Partager la publication "Marie dans la nouvelle création. Essai newmanien sur l’immaculée Conception"
Par Lotte Christian Abbé
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La dévotion mariale de Newman est bien connue : le 25 mars 1832, alors ministre anglican, à l’occasion d’un sermon (écrit) sur l’Annonciation, il fut soupçonné (à juste titre) de soutenir implicitement la doctrine de l’Immaculée Conception.
Or la bulle Ineffabilis Deus de Pie IX ne fut promulguée que 12 ans plus tard, le 8 décembre 1854, soit 9 ans après la conversion de Newman au catholicisme !
Ce simple fait montre à la fois la puissance et la perspicacité intellectuelle tout comme le courage spirituel, qui seront toujours la marque du futur grand converti. Newman, dès 15 ans, avait compris qu’il ne pouvait connaître ou imaginer d’autre religion que dogmatique.
Sa conversion s’est ainsi opérée non par reniement mais par approfondissement à la lumière des Pères dont il avait fait l’étude intégrale, tant des grecs que des latins, pour répondre à l’exigence de la « douce Lumière » de la Vérité, pour reprendre les mots de sa prière célèbre.
Dans cet ouvrage, version remaniée de sa thèse de théologie, l’abbé Lotte nous fait découvrir le sens profond d’une formule énigmatique et peu commentée de la bulle Ineffabilis Deus, formule tirée de saint Jean Damascène : « Il fallait que celle qui devait concevoir le premier-né de toute créature fût elle-même conçue première-née. »
À partir de la présentation des textes mariaux de Newman anglican puis catholique, l’auteur nous fait saisir que la convenance de moyen qu’est l’Immaculée Conception, en vue de l’incarnation du Verbe, repose aussi sur l’appartenance même de l’Immaculée Conception à l’ordre des fins de la réalisation du projet créateur de Dieu : Marie, Mère de Dieu, est l’Ève qui n’a pas chuté. L’état de « nouvelle Création » dont parle souvent saint Paul, inauguré dans le Verbe incarné Rédempteur, devait être aussi celui de celle dont Il a tiré Son humanité. C’est de cet état, dans lequel Marie est constituée en son Immaculée Conception, qu’héritent les « puînés » du Christ en recevant le baptême.
On comprendra, à travers ce bref résumé, vers quelles profondeurs nous entraîne un tel ouvrage. En effet, « comme chez les Pères, il n’existe aucune séparation véritable, chez Newman, entre théologie et spiritualité ». On notera que l’annexe de 110 p. comporte sept textes de Newman, dont six inédits en français, et un inédit de Rosmini.
(Perpignan, Éd. Artège, 2013, 32€)