule une multitude d’organites dont la naissance nous reste mystérieuse. La thèse de l’origine endogène des maladies, seule à bien expliquer l’apparition du premier cas dans une épidémie, trouve un appui inattendu avec l’allergine, sécrétion du bacille de Koch, dont le pouvoir curatif met en cause les idées reçues. Mais il s’agit d’une question fondamentale, dotée de répercussions métaphysiques, et l’on mesurera ici la difficulté qu’ont les organismes institutionnels à se saisir de telles questions.

Monsieur le Président et cher Confrère,

Le 10 octobre 1994 je vous ai adressé, ainsi qu’à chacun des Présidents régionaux et départementaux du Conseil de l’Ordre, mon opuscule intitulé Relever la science pour relever la France  et la lettre qui l’accompagnait, ainsi rédigée :

Monsieur le Président et cher Confrère,

Dans le dernier Bulletin de l’Ordre des médecins (juillet-août 1994) l’éditorial a pour titre : « l’honneur et la confiance. »

L’auteur, qui n’est autre que le Président du Conseil National, nous dit avec raison : « L’honneur, cette vertu chevaleresque, constitue une des valeurs essentielles de notre déontologie », et il ajoute que « l’ensemble du corps médical reste honoré et honorable », ce qui est vrai aussi.

Mais, en l’occurrence, dire « l’ensemble » n’est-ce pas évoquer une majorité plutôt que la totalité ? Et n’y aurait-il pas lieu de mettre en doute l’honorabilité d’une partie de ce que l’on peut appeler le Haut Corps Médical ?

C’est la question que je vous pose et à laquelle, dans l’opuscule ci-joint, je me suis efforcé de répondre.

Dans l’éventualité d’une réponse de votre part, j’en serai honoré et, d’avance, je vous en remercie.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments confraternels et les meilleurs.

Par retour du courrier j’ai reçu votre accusé de réception qui disait notamment :

« Vos réflexions sont tout à fait pertinentes. Permettez-moi, cependant, de vous faire observer que si, selon votre interprétation, « l’ensemble » évoque la majorité plutôt que la totalité, je ne suis pas naïf au point de croire que plus de 200 000 médecins puissent être tous « honorables ».

Il existe, malheureusement, comme dans toutes les professions, des dérives que le président du conseil national de l’Ordre ne peut ignorer.

Ce qui m’a paru important, c’est de souligner que la notion d’honneur, bien qu’un peu désuète aux yeux de certains, reste une valeur essentielle, de notre déontologie. Il n’est pas inutile parfois de le rappeler !

Je vous remercie de m’avoir adressé votre opuscule intitulé Relever la science pour relever la France. Je le lirai dès que mon emploi du temps m’en laissera le loisir.

Veuillez croire, Mon cher confrère, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs et les plus confraternels. »

Votre silence se prolongeant, le 21 novembre je vous adressais la lettre suivante :

Monsieur le Président et cher Confrère,

Vous avez été le premier à accuser réception de mon opuscule  Relever la science pour relever la France  et de la lettre qui l’accompagnait. Je vous en remercie d’autant plus vivement que, à une exception près, aucun des quarante-trois autres présidents (départementaux) destinataires du même envoi ne s’est manifesté à ce jour.

Mais, permettez-moi de vous faire remarquer que je n’ai attribué à personne la « naïveté » de croire que j’ai fait allusion aux quelques faiseurs de larcins disséminés parmi plus de deux cent mille médecins. Non, j’ai bien précisé qu’il s’agit des membres du Haut Corps Médical, c’est-à-dire de l’Académie de médecine, ceux-là même que je mets en cause dans le domaine de la bactériologie.

Je sais, pour avoir lu le dernier bulletin de l’Ordre, que vous êtes surchargé de besognes diverses. Mais le devoir d’en débattre afin de trancher entre le vrai et le faux, ne devrait-il pas bénéficier d’une certaine priorité ?

Plus d’un mois s’étant écoulé depuis mon envoi du 10 octobre, je pense que vous avez peut-être trouvé le temps de lire mon opuscule et que vous avez pris connaissance de la question que je pose (p. 12) aux membres de l’Académie : pourquoi, en ce qui concerne les maladies microbiennes, la Faculté enseigne-t-elle le faux à la place du vrai ?

C’est cette question qui a fait l’objet de mon livre Les Microbes sont-ils vraiment nos ennemis ? , publié en 1966.

Aucun chapitre de ce livre, aucun paragraphe n’a encore jamais été réfuté ou critiqué. Les quelques confrères qui ont bien voulu me donner leur avis sont unanimes dans une approbation sans réserve. Parmi eux, un ancien interne des Hôpitaux de Paris et ancien chef de clinique dont je garde précieusement la correspondance. Après s’être longuement penché sur la question, dans une de ses lettres il a tout résumé en trois mots : « J’étais un ignorant. » Lors de son décès un ami commun m’a dit : « Tu lui as illuminé ses dernières années. »

Le silence total et obstiné de l’Académie sur l’origine endogène des microbes se voudrait justifié par l’affirmation gratuite (et fausse) de Pasteur, selon laquelle les granulations moléculaires ne sont pas vivantes. Silence qui n’a d’autre raison d’être qu’une volonté inébranlable de maintenir une séparation entre la science et la foi, ce qui incite à croire que la science peut tout expliquer et que, par conséquent, l’existence d’un Dieu est inutile.

C’est dans ce contexte que, dans ma lettre du 10 octobre, j’ai été amené à poser la question suivante : n’y aurait-il pas lieu de mettre en doute l’honorabilité d’une bonne partie des membres du Haut Corps Médical ?

