La Moule révèle ses secrets

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Regard sur la création

« Car, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil quand on Le considère dans ses ouvrages. » (Romains, 1 : 20)

La Moule révèle ses secrets1

Résumé : Les mollusques sont souvent considérés comme des animaux inférieurs, plus « primitifs » que les vertébrés, donc peu intéressants. C’est méconnaître la sagesse du Créateur qui ne fait rien sans raison. Ainsi la Moule parvient à se fixer sur les rochers en sécrétant en quelques minutes un faisceau de filaments qui se collent à la paroi grâce à un mélange approprié de cinq protéines. Une seule moule est capable de filtrer plusieurs litres d’eau chaque jour, ce qui en fait un utile collaborateur de l’homme pour préserver la pureté des lacs. Telles sont quelques unes des facultés qui donnent aux moules un rôle particulier au sein des merveilles de la Création.

Elle produit une supercolle résistante à l’eau, joue les aspirateurs, donne à la science des leçons de réparation génique. Qui donc ? La moule.

Mondialement réparti, cet humble coquillage vit, selon sa variété, soit en mer, soit en eau douce (rivière ou lac). Il abrite dans une coquille bivalve un corps mou recouvert comme d’une peau d’un organe appelé manteau. Le manteau, particularité de tout mollusque, a pour fonction de fabriquer la coquille à partir du calcium et du gaz carbonique que la petite bête extrait de sa nourriture et de l’eau ambiante. Si nous devions imiter cette fonction, il nous faudrait absorber et digérer des morceaux de roche pour les régurgiter sous forme de matériaux de construction préfabriqués qui s’assembleraient automatiquement en murs et en toit ! Toutefois, chez la moule marine, ce qui fascine les chercheurs n’est pas la coquille, mais le pied.

Supercolle :

Essayez d’arracher une moule de son rocher, et vous verrez comme elle est bien cramponnée. Cette adhérence est incroyable, mais vitale pour résister au bec acéré d’oiseaux affamés ou aux coups de boutoir des vagues. Comment la moule s’accroche-t-elle si fermement ? Observons-en une qui vient de choisir son domicile. Elle sort de sa coquille son pied en forme de langue et le plaque contre la surface solide. Par une glande spéciale, elle secrète un mélange protéique liquide dont elle emplit le sillon longitudinal du pied. Le liquide durcit rapidement en un mince filament élastique d’environ deux centimètres, achevé par un minuscule coussinet d’où suinte une pointe de colle naturelle. La moule relève son pied : premier ancrage terminé ! Et ainsi de suite, elle place à des points stratégiques un certain nombre de filaments, qui forment un faisceau appelé byssus et qui arriment la moule à son domicile comme des cordages une tente. L’ensemble de la manœuvre aura duré à peine trois ou quatre minutes.

Fig. 1 : La méthode de fixation de nombreuse moules

Imaginez que vous possédiez une colle forte non toxique et si souple qu’elle pénètre dans les fissures et recoins les plus minces, adhérant à toute surface, même sous l’eau. Les constructeurs de navires l’apprécieraient pour radouber leurs bâtiments en s’épargnant les frais de mise en cale ; les carrossiers pour disposer d’une peinture antirouille vraiment imperméable ; les chirurgiens pour ressouder en toute confiance les os cassés et fermer les blessures ; les dentiste pour colmater les caries et réparer les dents ébréchées. La liste des applications possibles semble infinie.

Mais les scientifiques ne comptent pas produire cette supercolle en recourant aux services des moules. Dix mille moules leur fourniraient seulement un gramme de colle ; autrement dit, il faudrait exterminer la population moulière pour répondre à la demande mondiale ; or de nombreuses espèces sont déjà en danger. Les chercheurs américains ont donc plutôt isolé et multiplié les gènes de cinq protéines adhésives de la moule, qu’ils s’apprêtent à reproduire en laboratoire et à soumettre aux tests industriels. Les scientifiques britanniques explorent eux aussi l’une de ces protéines adhésives. Mais la moule garde une longueur d’avance. Elle seule connaît instinctivement le dosage exact des protéines qui convient pour chaque surface à coller. Franck Roberto, spécialiste en biologie moléculaire, s’est exclamé, admiratif : « comment voulez-vous qu’on copie ça ? »

Aspirateur :

La moule se nourrit en filtrant l’eau. La plupart des espèces de moules drainent à travers leur organisme plusieurs litres d’eau par jour, dont elles retiennent non seulement des nutriments et l’oxygène, mais encore des polluants comme des bactéries nuisibles et des produits chimiques toxiques. Une telle faculté fait de ce mollusque un formidable épurateur d’eau, doublé d’un détecteur de pollution commode et de première alerte. Ainsi, on a lâché des centaines de moules autour de la région pétrolifère d’Ekofisk, au large de la côté norvégienne. Tous les deux ou trois mois, les scientifiques inspectent les moules et mesurent le taux de pollution de leurs coquilles. Ainsi, ils déterminent si les produits chimiques évacués dans la mer nuisent à la vie marine.

Depuis 1986, des moules et des huîtres sont les partenaires du « Plan de surveillance moulière » mis en œuvre dans les eaux côtières et fluviales d’Amérique du Nord. Les chercheurs notent avec précision tout changement de la qualité de l’eau en analysant annuellement la quantité de substances chimiques que les mollusques ont accumulée. Très utile !

Une espèce d’eau douce, la moule de rivière ou moule zébrée, est souvent considérée comme nuisible. De la taille d’un ongle de pouce et autochtone en Europe orientale, elle aurait été introduite en Amérique du Nord accidentellement vers 1985 par le déballastage d’un transatlantique. Loin de ses prédateurs naturels, elle s’est multipliée rapidement dans les Grands Lacs et les voies d’eau annexes et a causé pour des millions de dollars de dégâts en bouchant les canalisations de prise d’eau, en infestant les bateaux, les jetées et les ponts. Elle a aussi envahi le territoire d’espèces indigènes.

Le phénomène a toutefois un bon côté. Filtreuse hors pair, en un rien de temps la moule éclaircit les eaux troubles d’un lac en dévorant les algues flottantes, permettant la réapparition de la verdure aquatique, dans laquelle s’installe une autre faune lacustre. Actuellement, les scientifiques explorent l’idée d’utiliser ses talents de filtration pour épurer des sources publiques de leurs mauvaises bactéries, voire pour éliminer les déchets dans les stations de traitement des eaux usées.

D’autres cordes à son arc :

Saviez-vous que certaines moules d’eau douce produisent des perles naturelles, dont beaucoup ne sont pas sans valeur ? C’est peut-être dans la matière aux reflets irisés qui tapisse l’intérieur de leurs valves, la nacre, qu’ont été taillés vos boutons ou les incrustations de vos bijoux. La nacre de moule est en outre souvent utilisée dans l’industrie des perles de culture.

Il suffit d’un éclat introduit dans une huître pour que celle-ci, irritée, se mette à produire de la nacre afin d’enrober le corps étranger jusqu’à former une perle.

Et puis, bien sûr, la moule de mer est bonne dans l’assiette ! Depuis des siècles on aime sa chair raffinée et nutritive accommodée à toutes les sauces.

Réparatrice génique :

La moule Bathymodiolus vit dans un des endroits les plus hostiles de la planète, la dorsale médio-atlantique. Dans ce secteur, des cheminée hydrothermales crachent des substances chimiques très toxiques qui altèrent continuellement le code génétique du petit animal. Cependant, grâce à des enzymes  particulières, la moule répare son ADN au fur et à mesure qu’il s’abîme. Des scientifiques étudient ces enzymes dans l’espoir de découvrir un moyen de réparer l’ADN humain endommagé par la maladie ou la vieillesse.

Chez les Français, on la prépare souvent à la marinière, cuite dans un bouillon de vin blanc et d’échalote. Chez les Espagnols, on la préfère mêlée aux couleurs de la paëlla, tandis que les Belges la servent en caquelon fumant, accompagnée de frites. La récolte et le commerce des moules font tourner de grosses sociétés autour du monde, même s’il existe encore dans certains pays d’Europe des entreprises familiales. Attention : si vous voulez goûter à ce mets savoureux, vérifiez-en la provenance et n’allez jamais pêcher vous-même les moules sur la plage sans être absolument certain que l’eau n’est pas polluée.

Qui sait quels autres tours les moules ont dans leur sac ? On dit que certains individus vivent plus d’un siècle ! La moule a un cœur minuscule qui pompe un sang transparent, mais elle est dépourvue de cerveau. Comment fait-elle pour nous étonner autant ? La Bible répond : « Intéresse-toi à la terre, et elle t’instruira, et les poissons de la mer te le feront savoir. Qui ne sait bien, parmi tous ceux là, que la main du Seigneur a fait ces choses ? » (Job 12 :8,9.)


1 « Réveillez-vous » du 22/09/2001.

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