J’aime à croire que vous avez toujours fait partie de l’immense majorité de ceux qui, à l’heure actuelle encore, ignorent de bonne foi l’existence d’une si importante question.

Et qu’il me soit permis d’affirmer ici que cette vérité scientifique, une fois reconnue et admise, est un phare qui éclaire et une source de satisfactions.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments confraternels respectueux et les meilleurs.

Le 8 décembre je vous ai adressé, ainsi qu’à tous les autres présidents, mon texte intitulé : « Introduction pour un vieux livre », en précisant qu’il devait vous permettre de donner une réponse à ma question concernant l’honorabilité du Haut Corps Médical et de fixer votre choix en connaissance de cause.

INTRODUCTION POUR UN VIEUX LIVRE

Depuis l’avènement du microbisme pasteurien, il y a de cela plus d’un siècle, on nous demande de croire, sans en fournir la moindre preuve, que la tuberculose est l’œuvre du bacille de Koch qui, de l’extérieur, pénètre dans l’organisme où il se développe et se multiplie.

L’avis général est attesté par le Professeur Jousset qui nous dit que la sécrétion du bacille est « responsable de tous les méfaits cliniques du bacille ».

Or, le même Professeur Jousset a isolé cette sécrétion et l’a commercialisée sous le nom d’Allergine en ampoules de 1 cc de différentes concentrations.

Il s’est aperçu que ce produit, utilisé en injections sous-cutanées, était le meilleur des remèdes connus contre la tuberculose !

D’où une contradiction qu’il n’a pu expliquer et qui l’a amené à dire : « L’action de l’Allergine est assez mystérieuse. »

Et il en est resté là.

Par la suite, j’ai moi-même utilisé ce produit pour le traitement de la tuberculose, toujours avec d’excellents résultats et de plus j’ai étendu son emploi au traitement des complications graves des maladies infectieuses et autres affections, toujours avec des résultats excellents et le plus souvent spectaculaires.

La contradiction avec les données de l’enseignement classique, de plus en plus évidente et criante, imposait la réflexion.

Il est inconcevable qu’un microbe d’origine atmosphérique, une fois introduit dans l’organisme, puisse être équivalemment cause et remède d’une même maladie :

  • qu’il en est la cause n’est qu’une affirmation gratuite et qui n’a jamais pu être prouvée ;
  • qu’il en est le remède est une certitude prouvée par l’expérience. D’où le dilemme :
  • ou l’enseignement classique est vrai et, comme le Professeur Jousset, nous nous inclinons devant le mystère ;
  • ou bien il est faux et nous devons admettre que le bacille de Koch a pris naissance dans l’organisme dans un but précis.

Mais, la formation du bacille dans l’organisme est-elle possible, ou seulement envisageable ?

J’en étais là de mes réflexions lorsque, m’entretenant un jour de cette question avec mon confrère Jean-Jacques Laubry, (fils du Professeur et cardiologue bien connu) je lui ai fait part de la conclusion à laquelle j’étais arrivé. Mais, s’exclama-t-il, c’est la théorie de Béchamp, de l’origine endogène des microbes !

Ce jour-là j’ai eu la révélation du nom de Béchamp que je n’avais encore jamais lu ni entendu prononcer.

Providentiellement j’ai pu trouver dans une librairie de Paris le seul exemplaire encore disponible de son live Les Microzymas. J’ai pu constater alors que, loin d’être une simple hypothèse, la formation des microbes à l’intérieur des organismes est bien une réalité scientifiquement prouvée : les microbes apparaissent par transformation des GRANULATIONS MOLÉCULAIRES intra cellulaires lesquelles peuvent se transformer parce qu’elles sont VIVANTES. J’avoue que de voir mon hypothèse confirmée par celui qui allait mériter d’être qualifié de « plus grand biologiste de tous les temps », m’a causé une grande et peut-être la plus intense satisfaction de ma vie.

Restait à donner de la tuberculose une définition qui soit logiquement en rapport avec l’origine et le rôle joué par le bacille. C’est ce que j’ai fait dans mon livre Les Microbes sont-ils vraiment nos ennemis ? publié en 1966 (un vieux livre !). Tous les phénomènes pathologiques microbiens trouvent ainsi une interprétation claire et qui donne tout son sens à ces paroles que Pasteur a, dit-on, prononcées à la fin de sa vie : « (Claude) Bernard avait raison, le terrain est tout, le microbe n’est rien. » Le Haut Corps Médical devra bien reconnaître un jour que les granulations moléculaires, qui peuvent évoluer vers la forme microbienne sont vivantes et que la science séparée de la foi n’est qu’une fausse science.

Et maintenant, Monsieur le Président, pour conclure, qu’il me soit permis de vous poser une question.

Vu le comportement des membres de l’Académie de médecine :

  • dans le cadre du désaccord entre Béchamp et Pasteur ;
  • à l’égard de la découverte du Professeur Jousset concernant le traitement de la tuberculose ;
  • à l’égard du Docteur Tissot au sujet de sa « démonstration de la nature et de l’origine endogène du bacille de Koch » (voir Relever la science… p. 26) ;
  • à l’égard du traitement, spectaculaire et radical des complications graves des maladies infectieuses, qui figure dans mon livre Les Microbes… ;

pouvez-vous encore affirmer que « la notion d’honneur reste une valeur essentielle de notre déontologie » ?

Il me paraît évident, hélas, que garder le silence devant une question de cette importance, relèverait de la complicité.

Avec l’expression de mes sentiments confraternels et distingués.

1 Membre décédé du CEP, le Dr Marc ÉMILY avait publié en 1966 un ouvrage dont le seul titre donne déjà à réfléchir : Les Microbes sont-ils vraiment nos ennemis ?

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